Le cyberespace est une étendue immatérielle et impalpable en rapport avec le Web, Internet, le multimédia où sont disponibles et s’échangent une quantité incommensurable de données numériques. À notre époque, ces « mondes virtuels » n’échappent pas à l’extension du domaine de la guerre.
Depuis le 1er avril, une nouvelle armée numérique est sortie des méandres du web. Elle rejoint les 91 équipes ayant pris parti dans la guerre lancée contre l’Ukraine, par la Russie. « CyberАрмия » (Cyber Armée) répond aux actions de « l’IT Army of Ukraine » (Armée informatique d’Ukraine).
Hackers russes et ukrainiens, quand ils ne collabore pas dans des exactions 2.0, se battent à grands coups de piratages informatiques. Le 27 février, trois jours après les premiers combats entre l’armée russe et les Forces armées ukrainiennes, une « cyber armée » était constituée à la demande du pouvoir de Kiev. À l’appel de son ministre en charge de la transformation digitale, Mykhailo Fedorov, aidé par une société de cybersécurité locale, l’IT Army of Ukraine (ITAU) voyait le jour en mettant sur pied de nombreuses cyber-attaques visant le Kremlin et les intérêts russes. Des centaines de failles et des « DDoS » (attaque par saturation des connexions) seront mis sur la table pour perturber les infrastructures Russes.
Cyber Armée de la Nation
Si quelques « Anonymous » russes tapent sur ce qu’ils peuvent, ZATAZ a référencé 34 « cyber armées » pro-russes et il y a eu une accélération depuis le 1er avril des actes russes 2.0. Un cyber groupe beaucoup plus structuré a fait surface : « Народная CyberАрмия », traduisez « Cyber Armée de la Nation » (CAN), a décidé de rendre coup pour coup aux assauts numériques de l’ITAU : « Toutes nos opérations viseront à transmettre un message simple – nous n’acceptons pas que la sécurité de notre pays soit menacée » expliquent les hactivistes russes.
Comme l’ITAU, les hackers de la Cyber Armée de la Nation s’emploie dans des DDoS. Ils ont pour but de s’attaquer aux infrastructures ukrainiennes, qui au passage sont protégées depuis peu par le Pentagone et ses pseudos « hackers » éthiques.
Des Dénis Distribués de Services (DDoS) mais aussi des infiltrations de serveurs, des barbouillages de sites (deface) et des exfiltrations de données. Bref, œil pour œil, dent pour dent. La Cyber Armée de la Nation propose de nombreux modes d’emploi pour « utiliser nos cyber armes ». Des IP, des sites web et des outils sont offerts pour participer aux cyber attaques.
L’un des outils reprend celui de l’ITAU. Une page web qui, une fois ouverte, lance des requêtes sauvages à l’encontre de sites du gouvernement Ukrainien.
Du carding à l’hacktivisme
Cette armée de la nation 2.0 regroupe des pirates connus de la scène du carding, de la vente de bases de données. Aujourd’hui, au chômage forcé, ces hackers se sont enrôlés au service de la nation. Par exemple, la Cyber Armée de la Nation, en collaboration avec les pirates du groupe « Hack Net », ont piraté et bloqué le portail du gouvernement ukrainien « Ryadovyi Contact Center« . Plus de 200 Go de données ont été volées et diffusées.
La Cyber Armée de la Nation regroupe un peu plus de 4 500 membres. Pour intégrer les équipes « privées », un bot se charge de fournir le lien d’invitation. Il existe deux espaces privés : la version « hack », il compte une quinzaine de membres. Et l’espace « DDoS », 113 membres actifs. L’ITAU affichait, dernièrement, plus de 300 000 membres. Un chiffre qui est passé sous la barre des 293 000 inscrits, en ce début avril.
Le Kremlin est-il derrière cette Cyber Armée de la Nation ? Les instigateurs ne l’affichent pas publiquement. Ces nationalistes n’ont pas vraiment besoin de recevoir d’ordres dans ce sens pour agir ! (…).
Sur le front numérique ZATAZ a recensé 90 « groupes » de pirates s’affichant comme étant des « mercenaires » pro-ukrainiens ou pro-russes. 56 agissant pour l’Ukraine, 34 pour la Russie.
Source : Damien Bancal, CyberАрмия : la cyber armée populaire Russe, zataz.com