C’est reparti pour un mois. Dans une longue allocution télévisée de près d’une demi-heure, retardée de deux minutes, à 20h02, pour laisser s’achever la séquence orwellienne, quotidienne et vespérale, d’applaudissements sur commande des soignants, Emmanuel Macron a annoncé la prolongation pour quatre nouvelles semaines d’un strict confinement. Lequel s’achèvera en principe le lundi 11 mai au matin, à condition toutefois, a-t-il précisé, que l’épidémie ait suffisamment reculé d’ici là. A partir de la mi-mai, les crèches, les écoles, les collèges et universités seront rouverts de manière progressive. Le chef de l’Etat n’a pas précisé si cela se ferait par régions ou par taille des établissements scolaires. On peut par exemple penser que le Grand Est et l’Ile-de-France, qui sont jusque-là l’épicentre du virus dans notre pays, pourraient voir les écoles rouvrir leurs portes plus tardivement. Curieusement les universités resteront, elles, fermées jusqu’en septembre. On saisit assez mal a priori cette différence de traitement même si on sait déjà que le brevet des collèges, le baccalauréat et les BTS feront l’objet d’un contrôle continu et qu’il n’y aura donc pas d’examen cette année en juin. On peut craindre en revanche que les élèves scolarisés dans les écoles hors contrat ne doivent passer tous leurs examens à la rentrée de septembre, au risque de perdre un an, pour ceux qui visent les inscriptions dans les grandes écoles ou l’université. Les bars, les restaurants, les cinémas et les théâtres ne pourront pas rouvrir, quant à eux, le 11 mai. Quant aux festivals et aux grands rassemblements, ils seront impossibles au moins jusqu’à la mi-juillet.
Le président de la République n’a pas évoqué la question de l’ouverture des lieux de culte et des cérémonies religieuses. Mais à la mi-mai cela fera très exactement deux mois que tout culte public est interdit sur le sol national. Tandis que les lieux de pèlerinage et d’apparition sont fermés au public, comme le sanctuaire de Lourdes, la chapelle où se trouve la châsse de sainte Bernadette à Nevers ou la maison de sainte Thérèse à Lisieux. Jamais nous n’avions connu une telle situation dans notre pays, au moins depuis la Révolution française. Pendant les deux guerres mondiales, ou lors de périodes de pestes ou d’épidémies, jamais le culte public n’avait été interdit, jamais l’accès aux sanctuaires, aux lieux de pèlerinage, n’avait été rendu impossible.
On n’a sans doute pas assez médité sur ce paradoxe : on a le droit d’aller tous les jours au supermarché pour faire ses courses mais on n’a pas le droit de se rendre, ne fût-ce qu’une fois par semaine, à l’église pour y prier et rendre un culte public à Dieu ! On ne s’occupe que de la nourriture terrestre mais on méprise la nourriture de l’âme. Le matérialisme de nos sociétés apostates et mercantiles est proprement révoltant !
Le chef de l’Etat a dit dans son allocution qu’il fallait se réinventer, que tout désormais serait différent. Ces considérations n’ont rien de rassurant car on peut craindre légitimement une restriction encore plus grande, et dans la durée, de nos dernières libertés. Le test grandeur nature de servitude volontaire ayant jusque-là parfaitement fonctionné depuis la mi-mars, pourquoi Big Brother n’irait-il pas plus loin dans la domestication du « matériel humain » ? Dans le ton et le vocabulaire employés à l’égard du Covid-19, « un virus redoutable, invisible, imprévisible » contre lequel « nous sommes en guerre », on retrouvait les accents et le champ sémantique généralement utilisés contre le racisme, l’antisémitisme, le fascisme, l’extrémisme, le négationnisme. De la peste brune on est passé au virus effrayant mais à l’arrivée c’est toujours le même but : nous esclavagiser, détruire notre esprit critique, nos défenses immunitaires, créer un homme nouveau, qui n’est nullement le chrétien racheté par le Christ mais le citoyen du monde sans racines, sans repère moral, sans convictions, sans doctrine, sans idéal et à qui l’on dicte ce qu’il doit faire, tel un automate : applaudir à 20 heures de sa fenêtre ou de son balcon, rester chez lui, se protéger (cela rappelle les publicités et slogans répétitifs des années 1980 et 1990 en faveur du préservatif masculin : protégez-vous, sortez couverts !), remplir consciencieusement, signer et dater son attestation pour sortir de chez soi, seul et pendant soixante minutes maximum, respecter scrupuleusement les gestes-barrière (à moins d’un mètre de distance, on est un criminel en puissance !), se laver les mains soigneusement pendant au moins vingt secondes.
