Il y a un an je dévoilai davantage le projet americano-sioniste qui cherche a faire éclater les structures étatiques du Proche-Orient, en démontrant comment, les Sionistes et leur protecteur (les Etats-Unis) ont eu recours au terrorisme d’Al Qaida puis du Front Al Nosra et Daech afin de faire réussir ce projet : préparer l’opinion publique en menant des opérations effectuées par des agents islamistes pour discréditer les arabes de confession musulmane après avoir anéanti la vrai résistance palestinienne, lancée et dirigée par des nationalités de toutes les confessions, principalement des chrétiens (Constantin Zreik, Naïf Hawatmeh, Wadih Haddad, Mgr Hilarion Capucci, Mme Hanane Achraoui, Georges Hab ache, Edmond Said…)
Les services secrets ont tous collaboré ensemble : CIA, mossad et moukhabarats des pays arabes, pris en otage par l’Administration américaine.
Ce projet est d’une grande ampleur.
Il faut l’analyser scrupuleusement pour comprendre les intrigues et les conséquences que subissent aussi bien le Proche Orient que l’Europe qui accueille un nombre on considérable de réfugiés sur son territoire, depuis le « Printemps arabe ».
Il ne faut pas perdre de vue qu’Israël s’est construit par le terrorisme et par les manipulations auxquels ses services secrets ont eu recours, par des intrigues, des mensonges, des attitudes hypocrites et dissimulatrices, en agissant par procuration sur le terrain, pour créer cette entité artificielle, avec son modèle social monoconfessionnel, racialiste et belliqueux.
Ceux sont nous, les chrétiens d’Orient, qui œuvrons en vue de faire échouer ce projet dont la parfaite réussite sonnera le glas à notre existence millénaire sur cette terre qui est la nôtre et que nous ne quitterons jamais.
Hélas, certaines communautés et musulmans se sont faits manipulés et inféodés aux sionisme, croyant pouvoir constituer des théocraties sur le modèle du pays hébreux. .. C’est la raison pour la qu’elle, il faut combattre idéologiquement et méthodiquement ces deux pôles, responsables de véritables cris contre l’humanité.
Traditionnellement, le terrorisme est le recours à des actes d’une extrême violence et cruauté en vue d’asseoir un pouvoir politique, imposer une situation ou un projet politique. Cette notion a acquis cette signification depuis le régime de la Terreur, exercé en France durant la Révolution.
Deux éléments caractérisent le terrorisme : matériel et psychologique. Ce dernier lui permet d’arriver au résultat escompté. C’est la raison pour laquelle le terrorisme peut aussi s’exercer uniquement par des moyens de pression psychologique sur la masse afin de l’amadouer et de la maîtriser, en vue de réussir à bouleverser des situations (exercer une contrainte sur la population par des moyens législatifs, réglementaires voire même par le système judiciaire, lui faisant craindre de s’attaquer au pouvoir politique, à certains dogmes ou à une oligarchie).
Par ailleurs, les opérations terroristes sont devenues de plus en plus violentes et spectaculaires, cherchant à bouleverser l’opinion publique par l’intermédiaire des médias. Ceux sont ces derniers qui contribuent à cet objectif en irritant, en faisant réagir et en manipulant l’opinion par des images mais aussi en relayant à répétition et en mettant en valeur les actes matériels terroristes.
Nous assistons donc à une évolution permanente du terrorisme qui s’adapte à celle des médias, vecteur principal de l’exercice du pouvoir politique. A ce sujet, il convient de distinguer les actes purement terroristes (la plupart du temps individuels, spontanés et peu, voire mal préparés) des opérations terroristes de grande ampleur, nécessitant une préparation logistique minutieuse et une planification médiatique, scrupuleusement étudiée pour atteindre l’objectif psychologique escompté. Ces opérations, faussement qualifiées d’« actes », secouent et façonnent l’opinion. Elles peuvent, de ce fait et à long terme, provoquer une situation où des actes spontanés, effectués par des individus incontrôlés, victimes de la manipulation encouragée notamment par la machine médiatique, se multiplient. Cela aboutit à une psychose et à une situation chaotique de guerre.
Les opérations terroristes sont organisées et effectuées par des services secrets qui, comme leur nom l’indique, ont recours à des méthodes feutrées et secrètes. Cela implique la mise en place de divers réseaux qui, par leur complexité, collaborent ensemble sans nécessairement le savoir. Ces opérations ont pour objectif d’exécuter et de faire réussir des projets politiques non seulement édictés par les pouvoirs politiques ou les gouvernements, mais aussi par des multinationales politico-financières, des organisations voire des sociétés secrètes qui établissent ces projets dans le cadre de cercles de réflexion, rassemblant spécialistes et personnalités d’influence.
Les services secrets contribuent ainsi à l’exécution de cette ingénierie politique qui nécessite de fonds importants pour sa réalisation et sa réussite.
Nous nous tiendrons à ces aspects, autrement dit aux modes de financement des services secrets qui participent d’une manière confidentielle voire occulte à l’exécution de projets politiques. Nous illustrerons nos propos en évoquant les liens entretenus par l’Arabie saoudite et le Qatar avec la CIA, en particulier.
I- Les modes de financement des services secrets : le cas particulier de la C.I.A.
Le financement officiel et public des services secrets ne leur permet pas d’effectuer des opérations de grande ampleur nécessitant des moyens gigantesques et diversifiés de propagande, de rémunération d’agents et d’informateurs, d’opérations sur le terrain, etc..
C’est la raison pour laquelle la plupart des services (MI6 : services secrets britanniques, ISI : services secrets pakistanais, l’ex-KGB ou les services américains) ont recours à des modes de financement parallèles.
A titre d’illustration, le KGB avait besoin d’un budget dépassant largement celui qui lui était octroyé officiellement pour pouvoir effectuer ses opérations : fournir des subvenions discrètes aux partis communistes dans le monde (en Afrique : l’ANC, le SACP, en Amérique latine, en Asie : parti communiste indien qui nécessitait des sommes très importantes, en Iran, ou encore à des hommes politiques pro-communistes comme en Afghanistan Karmal et Najibullah, en vue de leur permettre d’arriver au pouvoir), livrer des armes à des groupes en vue de déstabiliser des régimes politiques et procurer un entraînement à leurs membres (comme en Irak autrefois mais aussi l’entraînement de groupes terroristes spécialisés dans les détournements d’avions, de sabotage ou d’attentats -à l’instar du FPLP en 1970 aidé en armes et argent- ou encore la livraison d’armes aux autonomistes Ouïghours, en 1970, à travers le Kazakhstan après la rupture sino-soviétique de 1966 ; voire même l’entraînement des nationalistes dans les ex-colonies portugaises en Afrique australe), mener des opérations d’infiltration des cercles intimes de certains dirigeants politiques (Nasser en 1959, ou des dirigeants politiques en Amérique latine. Ou encore certains partis politiques comme le parti israélien, MAPAM) voire même d’autres services secrets (services secrets occidentaux ou encore le Mossad), procéder à des campagnes de désinformation par l’intermédiaire des médias, etc…
Nous nous limiterons, dans ce sujet, au cas des services secrets américains dont le nombre s’élève à 16 agences, y compris la CIA qui, selon des documents révélés par Edouard Snowden, est considérée comme étant la plus importante agence de renseignement au monde avec un budget annuel de 14,7 milliards de dollars (cette information date de 2013).
