Si l’on doit juger de la qualité d’un écrivain, d’un penseur, d’un philosophe à sa capacité à analyser le présent, à débusquer les mensonges et à décrypter l’avenir, assurément Maurice Bardèche qui nous a quittés le 30 juillet 1998, dans sa quatre-vingt-neuvième année, est grand. Très grand.
Marcel Signac, dans le remarquable article qu’il lui a consacré dans RIVAROL au moment de sa disparition (numéro du 4/9/98), a pu écrire qu’il était « notre Sartre ».
Rien n’est plus juste en effet.
Mais un Sartre qui, lui, a été lucide, n’a pas cédé aux modes et a donc vécu dans la gêne (voir son récit Suzanne et le taudis, où il sourit de son impécuniosité) et une quasi-obscurité.
Cinquante ans de combats politiques
De fait, lorsque l’on relit la plume à la main tous ses essais politiques, on est frappé non seulement par la rigueur de sa pensée, la fermeté de sa doctrine, la clarté de son style mais aussi par son implacable lucidité. A n’en pas douter, Bardèche fut un visionnaire. Et c’est d’autant plus extraordinaire que rien ne destinait ce brillant normalien, agrégé de lettres, titulaire d’une chaire à la Sorbonne puis à l’université de Lille pendant l’Occupation, spécialiste de Balzac auquel il consacra sa thèse puis de nombreux autres travaux, à s’engager totalement dans le combat politique et journalistique. On le sait, c’est l’odieux assassinat de son beau-frère Robert Brasillach victime le 6 février 1945 de l’épuration gaulliste qui le conduisit à devenir un militant politique. Par l’action mais surtout par la plume.
Le Mouvement social européen qu’il a fondé à Malmö en 1951 n’a pas eu de lendemains car les circonstances politiques ne permettaient pas la création de mouvements d’opposition radicaux reposant sur des principes différents de ceux qui avaient été instaurés en 1945 par les vainqueurs et qui ont servi de fondement à la rééducation démocratique entreprise en Europe.
En revanche Bardèche, ayant été chassé de l’Université, s’assura une toute indépendance et écrivit librement, ce qui n’était déjà pas simple au lendemain de la guerre, fonda une petite maison d’édition, les Sept Couleurs (1948-1978), puis un mensuel, Défense de l’Occident (1951-1982) qu’il dirigea trente ans durant.
Il se fit connaître en 1947 par un livre qui eut aussitôt un très grand succès : la Lettre à François Mauriac qui, pour la première fois depuis la Libération, attaquait avec une extrême virulence la législation de l’épuration au nom du devoir, de la discipline et de l’unité nationale en temps de guerre. Dans le tome 1 de son Dictionnaire de la politique française (1967), Henry Coston écrit :
« 80.000 exemplaires de l’ouvrage furent vendus en quelques semaines et ce livre fut le point de départ de la littérature d’opposition à la Résistance ».
Le monde démocratique à perpétuité
L’année suivante, en 1948, Bardèche applique les mêmes principes au tribunal militaire internationale de Nuremberg. Ce livre, Nuremberg ou la terre promise, qu’on peut à bon droit considérer comme l’ancêtre des ouvrages révisionnistes, n’a rien perdu de sa pertinence ni de son actualité soixante ans après.
Alors qu’une législation d’exception, la loi Gayssot, qui a aujourd’hui son équivalent dans presque tous les autres pays d’Europe et d’Occident, se réclame explicitement du jugement de Nuremberg pour traquer tous ceux qui refusent de faire leur la version officielle et obligatoire de la Seconde Guerre mondiale et que l’on ne compte plus les historiens révisionnistes aujourd’hui embastillés ou en clandestinité, on ne peut qu’être émerveillé de voir à quel point, dès 1948, Bardèche avait tout compris, analysant parfaitement les conséquences politiques et morales de Nuremberg :
« La condamnation du parti national-socialiste va beaucoup plus loin qu’elle n’en a l’air. Elle atteint, en réalité, toutes les formes solides, toutes les formes géologiques de la vie politique. Toute nation, tout parti qui se souviennent du sol, de la tradition, du métier sont suspects.
