MACRON ne perd pas de temps. Après avoir gravé dans l’airain constitutionnel début mars le « droit à l’avortement », le chef de l’Etat va toujours plus loin et plus vite dans la culture de mort et dans la volonté d’en finir avec les plus faibles, les plus vulnérables. Le ministre Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, qui se disait naguère hostile à l’euthanasie — encore une femme de convictions ! —présente ce mercredi 10 avril en conseil des ministres un projet de loi sur les soins palliatifs et la fin de vie qui ouvre la voie à l’euthanasie et au suicide assisté. Après s’être attaqué aux enfants à naître, la cible de la Macronie est désormais le troisième et le quatrième âges à euthanasier, à liquider en masse. Ainsi s’en prend-elle aux deux bouts de la vie. La boucle est bouclée.
On a nettement le sentiment que Macron qui, à l’issue de ce second quinquennat, n’est pas soumis à réélection — et qui héritera sans doute d’un poste à l’international ou dans le cadre de l’Union européenne — a décidé d’accélérer et de rendre irréversibles les réformes dites sociétales les plus effrayantes et les plus à même de changer les mœurs et les mentalités. Car, contrairement à ce que beaucoup de gens croient, la loi contribue fortement et rapidement à faire évoluer les esprits et les comportements. Ainsi, depuis que le Québec a dépénalisé l’euthanasie et le suicide assisté, les demandes explosent. Elles se multiplient d’année en année. Et aux Pays-Bas on peut même aujourd’hui euthanasier des enfants ! A partir du moment où un Etat, un Parlement, un gouvernement considèrent qu’on peut légalement mettre fin à ses jours, ou demander qu’on y mette fin, un tabou saute immédiatement ou rapidement dans l’esprit de beaucoup de personnes. Surtout à une époque de forte déchristianisation, de totale déspiritualisation, où on perd de plus en plus le sens du bien et du mal.
TOUT VA ALLER très vite désormais : le projet de loi est présenté cette semaine en Conseil des ministres, le Parlement en sera saisi dès le mois de mai. Tout laisse à penser que ce texte mortifère et criminel entrera en vigueur avant la fin de l’année. Dans une interview croisée à Libération et à La Croix — quotidien officiellement catholique qui n’a rien trouvé à redire aux propos du chef de l’Etat ! —, Emmanuel Macron avait fait part le dimanche 10 mars, moins d’une semaine après la constitutionnalisation par le Congrès du « droit à l’avortement », de sa détermination à ouvrir l’accès à « l’aide active à mourir », façon euphémisante et jésuitique de légaliser l’euthanasie et le suicide assisté. Comme toujours, alors que Macron avait déjà pris sa décision depuis le départ, on a fait croire à un débat libre, vif et démocratique avec la pseudo-Convention citoyenne sur la fin de vie dont il était évident dès le début qu’elle se prononcerait pour la légalisation de l’euthanasie, car telle était la mission qui lui était assignée. De même le Comité national consultatif d’éthique (CCNE) s’est-il prononcé pour cette évolution législative. Comme quoi leur éthique est totalement opposée à la morale traditionnelle et au respect de la vie de la conception à la mort naturelle. Leur éthique, c’est celle du diable !
Il suffira de demander pendant deux jours — 48 heures seulement ! — « l’aide active à mourir », c’est-à-dire le suicide assisté, pour y avoir droit, selon le texte de loi concocté par les pouvoirs publics. Or deux jours, ce n’est rien du tout. Quelqu’un qui est sous le poids d’un chagrin immense, d’une dépression profonde peut parfaitement vouloir en finir pendant quelques jours voire quelques semaines et le regretter après lorsque les choses vont mieux, que son état ou que la situation s’améliore. Qui n’a pas connu dans sa vie, à un moment donné, des difficultés extrêmes, éprouvé le sentiment que tout va très mal mais heureusement demain est un autre jour. Permettre à des humains dont par définition l’humeur est changeante, et qui sont confrontés par moments à des événements pénibles dans leur vie, à de cruelles épreuves, à d’indicibles tourments, de se donner la mort, par personne interposée, de manière médicalement assistée, est une pure folie. C’est ouvrir la boîte de Pandore.