A l’instar du KGB de l’ex-Union soviétique, la CIA a néanmoins besoin d’un budget beaucoup plus important que celui qui lui est officiellement accordé pour effectuer des opérations internationales de grande ampleur : déstabilisation de régimes et d’Etats (Opération Ajax, opération Cyclone, opérations en Amérique latine. Et, selon certains auteurs et observateurs, le « Printemps arabe » aurait été financé, en partie, par des satellites des services américains, notamment des Fondations à but culturel ou humanitaire qui opèrent également dans les pays de l’est de l’Europe, en vue de déstabiliser la Russie).
Ce financement lui permet également de mener des opérations par l’intermédiaire d’une multitude de réseaux, d’octroyer des subventions et de rémunérer des agents directs et indirects, mener des campagnes de propagande d’une manière discrète et insidieuse à grande échelle, dans le cadre du « soft power » avec le concours d’organisations parallèles sans lien direct avec cette agence pour écarter tout soupçon quant à son implication dans ces opérations…
Il arrive aussi aux services d’avoir recours à des méthodes détournées pour obtenir officiellement un budget plus important que celui qui leur est prévu par le Parlement ou le Gouvernement.
Ainsi, dans les années 90 et en vue de déstabiliser l’Irak et la Syrie, la CIA faisait voter un budget plus important au Congrès en se faisant prévaloir de la nécessité de ces fonds pour alimenter des organisations chargées de ces opérations de déstabilisation (environ 80 million de dollars. La CIA s’entendait avec les institutions qu’elle approchait pour déstabiliser les gouvernements irakien et syrien, dans les années 90, afin que ces dernières lui rétrocèdent 75 millions de dollars par des virements effectués sur des comptes bancaires de sociétés situées au Delaware) . Mais, en réalité, ce n’était qu’une maigre partie de ces fonds qui était destinée à ces institutions. La majeure partie était transférée sur des comptes bancaires de sociétés-écrans appartenant à la CIA et dont la plupart a fixé leur siège social au Delaware. Ces fonds étaient destinés à mener, d’une manière beaucoup plus discrète, des opérations aussi bien dans ces pays (la Syrie et l’Irak) que dans d’autres.
Parallèlement à ces modes officiels de financement, les services secrets, y compris la CIA, ont recours à d’autres procédés pour se procurer des fonds et pour fructifier leurs actifs. Certaines méthodes sont illégales mais elles bénéficient d’une couverture pour occulter cet aspect, comme le trafic de drogue ou l’argent en provenance de ce trafic.
En effet, il existe une connivence quasi-naturelle entre les agences de renseignement et les organisations de trafic de drogue. La plupart des services secrets dans monde ont recours à ce marché pour obtenir des fonds, d’une manière discrète, en dehors du regard des organes officiels des Etats. Ce mode de financement des services est appelé par d’anciens membres de la CIA « arts clandestins ».
Durant la guerre du Vietnam, la CIA avait développé des réseaux pour expédier et distribuer d’énormes quantités d’héroïne fabriquées à partir de l’opium, en provenance du « Triangle d’Or », en Asie du Sud, vers les Etats-Unis et l’Europe.
Il s’agit de la méthode du « syndicat Lansky », du nom de son instigateur, Meyer Lansky : une structure permettant à la CIA de diriger et de contrôler la récolte et la transformation de l’opium en héroïne dans des laboratoires situés au Laos. Ensuite, acheminer l’héroïne en la transportant en avion sur des vols de la compagnie aérienne « Air America », une société écran de la CIA, et de la distribuer en Europe et aux Etats-Unis par l’intermédiaire de « dealers » qui avaient de sub-distributeurs et de vendeurs dans les rues.
Par ailleurs, sans être impliquée directement dans la direction et la gestion du trafic, la CIA bénéficiait d’un financement en provenance des stupéfiants, en aidant et facilitant l’activité des réseaux de ce trafic, contre une rémunération au pourcentage. Elle touchait 10% de la vente de la drogue en provenance d’Amérique du Sud via Cuba
Ce processus s’est en particulier développé durant la guerre des Contras en Amérique latine : il arrivait à la CIA, comme il a été révélé dans des affaires judiciaires, d’utiliser des avions appartenant à l’Etat pour faire entrer la drogue sur le territoire américain (notamment des avions Hercule C-130).
Par l’intermédiaire de structures compliquées et enchevêtrées de sociétés – écrans, la CIA fournissait notamment des avions-cargos aux trafiquants de drogue mais aussi leur permettait de blanchir l’argent en provenance de ce trafic.
En 1998, le rapport Frédérick Hitz accabla l’agence de renseignement américaine. Il révéla notamment l’existence de liens entre les services américains, y compris la CIA, avec des trafiquants de drogue d’Amérique du Sud. Ceux sont les comptes bancaires révélés à l’occasion du scandale « Iran Gate » (ou « Iran-Contras ») sur lesquels était versé le prix de vente d’armes à l’Iran (qui était sous embargo américain à l’époque) qui ont permis de dévoiler ces opérations. Par ailleurs, l’Afghanistan avait également permis aux services américains d’obtenir des sommes exorbitantes nécessaires à leurs opérations.
En effet, la guerre d’Afghanistan, ou plus particulièrement l’«opération Cyclone » appelée aussi « le programme afghan », aurait coûté, officiellement, plus de six milliards de dollars (6 milliards et demi selon certaines sources officielles), supportés à moitié par les Etats – Unis et l’Arabie saoudite (le Royaume saoudien commença à contribuer au « programme afghan » dès juillet 1980, en transférant des fonds sur des comptes suisses détenus par des sociétés opaques de la CIA).
Néanmoins, parallèlement à ce budget officiel, des sources occultes contribuèrent au financement aussi bien de cette guerre qu’à la mise en place des Talibans et, plus tard, d’Al Qaïda. Il s’agit du commerce de la drogue qui a resurgi dans cette région appelée « le croissant fertile » qui rapporte entre 100 et 200 milliards de dollars par an ; soit le quart du chiffre d’affaire du commerce mondial de la drogue estimé à 500 milliards de dollars.
En effet, la région de l’Asie centrale constitue, parallèlement à ses réserves de pétrole, une plate-forme stratégique pour le commerce de la drogue, notamment de l’opium.
