Depuis la fin du XIXe siècle, le monde anglo-saxon développe un projet de contrôle du continent eurasiatique. Les principes de cette politique ont été d’abord énoncés par Halford Mac Kinder sous le nom de théorie du Heartland, qui énonce que pour dominer le monde, il faut tenir le Heartland, à savoir principalement les terres s’étendant de l’Europe centrale à l’Oural et qui rayonnent sur le bassin méditerranéen, le Proche-Orient, la Chine. Et, pour cela il est nécessaire de tenir les mers. Cette vision géopolitique repose sur l’idée de l’opposition des puissances maritimes aux puissances terrestres. Et la hantise des puissances de la mer, à savoir les anglo-saxons, qu’il s’agisse des Britanniques ou des Etats-uniens, est l’établissement d’une entente entre l’Allemagne et la Russie. Quelques années plus tard, Nicholas Spykman développera le concept de Rimland à savoir cet anneau de territoires qui entoure le Heartland, et établira le principe que celui qui contrôle le Rimland contrôle l’Eurasie et qui gouverne l’Eurasie contrôle le monde.
La hantise de l’émergence d’une Russie puissante s’est traduite par l’aide apportée par l’Angleterre au Japon dans la guerre russo-japonaise, l’une des chevilles ouvrières étant le banquier Jacob Schiff. La révolution bolchevique a été financée par le même personnage et ses confrères en concours avec les cercles dirigeants anglo-saxons dans le but d’affaiblir durablement une Russie dont le rapide développement économique, après 1905 devenait inquiétant. De même, une puissance allemande trop grande était perçue comme une menace.
Harry Truman, alors vice-président de Roosevelt, avait en quelque sorte résumé la situation en 1941 après le déclenchement de l’Opération Barbarossa, lorsqu’il déclarait au New York Times : « Si nous voyons que l’Allemagne est en train de gagner, nous devons aider la Russie. Si nous voyons la Russie en train de gagner, nous devons aider l’Allemagne. Dans les deux cas, nous devons les laisser se tuer le plus possible ». Bref, que Russes et Allemands s’entredétruisent et le Heartland n’émergera pas en tant que puissance, tandis que le Rimland sera contrôlé. Des dirigeants comme Truman Foster Dulles, George Kennan développeront la politique de l’endiguement ou du « containment », de la Russie soviétique base de la stratégie de la Guerre froide, ce qui à l’époque se justifiait pleinement. Mais cette politique va se poursuivre malgré les promesses de James Baker en 1991 à Gorbatchev.
Après 1991, lors de la dislocation de l’URSS, les Anglo-saxons à face nord-américaine ont poursuivi leur plan de prise de possession du Rimland et d’encerclement du Heartland, à savoir la Russie : le livre de Brezinski « Le Grand Echiquier », paru en 1997 expose clairement cette politique qui vise par ailleurs plus largement à permettre aux Etats-Unis de prolonger le plus possible une domination mondiale dont il avait compris que, par l’évolution du rapport de forces international, les jours étaient comptés, ou, du moins, la puissance de domination. Dans cette perspective, l’objectif était d’enlever l’Ukraine à la Russie, étant donné que pour Brezinski, la Russie sans l’Ukraine n’taie plus un empire mais devenait une puissance secondaire.
Cependant, est apparu un nouvel intervenant, non prévu à l’origine : la Chine. Celle-ci, si l’on se place du point de vue anglo-saxon, a eu l’outrecuidance de vouloir devenir une puissance économique correspondant à la grandeur de sa civilisation et de sa population et de ne pas se contenter de rester un atelier de fabrication à bas salaires de biens destinés aux occidentaux et contrôlé par eux ! Dès lors, la politique de « containment » se développe autour de la Chine : il s’agit de « l’anneau pacifique », avec l’installation et le renforcement de bases en Corée du Sud, au Japon, aux Philippines.
Dès lors, la donne géopolitique a changé de dimension et a inclus l’ensemble russo-chinois dans un Heartland élargi. Le problème qui se pose dorénavant au monde anglo-saxon et, par extension «occidental », si l’on regroupe sous ce vocable tous les Etats alliés ou soumis de quelque manière au pouvoir de Washington et de la finance de l’axe City-Wall Street, est de contrôler rien moins que l’essentiel du continent eurasiatique.
Pour ce faire, les Etats-Unis disposent de plus de 800 bases militaires à travers le monde dont un certain nombre entourent l’ensemble russo-chinois, tant en Europe, à l’Ouest qu’en Asie, en Corée du Sud, au Japon et aux Philippines où leur implantation s’est renforcée au printemps 2023 avec le droit d’usage de trois nouvelles bases.
