Cette fin de semaine politique a été marquée par la réélection à la tête de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) et du Front national (FN) de Nicolas Sárközy et Marine Le Pen.
Congrès sans surprise au Front national
Comptes et mécomptes
Marine Le Pen a été réélue, sans surprise et sans opposant, présidente du Front national avec 99,92 % des suffrages exprimés. Selon les chiffres officiels du Politburo, énoncés par le nouveau délégué aux affaires juridiques Jean-François Jalkh, sur les 22 139 votants, il y a eu en tout et pour tout 17 abstentions. Le taux de participation a été cependant très faible avec seulement 53 %.
Notons que, selon un calcul rapide, le nombre d’inscrits, soit les adhérents de plus de 16 ans, ne dépasse donc pas les 43 000, bien en deçà des 75 000 adhérents revendiqués par le parti d’extrême droite sur son site et des 83 000 adhérents à jour de cotisation annoncés fin octobre par la secrétaire nationale aux adhésions Sandrine Leroy.
Renouvellement du comité central
L’autre grand moment du congrès du Front national à Lyon était l’élection du comité central1, le parlement sans pouvoir du parti. Il était attendu pour évaluer la force des différentes tendances au sein du FN et – surtout – la popularité des cadres. Sans surprise, c’est Marion Maréchal-Le Pen qui est arrivée en tête, avec environ 80 % des voix.
C’est en creux un net désaveu pour l’équipe de Marine Le Pen : son concubin demi-juif Louis Aliot – vice-président – n’obtient que 76 % et l’inverti Steeve Briois – secrétaire général – seulement 70 %. La sanction est encore plus nette pour l’énarque gaulliste Florian Philippot, le vice-président chargé de la stratégie et de la communication, qui, malgré une omniprésence médiatique, n’arrive qu’en quatrième position avec 69 %. Les autres membres du bureau exécutif sortant, Wallerand De Saint-Just et Christine Arnautu, font encore moins bien.
Les deux sénateurs-maires du parti, David Rachline (Fréjus) et Stéphane Ravier (Marseille), arrivent 6e et 8e. Le nouvel homme fort du parti, qui a été nommé secrétaire général durant le congrès, l’ancien renégat Nicolas Bay, n’obtient que la 10e place.
Signalons parmi les heureux élus l’utrasioniste Michel Thooris (70e) et l’élection de ses coreligionnaires Louis Aliot (2e), David Rachline (6e) et Jean-Richard Sulzer (66e place), ainsi que la nomination d’Aymeric Chauprade, ce dernier n’ayant pas été élu mais nommé sur le quota de Marine Le Pen.
Le vote n’indique aucune réelle tendance politique ; il serait hasardeux de lire dans la victoire de Marion Maréchal-Le Pen un choix pour un Front plus conservateur. Il s’apparente plutôt à un test de popularité des figures du mouvement à l’image des émissions de téléréalité. Parmi les rares enseignements politiques, le courant gollnischien apparaît, sinon définitivement mort, comme vaincu et totalement marginalisé : Bruno Gollnisch n’obtient qu’une médiocre cinquième place ; Thibault de la Tocnaye, arrivé second en 2011, n’est plus que seizième. Hugues Petit, 27e en 2011, n’est plus présent. Jacques Colombier, qui avait rallié Bruno Gollnisch, avait obtenu la 14e place en 2011 ; il tombe à la 63e ; Bruno Subtil, passe de la 19e à la 77e place. Seul le jeune Amaury Navarranne améliore nettement son résultat : 86e en 2011, il est élu à la 44e place cette année.
Exécutif quasi inchangé
Le bureau politique connaît également peu de changement2 : neuf membres du précédent s’en vont et huit font leur entrée. L’exécutif du FN connaît peu de changement. Autour de Marine Le Pen, réélue présidente, se trouvent cinq vice-présidents, identiques au précédent bureau à la seule différence d’Alain Jamet qui est remplacé par Steeve Briois. Ce dernier quitte donc son poste de secrétaire général, où il est remplacé par un autre ancien mégrétiste, Nicolas Bay.
