Alors que les coalitions américano-arabo-européenne et russo-iranienne sont incapables de s’entendre réellement sur le sort de la Syrie comme sur les modalités de l’intervention, des dissensions à l’image de celles qui déchirent les différents groupes non liés à l’État islamique, un texte a été voté à l’unanimité sur le sujet par le Conseil de sécurité des Nations unies.
Le document présenté par la France a été validé par la Russie comme les États-Unis et la Chine. Aucun des pays qui ont soutenu ces dernières années les groupes terroristes, pour des raisons idéologiques, économiques et/ou géopolitiques (Arabie séoudite, Israël, Pakistan, Qatar, etc.), n’est actuellement représenté au conseil de sécurité.
Il a fallu que les États du nord soient touchés durement ces derniers jours pour qu’un semblant d’unanimité et de réaction intervienne. Interventionnistes et non-interventionnistes habituels se trouvent réunis contre l’État islamique (ÉI, ed-dawla el-Islāmiyya). Il s’agissait de l’un des buts des propagandistes du groupe criminel qui utilisent à outrance les thématiques du complot mondialiste et des « croisés » contre l’État islamique.
Ce dernier, aujourd’hui actif en Syrie, n’est pourtant que la dernière forme d’un combat qui a touché et touche directement encore depuis plus de vingt ans l’Algérie, l’Afghanistan, les pays du Caucase, l’Irak, le Yémen et aujourd’hui la Libye, le Sahel ou la Somalie. Avec les masses immigrées, la mouvance islamiste dispose d’un réservoir d’hommes infini en Europe et de plus en plus en Amérique du Nord dans des sociétés durablement déstabilisées et gangrénées.
Alors que le Groupe sunnite pour la prédication et la lutte (Jama’atu Ahlis Sunna Lidda’Awati Wal-Jihad, dit Boko Haram) a assassiné plusieurs milliers de civils ces derniers mois dans la région du lac Tchad, que le Mouvement de la jeunesse en lutte (HSM, Ḥarakat ash-Shabāb al-Mujāhidīn, dit al-Shebab) multiplie les attaques en Somalie, y compris au cœur de la capitale, seules la branche irako-syrienne de l’ÉI et la situation dans ce pays sont évoquées et visées par la résolution du Conseil de sécurité. Aucune mention n’a été faite à propos des crimes terroristes commis par Israël en Palestine il y a quelques mois avec l’assassinat volontaire des civils, ni de ceux de l’aviation séoudienne et de ses alliés ces derniers mois au Yémen.
À part de vaines paroles, cette résolution ne propose aucune solution, se contentant d’en appeler aux États membres – qui sont pour la plupart déjà très largement impliqués1.
« Le Conseil de sécurité des Nations unies appelle tous les États qui en ont la capacité à prendre part à la guerre contre le terrorisme sur le territoire sous le contrôle de l’État islamique en Syrie et en Irak et à détruire son refuge, avertissant que le groupe a l’intention d’organiser d’autres attaques terroristes comme celles qui ont dévasté Paris et Beyrouth la semaine dernière.
Dans une résolution adoptée à l’unanimité, le groupe des 15 membres a déclaré que les attaques terroristes du groupe à l’étranger [était] “une menace globale et sans précédent à la paix internationale et à la sécurité” suivant les “terrifiantes attaques terroristes” qu’il a perpétrée récemment à Sousse (Tunisie), Ankara (Turquie), au-dessus du Sinaï (Égypte) avec l’explosion d’un avion russe, et Beyrouth et Paris.
Il a averti que l’État islamique en Irak et au Levant (ÉIIL), ou Da’esh, comme il est également connu, “a la capacité et l’intention de mener” plusieurs frappes et a appelé “les États membres qui en ont la capacité de le faire de prendre toutes les mesures nécessaires, en conformité avec la loi internationale, en particulier les droits internationaux relatifs aux réfugiés et le droit humanitaire” sur son territoire.
Condamnant “dans les termes les plus forts” l’ÉIIL et les autres groupes terroristes de la région comme le Front el-Nosra, le Conseil des États membres [appelle ?] “à éradiquer le pouvoir qu’ils ont établi sur des portions significatives d’Irak et de Syrie”.
Il a appelé les États membres à intensifier les efforts pour endiguer le flux de combattants terroristes étrangers en Irak et en Syrie pour prévenir et supprimer le financement du terrorisme, et à réaffirmer que ceux qui sont responsables d’actes terroristes, de violations du droit humanitaire international ou de violations ou d’abus des droits de l’homme doivent rendre des comptes.
Il a cité les “violations flagrantes, systématiques et généralisées du droit humanitaire, ainsi que les actes barbares et la destruction et le pillage du patrimoine culturel” commis par l’ÉIIL.
La résolution exprime les plus profondes condoléances aux victimes des attaques terroristes et à leurs familles et aux peuples et gouvernements de Tunisie, Turquie, Russie, Liban et France, et à tous les gouvernements dont les citoyens ont été visés par ces attaques et à toutes les victimes du terrorisme.
“Par son idéologie extrémiste violente, ses actes terroristes, ses attaques brutales systématiques et généralisées directement contre les civils, les violations des droits de l’homme et les violations du droit humanitaire international, y compris ceux qui comprennent des dimensions religieuses ou ethniques, son éradication du patrimoine culturel et le trafic des biens culturels”, l’ÉIIL constitue “une menace globale et sans précédent pour la paix et la sécurité internationales” a souligné le Conseil.
Il a également cité son contrôle des ressources naturelles en Irak et en Syrie et son “recrutement et entraînement de combattants terroristes étrangers dont la menace affecte tous les États membres et régions, même ceux qui sont loin des zones de conflit”. »
(Traduction Jeune Nation)
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1 C’est le cas de quatre des cinq membres permanents (États-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie), le cinquième, la Chine, a annoncé sa volonté de rejoindre le combat contre l’ÉI après l’assassinat de deux de ses membres, ainsi que l’Espagne, la Jordanie et la Nouvelle-Zélande à des degrés divers, tandis que deux autres, le Tchad et le Nigéria, sont actuellement en guerre dans leur région contre les groupes islamistes.