Quiconque se réclame du droit du premier occupant et atteste des choses aussi évidentes que la propriété de la cité offense une morale universelle qui nie le droit des peuples à rédiger leurs lois. Ce n’est pas seulement les Allemands seulement, c’est nous tous qui sommes dépossédés. Nul n’a plus le droit de s’asseoir dans son champ et de dire: « Cette terre est à moi ». Nul n’a plus le droit de se lever dans la cité et de dire: « Nous sommes les anciens, nous avons bâti les maisons de cette ville, que celui qui ne veut pas obéir aux lois sorte de chez moi ». Il est écrit maintenant qu’un concile d’êtres impalpables a le pouvoir de connaître ce qui se passe dans nos maisons et dans nos villes. Crimes contre l’humanité: cette loi est bonne, celle-ci n’est pas bonne. La civilisation a un droit de veto. »
Bardèche va jusqu’à prévoir, toujours dans Nuremberg ou la terre promise, la perte de nos défenses immunitaires, la suppression des frontières, la caducité de la distinction entre le national et l’étranger, l’explosion de la cellule familiale et prédit même, plus d’un demi-siècle avant l’euro, la mise en circulation d’une monnaie unique sur le continent européen :
« Nous vivions jusqu’ici dans un univers solide dont les générations avaient déposé l’une après l’autre les stratifications. Tout était clair: le père était le père, la loi était la loi, l’étranger était l’étranger. On avait le droit de dire que la loi était dure, mais elle était la loi. Aujourd’hui ces bases certaines de la vie politique sont frappées d’anathème. Car ces vérités constituent le programme d’un parti raciste condamné au tribunal de l’humanité. En échange, l’étranger nous recommande un univers selon ses rêves. Il n’y a plus de frontières, il n’y a plus de cités. D’un bout à l’autre du continent, les lois sont les mêmes, et aussi les passeports, et aussi les monnaies. »
Et lorsque l’on a en tête la diabolisation dont a été victime pendant 25 ans le Front national et qui a culminé entre les deux tours de la présidentielle de 2002, et que l’on a vu également à l’œuvre en Autriche contre Haider en 2000, on en comprend les ressorts, la logique et les mécanismes terrifiants en (re)lisant Nuremberg ou la Terre promise :
« Le monde est désormais démocratique à perpétuité. Il est démocratique par décision de justice. Désormais un précédent judiciaire pèse sur toute espèce de renaissance nationale. (…) La décision de Nuremberg consiste à faire une sélection préalable entre les partis. Les uns sont légitimes et les autres suspects. Les uns sont dans la ligne de l’esprit démocratique et ils ont le droit en conséquence de prendre le pouvoir et d’avoir un plan concerté, car on est sûr que ce plan concerté ne menacera jamais la démocratie et la paix. Les autres, au contraire, n’ont pas le droit au pouvoir et par conséquent, il est inutile qu’ils existent: il est entendu qu’ils contiennent en germe toutes sortes de crimes contre la paix et l’humanité. (…) »
Le détestable principe d’ingérence
Avant même que Kouchner n’évoque ad nauseam le droit d’ingérence pour violer l’indépendance et la souveraineté des États, comme ce fut le cas en Irak et en Serbie, Bardèche voit à l’œuvre dans le jugement de Nuremberg un redoutable principe d’ingérence :
« Il y a dans ce simple énoncé (de sélection préalable entre les partis démocratiques et ceux qui sont suspects de ne pas l’être) un principe d’ingérence. Or, cette ingérence a ceci de particulier qu’elle ne traduit pas, ou du moins ne semble pas traduire une volonté identifiable. Ce n’est pas telle grande puissance en particulier ou tel groupe de grandes puissances qui s’oppose à la reconstitution des mouvements nationalistes, c’est une entité beaucoup plus vague, c’est une entéléchie sans pouvoir ni bureaux, c’est la conscience de l’Humanité. « Nous ne voulons pas revoir cela » dit la conscience de l’Humanité. Cela, personne ne sait exactement ce que c’est. Mais cette voix de l’humanité est bien commode. Cette puissance anonyme n’est qu’un principe d’impuissance. Elle n’impose rien, elle ne prétend rien imposer. Qu’un mouvement analogue au national-socialisme se reconstitue demain (…), la conscience universelle approuvera tout gouvernement qui prononcerait l’interdiction d’un tel parti, ou, pour sa commodité, de tout parti qu’il accuserait de ressembler au national-socialisme. Toute résurrection nationale, toute politique de l’énergie ou simplement de la propreté, est ainsi frappée de suspicion… Qui a fait cela? C’est Personne comme criait le Cyclope. Le super-État n’existe pas, mais les vetos du super-État existent: ils sont dans le verdict de Nuremberg. Le super-État fait le mal qu’il peut faire avant d’être capable de rendre des services. Le mal qu’il peut faire, c’est de nous désarmer contre tout, contre ses ennemis aussi bien que contre les nôtres. »
Un régime de désarmement moral
C’est que, pour Bardèche, la démocratie est par essence un régime de désarmement moral qui favorise les invasions externes et les subversions internes et qui est inséparable du règne de la médiocrité et de toutes les bassesses. C’est ainsi que, dans un autre de ses essais, Qu’est-ce que le fascisme ? (1962), il dénonce magistralement la fausse conception de la liberté des régimes démocratiques et les conséquences désastreuses qu’elle induit :
« La liberté anarchique des démocraties n’a pas seulement permis le détournement de la volonté populaire et son exploitation au profit d’intérêts privés (…).
