Manuel Valls, fourrier du lepéno-marinisme
Pendant que François Hollande décore son premier ministre et fait l’éloge des « jouets » pour dégénérés sexuels, le Parti socialiste est plus que jamais au bord de la scission. L’entrée en guerre ouverte de Martine Aubry contre la politique gouvernementale a revigoré les frondeurs.
Les attaques contre le gouvernement sont d’autant plus fortes qu’elles émanent des anciens ministres : Cécile Duflot pour les attaques externes, Aurélie Filipetti pour les attaques internes, à laquelle s’est joint Benoît Hamon hier. La politique Valls-Hollande, en réduisant « les capacités d’intervention de la puissance publique […] menace la République » a-t-il lancé, précisant :
« La menace de la République, c’est la préparation tout droit, comme on s’y prépare pour 2017, d’un immense désastre démocratique […] non seulement l’arrivée au second tour de la présidentielle de Marine Le Pen sans coup férir, mais en plus la menace que demain elle dirige le pays. »
Manuel Valls, fourrier du lepénomarinisme… l’attaque, fréquemment lancée par les libéraux-conservateurs, est inédite à gauche. Elle a été reprise par Aurélie Filippetti :
« Si ça continue comme ça, Marine Le Pen a une autoroute devant elle »
L’escalade
Ces déclarations ont fortement déplu parmi les dernières fidèles du gouvernement.
« Je ne peux pas l’accepter et je ne comprends pas. […] Une limite a été franchie. […] Il serait cohérent que Benoît Hamon quitte le PS [car] il va trop loin . […] C’est quoi cette espèce d’individualisme qui fait que chacun a un mot à dire sur tout […] C’est un minimum d’avoir un peu de ténacité, de cohérence de sens du collectif »
a répliqué Stéphane Le Foll.
Jean-Christophe Cambadélis s’est dit « choqué » par le comportement des frondeurs, dénonçant les députés qui n’ont pas voté le budget, critiquant un comportement « pas loyal » ; le chef du PS, condamné pour corruption, évoquant « un problème éthique [sic] ».
«Deux ministres de la République, qui ont quitté le gouvernement, se sont abstenus, il y a un problème éthique. […] C’est une attitude déplorable pour moi »
Les propos des frondeurs ont été qualifiés de « grotesques » par le sous-ministre à la réforme de l’État Thierry Mandon, pour qui ses anciens collègues sont des « prophètes de malheur ».
« Je n’ai aucune leçon à recevoir de qui que ce soit. […] J’ai quitté le gouvernement à la fin du mois d’août sur un désaccord de fond avec la politique qui était menée, et cette politique se poursuit. […] C’est un désaccord de fond et je me suis abstenue donc sur ce budget »
a déclaré de son côté Aurélie Filippetti, l’ancienne ministre qui, comme Benoît Hamon, Delphine Batho et Cécile Duflot, a refusé de voter le budget.
« La réaction de Stéphane [Le Foll], je la mets sur le compte de la nervosité. Ça montre l’état de tension extrême qu’il y a dans nos rangs »
a de son côté invectivé Benoît Hamon, qui a diagnostiqué le même problème chez Jean-Christophe Cambadèlis :
« Il ne faut pas réagir avec ses nerfs dans ces cas-là »
lui a-t-il jeté.
De son côté, Manuel Valls poursuit sa guerre contre Martine Aubry.
« Il faut en finir avec la gauche passéiste, celle qui s’attache à un passé révolu et nostalgique, hantée par le surmoi marxiste et par le souvenir des Trente Glorieuses. La seule question qui vaille, c’est comment orienter la modernité pour accélérer l’émancipation des individus »
a-t-il déclaré contre la maire de Lille.
Le cas Filoche
C’est dans cette ambiance déjà délétère que Gérard Filoche a publié un message sur Twitter après la mort de Christophe de Margerie :
« De Margerie est mort. famille taittinger en deuil. Les grands feodaux sont touches. Ils sont fragiles. Le successeur nous volera t il moins »
en allusion au fait que Total ne paye pas d’impôt en France. Puis d’ajouter :
« Un hommage à l’humain ? Oui! Au suceur de sang? Non».
Ces messages ont été condamnés par les libéraux-conservateurs mais ont créé une intense polémique à gauche.
Tel un Stéphane Le Foll contre Benoît Hamon, Patrick Menucci a réclamé l’exclusion de Gérard Filoche, toujours sur Twitter :
« J’ai demandé au Parti Socialiste l’exclusion de nos rangs de G Filoche.L’indecence et la violence de son tweet sur M de Margerie le justifie [sic] »
C’est également ce qu’a fait un autre député du PS, François Loncle pour qui Gérard Filoche a « dépassé la ligne rouge ».
« Que fait encore Gérard Filoche au Parti Socialiste? Ses propos sont abjectes [sic] »
s’étonne Christophe Caresche parmi d’autres.
Les deux situations ne sont peut-être pas aussi étrangères qu’elles paraissent l’être. Gérard Filoche a multiplié les provocations ces derniers mois. Il s’est fait remarquer comme l’un des frondeurs les plus agités et revendicatifs. Or, Gérard Filoche, s’il a débuté en politique au très stalinien Parti communiste des années 1960, est un activiste trotzkyste qui fut longtemps un des principaux cadres de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Il avait rejoint le Parti socialiste en 1994, après plus de vingt passés à l’extrême gauche, où il a tout appris et d’où viennent toutes ses références, parmi lesquels la pratique du fractionnisme, consistant à détruire de l’intérieur l’unité d’un parti.
Son ancien complice à la LCR, Jean-Luc Mélenchon, a justement appelé hier les frondeurs, citant nommément Benoît Hamon et Gérard Filoche à le rejoindre…