On se dirige vers des choses absolument horribles surtout dans une société marquée par un individualisme forcené, un égoïsme exacerbé. Des personnes âgées qui ne sont guère visitées par leur famille dans des EHPAD pourront, par désespoir, demander à en finir. Des chantages à l’héritage pourraient se multiplier. D’aucuns pourraient ainsi pousser à bout leurs parents âgés et isolés pour hériter plus vite de leurs biens. Dans un monde où les liens affectifs, sociaux et familiaux sont de plus en plus ténus, le pire est à venir. De manière industrielle. Et les promoteurs de cette loi criminelle le savent parfaitement. Jacques Attali ne se vantait-il pas dès 1981 de promouvoir une société où l’euthanasie serait un instrument de masse pour éliminer les personnes de plus de 60 à 65 ans qui sont devenus inutiles voire nuisibles du point de vue de la machine économique ?
DANS SON interview du 10 mars à La Croix, Macron déclare que la nouvelle loi « trace un chemin qui n’existait pas jusqu’alors et qui ouvre la possibilité de demander une aide à mourir sous certaines conditions strictes ». On sait ce que signifie ce vocabulaire destiné à tromper et à faire avaler la pilule létale : « sous certaines conditions strictes ». On nous a fait le coup au moment de la légalisation de la pilule contraceptive en 1967 en arguant que c’était un moyen de lutter contre l’avortement. Moyennant quoi l’IVG était légalisée moins de dix ans plus tard et remboursée quinze ans après. Au moment des débats au Parlement autour de la dépénalisation de l’avortement en 1974, Simone Veil expliquait que l’IVG serait strictement encadrée, limitée aux conditions de détresse de la femme, précédée d’un entretien préalable obligatoire et circonscrite à dix semaines de grossesse. On sait ce qu’il est advenu depuis de ses prétendus garde-fous. Le député gaulliste Jean Foyer, malgré tous les reproches politiques qu’on a pu lui faire à bon droit dans d’autres domaines, avait eu parfaitement raison de déclarer à la tribune de l’Assemblée nationale le 26 novembre 1974 lors des débats sur le projet de loi de Simone Veil : « Vous allez amener le Parlement à porter une atteinte au respect de la vie humaine, et je crains que cette atteinte ne soit suivie de beaucoup d’autres. Déjà, ici et là, autour de nous et même en France, un avenir particulièrement sinistre commence à se dessiner. En France, déjà, nous entendons réclamer la stérilisation des infirmes et de certains handicapés. Plus tard, lorsque dans une France dépeuplée, le nombre des vieillards et des handicapés sera devenu insupportable, parce que disproportionné à celui des actifs, on expliquera à nos successeurs qu’une vie diminuée ou ralentie n’est plus une vie humaine et qu’elle ne vaut plus la peine d’être vécue. ». Ces propos étaient hélas visionnaires, prophétiques. C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui. Au nom d’une prétendue dignité de la personne, on ouvre la voie à la froide élimination de vies humaines.
Le diable, on le sait, procède toujours par étapes, selon la technique du salami ou du voleur chinois, pour faire accepter l’inacceptable. On nous a fait le coup avec la contraception et l’avortement, dont la légalisation et la massification ont profondément et durablement bouleversé les mœurs et les mentalités, les modes de vie et de pensée, mais cela a également été le cas avec l’homosexualité. Au moment du vote du Pacs en 1999, Elisabeth Guigou, alors ministre de la Justice du gouvernement de Lionel Jospin, jurait ses grands dieux depuis la tribune du Palais-Bourbon que le Pacs n’était en rien une étape vers la légalisation du “mariage” homosexuel à laquelle elle se disait opposée. Elle a avoué depuis qu’elle avait menti à l’époque pour mieux convaincre les députés hésitants ou récalcitrants de voter ce texte. De même, au moment des quarante ans de la loi légalisant le meurtre des innocents, Simone Veil avait avoué, tout aussi cyniquement, qu’elle n’avait pas révélé le fond de sa pensée lors des débats à l’Assemblée en 1974 car sinon le texte qu’elle défendait aurait été rejeté. On voit donc à quels menteurs cyniques et odieux on a affaire. Ils sont prêts à tout pour faire aboutir leurs projets détestables et mortifères.
