Après un premier échec en 1923 contre Charles Jonnart, Maurras est élu le 9 juin 1938, à l’Académie française au fauteuil 16, de l’avocat Henri-Robert, par 20 voix contre 12 à Fernand Gregh.
Il fut reçu le 8 juin de l’année suivante par Henry Bordeaux.
Son épée, financée par une souscription nationale, lui fut remise salle Wagram, le 4 mars 1939, par Charles Trochu, président du Conseil municipal de Paris. Ciselée par Maxime Real del Sarte, elle a été exécutée par le joaillier Mellerio.
Sa poignée représente Sainte Geneviève protégeant de ses mains un écu fleurdelysé posé à la proue d’une nef d’où se détache le chapiteau de pierre, dit « bucrâne », qui orne la terrasse de la bastide du Chemin de Paradis. Les vagues stylisées viennent nous rappeler la vocation de marin à laquelle Charles Maurras dut renoncer en raison de la surdité qui le frappa à l’âge de quatorze ans. Elles battent contre un mur de pierres surmonté de « merlons » semblables à ceux du Mur grec de Saint-Blaise, ce lieu exhumé par Henri Rolland qui impressionna tant l’académicien.
En dessous, on reconnaît bien entendu la bastide du Chemin de Paradis, gardée par deux cyprès d’émeraudes, encadrée par les armoiries de Provence et de Martigues, et surmontée d’un ciel où brille une Grande Ourse de petits diamants. De l’autre côté (celui qu’on ne voit pas sur la photo) lui fait pendant le château de Versailles, surmonté du bouquet d’Orion et flanqué des armes de Versailles et de Paris.
Quant au fourreau, il se termine par une ravissante petite amphore.
Sa condamnation en janvier 1945, entraîne automatiquement sa radiation de l’Académie. Il fut en fait décidé, lors de la séance du 1er février 1945, qu’on déclarerait vacant le fauteuil de Maurras, sans pour autant voter la radiation. Ainsi, Charles Maurras, comme le Maréchal Pétain, mais à la différence d’Abel Hermant et Abel Bonnard, ne fut remplacé sous la Coupole qu’après sa mort.
Le texte du discours de Charles Maurras lors de sa réception à l’Académie française.
J aurais aimé au seuil de sa mort une petite phrase d excuse publique pour n avoir pas reellement bronché une seule fois en 1914 1918 en pleine boucherie au nom de l union sacrée chère au franc maçon George le fusilleur ou de sa germanophobie délirante… Ou une autre pour avoir promis tant de fois le grand soir et être parti à la niche à chaque possibilité offerte à lui.
Sous petain pour avoir seulement aboyer par voie de presse. Tu fus condamné à l exil moral a la libération. Mais pas une seule autocritique de ta personne dans ce chemin de croix ne te vint à l esprit…quel gâchis !
Adieu au revoir et à jamais.