LA FABLE de La Fontaine, Les Animaux malades de la peste, n’a nullement perdu de son acuité : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». Comment en effet douter de la véracité de cette maxime quand on apprend la relaxe du ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti le 29 novembre par la cour de justice de la République ? Une sentence devenue définitive le lundi 4 décembre puisque le Parquet ne s’est pas pourvu en cassation. Au terme d’un procès inédit, la Cour de Justice de la République, composée de douze parlementaires et de magistrats, avait pourtant estimé que Dupond-Moretti s’était bien placé en situation de conflit d’intérêts en ouvrant des enquêtes administratives contre quatre magistrats qu’il avait critiqués lorsqu’il était avocat, bref qu’il avait donc commis une infraction, mais qu’il ne pouvait pas être reconnu coupable, faute d’élément “intentionnel”. Autrement dit il ne savait pas ce qu’il faisait. Profitant de son statut de garde des Sceaux, il a persécuté des magistrats auxquels il était notoirement hostile, avec lesquels il avait eu maille à partir quand il était avocat, il a réglé ses comptes avec eux, mais il ne l’a pas fait de manière intentionnelle. Il l’a fait, selon la formule désormais consacrée, à l’insu de son plein gré.
Cela rappelle la fameuse phrase de la socialiste Georgina Dufois à propos de ses responsabilités dans l’affaire du sang contaminé, alors qu’elle était ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale dans le gouvernement Fabius : « je me sens responsable mais pas coupable ». On voit encore une fois l’imposture de cette Cour de justice de la République composée majoritairement de parlementaires et qui a pour habitude d’innocenter ses pairs. Cette cour avait d’ailleurs déjà relaxé Laurent Fabius dans l’affaire du sang contaminé. Demander à des parlementaires de rendre la justice, cela n’a aucun sens. C’est comme demander à des malfrats de faire du catéchisme ou à des pyromanes d’éteindre le feu. Il y a une solidarité clanique entre ces politiciens qui n’ont nul souci de la vérité et de la justice. Mais cette décision objectivement scandaleuse ne peut qu’accroître le fossé entre le peuple et ses (supposés) représentants et ne peut qu’augmenter la défiance face à la façon dont se rend la justice dans notre pays.
QUE LE ministre de la Justice soit innocenté par ses pairs alors même qu’il a, de notoriété publique, usé de son pouvoir pour se venger d’adversaires à des fins personnelles au lieu d’œuvrer au bien commun, est d’autant plus scandaleux que Thémis sait se montrer d’une sévérité extrême, pour ne pas dire davantage, face à des Français exprimant pacifiquement leur colère. Parmi les militants nationalistes et identitaires qui ont manifesté le 25 novembre à Romans-sur-Isère quelques jours après l’affreux assassinat du jeune Thomas, et qui l’ont fait sans provoquer la moindre atteinte aux biens et aux personnes, et sans être armés (les gazettes qui ont mentionné le fait qu’ils étaient équipés de barres de fer ont délibérément menti ou ont été induites en erreur), six jeunes hommes, après une garde à vue de quarante-huit heures, ont été jugés en comparution immédiate au tribunal correctionnel de Valence, ont été condamnés à des peines de six à dix mois de prison ferme et ont été immédiatement jetés en prison. C’est stupéfiant, c’est inouï. Une justice qui juge de manière aussi expéditive et aussi unilatérale n’est plus de la justice. C’est un abattoir. C’est un tribunal révolutionnaire.
Habituellement, on ne va pas en prison lorsqu’on est condamné à des peines inférieures à un an. En général, on est placé sous bracelet électronique ou alors on doit effectuer des travaux d’intérêt général. Il y a donc un traitement très spécial dans le jugement de ces jeunes Français qui de surcroît, répétons-le, n’ont commis aucune violence, n’ont frappé ni tué personne, ne s’en sont pris à aucun bien. Combien de fois des délinquants multirécidivistes sont condamnés à de simples amendes ou à de la prison avec sursis alors qu’ils ont gravement porté atteinte à des biens ou à des personnes, qu’ils ont pillé, incendié, brutalisé ? Lorsque la justice devient idéologique, elle ne remplit plus sa mission et l’injustice se donne libre cours. C’est d’ailleurs un drame de notre époque que l’on ne puisse plus faire confiance à aucune institution, ni à l’Etat dirigé par des politiciens sans foi ni loi, ni à la justice, ni à la police appliquant sans état d’âme les consignes les plus détestables, notamment quant à la répression hier de la Manif pour tous et des gilets jaunes, ni au corps médical (on l’a encore vu avec le Covid), ni aux dignitaires religieux (ou prétendus tels) qui participent pour la plupart aux injustices et aux mensonges actuels.