ET HÉLAS, trois fois hélas, on ne peut compter aujourd’hui sur aucune institution, sur aucune formation politique significative pour s’opposer fermement à cette nouvelle avancée de la culture de mort, à cette nouvelle étape dans le génocide par persuasion de notre peuple et de notre civilisation. La secte conciliaire est incapable de réagir fortement à ce nouveau projet de loi tant son cœur et son esprit sont acquis d’avance à toutes les nouveautés, y compris les plus diaboliques, parce qu’elle refuse d’être un signe de contradiction et qu’elle ne cesse de se compromettre avec le monde qui a rejeté — comme elle — la personne et le message de Jésus-Christ. Quant aux partis politiques, ils sont tous acquis à l’avortement, à l’euthanasie et au règne de Sodome et Gomorrhe, de la France insoumise au Rassemblement national. Thomas Ménagé, porte-parole du RN et député du Loiret, a ainsi dit le 6 avril sur France Info qu’il était favorable à ce nouveau projet de loi. La grande voix du docteur Dor manque cruellement.
Quant aux responsables des unités de soins palliatifs qui se montraient il y a peu encore très réservées et fort inquiètes quant à ce projet de loi, ils se taisent désormais depuis que le gouvernement a promis de leur donner davantage de moyens, d’ouvrir de nouvelles unités, de mieux les respecter. Par les espèces sonnantes et trébuchantes, on achète leur conscience. Comme on le fit naguère pour les gynécologues dont on revalorisa le statut pour qu’ils avalisent la légalisation de l’avortement. Et la nature humaine blessée étant ce qu’elle est, cela hélas fonctionne à chaque fois. Et d’autant plus dans un monde post-chrétien qui est un vaste chaudron infernal où l’on a perdu tout sens moral, où la foi n’éclaire plus les consciences, où la charité s’est fortement refroidie, où les sources de la grâce se sont taries, où les intelligences se sont obscurcies et où les cœurs se sont durcis. […]
RIVAROL, <[email protected]>
Source : Éditorial de Rivarol
Désolé, mais nous sommes un certain nombre à trouver que cette loi ne vient pas assez vite.
De plus, les conditions d’accès paraissent beaucoup plus restreintes que ce qui est annoncé dans l’article, par exemple, une dépression profonde ne sera pas un cas y ouvrant droit.
L’organisation matérielle promet aussi de ne pas être à la hauteur, avec le rendez-vous à prendre des semaines ou des mois à l’avance, on est loin de l’histoire des 48 heures.
Attendons de voir ce qui sera réellement voté, mais ça risque encore d’être une montagne qui accouche d’une souris.
Vous me faites vraiment peur cher Monsieur quand je lis sous votre plume que cette loi ne vient pas assez vite. Je vous ai déjà entretenu de cette question une fois, je crois.
Bourbon, nonobstant son ton de catholique exalté, ce qui est d’un mauvais goût insigne en 2024, a complètement raison. Son édito est sur le fond très bon, très juste, salutaire et de salut public, il était nécessaire de rappeler tout ce qu’il a dit. C’est la vie qui est difficile et tragique, cher Monsieur: si l’on commence à vouloir mourir à chaque mécompte souffert, à chaque contrariété, à chaque période difficile de notre vie, on ne va plus en finir.
Recensons ce que les Anciens ont dit, scrutons leurs paroles, examinons ce qui est éternel, ce qui a été éprouvé comme vérité.
