Le « thriller » de Jacques Attali. Par Pierre Dortiguier
Notre Algérois a donné son nom à un livre paru ce mois de février chez Fayard, « Premier Arrêt après la mort » qui prend pour unité de temps l’année prochaine. Comment, cet économiste et polytechnicien qui a, c’est le moins qu’on puisse dire de lui, une vision du monde, s’y accroche même sans autre perspective que sa contemplation agitée, voit-il cette année ? « Année terrible », répondrait-on à la manière du frère maçon Victor Hugo évoquant la Commune de Paris, car partout éclatent des guerres civiles, en Allemagne d’abord où l’imagination morbide de l’auteur se plaît à évoquer le meurtre de plus de cent parlementaires par des islamistes, et ailleurs, en Asie la Chine se réveille et affronte, en dragon, le saint Georges qu’est Trump préservant la paix de justesse !
Ceci est l’arrière plan, mais l’avant-scène est parisienne ou provinciale et les cadavres de policiers exécutés s’y amoncellent, dont le premier à un arrêt de bus, d’où le titre du livre. En résumé, le nouveau Président élu, qui – Attali l’a déjà annoncé – est une « surprise », comme le serait un Asselineau, europhage et assistant, contre ses espérances, à une dégradation financière accélérée, y gère une situation fort grave, ordonne des crimes politiques, comme nous le dévoile en fin de livre un exécuteur commandité par la Présidence, à la commissaire arabe chargée de l’enquête sur ces crimes bizarres , Fatima Hadj, de lignée marocaine élevée à Dunkerque, parlant de l’exécution de têtes brûlées antiterroristes formant une organisation dont le pouvoir français se débarrasse à son tour par des moyens si atroces que l’on en vient à redouter de laisser de jeunes têtes innocentes seules avec l’auteur, tant son imagination transgresse les limites du fantastique pour se complaire dans l’horreur !
L’on ne peut qu’avoir quelqu’inquiétude à se représenter que des personnalités qui se veulent des experts et au besoin des réformateurs de la condition humaine, ouvertes au transhumanisme ou au perfectionnement mécanique de la nature humaine, la « transformant » en quelque sorte, comme le voulait croire Marx, passent les 297 pages imprimées à exposer au public d’une nation répute pour son bon goût, la même scène sordide, d’un crime extraordinaire avec démembrement physique et autres atrocités au même type d’assassinat, à longueur de chapitres ! C’est ce que la psychiatrie entend par une répétition névrotique.
Visiblement, ce n’est point, on le voit, une image pieuse de la Vierge qui a bercé l’enfance et nourri l’âme de l’auteur du livre !
« Tu ne sens pas la violence revenir en force dans le pays et dans le monde? Tu ne sais pas que l’an dernier, plus de huit cents personnes sont mortes assassinées dans la seule ville de Chicago ? Que de centaines meurent encore, d’assassinats plus ou moins sadiques ? Tu ne sais pas que dans les tréfonds les plus cachés de l’Internet, on peut aujourd’hui, en toute impunité, acheter des esclaves, commander des tueurs à gages, se faire livrer un organe, louer des enfants pour une semaine ou une année, etc… Qu’un président de la République fasse tuer des gens ? Tous les présidents de la Vème République l’ont fait. Avec plus ou moins de rigueur morale » (p.294).
II est vrai que la mort par prétendu suicide en 1993 de Pierre Beregovoy – l ancien premier ministre de Mitterrand – n’a jamais convaincu sa famille. Et en effet, se tirer deux balles dans la tête est un exploit impossible. Chaque religion a ses mystères et le socialisme en est une.
Il s’agit d’expliquer dans ce livre la mort de onze personnes, qui sont « des crucifiés des abris bus » ! Toujours la même obsession de la crucifixion ! L’on découvre qu’il s’agit d’une sorte d’OAS, de Français ayant pris le nom de Gallicans, par allusion à l’équivalent catholique de ce que fut l’église anglicane ! C’est le héros, entendez Attali dans le personnage – qui l’explique à Fatima !
Imaginez un Rudolf Hess, un Rommel, un Léon Degrelle, un Franco, un José Antonio, ayant écrit pareil ouvrage de fiction avec autant de complaisance à exhiber des meurtres, l’on y décèlerait aussitôt les traits démoniaques d’une conduite à venir. Josef Goebbels écrivit une pièce de théâtre romantique, « Michael », que l’on pourrait donner à des adolescentes rêveuses. Je déconseille de les mettre à lire l’ouvrage de notre financier. Mais pour ce qui est de Franco, il a écrit sous le nom de Jekkim Boor, oui, un pseudonyme employé par lui alors qu’il était chef de l’État pendant le blocus infligé à l’Espagne en 1946, un ouvrage sur les atrocités de la Maçonnerie en Espagne et dans le monde, mais sans avoir recours à des fictions sadiques, rien qu’en faisant visiter le musée des horreurs!
Un dernier mot, pour toucher le fond du personnage : le méchant du thriller, le Président de la République ? Ordonnateur des crimes : « ses camarades de classe, au collège des Jésuites où il était élève, et où on enseignait encore sérieusement le latin » (p295) l’avaient surnommé Claude parce qu’il était bègue, et fou de pouvoir. Voilà l’antre du meurtrier désignée à la vindicte et à la rage destructrice des « damnés de la terre, des forçats de la faim », comme rugit l’Internationale. Ce monstre est à nos portes !
Pierre Dortiguier