L’abstention, plus que jamais 1er parti de France
Les Français ont une fois encore montré leur rejet du système hier en refusant majoritairement d’aller voter. Sur les 40 334 807 électeurs inscrits, près de 20 millions ne se sont pas rendus aux urnes ; avec les bulletins blancs et nuls, ceux qui ont refusé de choisir entre les différents candidats du régime ont été dimanche plus nombreux que ceux qui l’ont fait.
Avec 50,02 % d’abstention au deuxième tour, les élections départementales de 2015 sont le 3e pire scrutin dans les cantons en termes de participation depuis 1958, alors même que le changement de scrutin et sa politisation auraient logiquement dû conduire à un accroissement de participation. Elle n’a été plus faible qu’en 1988 (53 %) et 2011 (55 %).
Le rejet total du gouvernement et de la gauche
En moins de trois ans, François Hollande et Manuel Valls sont parvenus à détruire plus de 15 ans de progression de la gauche dans les départements. Le Parti socialiste et ses alliés retrouvent leur niveau de 1998, à l’époque où ils ne dirigeaient que 35 départements et environ un tiers, après n’en avoir dirigé pendant très longtemps qu’environ un cinquième.
C’est peu dire que la politique désastreuse du gouvernement est désavouée. La gauche au second tour a obtenu moins d’un tiers des votes exprimés. La gauche – des extrémistes marxistes au centre gauche –, représentent aujourd’hui moins de 15 % du corps électoral (14,7 %). Le PS perd certains de ses bastions les plus symboliques : la Corrèze autrefois dirigée par François Hollande, l’Essonne de Manuel Valls ou le Nord de Martine Aubry.
Ce dernier échec montre que ce n’est pas seulement la défaite du PS et de son aile libérale, mais de la gauche en tant que telle. Au second tour, contrairement à d’autres pays, l’extrême gauche est laminée. Les scores cumulés du Parti communiste (PC), du Front de gauche (FG), du Parti de gauche (PG) et d’Europe écologie-Les Verts (EÉLV) n’atteignent pas les 1 % des inscrits, 2,2 % des bulletins exprimés. Le rejet exprimé par les Français n’est pas seulement celui des politiques actuelles du gouvernement, mais de l’ensemble de l’idéologie de gauche, économiquement libérale, profondément antisociale en privilégiant les parasites et les colons aux travailleurs et aux producteurs, culturellement marxiste en détruisant tous les socles de la société, et fondamentalement antinationale.
Les libéraux conservateurs ne retrouvent que leurs positions de 1998
Officiellement, selon les médiats, heureux de n’avoir pas à annoncer une nouvelle victoire du Front national, comme au sein de l’UMP et de l’UDI, les libéraux-conservateurs ont triomphé dimanche. Avec 44,5 % des suffrages exprimés, c’est en effet une importante victoire électorale. Nicolas Sárközy peut d’autant plus se féliciter de l’amnésie des électeurs que le Front national, sauf surprise et alliance avec des binômes issus de l’UMP, ne dirigera probablement aucun département.
La victoire de l’UMP est amplifiée par le changement de scrutin : les renouvellements des conseils généraux se faisaient jusqu’ici par moitié, atténuant les effets de rejet du pouvoir en place.
Sur le terrain, avec un changement important des modalités d’élections des conseillers départementaux, l’UMP ne fait que retrouver ses positions de 1998, quand elle dirigeait les deux tiers des départements. Les libéraux-conservateurs demeurent loin de leur domination durant les années 1980 et 1990, quand ils présidaient environ 80 % des conseils généraux.
Une victoire au goût de défaite pour le FN
Avec 10,2 % des inscrits et 22,2 % des bulletins exprimés, le Front national réalise son meilleur score historique à une élection de ce type. Le tripartisme est bien désormais une réalité en France. Le FN a obtenu plus de 4 millions de voix au second tour, à peine moins que le PS et ses alliés. Ses électeurs maintiennent massivement pour le parti d’extrême droite leur vote du premier tour, y compris au risque de faire élire la gauche.
Pourtant, ce résultat est un large désaveu pour le FN qui avait pronostiqué la prise de plusieurs départements, certains cadres évoquant jusqu’à la conquête de quatre conseils départementaux. Comme Nicolas Sárközy ne pensant qu’à la présidentielle, le vote des Français aux élections départementales n’intéressait Marine Le Pen que pour sa stratégie de conquête du pouvoir pour 2017. Le destin des départements est déjà oublié. Marine Le Pen vient d’affirmer que le FN était désormais en mesure d’obtenir en décembre 2015 quatre ou cinq régions.
Le FN n’a également pas obtenu la centaine de conseillers espérés. Le parti d’extrême droite n’a fait élire que 62 conseillers, un chiffre certes en forte progression par rapport à la situation précédente, alors qu’elle n’avait qu’un élu, mais qui ne représente que 1,5 % des élus, contre 58 % d’élus pour les libéraux conservateurs et 38,9 % pour la gauche. Faute d’alliance et de stratégie cohérence, le FN, avec plus de 22 % des voix, n’obtient que moins de 2 % des élus et n’aura aucune influence dans les départements.
Comme les précédentes, ces élections ne devraient avoir aucune conséquence sur la situation de la France. L’absence de tout parti remettant en cause les principes mêmes de la décadence, l’absence de force révolutionnaire active en mesure d’influencer et de forcer à adopter les partis du régime des mesures radicales, conduira à la poursuite de la course vers l’abîme de notre pays. La seule nouvelle donnée est qu’elle ne sera plus le fait désormais de deux partis mais de trois.