L’hellénisme avait déjà tout dit, les Grecs ont très bien décrit la condition humaine, elle est impitoyable et tragique.
Homère dans l’Iliade, le premier monument de notre race comme disait Brasillach dans son anthologie de la poésie grecque, fait dire à Zeus au chant XVIII, 446 : « rien n est plus misérable que l homme entre tous les êtres qui respirent et marchent sur la terre ». Achille au chant XXIV sera encore plus définitif, vers 524-526: « On ne gagne rien au plaintes qui glacent les coeurs, puisque tel est le sort que les dieux ont filé au pauvres mortels : vivre dans le chagrin, tandis qu’eux demeurent exempts de tout souci ».
Theogonis au VIe siècle avant notre ère et Sophocle dans Œdipe à Colonne au Ve siècle avant notre ère se récrieront avec colère (réflexion sublime également qui contient en partie la vérité de la vie et que reprendra Schopenhauer qui en fera la base de sa philosophie) : « Le mieux pour les hommes ici-bas est de ne pas naître… ou une fois nés, de franchir au plus tôt les portes de l’Hadès ».
La grandeur des Grecs de l’époque préclassique et du début de l’époque classique est que s’ils ont maudit la vie, comme dit Paul Mazon à son introduction à l’édition de l’Iliade, jamais ils ne l’ont méprisée, jamais ils n’ont pensé qu elle ne valût pas la peine d être vécue. Au contraire, s’il n y a rien pour l homme au-delà de ce monde, sa seule raison d être, c’est sa vie. L’amour de la vie devient alors principe d’héroïsme, on apprend à placer la vie assez haut pour la sacrifier à la gloire qui la perpétuera, conclut Paul Mazon. Le christianisme est cependant heureusement venu ensuite et il a modéré ce désir de gloire. Il ne nous interdit pas d’aimer la vie comme les païens, mais ne fait pas ensuite de la gloire le sens de la vie. Il faut la mener en toute humilité. La gloire est annexe si on a quelques talents, quelque vertu et il n’est même pas sûr encore que l’on soit ici récompensé.
Ce nonobstant, la réflexion des Grecs est indépassable sur la condition humaine, elle est lucide et tragique. On ne sait plus du tout ce que signifie le tragique aujourd’hui, c’est la vie tout simplement.
Schopenhauer et Nietzsche ont fait leurs ces réflexions et ont essayé de faire du tragique justement la meilleure philosophie de la vie, étant donné que le christianisme promettait tant et ne donnait rien sur le plan terrestre. On l’entrevoit moins chez Schopenhauer, mais c’est fondamental chez Nietzsche, son surhomme n’a rien à voir avec le surhomme vulgaire, c’est simplement l’homme qui aime la vie, la désire, la veut (amor fati), partant le tragique, dans un monde dépourvu d’arrière-mondes consolateurs.
Il faut vivre jusqu’au bout et aimer la vie, car elle est belle malgré tout, cette loi risque derechef d’ouvrir une boîte de Pandore où les pires abus risque de connaître une fortune insoupçonnée.
Précision, si le but de Rivarol est de prendre une posture d’opposition à Macron en prenant le sujet de l’euthanasie parce qu’on ne peut pas vraiment parler des sujets importants, je peux comprendre.
Ce sujet, comme la plupart des sujets traités par certains ultime presse réellement d’opinion, est fondamental et essentiel. Le « droit » de tuer un enfant dans le ventre de sa mère avec sa complicité, ou de se donner la mort, est en opposition totale et complète avec l’un des dix commandements, et le message du Christ. D’ailleurs les dix commandements sont tous bafoués et attaqués. Le premier des dix le fût en premier dès la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen !
Le combat est d’abord eschatologique, comme notre vie ici bas n’est qu’un pèlerinage.
Conforter ses prochains dans l’erreur, pire promouvoir celles-ci, conduit à la mort, et au suicide d’une Nation