La production de l’héroïne qui était réduite en Afghanistan avant la guerre a repris, dans les années 90. Les territoires près de la frontière pakistano-afghane devinrent le principal fournisseur de l’héroïne sur le marché mondial (voir à ce propos « Drug fallout : the CIA’s Forty Year of complicity in the Narcotics Trade », Alfred Mc Coy, The Progressive, 1997).
Sous l’impulsion de la CIA, les Moujahidines donnèrent l’ordre aux paysans de cultiver de l’opium sur les parcelles qu’ils contrôlaient. Des laboratoires de fabrication de l’héroïne à partir de l’opium furent mis en place grâce à l’entremise d’hommes d’affaires et de dirigeants afghans avec la collaboration des services secrets, au Pakistan.
En 1995, le directeur des opérations de la CIA en Afghanistan, Charles Cogan, admit que « la CIA en Afghanistan avait sacrifié la guerre contre la drogue pour se consacrer à la guerre froide. (…) Notre mission principale était d’infliger le plus de dommages possible aux Soviétiques. Nous n’avions pas vraiment les ressources et le temps requis pour enquêter sur le commerce de la drogue ».
Ainsi donc, la production de l’opium avait augmenté de 15 fois, depuis le début de la guerre d’Afghanistan en 1979. Elle n’a cessé de s’accroître, bénéficiant de l’aide aussi bien des Talibans (avant qu’ils interdisent sa plantation en 2000, un an avant les attaques aux Etats-Unis) que celle des combattants d’Oussama Ben Laden, dans une zone chaotique de non-droit. A l’issue de l’opération du 11 septembre 2001 qui a permis aux Américains d’intervenir en Afghanistan, en octobre 2001, la production de l’opium fut relancée. Elle augmenta en volume par rapport à ce qu’elle était avant 2000. Selon l’ONUDC, elle fut estimée, en 2003, à 3.600 tonnes avec une superficie de la culture estimée à 80.000 hectares.
Une fois traitée dans les laboratoires, l’héroïne était ensuite acheminée, par des réseaux, en Europe mais aussi aux Etats – Unis, bénéficiant d’une protection assurée par une coopération entre certaines branches des services secrets. Il faut savoir que l’héroïne en provenance d’Afghanistan fournissait près de 60% de la consommation aux Etats-Unis.
Arrivée sur le marché, la drogue était distribuée et écoulée d’une manière très discrète, ne permettant pas de déterminer la tête des réseaux. Il s’agit du système du syndicat Lansky ou dit des « arts clandestins »).
Du nom de son « fondateur », Meyer Lansky, il s’agit d’une manière par laquelle la drogue est transportée, distribuée et vendue par des « dealers » dans les rues. Ces réseaux bénéficient d’une complicité voire d’une coopération entre plusieurs services administratifs, policiers et gouvernementaux.
Ainsi donc, aux Etats-Unis, durant la guerre du Vietnam, deux personnalités politiques du Gouvernement furent impliquées dans l’organisation et la fourniture de la drogue à partir du fameux « triangle d’or » : Ted Schakley et Thomas Clines. L’héroïne était alors fabriquée dans des laboratoires au Laos, puis transporté grâce à la compagnie « Air América » qui était, en réalité, une société écran de la CIA, servant au transport de la drogue. Cette affaire est similaire avec celle dite : « scandale Contras » où la CIA fermait ses yeux pour permettre à la drogue d’entrer sur le territoire américain en provenance de l’Amérique latine, via Cuba. Dans cette affaire où les Etats-Unis soutenaient les Contras, la CIA touchait 10% de la part du marché, en contrepartie de son aide à faire entrer la drogue sur le territoire américain. De même, ces deux affaires sont à rapprocher avec l’affaire de la Banque de Commerce de Crédit International (la BCCI) impliquée dans un réseau de trafic d’héroïne.
Les bénéfices de vente des stupéfiants étaient ensuite blanchis dans des comptes bancaires secrets. Certaines liquidités étaient déposées dans des coffres. D’autres étaient placées à la bourse de New York avec la complicité de certaines institutions financières. Une cascade de sociétés – écrans appartenant à la CIA, dont le siège social était situé notamment à Delaware, bénéficiaient de ces placements à la fois pour blanchir l’argent et gagner encore plus de dividendes d’une manière totalement légale et transparente.
Les sommes provenant de ces montages servaient à alimenter les « budgets noirs » des services, en dehors des circuits légaux institutionnels (budget voté par le Parlement et distribué par le gouvernement) et échapper ainsi aux regards des parlementaires et des politiques, en assurant à leurs opérations le secret et la plus stricte discrétion, bien qu’ils aient parfois bénéficié de la complicité de certains politiques et de personnalités haut placées pour faciliter le transport, la distribution et la collecte des bénéfices provenant de la vente ou du commerce de la drogue.
Ces opérations ont été révélées à l’occasion d’enquêtes judiciaires à l’instar du rapport d’inspection générale de la CIA précité, établi en 1998.
Ce dernier révéla des connexions entre la CIA et certaines institutions de l’appareil d’Etat américain, facilitant ces opérations ; notamment les liens avec des fabricants de la drogue en Amérique du sud, associant également des organisations humanitaires pour camoufler ce trafic : le transport de la drogue était assuré sur une ligne aérienne du Honduras assurée par une compagnie aérienne (la SETCO), choisie par le Nicaraguan Humanitarian Aid Office (NHAO) pour transporter des marchandises pour les Contras entre 1985 et 1986 : environ 4 tonnes de cocaïne par mois. Cette opération était coordonnée par Eliot Abams, membre du National Security Council américain.
Par ailleurs, en 1986 alors qu’il était vice-président des Etats-Unis, George Bush fut destinataire d’un rapport dévoilant que le chef des Contras, Eden Pastoras, avait conclu un marché avec un trafiquant de drogue à Miami. Ce dernier recevait sa cargaison de Colombie par des pilotes des Contras du sud.
Une autre affaire judiciaire dévoila le transport de la drogue par des avions appartenant au gouvernement ou à l’armée américaine, par la CIA. Certains avions militaires (Hercule C – 130) ont été camouflés et le transport s’effectuait par des compagnies privées appartenant à des sociétés écrans de la CIA. Ces opérations ont été découvertes lors des investigations du procureur Gary ETEIL, grâce aux plans de vol de ces aéronefs qui firent état de routes effectuées à l’étranger (Panama, Mexique, Colombie, Angola et au Moyen – Orient). Une cascade de sociétés écrans fut alors découverte : société AERO POSTALE DE MEXICO, T&G ARIZONA, TRANS LATIN AIR. Des prêts bancaires mis en place grâce à la complicité de certains banquiers avec la CIA ont servi à ces opérations pour blanchir l’argent.
Ces méthodes déjà connues car dévoilées à l’occasion d’enquêtes judiciaires ont été utilisées en Afghanistan où les services américains ont fourni non seulement une aide logistique mais également financière en Afghanistan, pour contrer certes les Soviétiques mais, au – delà de cet objectif, pour expérimenter davantage l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques aussi bien de ce pays qu’en Europe de l’est (Tchétchénie, Bosnie, Kosovo, Dagestan, etc) et dans d’autres pays de la planète.