Elle nous fait une vie ouverte de toutes parts à toutes les inondations, à tous les miasmes, à tous les vents fétides, sans digue contre la décadence, l’exportation et surtout la médiocrité.
Elle nous fait vivre dans une steppe que tout peut envahir. (…) Les monstres font leur nid dans cette steppe, les rats, les crapauds, les serpents la transforment en cloaque. Ce pullulement a le droit de croître, comme toutes autres orties et chiendents. La liberté, c’est l’importation de n’importe quoi… L’apparition d’une race adultère dans une nation est le véritable génocide moderne et les démocraties le favorisent systématiquement. »
On le voit, bien avant même le développement d’une immigration planétaire, Bardèche avait décrit, dès 1962, ce phénomène de submersion migratoire qui trouve son principe dans l’amoralisme, la mollesse, l’égalitarisme et la licence des régimes démocratiques. Lesquels favorisent le règne des bas instincts, assurent le triomphe de l’hédonisme, de l’individualisme, du subjectivisme, de l’égocentrisme au détriment du bien commun.
Ce qu’en dit Bardèche est lumineux et revêt une force incroyable surtout en ce quarantième anniversaire de Mai-68 qui accéléra le processus de décadence et de subversion, promut toutes les déviances, déboucha sur un océan de scepticisme et de nihilisme :
La médiocrité monte comme un empoisonnement insidieux dans ces peuples qu’on gave d’instruction sans jamais leur donner un but et un idéal. Elle est la lèpre des âmes de notre temps. Personne ne croit à rien, tout le monde a peur d’être dupe ».
La démocratie ne se maintient en effet que par d’incessantes manipulations, le règne du mensonge et des apparences et ne prospère que sur le vice, la paresse, l’envie :
« L’Etat démocratique ne distribue de tâche à personne, il ne donne qu’une voix creuse, une liberté sans contenu, sans visage, qu’on dilapide en jouissances miteuses. Chacun est enfermé dans son égoïsme. Et chacun voit avec dégoût chez son voisin sa propre image et l’image de son triste bonheur. Et ils regardent avec haine ces miroirs de leurs misères ».
II n’y a rien à changer à ce diagnostic cinquante ans plus tard. Notre monde est profondément laid et repoussant: médiocrité des modes alimentaires et vestimentaires, pauvreté du langage, vulgarité des comportements, désinvolture vis-à-vis de la vérité, ruine du savoir et de la vertu, absence de vie intérieure. Le mal analysé par Bardèche n’a fait qu’empirer en un demi-siècle. C’est qu’au fond « la démocratie ne connaît que les diplômes. (Et en croire ceux-ci sont-ils aujourd’hui bien dévalués !) La démocratie distribue des prix d’excellence, elle met ses bons élèves au Panthéon : mais, en cent ans, elle n’a pas produit un seul héros ». Qui en effet donnerait sa vie pour les Grands Ancêtres ou la Déclaration des droits de l’homme ? Qui se sacrifierait pour le triomphe de la démocratie ?
Discipline et énergie nationales
Que faut-il alors proposer aux hommes de notre temps pour qu’ils tournent le dos aux chimères démocratiques et qu’ils s’arrachent à la pesanteur du système matérialiste, hédoniste et individualiste qui nous étouffe et nous pollue ? Bardèche voit dans le nationalisme, et plus précisément dans le fascisme, mais un fascisme adapté à notre temps et revisité, réactualisé, débarrassé des erreurs et des fautes qu’il a pu commettre naguère, le moyen de redonner un idéal à des hommes dont les convictions sont évanescentes, les principes faussés, les idéaux absents :
« Le destin des hommes peut encore être une raison de vivre. Si nos vies sont condamnées à la nuit, la joie de construire, la joie de se dévouer, la joie d’aimer, et aussi le sentiment d’avoir fait loyalement notre métier d’homme, sont encore l’ancre à laquelle nous pouvons nous attacher. Ces avenues qu’on se trace pour soi, c’est elles qui ont sauvé les hommes de notre temps qui ne se résignaient pas à la médiocrité et au dégoût… Le fascisme véritable consiste précisément à associer toute la nation à cette œuvre, à la mobiliser tout entière pour elle, à faire de chacun de ceux qui travaillent un pionnier et un soldat de cette tâche et à lui donner ainsi cette fierté d’avoir combattu à son rang… C’est un signe d’abâtardissement lorsque le culte d’un homme est substitué à la tâche à accomplir et lorsque la nation n’est plus nourrie que de paroles, d’autorité sans programme, de portraits en guise de principes : elle n’est plus alors qu’un âne qu’un gendarme traîne derrière lui ».