La République, pour se renforcer et se perpétuer, a toujours besoins d’ennemis à diaboliser, tant intérieurs qu’à l’extérieur. Cela lui permet d’adopter les mesures les plus attentatoires aux libertés fondamentales. Ce que nous vivons actuellement est une forme de 11-Septembre à l’échelle planétaire. Et de même que le 9-11 avait débouché sur les Patriot Acts réduisant drastiquement les libertés outre-Atlantique et au-delà, au nom de la lutte contre le terrorisme islamique, de même qu’avec le dogme du réchauffement climatique anthropique on a multiplié les impôts et taxes en tous genres et on a diabolisé les “pollueurs”, de même on verbalise les mauvais citoyens insuffisamment respectueux du confinement et on nous prépare une société où le contrôle social de masse sera systématisé, renforcé, aggravé. Avec l’encouragement à la délation citoyenne, celle qui existe déjà sur les réseaux sociaux pour « les contenus haineux » et qui se pratique à l’égard du voisin soupçonné de violer les règles imposées par le gouvernement. Au nom de la sécurité sanitaire, on interdit les messes, même pour Pâques, on empêche les retrouvailles en famille, et même les visites à des parents âgés et isolés. Il suffira demain de dire que le virus a muté, ou qu’il pourrait muter, pour interdire de manière préventive et préalable tout ce qui déplaît au Nouvel Ordre mondial qui est aussi un nouvel ordre moral. De même que l’on a inventé les guerres préventives, notamment contre l’Irak de Saddam Hussein avec les prétendues armes de destruction massive, au nom du principe de précaution étendu à l’infini, on nous prépare une société infernale reposant sur la servitude volontaire, la délation citoyenne, la surveillance de masse avec la géolocalisation que permettent les GPS et les téléphones portables, et demain, pourquoi pas, les puces électroniques et la suppression des billets et des pièces au nom de la lutte contre un « virus invisible et redoutable », très contagieux.
Beaucoup ont cru qu’avec la chute du mur de Berlin et la dislocation de l’URSS, c’en était fini du communisme. C’était manifestement une erreur. Non seulement parce que la Chine, avec ses quelque 1,4 milliard d’habitants, reste un pays communiste mais surtout parce que nos sociétés réalisent chaque jour davantage le programme et les mots d’ordre de l’Internationale : « du passé faisons table rase », « la patrie sera le genre humain ». La destruction de la famille, de la religion, de la morale, des patries, l’étatisation à tout crin, les nationalisations à venir, le triomphe du matérialisme, l’abandon des valeurs et principes spirituels, la mise en place d’une gouvernance mondiale, la déshumanisation des sociétés et des individus, la négation de Dieu auquel il est interdit de rendre un culte public, tout cela est strictement un programme communiste. Cette crise sanitaire, qu’elle ait été créée de toutes pièces ou instrumentalisée, pourrait bien hélas favoriser et accélérer la mise en œuvre de ce communisme planétaire liberticide et mortifère.
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RIVAROL.
Editorial du numéro 3420 de RIVAROL daté du 15 avril 2020
Compte tenu des difficultés gravissimes et sans précédent dans la distribution du journal depuis sa fondation, tant en kiosques que par voie postale, et face à une situation chaque jour plus dramatique, Rivarol a d’ores et déjà décidé de mettre à disposition de tous, en consultation gratuite, le PDF intégral de ce numéro, et des numéros suivants (aussi longtemps que dureront la crise sanitaire et les mesures de confinement), en page accueil du site Internet www.rivarol.com. Chaque mardi, à partir du mardi 24 mars 2020, sera mis en ligne sur le site le nouveau numéro de RIVAROL qu’il suffira de télécharger pour pouvoir le lire en intégralité et gracieusement. Ceux qui ont une imprimante pourront également l’imprimer pour rendre la lecture un peu plus confortable.
Télécharger RIVAROL du 15 avril 2020
Parfaite formulation de Rivarol,
reste à savoir de quoi nous avons été coupables
Un pas de plus, nous sommes passés de la pensée unique à l’unique pensée: le Covid 19