Ainsi, le commerce de la drogue en Asie centrale servit à financer également l’armée musulmane bosniaque, depuis 1990, ainsi que l’armée de libération du Kossovo (UCK).
Nerf secret de la guerre, ce commerce a été associé à d’autres sources de financement officiels mais également occultes, contribuant aussi bien à des opérations militaires qu’à une entreprise de propagande, mais aussi à la mise en place de groupes ou « mouvements » tels que « Al Qaïda ».
Dans son livre « Partners in Time » précité, l’ancien responsable au sein de la CIA, Charles Cogan, rapporte une déclaration de l’ancien conseiller du Président américain, Zbigniew Brzezinski, qui a eu le courage de révéler à ce sujet : « Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d’attirer les Russes dans le piège Afghan et vous voulez que je le regrette ? Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j’ai écrit qu Président Carter, en substance : « nous avons maintenant l’occasion de donner à l’URSS sa guerre du Vietnam ». De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l’éclatement de l’empire soviétique ».
L’ancien conseiller du Président Carter ne regretta pas d’avoir alimenté l’intégrisme islamiste, d’avoir livré des armes, formé idéologiquement les meneurs de l’opinion et assurer toute une propagande pour arriver à cette fin : « Qu’est ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les Talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ? Il faudrait, dit-on que l’Occident ait une politique globale à l’égard de l’islamisme. C’est stupide : il n’y a pas d’islamisme global. Regardons l’islam de manière rationnelle et non démagogique ou émotionnelle. C’est la première religion du monde avec 1,5 milliard de fidèles. Mais qu’y a-t-il de commun entre l’Arabie Saoudite fondamentaliste, le Maroc modéré, le Pakistan militariste, l’Egypte pro-occidentale ou l’Asie centrale sécularisée ? Rien de plus que ce qui unit les pays de la chrétienté ».
Le facteur religieux est donc instrumentalisé dans le monde, après avoir été expérimenté avec succès en Afghanistan, à l’issue de la chute de l’Union soviétique et la fin de la bipolarisation. Cette ingénierie est exécutée, avec grande finesse et habileté, par des services secrets, en associant à cette œuvre les acteurs voire les victimes de cette entreprise machiavélique. Autrement dit, il s’agit de tendre une pèle à ces derniers pour les conduire à creuser par eux mêmes leurs propres tombes.
Nous nous tiendrons à deux exemples illustratifs et sommaires à ce sujet en évoquant les manœuvres des services auprès de l’Arabie saoudite et du Qatar, poussés à contribuer au financement des projets politiques réalisés par l’entremise des services secrets.
II- Les liens entre les services secrets américains, l’Arabie saoudite et le Qatar
Il convient de rappeler la nature des liens entre l’Arabie saoudite, le Qatar et les Etats-Unis afin de mieux comprendre les méthodes par lesquelles les services secrets américains utilisent ces deux Etats pour leur faire endosser la responsabilité du financement du terrorisme.
L’examen de ces méthodes secrètes et de ces intrigues diplomatico-médiatiques afin de déstabiliser les adversaires est intéressant dans la mesure où ils peuvent nous éclairer sur l’émergence d’autres mouvements d’inspiration religieuse, notamment Daech, etc…
Les éléments révélés à l’opinion publique à l’issue de la déclassification des documents de la CIA font état de manœuvres effectuées, depuis l’« opération Cyclone » en Afghanistan (du nom de code donné à cette opération, plus généralement connue sous le nom « programme afghan »). Il s’agissait de procurer, au delà de l’aide militaire, médicale et financière, une formation idéologique, un endoctrinement et une méthodologie de communication (propagande) aux combattants, nécessitant des fonds colossaux. La CIA procéda d’une manière similaire en Pologne, en allumant la mèche des mouvements de protestation contre les Soviétiques, en œuvrant notamment avec le Vatican, sous le Pape Jean–Paul II
Le facteur religieux expérimenté en Afghanistan servit plus tard aux services américains de transposer cette expérience à d’autres pays de la planète, où se trouvent des communautés musulmanes. Une large campagne fut effectuée, avec un budget gigantesque, pour islamiser ces dernières et les pousser à combattre, sous la bannière de l’islam, aussi bien les gouvernements ou les régimes en place, dans les pays à majorité musulmane, que d’autres pays ou sociétés diabolisés, dans le vrai sens du terme : des athées mécréants, ennemis de Dieu et des croyants musulmans.
Un travail minutieux à la fois théologique, sociologique et géopolitique était préparé, en tablant sur des éléments associant le politique au religieux, faisant de l’islam une idéologie socio-politique complète, démontrant que cette religion et ses adeptes sont victimes des régimes politiques et des sociétés mécréantes occidentales, enfin, pousser des éléments perturbateurs à combattre pour un idéal religieux en Afghanistan. Une théologie fut alors développée, fondée sur des écoles de pensées, anciennes, mais fondamentalistes. Le Wahhabisme et le Salafisme (qui en est issu) furent ainsi relancés et déformés pour faire progresser ces théories fondamentalistes, de même que le Déobandisme et les Frères musulmans.
Cette méthode a été expérimentée en Afghanistan où l’endoctrinement des combattants et des mercenaires se faisait dans des institutions spécialisées : des Madrasas (écoles théologiques musulmanes), bénéficiant d’une assistance indirecte de la part de formateurs de la CIA et des spécialistes du Pentagone. La CIA procéda à cette opération, par des voies ramifiées afin d’arriver au résultat escompté : encourager les combattants et les enrôler dans des mouvements révolutionnaires ou de résistances, fondés sur la notion du « Djihad » : combat pour faire prévaloir la volonté divine et la religion. Cette notion a été déformée ou prise dans un sens stricte (le Djihad n’est pas nécessairement un combat physique mais spirituel, interne à chaque individu).
Une pléthore de mouvements djihadistes émergea alors. Ces mouvements prirent le nom de « Moujahidines » (Djihadistes). Ils se transformèrent progressivement en « Al Qaïda ».
Deux principaux pays, alliés des Etats-Unis, servirent de relais à l’ « opération Cyclone », en procurant une aide active de premier plan, par l’intermédiaire de leurs services secrets respectifs, afin d’occulter l’action entreprise par la CIA : le Pakistan et l’Arabie saoudite.
Ces manœuvres d’actions indirectes via d’autres services interposés devra être attentivement examinée en guise d’un rapprochement avec les facteurs qui ont permis l’émergence d’autres mouvements islamistes, notamment Daech, mais aussi d’autres opérations d’agitation de l’opinion publique dans le processus d’instrumentalisation de la religion à des fins politiques.
Ainsi, les services secrets américains approchèrent aussi bien les Pakistanais que les Saoudiens.
