2020, Éditions Pardès, 392 pages, 24.00 €
En lui ôtant la vie à trente-cinq ans, ses bourreaux nous ont probablement privés d’une œuvre théâtrale majeure. Elle eût trouvé sa place au temps des Montherlant, des Anouilh, des Guitry, des Sartre, des Beckett. L’admiration mêlée d’effroi avec laquelle, critique à la Chronique de Paris, Brasillach accueillit Huis clos en dit long sur l’équité et la faculté d’adaptation de son outillage intellectuel indispensables qualités d’un dramaturge pour faire agir et parler chacun de ses personnages selon sa propre vérité. Mais la hache de l’Histoire a frappé l’arbre avant qu’il donnât ses fruits. De cette récolte empêchée nous ne recueillons que les prémices ; trois pièces : Domrémy (la Geste de la Pucelle rapportée par les villageois), La Reine de Césarée (Titus et Bérénice, après Suétone, Corneille, Racine), Adaptation scénique du Procès de Jeanne d’Arc, plus des traductions de Shakespeare. Par chance, il reste aussi deux essais, qui nous permettent de nous asseoir au premier rang de l’orchestre : Animateurs de théâtre et Corneille. Corneille surtout, dont certaines analyses ressemblent à des confidences personnelles, livre les clés des trois pièces contenues dans le présent volume. La jeunesse et le passage du temps, c’est-à-dire la nostalgie ; la fascination de l’héroïsme raison d’État, raison de patrie, raison de Dieu entrelacée à l’espérance du bonheur, c’est-à-dire un « nœud épouvantable de contradictions » comme celui qui étrangle Ferrante dans La Reine morte. Bérénice, la reine bien vivante, et Jeanne, petite paysanne qui va mourir, convoquent la jeunesse perdue ou la jeunesse qu’on va perdre, l’insouciante et tendre jeunesse, sur le haut plateau de la tragédie.
Disponible sur la Boutique nationaliste