« La discipline d’une nation est une arme qui se forge comme la discipline d’une armée, c’est entendu, c’est un trésor qu’on doit protéger, mais c ‘est aussi et c’est surtout la récompense des hommes qui se donnent tout entiers à leur tâche et qui sont eux-mêmes l’exemple du courage, du désintéressement et de l’honnêteté. »
Pour arriver à leurs fins encore faut-il que les nationalistes ne composent pas avec le régime, ne se laissent pas séduire ou posséder par lui.
Le refus des concessions et des pièges
Dans Les Temps modernes (1952), le beau-frère de Brasillach sait viser juste en dénonçant le piège de l’union sacrée :
« Il y a trop longtemps que tout ce qui est nationaliste en France tombe toujours dans le même piège que lui tendent la fidélité et la tendresse. Quand les nationalistes ont multiplié pendant des années les avertissements et les admonestations, quand ils ont dénoncé les fautes du régime et qu’ils ont montré que la nation devait se séparer coûte que coûte des hommes qui la conduisent à sa perte, quand le drame qu’ils ont prévu, annoncé, éclate : alors, à ce moment, les hommes du régime cherchent invariablement à se sauver en proclamant que la défense de la nation s’identifie avec la défense du régime et que frapper le régime c’est frapper la patrie. A ce moment, les hommes de la nation devraient refuser implacablement cette identité menteuse par laquelle ils s’associent en réalité à l’assassinat de la patrie.
Ils ne peuvent sauver l’avenir de la nation elle-même qu’en exigeant une abdication préalable et en fondant le redressement national non sur les causes qui ont provoqué la défaite et qui ne pourront qu’en provoquer d’autres, mais sur les leçons de la défaite elle-même qui exigent qu ‘on suive des routes nouvelles avec des hommes différents.
« Ce n’est pas ce qu’ils font, hélas, ce n’est jamais ce qu’ils font. Ils n’écoutent que leur cœur, ils ne voient que la patrie sanglante : et ils donnent, tête baissée, dans le panneau de l’union sacrée, offrant à des adversaires qui n’ont pas changé la caution de leur présence et l’appui précieux de leur sacrifice. (…) Les républicains ont souhaité Sedan et ils ont applaudi Sedan, les bolcheviks ont provoqué l’écroulement du front russe et ils ont signé la paix de Brest-Litovsk, les résistants ont salué le bombardement de nos villes et ils ont voulu la guerre civile : et nous, nous ne souhaiterons jamais Sedan et nous n’accepterons pas Brest-Litovsk et nous n ‘appellerons pas la guerre civile : aussi les républicains, les bolcheviks et les résistants se sont-ils finalement installés au pouvoir sur ces ruines que nous repoussons. (…)
« Si la France doit pouvoir compter sur nous, parce que nous sommes des nationalistes (…), chaque fois que ses intérêts essentiels et en particulier l’intégrité de son territoire sont en jeu, ne perdons jamais de vue cependant que l’essentiel, dans l’intérêt de la patrie elle- même, c’est que le régime actuel disparaisse : notre devoir de nationaliste est, par conséquent, de saisir chaque occasion, chaque revers, chaque tournant de l’histoire, pour le frapper. C’est en portant constamment cette pensée avec nous que nous saisirons un jour l’instant offert par l’histoire, la brève trouée par laquelle pourra passer notre renaissance. Il n’est pas vrai qu’une fatalité historique emporte les peuples comme un fleuve vers leur perte. Ce sont les peuples qui font leur destin. Ils le font comme les hommes par la volonté et le courage. Regagnons la disposition de notre volonté et nous regagnerons aussi un avenir. »
La nécessité d’une foi et d’un idéal
Mais quel est donc pour Bardèche l’État à construire ? « Le meilleur des États serait celui dont Sparte fournirait l’armure et les Sudistes la pensée » note Bardèche dans son dernier essai Sparte et les Sudistes (1967) où il donne également de précieux conseils pour constituer un groupement politique nationaliste dans le monde d’aujourd’hui.
« Pour former des hommes, un groupe politique doit porter une idée, combattre, exiger. Des partis croient assurément être conformes à ce programme : c’est parce qu’ils ne donnent pas aux mots le sens que je leur donne. Porter une idée, c’est posséder une certaine idée de l’homme, de la société, de la morale, qui inspire à la fois la conduite qu’on adopte et les jugements qu’on porte sur les hommes et les événements.
Tous les partis croient effectivement porter une idée. Mais comme l’idée qu’ils portent, c’est-à-dire leur notion de l’homme, de la société, de la morale, ne gêne nullement le fonctionnement de la société de consommation, mais au contraire l’accepte et le favorise, et, par conséquent, accepte et favorise du même coup notre conditionnement et notre dénaturation, il faut ajouter quelque chose à notre définition. Un groupe politique n’est un instrument d’éducation que s’il rejette par un refus radical la société dans laquelle il vit, le faux humanisme et la fausse morale qui sont ceux du siècle».