En effet, au Pakistan, le régime islamique instauré par le Général Zia-oul Hak au Pakistan, pays limitrophe de l’Afghanistan, surtout depuis la condamnation et la pendaison du Président Zulfikar Ali Buttho, constituait pour les Américains un allié naturel pour plusieurs motifs : son adversité avec l’Inde qui gravitait dans l’orbite soviétique depuis sa participation à la création du Mouvement des Non-Alignés, sa crainte du retour d’un régime laïc pro-soviétique (à l’instar de Zulfikar Buttho, de confession chiite), sa déception de la perte du Bangladesh et sa volonté de récupérer un territoire notamment celui du nord-ouest de l’Afghanistan pour compenser cette perte territoriale, en même temps, une crainte des exactions des Pachtounes et d’une déstabilisation que l’Afghanistan était capable de provoquer avec l’aide des Soviétiques, la volonté du Général Zia-oul Hak de transformer le Pakistan en une puissance régionale et jouer un rôle de direction de l’ensemble des pays à majorité musulmane dans le monde.
Les Américains approchèrent alors le Général Zia-oul Hak et tablèrent sur les facteurs qui pouvaient leur permettre de faire de lui et de son pays un allié de confiance : lui promettre la possibilité de récupérer des territoires dans le nord-ouest de l’Afghanistan pour compenser la perte du Bangladesh, le protéger de l’Inde dont on savait qu’elle détenait l’arme nucléaire, mais aussi du danger soviétique, faire du Pakistan une puissance incontournable, lui permettant d’être à la tête d’une « internationale islamique » (Le Général Zia-oul Hak imagina alors le retour du Califat et son installation au Pakistan, de la même manière qu’Erdogan en Turquie). Un émissaire américain promit notamment au Général Zia le contrôle aussi bien de l’Afghanistan que de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan, de l’Iran et de la Turquie (Au delà de l’Afghanistant, l’ISI aida la CIA à la déstabilisation des républiques soviétiques de l’Asie centrale). En contrepartie, les Etats-Unis obtinrent la collaboration totale des services secrets pakistanais (Inter-Services Intelligence : ISI dont la réputation et l’efficacité firent preuve).
A l’instar des manœuvres effectuées auprès des services pakistanais, les services américains approchèrent également et parallèlement leurs homologues saoudiens pour les impliquer aussi bien dans l’« opération Cyclone » en Afghanistan que dans le développement d’une stratégie de déstabilisation planétaire, fondée sur l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques, opérée à l’échelon mondial, depuis la fin de la bipolarisation.
Il faut rappeler que l’Arabie saoudite est liée aux Etats-Unis depuis le Pacte deQuincy. Et, par conséquent, dépendante et inféodée à son protecteur. Signé en 1945, ce Pacte engage l’Amérique à assurer la sécurité de l’Arabie saoudite en contrepartie de l’exploitation des richesses énergétique du royaume saoudien. Ce traité, qui a été reconduit en 2005 par le Roi Fahd et le Président George Bush, a entraîné une inféodation et une dépendance saoudienne de Washington. Cette convention prévoit également que le Royaume saoudien ne s’oppose pas à la création d’un foyer juif en Palestine.
En 1979, les Américains promirent aux Saoudiens, en contre partie de l’aide que ces derniers pourraient leur fournir dans le cadre de l’«Opération cyclone », de leur permettre de jouer un rôle de direction au niveau régional, au-delà des pays arabes, et de se prémunir contre le danger que l’Iran présentait dans la région.
A cette époque la révolution iranienne et la guerre irako-iranienne avaient affaibli ces deux pays mais il était encore prématuré de fomenter un conflit « sunnite-chiite », à l’instar de ce qui se passe depuis une décennie, compte tenu de l’absence de facteurs conflictuels entre ces deux confessions. Néanmoins, les pays de la région étaient effrayés de voir leur régimes chuter par une extension du phénomène révolutionnaire sur un fondement religieux islamique à l’instar de l’Iran. Sur cette base, une coopération entre les services secrets américains et saoudiens eût lieu.
Progressivement et avec le temps, le conflit sunnite-chiite émergea, opposant les deux principales puissances « protectrices » du « monde chiite » et du « monde sunnite » : l’Iran et l’Arabie saoudite qui verra sa position partagée avec le Qatar, ensuite la Turquie, un Etat non arabe.
Les services secrets saoudiens (Al Moukhabarat Al Aama) étaient alors dirigés par le Prince Turki Al Fayçal Ben Abdel Aziz, qui avait succédé à son oncle Kamal Adham à ce poste, en 1977.
Le Prince Turki est le plus jeune fils du Roi Fayçal. Il fit ses études secondaires et universitaires aux Etats-Unis avant de devenir conseiller du Roi (sous le roi Fahd qui a succédé au roi Rayçal) et de succéder à son oncle. Il a fait ses études secondaires à Lawrenceville School (Princeton, New Jersey) et ses études universitaires à l’université de George Town (Edmund A. Walsh School of Foreign Service). Il a aussi suivi deux formations à Princeton Cambridge et à l’Université de Londres où il étudia le droit et la jurisprudence musulmane). Hautement cultivé, discret, sympathique et fin analyste, il a réussi à faire des Moukhabarat Al Aama l’un des services les plus efficaces des pays arabes. Il occupa ce poste jusqu’au 1er septembre 2001, soit dix jours avant les attentats du 11 septembre, date à laquelle il présenta sa démission, ce qui suscita les spéculations des analystes et des observateurs à son sujet. Le parcours du Prince Turki Al Fayçal attire encore la curiosité des chercheurs car, malgré sa démission des services secrets de son pays, il continue à jouer un rôle majeur notamment au cours de la situation conflictuelle qui oppose, de nos jours, l’Arabie saoudite à l’Iran.
Par ailleurs, il a fallu attendre le scandale de Wikileaks, ensuite les révélations médiatiques confirmées par des déclarations de personnalités haut placées en Israël, pour découvrir les liens entretenus entre le Mossad israélien et les Moukhabarat Al Aama saoudiennes. Ces révélations ont notamment fait état de relations très étroites récentes entre le Prince Turki Al Fayçal, son homologue israélien, Amos Yaldin mais aussi le Directeur du Ministère des Affaires Etrangères du pays hébreu, Dore Gold. Des rencontres régulières entre des responsables des services de ces deux pays ont eu lieu en Inde, en Italie, en France, en Belgique et en République Tchèque.
En effet, la zizanie entre sunnites et chiites a finalement réussi à gagner du terrain, progressivement. La rivalité entre l’Iran et ses voisins arabes, accentuée lors de la guerre irano-irakienne, s’est transformée en une situation conflictuelle opposant musulmans sunnites aux chiites, protégés par l’Iran qui, depuis le XVIe siècle s’est érigé en « protecteur du monde chiite ». L’Iran ne constitue plus un danger d’exportation de sa révolution islamique aux pays musulmans, compte tenu de la tension émergente entre les différentes confessions musulmanes mais il est alors considéré comme une puissance cherchant à établir un « axe chiite » au Proche et au Moyen – Orient. Ces dissensions ont provoqué un fossé entre ces deux confessions. Par conséquent, il est devenu impossible à un Etat ou à un mouvement politico-religieux d’avoir une influence sur l’ensemble des croyants musulmans.