Dans le détail :
Marine Le Pen : présidente ;
Florian Philippot : vice-président chargé de la stratégie, de la communication ;
Louis Aliot : vice-président chargé de la formation et des élus ;
Marie-Christine Arnautu : vice-présidente chargée de l’administration interne ;
Steeve Briois : vice-président aux exécutifs locaux et à l’encadrement ;
Jean-François Jalkh : vice-président chargé des affaires juridiques ;
Nicolas Bay : secrétaire général ;
Wallerand De Saint-Just : trésorier national ;
Jean-Marie Le Pen : président d’honneur ;
En résumé, une élection pour la forme, sans enjeu et sans surprise, comme le Front national, qui a au moins du gaullisme le côté parti godillot, en connaît depuis 40 ans.
Laborieuse élection de Sárközy à l’UMP
La partie a été beaucoup plus difficile pour Nicolas Sárközy. Sur le papier, elle semblait jouée d’avance : un ancien président, bénéficiant d’importants relais médiatiques et ayant mis en scène depuis des mois son retour, une femme chanteuse à la une des magazines, le soutien d’un petit groupe ethnoreligieux sûr de lui et dominateur, une absence d’opposition, une gauche dévastée et, face à lui, un quasi-inconnu de 45 ans, dont le plus haut titre républicain fut justement d’avoir été son ministre de l’Agriculture.
Les plus optimistes de ses soutiens pronostiquaient 85 % des voix ; d’autres précisaient qu’au-delà de 75 % ils seraient contents. Le résultat final est extrêmement décevant : avec 64,5 %, Nicolas Sárközy ne dépasse ni la barre symbolique des 65 %, ni celle des deux tiers des votants. S’il l’emporte, c’est une victoire à l’allure de défaite, quand, au contraire, avec 29,2 %, la défaite de Bruno Le Maire sonne comme une victoire – le troisième candidat, Hervé Mariton, récoltant 6,32 % des suffrages.
C’est un échec de plus dans la stratégie de retour de l’ancien président, après son passage télévisé qui n’avait pas convaincu, l’apparition d’affaires en série, et ses promesses et son attitude ridicule contre la Loi Taubira – « si y a que ça pour vous faire plaisir, ça coûte pas très cher ».
Si sa stratégie est calquée sur celle de 2004, qui lui avait permis de prendre le pouvoir à l’UMP pour s’emparer de l’Élysée, elle est loin des succès et de la passion soulevés à l’époque. Il avait alors été triomphalement élu président de l’UMP avec 85,1 % des voix. D’autant que son insuccès est déjà suivi d’un premier revers : le « conseil des anciens premiers ministres » qu’il a appelé de ses vœux dans sa volonté de rassemblement – et surtout pour neutraliser ses deux principaux concurrents pour la primaire, le candidat déjà choisi par le système Alain Juppé et François Fillon – ne se fera pas. Si Dominique De Villepin en avait accepté l’idée, Alain Juppé à faire savoir qu’il n’en ferait pas partie.
Par leurs choix de stratégies divergentes pour 2017, les prétendants de l’UMP – ou le parti qui lui succédera selon le vœu de Nicolas Sárközy – ont créé toutes les conditions d’une guerre des chefs de deux ans et demi. Et l’incontestée Marine Le Pen, à la tête du FN – ou le parti qui lui succédera si elle parvient à imposer elle aussi le changement de nom voulu par la frange moderniste –, comptera les points en attendant de recueillir un soir d’avril 2017 les fruits du naufrage de la gauche et de l’impossible unité des libéraux-conservateurs.