« Un tel groupe politique doit avoir quelque chose d’une religion … II souhaite la disparition ou la soumission des autres croyances. A ce prix seulement, il apporte une idée claire de la vie et du devoir, un instrument intellectuel qui permet de juger à tout instant les événements. Il est l’école de formation intellectuelle la plus complète parce qu’il enseigne une doctrine. Et il a des chances de s’imposer si, à un moment donné, les religions concurrentes vacillent et doutent, ce qu ‘on voit à leur empressement, généralement vain, à s’adapter et à « se mettre à jour. » »
Ce n’est pas faire injure aux différents partis nationaux, tant en France qu’à l’étranger, que de constater qu’ils sont généralement bien loin de cette définition du groupement politique nationaliste. Trop souvent, le souci de rectitude doctrinale, de probité morale, d’opposition sans concession au régime, d’exemplarité des chefs ne sont pas mis au premier plan des préoccupations de ces mouvements, quels que soient par ailleurs leurs mérites. Et même plus gravement encore l’on remarque ici ou là une fâcheuse volonté de recentrage, d’attiédissement des positions, l’absence de ligne directrice, les fluctuations dans le discours, la contamination par l’adversaire ou le souci de ne pas lui déplaire, ce qui n’empêche d’ailleurs pas la défaite d’être toujours au rendez-vous. On justifie l’amollissement du discours par la volonté d’efficacité, et à l’arrivée il y a à la fois l’échec et le reniement. Trop souvent aussi l’on emploie le vocabulaire de l’adversaire, parlant de valeurs vagues et abstraites. Or, tout le monde a des valeurs ou prétend en avoir. Nos politiciens ne portent-ils pas en bandoulière leurs fameuses valeurs républicaines ? Ce ne sont pas des valeurs qu’il faut défendre, ce sont des vertus qu’il convient de pratiquer et d’enseigner. Ce qui est autrement exigeant. Telle est la leçon politique de Bardèche qui resta d’ailleurs à l’écart des groupements électoraux tout au long de sa vie car ce n’était pas là sa mission.
Reste bien sûr qu’être nationaliste, antirégimiste aujourd’hui a un prix. Bardèche, qui n’a pas hésité à aborder quoi qu’il en coûte la question taboue du révisionnisme historique, le savait mieux que quiconque :
« L’indépendance de la pensée se paie. Elle se paie presque toujours très cher. Et nul ne peut dire si tant de sacrifices seront recueillis, ou seulement retenus, par l’insondable avenir. Il y a un pari à se faire le champion de la vérité et de la justice, et ce pari ne se gagne pas souvent. »
L’indépendance de la pensée à un prix
« Ceux que le train de ce monde ne satisfait pas, s’ils sont sincères et s’ils refusent de se taire, s’ils refusent aussi de s’affilier à quelque jésuitière tutélaire, il ne leur reste qu’à s’engager dans ces légions maudites qui furent de tout temps le dernier refuge de la liberté.
Qu’ils sachent alors qu’ils parleront pour la justice et la vérité, mais qu’ils parleront devant des portes closes, comme des mendiants auxquels on n’ouvre pas. (…) Qu’ils sachent qu’ils n’auront droit ni à la publicité polie qui récompense les carrières décentes, ni à cet avancement qu’on reçoit à l’ancienneté à force de modestie et de soumission. Qu’ils sachent qu’ils seront pauvres. Qu’ils sachent qu’ils seront seuls. (…) Qu’ils sachent tout cela, et qu’ils se lèvent : car tout ce qui a été fait en ce monde a été fait partout par eux »
écrit-il en février 1954 dans Défense de l’Occident alors qu’après six ans de procédure, il vient d’être condamné à un an de prison ferme pour la publication de Nuremberg ou la Terre promise au nom des lois réprimant la propagande anarchiste, lui qui fut toute sa vie un partisan de la discipline, de la hiérarchie et de l’ordre ! Il échappera à l’exécution de sa peine grâce au président René Coty. Comme quoi la IVe République était finalement moins haïssable que la Ve !
On a coutume de dire que les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, Il est vrai que l’homme est bien peu de choses et qu’il est vite oublié de ses semblables, y compris de ses proches. A relire Bardèche, on s’aperçoit pourtant qu’il n’a pas été remplacé. Et que des intellectuels de cette trempe, de cette lucidité, de ce courage et de ce talent manquent terriblement dans le désert où il nous est donné de vivre.
Jérôme BOURBON
Reproduction d’un article de Jérôme BOURBON publié dans l’hebdomadaire Rivarol (n° 2869, du 1er août 2008) et à retrouver dans Les Études nationalistes (Décembre 2008).
