Laxisme, surpopulation : témoignage d’une gardienne de prison
« Aujourd’hui je plains surtout les jeunes. […] Nous souffrons comme jamais. Les détenus ont pris le pouvoir et notre hiérarchie ferme les yeux. Ils ne veulent surtout pas de vagues : ils craignent trop les mutineries, les prises d’otage… Alors on trinque en silence. […]
Les gamins font ce qu’ils veulent. Il y a trois semaines, l’un d’eux m’a menacé avec une paire de ciseaux. Il voulait se balader librement dans la détention pour trouver une cigarette et j’ai refusé. J’ai dit à ma hiérarchie ce qu’il s’était passé, mais ils n’ont absolument rien fait, ils ne l’ont même pas convoqué. Au contraire, et c’est ça le pire : c’est moi qui ai dû m’expliquer ! […] La politique d’achat de la paix sociale empêche toute fermeté. […]
Comme d’autres administrations, on paye les conséquences de la politique de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Dans ma prison de 600 places, les effectifs prévus sont de 140 surveillants. En ce moment, nous sommes en réalité 32. Un jour, avec les repos compensatoires et les arrêts maladies, nous étions seulement 6. Il a fallu procéder à l’ouverture des cellules, comme tous les matins, avec 600 détenus face à nous. C’était tellement impressionnant que les ÉRIS [Équipes régionales d’intervention et de sécurité] étaient postées à l’extérieur, prêt à intervenir. C’est une situation qui nous met directement en danger. […] Ça va être très difficile pour les jeunes. Aujourd’hui, les détenus s’engouffrent dans la moindre brèche, et nous mettent constamment sous pression. Si l’on était un peu plus soutenus par notre hiérarchie, ça serait déjà beaucoup, mais la politique globale d’achat de la paix sociale empêche toute fermeté. […] On s’investit tellement sur le plan humain qu’on finit par aimer notre métier. C’est tout le paradoxe. Au fond, on ne demande qu’à pouvoir l’exercer en sécurité »,
a témoigné une gardienne de prison de 46 ans, n’osant ouvertement, comme toute la profession, rappeler la part prépondérante de l’invasion et du système dans le problème des prisons aujourd’hui.
Agressions, violences, insultes : témoignages d’agents de la SNCF
« Aujourd’hui, dans le train 830425 au départ de Belfort, une personne en situation de handicap qui emprunte régulièrement le train a été prise à partie vers 16 h 30 et rouée de coups par une bande. Les gendarmes sont intervenus en gare d’Illfurth à la suite d’un signalement du conducteur de train. Le samedi 15 août déjà, dans le train Mulhouse-Belfort 830432, vers 19 h 50, une rixe entre une personne et quatre autres avait éclaté. La scène s’étant déroulée devant des familles, des enfants pleuraient et hurlaient. Des dégâts importants dans le train – vitre cassée, projection de sang – ont été constatés par la police et les pompiers en gare de Belfort. Sur les 18 derniers mois, on décompte également trois agressions de conducteurs de train sur la ligne Mulhouse-Kruth : un coup de poing au visage en gare de Cernay, une menace par arme à feu en gare d’Oderen, ainsi que le caillassage de la cabine de conduite du conducteur en gare de Moosch »,
a témoigné dans L’Alsace un agent de la SNCF.
« Quand j’ai ouvert les portes, j’ai découvert du sang, du verre brisé, des sièges arrachés… Une rixe avait eu lieu la veille au soir entre Bâle et Mulhouse. Imaginez ce qu’avaient vécu le conducteur et les autres voyageurs éventuels ! Les trains sont devenus des zones de non-droit. […] Les contrôles sont réalisés une fois par semaine au maximum, il n’y a plus d’agents dans les trains, ni dans la plupart des gares… Lorsque des individus bloquent les portes, il faut intervenir pour éviter de prendre du retard. La direction laisse entendre qu’on ne doit pas s’exposer, qu’il faut rester cloîtré dans la cabine. Mais si on s’expose, c’est parce qu’on souhaite faire notre travail ! Certains ont démissionné, notamment pour cette raison. Un collègue qui circulait beaucoup entre Mulhouse et Bâle a demandé sa mutation au fret… On part travailler avec la boule au ventre et, avant de prendre notre service, on se souhaite bonne chance »,
a abondé un second.