Miguel Primo de Rivera y Orbaneja est né le 8 janvier 1870 à Jerez de la Frontera en Espagne.
Sa famille, principalement composée de militaires, appartient à l’aristocratie andalouse. Son père est un colonel à la retraite, sa mère s’appelle Fernandina de Busqueros (1845-1892). Son oncle, Fernando, est capitaine à Madrid et deviendra le premier marquis d’Estella
Avant d’entreprendre une carrière militaire, Miguel Primo de Rivera étudie l’histoire et l’ingénierie. Il intègre ensuite l’académie militaire de Madrid.
Après ses études à l’académie militaire, il part servir aux colonies.
Il se distingue très vite par ses capacités militaires ainsi que par son patriotisme, notamment contre les berbères au Maroc. Il ne tarde pas à occuper des fonctions militaires importantes. Primo de Rivera est convaincu que l’Espagne ne peut conserver ses colonies d’Afrique du Nord.
Il assiste aussi à la défaite face aux États-Unis en 1898 qui conduit à la perte de Cuba et des Philippines.
Par la suite, Primo de Rivera est envoyé à Madrid pour travailler au ministère de la guerre avec son oncle, Fernando. En 1902, il épouse Casilda Saenz de Heredia, une jeune hispano-cubaine. Ils ont six enfants entre 1902 et 1908, année du décès de sa femme.
Parmi ces enfants, nait le 24 avril 1903 José Antonio Primo de Rivera.
Un an plus tard, il est envoyé en France et en Suisse pour une mission militaire. Primo de Rivera est de plus en plus inquiet pour l’avenir de son pays. Il est promu capitaine général alors qu’il retourne au Maroc espagnol. Il prend un commandement en métropole en 1915, comme gouverneur militaire de Cadix. Pendant la Première Guerre mondiale, il occupe le poste d’observateur sur le front Ouest. Puis il est capitaine général à Valence en 1919, et à Madrid. Il est finalement nommé au poste difficile de capitaine général de Catalogne en 1922, afin de rétablir l’autorité de gouvernement que des insurrections constantes ont affaibli. Il s’y emploie avec énergie et efficacité.
Miguel Primo de Rivera entend alors tirer profit de la crise multiforme que l’Espagne connaît. L’instabilité ministérielle se conjugue avec des attentats anarchistes.
Miguel Primo de Rivera réalise à Barcelone un coup d’État le 13 septembre 1923 contre le gouvernement de Madrid. Il publie un manifeste revêtant la forme d’un pronunciamiento classique, où il déclare vouloir sauver le pays des « politiciens professionnels » et proclame la déchéance des Cortès et du gouvernement. En dehors de la Catalogne, les garnisons de Saragosse et de Bilbao sont seules à le suivre. Le capitaine général de Valence reste sourd, les troupes des Baléares tardent à réagir, la marine demeure neutre de même que la Garde civile.
Le putsch n’est tiré de ce mauvais pas que par l’indécision du gouvernement et la bonne grâce du Roi, qui refuse de réunir les Cortès comme le lui demande le président du Conseil. Ce refus scelle le décès du régime parlementaire.
Le gouvernement démissionne le 15 septembre. Le même jour, Alphonse XIII confie au général Primo de Rivera le soin de constituer un nouveau gouvernement avec les pleins pouvoirs.
Son coup d’État est justifié par son aspect « salvateur », le pays ayant besoin d’être « régénéré ». La principale source d’inspiration de Primo de Rivera est en effet le régénérationnisme, mouvement intellectuel espagnol de la fin du XIXè siècle s’interrogeant sur les causes de la décadence de l’Espagne en tant que nation. Son objectif est ainsi de restaurer l’ordre social et d’éliminer le caciquisme.
Pour installer sa dictature, Primo de Rivera s’inspire du modèle fasciste de Mussolini, tout en étant moins autoritaire. Le nouveau régime est de fait plutôt conservateur. Les deux premières années de la dictature douce sont toutefois les plus répressives du régime de Primo de Rivera, et aussi celles comportant le plus de décisions spectaculaires.
Socialement, les premières années de la dictature se passent sans heurts. Primo de Rivera est parvenu à s’attacher le soutien des travailleurs en imitant pour partie l’œuvre de Mussolini en Italie. Il crée 27 corporations représentants différentes branches de l’industrie et différentes professions. Dans chaque corporation, un arbitre gouvernemental tranche les conflits relatifs aux conditions de travail, aux salaires, etc. Cette politique corporatiste obtient la coopération tacite des socialistes et de l’UGT à la dictature, les travailleurs obtenant là plus de pouvoir qu’auparavant.
Primo de Rivera est conscient de son isolement profond et de son éviction proche. Il fait savoir par voie de presse le 26 janvier 1930 qu’il se soumet à « l’épreuve sensationnelle et décisive» de son maintien ou non au pouvoir selon le choix de ses pairs. Il ne reçut aucune réponse positive : l’armée l’a porté au sommet de l’État autant qu’elle fut l’artisan de sa chute.
Affaibli depuis plusieurs années par un diabète, Miguel Primo de Rivera est contraint de présenter sa démission au roi Alphonse XIII le 28 janvier 1930, encouragé fortement par celui-ci qui craint pour la pérennité de la monarchie.
Il s’exile alors à Paris, où il décède au bout de six semaines, le 16 mars, des suites de sa maladie.
Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur cette « génération de 98″ (1898 en fait, date de la guerre hispano-américaine où l’Espagne a perdu ses dernières colonies: Cuba et les Philippines) » comme on l’appelle en espagnol, groupement d’écrivains qui se sont interrogés sur la décadence irrémédiable de l’Espagne au XIXe siècle (sous-développement, pauvreté endémique, sclérose des élites historiques), parmi lesquels Miguel de Unamuno, Azorín, Machado, Baroja, Maetzu, etc., et qui ont essayé d’apporter des solutions à la crise chronique de leur pays, j’ai rédigé un article de 50 pages paru dans deux numéros des Ecrits de Paris de janvier et février 2018.
Ce mouvement d’écrivains, cette école de pensée est passionnante. On pourra lire comme maître-livre de ce courant l’oeuvre de Miguel de Unamuno « en torno al casticismo », traduit par le grand hispaniste Marcel Bataillon « l’essence de l’Espagne ». L’écrivain actuel Arturo Perez-Reverte, auteur de deux chefs-d’oeuvre « El Capitán Alatriste » et « El sol de Breda » (ils en ont fait un film très réussi avec Vigo Mortensen) est leur plus digne héritier. Ses ouvrages sont tous traduits en français, les deux suscités notamment.
Merci pour ces informations.