Maurice Bardèche sur Jeune Nation
Œuvres de Maurice Bardèche :
- Avec Robert Brasillach, Histoire du cinéma, Paris, Denoël & Steele,
- Avec Robert Brasillach, Histoire de la guerre d’Espagne, Paris, Plon, 1939
- Balzac romancier : la formation de l’art du roman chez Balzac jusqu’à la publication du père Goriot (1820-1835), Plon, 1940 (éd. refondue en 1943) Prix Henri-Dumarest 1941 de l’Académie française
- Lettre à François Mauriac, Paris, La Pensée libre, 1947
- Stendhal romancier, Paris, La Table ronde, 1947
- Nuremberg ou la Terre promise, Paris, Les Sept couleurs, 1948
- Nuremberg II ou les Faux-Monnayeurs, Paris, Les Sept couleurs, 1950
- L’Europe entre Washington et Moscou : texte d’une conférence tenue le à Anvers, Steendorp, R. Troubleyn, 1951
- L’Œuf de Christophe Colomb : lettre à un sénateur d’Amérique, Paris, Les Sept couleurs, 1951
- Les Temps modernes, Paris, Les Sept couleurs, 1956
- Suzanne et le Taudis, Paris, Plon, 1957
- Qu’est-ce que le fascisme ?, Paris, Les Sept couleurs, , 199 p.
- Histoire des femmes, Paris, Stock, 1968
- Sparte et les Sudistes, Paris, Les Sept couleurs, 1969
- Marcel Proust romancier, Paris, Les Sept couleurs, 1971
- L’Œuvre de Flaubert, Paris, Les Sept couleurs, 1974
- Balzac, Paris, Juillard, 1980
- Louis-Ferdinand Céline, Paris, La Table Ronde, 1986
- Léon Bloy, Paris, La Table Ronde, 1989
- Souvenirs, Paris, Buchet-Chastel, 1993
Chaque année Les Nationalistes joignent la mémoire de Maurice Bardèche à celles de Robert Brasillach et de ceux qui tombés le 6 février 1934 au cours de leur hommage du « Six-Février ».
« Un tel groupe politique doit avoir quelque chose d’une religion ».
Je dirais qu’un tel groupe politique doit doit œuvrer à la fusion du domaine de César et du domaine de Dieu, que des paroles, attribuées à Jésus mais mal interprétées, ont prétendu séparer. Car « la joie de construire, la joie de se dévouer, la joie d’aimer, et aussi le sentiment d’avoir fait loyalement notre métier d’homme », ne trouvent leur pleine réalisation que dans le lien à la transcendance que tout homme porte en lui, et dans la certitude que la vie d’ici-bas ne saurait jamais être une fin en soi.
Pour moi, le nationalisme est religieux, ou bien il est une idéologie humaine parmi d’autres. C’est pourquoi je me suis opposé, dans mes commentaires de l’article de Pierre-Marie Bonneau sur l’Après-Européennes, à l’idée d’accords fédérateurs par delà les croyances, rassemblant Cathos, païens et agnostiques :
Voir : https://jeune-nation.com/actualite/actu-france/forteresse-europe-lapres-europeennes
Peut-on allier universalisme d’une religion et nationalisme ? Oui, si l’on admet que la répartition des humains en peuples différents est une disposition que Dieu a voulue, et qu’Il a renforcée par la diversité de nos langues, de nos apparences, de nos caractères. Or le mélange détruit la diversité, même s’il ne saurait être question d’établir des frontières parfaitement étanches, puisque c’est aussi l’échange bien compris et l’émulation qui font avancer l’humanité.
Je ressens toujours un flottement sur ce sujet dans les débats entre prétendus nationalistes. Il est dû à la volonté de parvenir à une masse critique dans la population, jugée nécessaire pour accéder un jour au pouvoir. Rien n’est plus vain que ce calcul, influencé par l’intégration inconsciente des idées démocratiques. La démocratie est une tromperie promue par un système mafieux pour s’emparer abusivement du pouvoir et le conserver. Elle maintient son emprise par l’oppression et la guerre, car elle heurte la nature profonde de l’homme. La victoire véritable repose sur le Vrai et le Juste, et sera obtenue par la grâce de Dieu.
J’espère que le débat nationaliste se focalisera sur ce point qui me paraît fondamental. Jérôme Bourbon me paraît avoir la carrure intellectuelle et morale pour y pousser.
Monsieur « Ultrak »
Je m’efforce de ne pas être inconvenant, mais encore faudrait-il que le même scrupule vous anime. Ce qui est loin d’être évident lorsque vous vous permettez de qualifier de « prétendus nationalistes » ceux d’entre nous qui ne partagent pas votre vision de ce que doit être notre combat.
Vision purement virtuelle que vous opposez à celle de militants ayant forgé leurs certitudes dans l’action, au prix de leur liberté et pour certains de leur vie, mais auxquels vous n’hésitez pas à dénier le titre de nationalistes. Et cela sans un minimum de retenue, voire de pudeur, s’agissant de quelqu’un tel que vous, ne s’étant jamais engagé autrement que verbalement dans notre combat.
