Nous avons beaucoup aimé ce premier essai de Pierre-Olivier Sabalot. C’est son premier puisque la première édition date de 2009 tandis que son 2e sur Piet Meyer (que nous avons déjà présenté) date de 2018. Malgré le fait que nous n’avons pas fait notre service militaire grec, nous avons aimé cette décision du Colonel Smuts (voir plus loin) en 1922 : « Un service militaire obligatoire de quatre ans (service actif et périodes de réserve régulières) sera donc organisé pour tout citoyen blanc âgé de plus de 21 ans » (op.cit.page 28). Pour nous ouvrir l’appétit, Sabalot mentionne sur la page 41 : « Une association qui prend le nom de « Afrikaner Broederbond » (« Ligue des Frères afrikaners ») en 1920, et qui se transforme en société secrète le 26 août 1921. » (op.cit.page 41).
Voulant faire le parallèle avec un autre Grand penseur français, Sabalot nous cite aussi René Binet que nous avions lu dans le passé : « Notre message d’aujourd’hui utilise encore certains mots de l’homme d’hier, dans la mesure où les valeurs nouvelles encore en gestation n’ont pas encore créé leur propre langue. Déjà pourtant les anciens mots pour nous s’emplissent d’une substance nouvelle » (Contribution à une éthique raciste, texte de décembre 1946, Editions Celtiques, Montréal, 1975, p 22, repris op.cit. page 82).
Le slogan « Kill the Boer » dont nous croyions qu’il appartenait à la période postapartheid (après 1994) finalement est un très ancien slogan qui date de 1959 : « la Ligue de la Jeunesse de l’ANC, fondée en 1944 par Nelson Mandela, fait scission en avril 1959 et se transforme en un « Pan Africanist Congress of Azania », (PAC) sur une ligne politique raciste violemment antiblanche » (op.cit. page pp.86-87).
« Les fondateurs du Parti communiste sud-africain (créé au Cap le 30 juillet 1921) sont en majorité juifs … Le 1er février 1937, le gouvernement Hertzog / Smuts fait adopter le « Aliens Act N°1 », une loi imposant le critère de l’assimilation de l’immigrant à la communauté nationale, sans donner d’autres critères précis. Le G/NP, dans l’opposition depuis juillet 1934, n’est pas satisfait et propose notamment l’interdiction de l’immigration juive et l’interdiction de certaines branches professionnelles aux Sud-Africains juifs. » (op.cit. page 56). C’est un argument assez sérieux pour avancer la thèse que Verwoerd (surnommé « l’architecte de l’apartheid ») a été assassiné par le Mossad qui n’a pas peur d’agir même hors du territoire israélien.
En 1953, « David Malan (premier ministre et ministre des affaires étrangères-note à nous), théologien et pasteur de la NGK de formation, est très marqué par les origines vétérotestamentaires du néo-calvinisme sud-africain et se déclare alors officiellement ami du sionisme » (op.cit. page 150). Mais, tant mieux pour nous, les choses vont changer en 1958 quand Hendrik Verwoerd prend enfin le pouvoir ! « Certains dirigeants israéliens craignent même des représailles en Afrique du Sud même contre la minorité juive locale, dont Verwoerd aime à rappeler qu’elle soutient encore massivement les organisations politiques et syndicales progressistes blanches (COD, Progressive Party, NUNSA…), hostiles à la politique de développement séparé » (op.cit. page 150). Le mardi 6 septembre 1966 « en direct, devant l’ensemble des députés, médusés, un homme en uniforme bleu d’huissier, surgi de nulle part, sort un couteau dissimulé dans ses vêtements, et frappe violemment le Premier Ministre de quatre coups dans la poitrine » (op.cit. page 183). « Il est fort probable que Verwoerd, homme aux idées nouvelles, idéologiquement très en avance sur les conceptions réactionnaires crispées du « Baasskap », ait été la victime d’un complot, une conjonction d’intérêts impliquant l’aile réactionnaire/ségrégationniste du NP, des libéraux et des représentants du grand patronat hostiles au dirigisme économique, des partisans de l’alliance avec Israël et une fraction rétrograde des services secrets (militaires), le Directorate of Military Intelligence (DMI, ancêtre du BOSS, le «Bureau of State Security »), bridé par Verwoerd. » (Op.cit. page 183).
Il est plus que probable que le Mossad avait dirigé de loin cette opération.
Dionysos ANDRONIS