Conjointement, la domination planétaire des Etats-Unis s’est développée et confortée avec le dollar, lequel a étendu son rôle de monnaie internationale après les accords de la Jamaïque qui avaient de facto fait du dollar la seule monnaie utilisable pour le commerce des hydrocarbures et aussi le problème du monde, pour paraphraser l’apostrophe de John Connaly, secrétaire d’Etat aux finances de Nixon, en 1971.
Un contre ordre mondial
Or, cet encerclement du Heartland par les Occidentaux est aujourd’hui confronté à une riposte menée par la Chine et la Russie qui revêt la forme d’un contre encerclement de ce que les Russes appellent « l’Occident collectif ». Un tel événement est inévitable sur la longue durée dans la mesure où le rapport de forces, favorable au monde occidental depuis deux siècles, est en train de s’affaiblir en leur défaveur, voire à amorcer sérieusement un processus de renversement Même s’il semble l’avoir oublié depuis lors, Macron avait bien vu l’évolution en cours lors de son discours d’ouverture de la Conférence annuelle des ambassadeurs en août 2019 lorsqu’il avait déclaré que « nous sommes sans doute en train de vivre la fin de l’hégémonie occidentale sur le monde.»
Signe de cette évolution de l’ordre mondial, amorcée depuis une vingtaine d’années et qui est la conséquence de la montée en puissance d’économies comme celles de la Chine, de l’Inde, du Brésil, la reconstitution (jusqu’alors trop lente) de la puissance russe conduisent naturellement à un rééquilibrage des relations internationales. Ont ainsi vu le jour l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) le 15 juin 2001 puis les BRICS, acronyme des Etats constitutifs de cette structure, à savoir Brésil, Russie, Inde, Chine, South Africa (Afrique du Sud), créée le 16 juin 2009. A cela, il faut ajouter la communauté eurasiatique fondée l’initiative de la Russie et qui regroupe, outre cette dernière, la Biélorussie, le Kazakhstan,
Dans le même temps, le vaste espace continental eurasiatique a fait l’objet d’une entreprise de structuration par cette sorte d’aménagement du teiritoire à grande échelle, sous l’égide de la Chine, que sont les routes de la soie, terrestres et maritimes (cf. Militant n° 754). Dans ce processus, les Etats-Unis et leurs alliés – ou vassaux — sont tenus largement à l’écart : le maître d’œuvre est le gouvernement de Pékin. Les Etats-Unis n’ont quasiment aucune emprise en Asie centrale (cf. Militant n° 754) et leur départ piteux d’Afghanistan leur a enlevé le seul point d’appui d’importance qu’ils avaient tenté de mettre en place. Au Kirghizistan, la base de Manas, un temps mise à leur disposition par la Russie, à la suite des attentats du 11 septembre 2001 a été fermée en 2014.
Le tournant de 2022
Or la crise ukrainienne, ouverte à bas bruit depuis 2014 mais ayant atteint une dimension internationale depuis février 2022, les tensions autour de Taïwan, ont accéléré un processus inéluctable de renversement de l’ordre mondial, jusqu’alors organisé sous la férule des Etats-Unis et qui évolue vers un ordre planétaire multipolaire, au sein duquel un nouvel équilibre du rapport de forces devra s’établir entre au moins un pôle asiatique articulé autour de la Chine qui retrouve sa position puissance qui était la sienne jusqu’au XVIlle siècle, un pôle occidental, si l’on considère l’état présent du monde, un pôle russe, en attendant que puisse se constituer un pôle européen unissant l’Europe carolingienne et le monde slave, cela sans ignorer que se forme un pôle indien et un pôle sud-américain, voir aussi un pôle africain.
Depuis le début de 2023, au moins trois événements caractérisent cette amorce de renversement du monde. Pour la première fois, semble-t-il à leur grande surprise et plus encore à leur grand dépit, les Occidentaux à direction anglo-saxonne, ne sont plus suivi par l’essentiel des peuples de la planète et se retrouvent en position d’isolement, même si les media aux ordres de forces mondialistes tentent de le masquer ou refusent de se l’avouer. En dehors des pays occidentaux, autrement dit ceux soumis au magistère du judaïsme politique, des cercles mondialistes et de la banque judéo-protestante anglo-saxonne, le reste du monde ne suit pas les sanctions décrétées par ceux-ci à l’encontre de la Russie mais, nonobstant les menaces de Washington, développent leur coopération avec la Russie soutenue par la Chine. Cela représente 40 % de la production mondiale et les deux tiers de la population mondiale.
En mars 2023, la rencontre entre Vladimir Poutine et Xi Jinping a mis en évidence une large solidarité entre la Russie et la Chine, même si Pékin ne souhaite pas une aggravation de la situation en Ukraine.