On peut le déplorer ou pas, mais, s’il ne manque pas de sites où l’on se fait des amis, ce n’est pas ce qui détermine un site militant, dont le seul objectif doit être l’efficacité.
Efficacité dont la première condition, avant même de s’attaquer à nos adversaires, est de traquer parmi nous ceux qui s’avèrent nuisibles, que ce soit volontairement ou par impéritie.
Je voudrais le dire sans vous insulter, mais il serait irresponsable de le taire : vous représentez à mes yeux l’exemple même, si ce n’est la quintessence, du nuisible pontifiant. Le terme de « béance raisonneuse » emprunté pour l’occasion à Philippe de Villiers in « Le jour d’après » définissant au mieux vos enchaînements de syllogismes « hors sol » aussi éloignés que possible des conditions d’un combat que vous n’avez jamais mené.
Par nature, vous n’avez jamais été … vous n’êtes pas… vous ne serez jamais… un combattant. De sorte que ce primat du réalisme de terrain qui, de Richelieu à Gambetta, se traduit par cette évidence exprimée par nombre de ceux qui, au fil des siècles, ont marqué leur époque, vous échappera toujours :
LA POLITIQUE C’EST L’ART DU POSSIBLE.
Et c’est évidemment ce sens du « possible » qui a amené à agir en deux temps tous ceux qui sont parvenus à se substituer au pouvoir qu’ils ont renversé :
– Premier temps : RASSEMBLER le plus largement possible tous ceux qui s’opposent à ce pouvoir afin de le renverser.
– Deuxième temps : DIVISER ces alliés de circonstance pour parvenir à s’imposer comme seul bénéficiaire de ce renversement du pouvoir.
C’est toute l’histoire du Bolchevisme et de l’URSS.
Toute l’histoire du IIIème Reich…
Toute l’histoire de Mao en Chine…
Toute l’histoire de Khomeini en Iran…
Loin des nobles principes qui vous animent… et qui ne sont que les limites de vos facultés de raisonnement, cela s’appelle le sens de la réalité… LE SENS DU POSSIBLE.
Et inverser le processus, s’acharner, comme vous le faites, à mettre en évidence ce qui peut diviser les forces d’opposition est le plus grand service que des nuisibles tels que vous puissiez rendre aux suppôts du mondialisme génocidaire qui conduisent notre pays à sa perte.
Monsieur Le Perlier,
J’ai maintenant l’habitude de prendre des volées de bois vert de votre part à la suite de mes commentaires. Vous avez ainsi le mérite de mettre clairement en évidence les antagonismes de nos positions respectives.
Vous me citez des histoires du passé. Qu’en reste-t-il ? Des victoires certes, mais éphémères, qui ne laissent en mémoire que les fautes commises par les vainqueurs et leur déclin final. Ce type de victoire ne m’intéresse pas.
Nul mépris chez moi quand je parle de prétendus nationalistes, mais seulement une prise de distance qui souligne à quel point le terme recouvre de pensées différentes, parfois divergentes, dans une notion d’amour de la Nation qui ne suffit pas à définir ses tenants.
Votre disposition au combat physique, à l’action de terrain, à l’exploitation de convergences tactiques pour prendre et tenter de garder le dessus, fait évidemment vibrer chez moi une corde sensible. Mon tempérament m’y pousse, mais je ne suis prêt à y faire aucune concession morale, préférant rester un combattant solitaire que de transiger.
Vous voyez chez moi des limites dans les facultés de raisonnement, je vois chez vous des limites dans les facultés de vision au-delà de la réalité tangible. Le POSSIBLE peut emprunter des chemins que vous ne discernez pas. Le juste combat semble sacrifier des opportunités tactiques à des impératifs moraux, mais c’est le seul en lequel je croie.
Bien cordialement.
En bref : Le premier sacrifice d’un combattant et auquel vous ne consentez pas, c’est précisément le sacrifice de son petit confort moral !
Croyez-vous donc que les paras qui, pendant la bataille d’Alger, faisaient parler UN poseur de bombe sans limites quant aux moyens, pour sauver des DIZAINES de femmes et d’enfants, n’avaient pas les mêmes « principes moraux » que vous ?
Croyez-vous que c’est en tout confort moral que le fils de bourgeois élevé dans un collège catholique que j’étais alors c’est engagé parmi les exécuteurs d’un commando Delta à Bab el Oued ?
Quant on s’engage dans un combat dans des circonstances telles que nous vivions alors et que nous retrouvons présentement en métropole, le seule critère est l’efficacité… ou bien on arrête la comédie et on passe à autre chose !
Pour mon pays… comme tout combattant authentique, j’étais prêt à tout sacrifier, y compris mon âme !