CES SIX JEUNES Français incarcérés sont accusés de violence et de haine raciale, ils sont derrière les barreaux alors qu’ils n’ont objectivement rien fait de mal, et le seul blessé est dans leur rang. En effet, un manifestant de 20 ans a été, de l’aveu même du préfet de la Drôme, « sorti de force de sa voiture » et «tabassé» tandis que son véhicule était «brûlé». Il a ensuite été complètement déshabillé et filmé, puis laissé nu sur la voirie dans un froid glacial avant d’être découvert par les pompiers. Mais cela n’a pas fait l’objet de reportages larmoyants dans les media mainstream. Patrick Cohen, pour évoquer l’affreux massacre raciste de Crépol, a simplement parlé d’une rixe entre jeunes gens et d’un jeune poignardé à l’issue d’une simple embrouille entre participants à une soirée festive. Qu’aurait-il dit si l’adolescent mortellement poignardé avait été de confession juive ? Aussitôt lui et tous les autres auraient crié au déchaînement d’un antisémitisme assassin, avant même de connaître les faits et d’avoir enquêté. On aurait organisé des manifestations, appelé à davantage de répression, le président de la République et le Premier ministre se seraient sur-le-champ rendu sur les lieux du crime, mais là il ne s’agit que d’un Français de souche, d’un Blanc catholique. Sa vie importe peu. Vite, une page de pub, qu’on passe à autre chose !
Pour l’heure le Parquet a refusé de considérer comme raciste l’attaque de Crépol, ce qui aggraverait les peines encourues par les coupables. Pourtant, des témoins concordants ont affirmé que les agresseurs, armés de couteaux de vingt centimètres, avaient crié : « on est là pour planter des Blancs ». Il est difficile d’être plus explicite dans la motivation raciste de l’acte. L’intention criminelle est ouvertement raciste. Eh bien cela ne suffit pas au ministère public qui, en l’état, n’a pas retenu la motivation raciste. En revanche, quand il s’agit de « l’ultra-droite », qui n’a tué ni violenté personne pour racisme (tous les mouvements dissous ces dernières années n’avaient commis aucune violence contre des allogènes, et a fortiori n’avaient tué personne), on parle immédiatement et systématiquement de haine raciale et plus généralement de crime de haine. La haine, on le sait, n’est que d’un seul côté.
Pourtant, ce n’est ni l’extrême droite, ni l’ultra-droite qui sont responsables de l’attentat qui a eu lieu à Paris le 2 décembre, sur et à proximité du pont de Bir-Hakeim, tout près de la Tour Eiffel. Un Iranien à papiers français, Iman Rajabpour-Miyandoab (il est naturalisé depuis 2002), de nationalité franco-iranienne, né à Neuilly-sur-Seine (dans cette ville symbole de la haute bourgeoisie, comme quoi tout est possible aujourd’hui !), connu des services de renseignement, comme c’est généralement le cas dans ce genre de dossiers, déjà condamné à quatre ans de prison ferme pour un projet d’attentat (un récidiviste, comme souvent) et souffrant de graves problèmes psychiatriques (cela fait beaucoup pour un seul homme !) a tué à coups de couteau un touriste de nationalité germano-philippine (l’assaillant et sa victime avaient tous les deux la double nationalité, cela symboliquement en dit long sur notre époque où bien souvent l’on n’est plus d’une seule patrie et où l’on est complètement dénationalisé, citoyen du monde voire apatride !) et a agressé à coups de marteau deux autres passants, un Français et un Britannique. Avant de passer à l’acte, le terroriste aurait publié une vidéo où il se déclare comme « un soutien du califat de l’Etat islamique ».
COMME TOUJOURS dans ce genre d’affaires, on peut s’étonner qu’un tel individu au si lourd passé et passif soit encore sur le territoire national, qui plus est en liberté. Compte tenu de ses antécédents judiciaires et psychiatriques, il est ahurissant qu’il ait pu jusque-là se mouvoir librement dans notre pays, bien qu’il soit, nous dit-on, fiché S, surveillé par la DGSI et que sa mère fin octobre avait signalé aux autorités sa vive inquiétude quant au comportement de son fils. C’est à se demander s’il n’y a pas la volonté au plus haut niveau de laisser sur notre territoire ce genre d’individus pour les laisser commettre de tels actes dans un but bien précis. Car lorsque l’Etat veut réprimer sévèrement, il sait le faire. Par exemple, la remigration pour antisémitisme, ça marche. Les imams qui s’aventurent à critiquer trop frontalement l’entité sioniste ou les juifs ne font généralement pas long feu dans le pays. Là, on sait les reconduire illico à la frontière pour complaire au courageux petit peuple. Comment se fait-il alors que l’on n’agisse pas avec une pareille diligence à l’égard des fichés S suspectés de commettre des actes terroristes ou pire encore ayant déjà eu le projet de passer à l’action ? En tout cas, ce genre d’attentat ne va guère encourager les touristes à venir l’été prochain à Paris pour les Jeux olympiques. Plutôt que de bomber le torse et de dissoudre comme son ombre les mouvements dits d’ultra-droite, sans aucune raison objective, Gérald Darmanin devrait plutôt s’interroger sur son calamiteux échec en matière sécuritaire. Au vu de son bilan, c’est lui d’abord qui, à défaut de se dissoudre, devrait se démettre ! […]
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Source : Éditorial de Rivarol