Convaincus par cette démonstration, les Saoudiens mais aussi les Turcs ont cherché à devenir les protecteurs du « monde sunnite ». En effet, une rivalité oppose à ce sujet les Turcs aux Arabes sunnites).
Par ailleurs, les Américains glissèrent à l’oreille des Saoudiens un projet de création d’une « Force arabe commune », placée sous les auspices de la Ligue arabe, sous commandement israélien. Cette force est devenue effective au Yémen où les soldats israéliens pilotèrent, en 2014 et 2015, des bombardiers saoudiens dans le cadre de la coalition arabe dont le quartier général a été installé par les Israéliens au « Somaliland », un Etat non reconnu situé dans la Corne d’Afrique, limitrophe de la Somalie, de l’Ethiopie, de Djibouti et du Yémen.
L’ensemble de ces données explique le développement des relations saoudo-israéliennes, l’Iran chiite constituant aux yeux des Saoudiens un ennemi plus dangereux qu’Israël. Cette vision voire ces dissensions se sont en fait développées progressivement, depuis la guerre d’Afghanistan où les services américains mirent à contribution le Prince Turki Al Fayçal. La normalisation des relations israélo-saoudiennes a conduit l’Arabie saoudite à envisager l’ouverture d’une ambassade à Tel Aviv dont la construction aurait déjà débuté. Le Prince Walid Ben Talal serait pressenti à occuper le poste d’ambassadeur du Royaume saoudien en Israël. Par ailleurs, il a été révélé que, dans leurs négociations récentes avec les Saoudiens notamment au cours de la coopération militaire entre ces deux pays au Yémen, les Israéliens demandèrent aux Saoudiens de s’abstenir de financer des organisations islamistes, seulement si leurs actions visent le pays hébreu.
Ce dernier avait fait appel à Oussama Ben Laden qui est issu d’une grande famille richissime saoudienne d’origine yéménite (le père d’Oussama Ben Laden était à la tête d’un groupe qui contrôlait environ 80% du marché des travaux publics du Royaume saoudien : le Groupe BEN LADEN).
Le Prince Al Fayçal faisait aveuglément confiance à Oussama Ben Laden. Il lui demanda de collaborer avec lui et avec la CIA. Le jeune Oussama venait de terminer ses études et envisageait une carrière au sein du groupe familial. Discret et timide, il devint agent des services saoudiens et de la CIA qui lui attribua le nom de code « Tim Osman ». Il acquit une formation appropriée et fut placé à la tête d’un réseau chargé de recruter et de former des mercenaires prêts à combattre en Afghanistan. Il mena alors une campagne de propagande, afin de recruter ces mercenaires. Cette propagande est curieusement similaire à celle développée par Daech, avec des méthodes de communication modernes et efficaces, bénéficiant de moyens financiers gigantesques pour atteindre ses cibles. En effet, le recrutement des mercenaires est une tâche qui demande la catégorisation des combattants, en examinant leur profil et en s’assurant de leurs mobiles. J’en ai personnellement débattu avec mon client Bob Denard qui mit du temps pour acquérir l’expérience lui permettant de recruter son équipe de mercenaires (les meilleurs combattants du mercenariat sont ceux qui désirent se battre pour défendre une quelconque idéologie ou un idéal, loin des considérations matérielles : le gain d’une solde.
Oussama Ben Laden bénéficia d’un soutien des services américains qui lui ont permis aussi d’adopter des méthodes de communication et de « marketing » efficaces et modernes, similaires à celles qui ont permis le succès de Daech dans le recrutement de ses mercenaires et combattants. Certes, les moyens technologiques dans les années quatre-vingt étaient moins développés que ceux de nos jours, notamment au niveau de l’internet, des multimédias et des réseaux sociaux. Néanmoins, cette entreprise a permis de mettre en place les principes idéologiques de captation de mercenaires (ou d’adeptes) étrangers, prêts au combat pour défendre un idéal construit à partir de concepts religieux. Il s’agissait d’appels « au secours » ciblant principalement des ressortissants de pays arabes, avant de ratisser plus large pour atteindre des individus d’autres pays, vivant notamment en Occident, déçus du matérialisme de la société de consommation, voire des personnes qui ont un différend avec l’ordre social en général. Ces individus furent attirés par la diffusion de cassettes vidéo VHS montrant des combattants en Afghanistan menant une vie communautaire presque monacale.
Ces cassettes mais aussi des pamphlets et des fascicules pointaient les difficultés sociales ainsi que la faiblesse et l’inertie des gouvernements à y apporter des solutions. Ils montraient les atrocités commises par les troupes soviétiques contre des populations musulmanes et lançaient un appel de solidarité afin de défendre aussi bien les Afghans que l’honneur de la religion musulmane bafouée à la fois par les Soviétiques que par l’Occident, voire les autres pays musulmans qui pratiquent un « islam tiède ». Issu d’un pays qui pratique le wahhabisme, Oussama Ben Laden et Abdallah Azzam lancèrent une doctrine d’un « islam révolutionnaire » (similaire aux « Black muslims » des Etats-Unis), fondé à la fois sur le Salafisme et sur l’idéologie politique des Frères musulmans.
Le wahhabisme est apparu au XVIIIe siècle (en 1750). Ce courant doctrinal, établi par Mohamad Ibn Abdelwahhab An-Najdi dans un traité qui devint la référence théologique du wahhabisme et du salafisme (« Kitab Al Tawhid » : le Traité de l’unicité), se fonde sur une interprétation littéraliste de la sunna et des hadiths du Prophète Mahomet et de ses compagnons. Au début du XXème siècle, le wahhabisme a permis à la famille Al Saoud de prendre le pouvoir dans la péninsule arabique et de fonder le Royaume saoudien, avec l’aide des Britanniques. Identifié au wahhabisme, le salafisme prône la restauration de l’islam des premiers temps en adoptant une lecture simplifiée et dogmatique du Coran (Un atharisme prôné, au cours du premier siècle de la propagation de la religion musulmane, par Abu Hanifa. Les musulmans sont donc appelés à accepter le Coran, sans se poser de questions et se faire guider dans leur foi par un imam). Il est considéré comme quiétiste et non violent. Ses pratiques sont similaires à celles des Amish : les hommes se rasent le crâne et la moustache mais se font pousser la barbe tandis que les femmes portent la burqa (En théorie, dans leur imitation de la vie du Prophète, les salafistes ne doivent pas adopter les moyens développés par la technologie (usage des téléphones, de l’électricité, des voitures, etc…). Mais, en pratique, aucun salafiste ne respecte ces principes). Au XIXe siècle, ce courant religieux a fait l’objet d’une réforme prônée alors par Jamal Eddine Al-Afghani et Mohamed Abduh.