Etions-nous exceptionnels ? Non ! Nous étions ce que vous ne serez jamais : des combattant fanatisés par l’amour de leur patrie et de leur peuple !
Maurice Bardèche est un maître. Ses ouvrages sont à lire, impérativement.
En effet cet excellent article nous rappelle que Bardèche, comme d’autres, sont des prophètes géniaux du malheur, il a vu juste, ce qui était finalement prévisible, mais où est le Christ ?
Je ne parviens pas à deviner ce que le nazisme, doctrine particulièrement anti française comme nous avait prévenu Bainville avant tout le monde, et anti catholique, pouvait revêtir d’espoir authentique ? L’ennemi de mon ennemi n’est pas toujours mon ami, ce sont parfois les deux faces d’une même pièce, que ce soit les totalitarismes socialistes (bolcheviks ou nazi), ou bien comme aujourd’hui les erreurs théologiques (islamistes ou talmudistes, y compris sous leurs aspects laïcs).
Ainsi sur les ruines des deux guerres mondiales les marionnettistes qui dirigent les États-Unis dirigent le monde, particulièrement la vieille Europe déchristianisée, en phase de remplacement, et tournée vers un tas d’idoles et d’erreurs.
Parmi les erreurs, eschatologiques comme politiques, il y a celle qui consiste à désigner un ou des ennemis responsables de tous ou presque nos malheurs, pour justifier un combat mal orienté.
C’est parce que nous ne croyons plus au Christ que nous ne comprenons plus la fille aînée de son Église. Comment défendre la reine des Nations en faisant l’économie de la vraie foi, de la vraie et seule Religion, de notre destinée, pour tronquer notre Royaume contre son poison, la République. Aucune erreur ne remplacera une autre erreur par le Vérité ; bien au contraire elle nous enfermera dans un cycle vicieux sans fin, balancés d’erreur en erreur, de paganisme en paganisme avec ses idoles, ses barbaries, ses mensonges, ses absurdités jusqu’à nous ramener à l’animalité.
BARDECHE ET LA VERITE DE NOTRE TEMPS : il n’ y a pas pas un livre depuis » les possédés » de Dostoievski qui nous saisit dans la plus profonde Lucidité de ce qui est et qui nous explique le monde d’après – guerre en Europe , en Occident et en Orient et qui nous éclaire de façon décisive , livide et tragique sur la nature exacte de la Terreur que l’humanité doit subir chaque jour , sous le Pouvoir tribal , maffieux et surpuissant , total et totalitaire , effroyable et diabolique des maitres sémitiques du monde et de Léviathan , mieux que le livre de Maurice Bardeche : « Nuremberg ou la terre promise » ….Ce livre est la prophétie moderne des nations , il a annoncé depuis la fin des années 40 , les sept plaies de l’Occident et le nouveau paradigme de l’esclavage des consciences
C’est vrai que le régime démocratique occidental actuel, il s’apparente de plus en plus à une théocratie, avec ces lois réprimant la liberté d’expression, comme toute théocratie réprime ce qu’elle considère comme des hérésies. Il importe donc de croire, fût ce au mépris de toute rationalité, à un certain corpus idéologique ;
A toutes les conclusions du TMI de Nuremberg (loi GAISSOT)
A l’équivalence des civilisations et donc des peuples qui ont créées. Dans notre beau monde égalitaire, tout se vaut (loi PLEVEN).
A l’équivalence des moeurs (loi LELLOUCH).
A la liberté totale de l’être humain vis à vis de la loi naturelle (théorie du genre et promotion de transgenrisme).
A l’idéologie de la culture de mort (panthéonisation de Simone VEIL avec destruction systématique de tous les garde-fous qui existaient initialement dans cette loi et future loi sur la fin de vie).
A la véracité du programme Apollo (malgré notamment les rayons cosmiques, les photos nettes à contre-jour, les ombres non parallèles sur les dites photos et la tête des « astronautes » à leur retour). Vous pouvez voir enquête sur Apollo et American moon sur le sujet.
A la thèse officielle du 11 septembre (malgré la violation flagrante de la troisième loi de conservation de l’énergie d’Isaac NEWTON, à ce sujet, on peut consulter le documentaire the great psy opera d’Ace BAKER).
A la thèse du réchauffement climatique anthropique, à son caractère catastrophique et à la nécessité urgente d’agir pour en limiter les effets. Si vous voulez vous renseigner sur le sujet, vous pouvez lire les ouvrages de Christian GERONDEAU.
Malheureusement, il semble bien que nous vivions dans un monde gouverné par le mensonge. Comme l’a bien remarqué M. Youssef HINDI, ce sont les idées qui dirigent le monde? Tant que la majeure partie de la population occidentale croira en ses mensonges, ou ne voudra pas connaître la vérité, par peur ou conformisme, rien malheureusement ne sera possible.