En avril 2023, la diplomatie chinoise a réussi un coup de maître en parvenant à réconcilier l’Arabie séoudite et l’Iran Des manœuvres navales ont eu lieu avec pour participants les marines rosse, chinoise, sud-africaine, brésilienne, en février 2023, au large de Durban.
Les facteurs explicatifs, sinon catalyseurs de ce phénomène sont à rechercher dans l’arrogance des Occidentaux qui ne parviennent pas à comprendre, voire à imaginer que leur domination planétaire sans partage touche à sa fin, voire est déjà terminée. Ils continuent à donner des ordres au reste du monde, sur la base de leur « morale » qui n’en n’est plus une si toutefois elle l’a été: sans aller au fond du sujet, l’idéologie woke, le satanisme LGBT, les « mariages » de paires d’hommes, de femmes sont un repoussoir pour les peuples qui conservent leur bon sens, restent imprégnés d’un fonde morale naturelle, qu’elles qu’en soient les lacunes et les imperfections.
Dans le domaine financier, le traitement infligé aux intérêts russes placés en Occident suffit à instaurer la méfiance parmi tous les Etats qui ont placé quelques capitaux dans les institutions bancaires et financières occidentales. Cela incite nombre de gouvernements, même parmi ceux qui jusqu’alors étaient les alliés des Etats-Unis, comme le gouvernement séoudien, à envisager d’autres moyens de commercer. L’accord récent entre Pékin et Ryad sur le règlement des échanges pétroliers en yuan et non plus en dollar y trouve son origine : en effet, rien n’assure que demain, si d’aventure la politique menée par les Séoudiens déplaît à Washington, que le gouvernement américain ne prenne pas des mesures de rétorsions comme il ne cesse de les multiplier à l’encontre de ceux qui « osent» défier son pouvoir. Rappelons que le privilège d’extraterritorialité lié au dollar permet aux Etats-Unis de s’arroger le droit de sévir contre ceux qui l’utilisent pour leurs transactions : en France, la BNP en a fait les frais en 2015 et s’est vue contrainte de payer 8,9 Mds $ d’amende à Washington qui l’a accusée d’avoir contourné entre 2000 et 2010 les embargos imposés par les Etats-Unis à Cuba, à l’Iran, au Soudan ou à la Libye.
[…]
A suivre
Pour Zbigniew Brezinski, théoricien du chaos du monde unipolaire il s’agit d’éroder l’influence
historique de la Russie dans sa péripétie postsoviétique. Selon lui, la vision russe de son « étranger
proche » donne un rôle à l’Ukraine et traduit une géopolitique « impériale », matrice de la diplomatie
américaine focalisée sur l’émergence d’un rival sur le continent eurasien, nuisible à sa domination
mondiale. Elle permet entre autres de décrypter l’incident de Kertch (25/11/2018). Michael Ledeen a d’ailleurs exposé ce projet avec une belle franchise : « Notre pays est celui de la destruction
créatrice. Nous ne voulons pas de stabilité en Iran, en Irak, en Syrie, au Liban, ni même en Arabie Saoudite. La question est de savoir comment déstabiliser ces pays. Nous devons les détruire pour accomplir notre mission historique ».
Excellent article, j’ enregistre et je partage pour essayer de réveiller les endormis
Si votre vision géopolitique n’est évidemment pas idiote, elle est cependant fausse car ignorante d’une carte d’atout-maître ! Réfléchissez…
Le monde anglo-saxon, principal vecteur du parlementarisme / démocratie représentative = « République », ce régime politique, instrument de choix pour assoir leur pouvoir, mais aussi le vecteur du communisme, aujourd´hui rebaptisé « mondialisme », et de ses atrocités… et pour cause…
Les liens sacrés de la Couronne d’Angleterre avec la loi juive
https://www.i24news.tv/fr/actu/international/europe/1663076764-les-liens-sacres-de-la-couronne-d-angleterre-avec-le-talmud
L’interdit de la connaissance du bien et du mal comme fondement biblique
À l’époque où fut écrite l’histoire du Jardin d’Éden (largement inspirée des mythes babyloniens), toutes les grandes religions se donnaient comme mission d’enseigner aux hommes la compréhension du bien et du mal, et ainsi de les préparer à une vie droite et à une heureuse après-vie. La Bible hébraïque, dont la marque de fabrique est l’inversion de toutes les vérités anthropologiques (à commencer par la femme sortant du sein de l’homme), a placé cette promesse dans la bouche du serpent menteur : c’est lui, en effet, qui invite Adam et Ève à manger du fruit défendu, car, leur explique-t-il : si vous en mangez, « vous ne mourrez pas », mais « vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux, qui connaissent le bien et le mal »
https://www.egaliteetreconciliation.fr/L-interdit-de-la-connaissance-du-bien-et-du-mal-comme-fondement-biblique-52633.html