Le « Réveil islamique » lancé par l’imam Abdallah Azzam et Oussama Ben Laden jumela la prédication salafiste centrée sur la piété et la morale avec le discours politique des Frères musulmans. Abdallah Azzam travailla surtout la doctrine de cette organisation révolutionnaire djihadiste qui fut appelée par la suite « Al Qaïda ».
Les « Frères musulmans » est un mouvement politico-religieux d’inspiration maçonnique, cherchant à infiltrer les institutions politiques des pays arabo-musulmans, de renverser les régimes nationaux en vue d’établir un « monde musulman » unifié et restaurer le Califat. Les deux pères fondateurs de ce mouvement révolutionnaire intégrèrent à leur doctrine des éléments empruntés à la fois au salafisme traditionnel (ou quiétiste) et au salafisme réformiste (en s’inspirant de quelques éléments doctrinaux de Jamal Eddine Al Afghani, Abou Qataba, Abou Moussab al-Souri et Abou Mohamed Al – Maqdissi conçurent une doctrine révolutionnaire fondée sur des facteurs idéologiques religieux pouvant toucher les musulmans répartis sur les cinq continents, en particulier ceux qui sont les plus démunis ou défavorisés par la société ou par les régimes politiques), en mettant en cause les pratiques religieuses des Frères musulmans mais aussi en critiquant les salafistes quiétistes. Abdallah Azzam pousse les thèses d’Ibn Taymiyyah à leurs extrêmes.
A l’instar de tous les mouvements révolutionnaires, y compris le communisme, le « Réveil islamique » appelait à l’insurrection contre les régimes en place, y compris ceux de l’Arabie saoudite : les prédicateurs du salafisme quiétiste qui soutenaient le régime saoudien, à l’instar du cheikh Ibn Baz ou du cheikh Ibn Outhaymin, furent la cible des critiques d’Abdallah Azzam.
Cette idéologie fut propagée, grâce à des fonds colossaux provenant aussi bien de sources officielles que non-officielles, par des moyens de communication de l’époque : cassettes VHS, pamphlets, fascicules, livres de référence inondant largement les librairies musulmanes dans le monde entier et devenant la référence théologique, en concurrençant ceux des Frères musulmans et des Tablighistes.
A côté de ces éléments, une formation de prêcheurs était assurée, en Arabie saoudite dans un premier temps avant d’être transférée au Pakistan puis en Afghanistan. Les « Docteurs » en théologie de ce mouvement, furent ensuite envoyés pour propager cette idéologie et pour recruter sur place. Ils recevaient le titre d’«Imams » (dans la religion musulmane, notamment dans la confession sunnite, les imams sont les personnes qui précèdent l’assemblée lors de la prière) et disposaient de fonds nécessaires pour accomplir leurs missions. Ces prêches étaient pratiqués dans des lieux de prière (mosquées) ou de réunion qui se transformèrent par la suite en « écoles » (madrassas).
Parallèlement, on assista à la floraison d’ONG caritatives afin d’aider les plus démunis et, par là, les attirer vers ce mouvement qui devait sa réussite aussi bien à cette structure mais surtout des fonds financiers dont ses institutions et ses missionnaires disposaient pour toucher les faibles, aider les démunis et promettre à leurs adeptes « un avenir radieux », à l’instar des révolutionnaires communistes. Cette structure pyramidale donnait néanmoins une liberté aux responsables des « sections », répartis dans les différents pays de la planète, afin de s’associer aux mouvements politico-religieux nés de la contestation (donc avec un sentiment de révolte). Dans son livre décrivant la méthode de réussite d’Al Qaïda, Abou Moussab Al Souri affirme à ce sujet : « Al Qaïda n’est pas une organisation. Ce n’est pas un groupe et nous ne voulons pas que cela le devienne. C’est un appel, une référence, une méthodologie ».
Cette campagne permît à Oussama Ben Laden de recruter plus de 100.000 mercenaires au sein de cette« internationale djihadiste » (une « brigade internationale » consacrée au « djihad »), prêts aussi bien au combat sur le territoire afghan qu’à effectuer toute opération commanditée par les besoins du « djihad ». Des milliers de personnes furent ainsi transformés en islamistes révolutionnaires (qu’on appelle « radicaux »), venant de plus d’une quarantaine d’Etats principalement de pays arabes mais aussi de l’Europe (des convertis par les opérations de propagande).
Ces mercenaires venus combattre pour le « djihad » contre les mécréants soviétiques prirent le nom d’ « Afghans Arabes » (ce procédé est à rapprocher à celui de Daech). Arrivés en Afghanistan, ils reçurent un entraînement militaire très sophistiqué et spécialisé, par la CIA, selon le Centre Al–Aram d’Etudes Stratégiques du Caire, nécessitant des fonds colossaux pris en charge aussi bien par l’argent provenant du commerce de la drogue, par les deniers personnels d’Oussama Ben Laden que par d’autres sources financières occultes dont les services secrets bénéficient. En effet, en mars 1985, le Président Ronald Reagan signa un nouvel Ordre exécutif permettant d’augmenter l’aide américaine pour l’Afghanistan, permettant d’atteindre le volume des armes à 65.000 tonnes.
Progressivement, cette organisation prit le nom d’ « Al Qaïda ». Ben Laden prit la place de son fondateur officiel, Abdallah Youcef Azzam. Al Qaïda signifie « la base » : une base d’une « internationale djihadiste » installée dans un pays qui bénéficia pendant des années d’une situation de non-droit et facilita, ainsi, la formation de ses membres. Cette zone avait permis l’expérimentation des armes les plus sophistiquées et le développement également de bandes armées criminelles mais aussi le développement du trafic de la drogue.
Un établissement appelé par certains chercheurs « université du terrorisme » fut installé à Khost, l’un des fiefs d’Oussama Ben Laden où il s’est installé en 1986, accueilli par Jalalouddine Hakkani, où il installa un bureau de recrutement des mercenaires (« Maktab Al Khadamat »), et dispensa une formation aux méthodes de sabotage et d’actes de terrorisme aux recrus.
Selon le New York Times, c’est la CIA qui aida Ben Laden à construire cet établissement. Selon ce magazine, l’un des dirigeants de la CIA, Milt Bearden, assista Ben Laden lors de la mise en place de cet établissement, financé par ce dernier.
Cette « internationale islamiste » fut financée certes par les fonds propre d’Oussama Ben Laden, mais la fortune de ce dernier, toute entière, ne pouvait pas à elle seule permettre le financement de cette entreprise et de ses ramifications. Des fonds occultes sont venus contribuer à ce financement. Il en est de même, de nos jours, pour les groupes militaires révolutionnaires dont le financement est attribué aux Wahhabites de l’Arabie saoudite.