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1Ont été élus (de 1 à 100, 1 étant le mieux élu, 100 celui ayant reçu le moins de suffrages)
1. Marion Maréchal-Le Pen
2. Louis Aliot
3. Steeve Briois
4. Florian Philippot
5. Bruno Gollnisch
6. David Rachline
7. Wallerand De Saint-Just
8. Stéphane Ravier
9. Marie-Christine Arnautu
10. Nicolas Bay
11. Bruno Bilde
12. Julia Abraha
13. Valérie Laupies
14. Joëlle Melin
15. Julien Sanchez
16. Jean-François Jalkh
17. Huguette Fatna
18. Philippe Sanchez
19. Thibault de la Tocnaye
20. Marie-Christine Boutonnet
21. Franck Briffaut
22. Mireille Dornano
23. Sylvie Godoyn
24. Mylène Troszgzynski
25. Fabien Engelmann
26. Bernard Monot
27. Sophie Montel
28. Jean-Yves Waquet
29. Dominique Bilde
30. Didier Chabaillé
31. Alain Jamet
32. Philippe Loiseau
33. Marie-Christine Aubert
34. Mireille Chevet-Pinatel
35. Sabine de Villeroché
36. Frédéric Boccaletti
37. Etienne Bousquet-Cassagne
38. Michel Guiniot
39. Hortense Roquebert-Gas
40. Audrey Guibert
41. Julia Plane-Vouzellaud
42. Muriel Coativy
43. Amaury Navarranne
44. Alain Vizier
45. Mathilde Palix-Androuet
46. Ludovic de Danne
47. Agnès Marion
48. Pierre Cheynet
49. Hervé Toulzac
50. Gérald Gérin
51. Guillaume Vouzelaud
52. Charles Perrot
53. Lydia Schénardi
54. Christelle Dehaye
55. Yoann Gillet
56. Elisabeth Lalanne de Haute
57. Marie D’Herbais
58. Jean-Claude Philipot
59. Françoise Grolet
60. Frédéric Pichon
61. Louis-Armand De Béjarry
62. Agnès Henry
63. Jacques Colombier
64. Marie-Claude Aucouturier
65. Joffrey Bollée
66. Jean-Richard Sulzer
67. Tony Cardi
68. Olivrier Monteil
69. André Cahuzac
70. Michel Thooris
71. Éric Domard
72. Julien Langard
73. Christophe Boudot
74. Armelle de Pierrefeu
75. Erwan Le Gouëllec
76. Sophie Souchère
77. Bruno Subtil
78. Sophie Robert
79. Guillaume L’Huillier
80. Jean-Michel Cadenas
81. Alexandra Piel
82. Catherine Salagnac
83. Blanche Chaussat
84. François Bonneux
85. Alain Breuil
86. Bernard Marandat
87. Jean-Marc de Lacoste-Lareymondie
88. Cyril Nauth
89. Éric Audebert
90. Martine Clement-Launay
91. Thibaut Monnier
92. Dominique Martin
93. Jean-Baptiste Vendeville
94. Gonzague Malherbe
95. Raymond Blanc
96. Nicole Hugon
97. Nathalie Pigeot
98. Louis de Condé
99. Brugitte Neveux
100. Laurent Guiniot
Ont été cooptés par Marine Le Pen :
101. Jean-Michel Dubois
102. Édouard Ferrand
103. Gilles Pennelles
104. Philippe Eymery
105. Thierry Gourlot
106. Gaëtan Dussaussay
107. Jean-Paul Piloz
108. Pascal Gannat
109. Sandrine Leroy
110. Isabelle Cochard
111. Philippe Chevrier
112. Antoine Mellies
113. Bruno Lemaire
114. Catherine Griset
115. Hervé de Lepineau
116. Marc-Étienne Lansade
117. Aymeric Chauprade
118. Julien Rochedy
119. Christopher Szcurek
120. Ludovic Pajot.
2Il est composé de (en gras, les anciens membres renouvelés) : Louis Aliot ; Marie-Christine Arnautu ; Nicolas Bay ; Bruno Bilde ; Dominique Bilde-Pierron ; Christophe Boudot ; Marie-Christine Boutonnet ; Steeve Briois ; Aymeric Chauprade ; Ludovic de Danne ; Éric Domard ; Jean-Michel Dubois ; Gaëtan Dussaussaye ; Huguette Fatna ; Edouard Ferrand ; Pascal Gannat ; Bruno Gollnisch ; Michel Guiniot ; Jean-François Jalkh ; Alain Jamet ; France Jamet ; Jean-Marie de Lacoste-Lareymondie ; Valérie Laupies ; Gilles Lebreton ; Jean-Marie Le Pen ; Marine Le Pen ; Sandrine Leroy ; Philippe Loiseau ; Marion Maréchal-Le Pen ; Joëlle Melin ; Bernard Monot ; Sophie Montel ; Gilles Pennelle ; Florian Philippot ; Nathalie Pigeot ; David Rachline ; Stéphane Ravier ; Wallerand de Saint-Just ; Catherine Salagnac ; Bruno Subtil ; Jean-Richard Sulzer ; Thibaut de la Tocnaye ; Alain Vizier.
En sont éliminés : Jacques Colombier, Fabien Engelmann, Pascal Erre, Françoise Grolet, Dominique Martin, Brigitte Neveux, Charles Perrot, Lydia Schénardi, Guillaume Vouzelaud.
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