S’il est vrai que ce royaume se trouve sous l’emprise des Américains, il n’en demeure pas moins que, d’une part, il ne se permet pas de dilapider des capitaux pour financer, d’une manière officielle, des organisations terroristes aussi bien dans les pays arabes qu’en Occident et, d’autre part, risquer de participer à la création d’un monstre qui pourra porter atteinte à la sécurité et l’existence même de son propre Etat. Le financement des groupes wahhabites religieux est peut-être effectué, dans une certaine mesure, par l’Etat saoudien ou par des institutions religieuses saoudiennes voire des particuliers, mais la transformation de ces groupes en mouvements terroristes ainsi que la propagande effectuée auprès de leurs membres nécessite d’autres sources, octroyées d’une manière plus occulte ainsi qu’une formation et une structure qui dépasse les capacités et les compétences du royaume saoudien à l’organiser.
A l’instar du recours au Pakistan comme source parallèle à celle de l’Arabie saoudite, nécessaire à camoufler le rôle et la participation de la CIA dans l’ « opération Cyclone », les services américains entraînèrent aussi le Qatar afin de faire de lui, comme de l’Arabie saoudite, une vitrine et une matrice pour le financement et l’appui des mouvements révolutionnaires fondés sur l’islam (en particulier l’islam sunnite de rite wahhabite).
Doté d’une superficie de 12.000 Km2, le Qatar a une population de 1,8 millions d’habitants dont 1,5 millions d’étrangers. Le nombre des Qataris n’est donc que 300.000 personnes. Ce pays tient sa richesse grâce à l’exploitation de l’hydrocarbure depuis les années 30. A cette époque, la Standard Oil du New Jersey, appartenant à la famille Rockefeller (qui devient par la suite Exxon-Mobil), avait le monopole de l’exploitation de ses gisements pétroliers avec la BP (ou BP/Amoco) ainsi que la Royal Dutch Shell, détenue en partie par les Rotchild.
Progressivement et avec la création de la société Qatar Petroleum par l’Etat qatari, Exxon – Mobil est devenue la principale compagnie pétrolière participant au capital de Qatar Petroleum. Elle siège dans le Conseil du Commerce qatari ainsi que dans le Conseil d’Administration de Qatar Petroleum, à l’instar de la firme Northrop-Gruman, une société d’armement liée directement au Petagone américain.
Après des études effectuées en Grande Bretagne, le fils de l’émir Khalifa Ben Hamad Al Thani, l’émir Hamad renversa son propre père et prit le pouvoir. Progressivement et sous son règne, le Qatar se rapprocha des Etats-Unis qui ont construit dans ce minuscule Etat leur plus grande base militaire (à l’extérieur des Etats-Unis). Une chaîne de télévision phare est créée, inspirée de la CNN : Al Jazeera. L’idée de la création de cette chaîne reviendrait à David et Jean Frydman. Cette chaîne a réussi à attirer l’attention de l’opinion publique du monde arabe car elle a commencé à s’ériger comme défenseur de la liberté d’expression dans le monde arabophone. Elle diffusait des émissions et des débats mettant en cause les dirigeants et les gouvernements des pays arabes. Plus tard, elle a acquis une notoriété internationale à la fois lors de la guerre du Golfe, en couvrant sur le terrain les offensives militaires, mais surtout depuis les attentats du 11 septembre 2001, quand elle diffusait en exclusivité les messages d’Oussama Ben Laden.
Dans un deuxième temps et après avoir réussi à devenir la référence médiatique dans le monde arabophone, elle changea de ligne éditorialiste et procéda à une islamisation de la société arabo-musulmane, en diffusant des programmes religieux et des prêches ayant pour objectif de façonner les sociétés musulmanes dans le monde arabe. Son nouveau directeur, Wadah Khanfar, supposé être pro-islamiste et dont le frère est activiste au sein du Hamas, encouragea cette démarche.
Curieusement, en 2011, il démissionna de son poste à l’issue de la révélation de ses contacts avec des officiels de la CIA, selon The Guardian.
Malgré ses bonnes relations avec Israël et les Etats – Unies, le Qatar à l’instar de l’Arabie saoudite est accusé de financer les groupes révolutionnaires se proclamant de l’islam, mais aussi les institutions de propagande islamiste en Occident. Le gouvernement qatari a récemment réfuté ces accusations en attribuant certains financements à des particuliers voire à des sources incontrôlées. Il faut aussi souligner que le Qatar a des relations officielles avec Israël depuis 1996, date à laquelle ce dernier y établit un Bureau de relations commerciales
En effet, la législation qatarie, notamment le Commercial Companies Law (CCL)- articles 203 et 225 du CCL-, permet la création de sociétés où les parts ou actions peuvent être détenues par des nominees (porteurs de parts), gérées par un directeur (Director) local. Des personnes physiques ou morales peuvent de ce fait détenir des parts, par porteur (nominee), au sein de ces sociétés. Ces dernières peuvent ainsi ouvrir des comptes bancaires et procéder à des virements à l’étranger, en profitant de ce système qui permet l’occultation des bénéficiaires économiques.
Des structures compliquées et opaques peuvent ainsi bénéficier de ce système législatif malgré la loi AML (Anti-Money Laundering Law) de 2010 dont les dispositions ne s’opposent pas à celles de la CCL. Par conséquent, ces structures peuvent permettre à des sociétés situées à Delaware de participer dans leur capital social qatari.
Grâce à ce système et en dehors des richesses pétrolières qataries, ces structures de droit local peuvent participer au financement d’opérations et de projets. Officiellement, ces sources de financement sont considérées comme étant qataries, écartant tout soupçon quant à l’implication de personnes aussi bien morales que physiques étrangères à ce pays dans le financement des moyens de propagande ou du terrorisme tout court. Cela explique aussi le fait que les montants investis et dépensés officiellement par le Qatar dépassent largement les revenus de ce pays.
Il convient donc de procéder à des investigations profondes, avec le concours des Etats dont des ressortissants (personnes morales et/ou physiques) sont impliqués dans ce processus afin de déterminer l’origine de ces fonds.
Certes, il s’agit d’une tâche délicate car elle risque d’impliquer différents services secrets, à l’instar des actions judiciaires entamées aux Etats-Unis qui ont pu donner des indices relatifs à l’implication des services secrets avec le trafic de la drogue. La plupart de ces affaires n’ont malheureusement pas abouti. Certaines personnalités citées ou poursuivies invoquèrent la raison d’Etat pour se soustraire aux enquêtes…
Il faut donc attendre la déclassification des archives et des documents publics pour espérer avoir la lumière sur l’interaction entre les différents services secrets et déterminer leur rôle dans la machine de terreur qui a pour objectif, de nos jours, de manipuler l’opinion publique en vue de réussir des projets politiques.
Élie Hatem