Après avoir longtemps activement soutenu et favorisé le terrorisme islamiste international, l’Arabie séoudite tente d’apparaître comme un ennemi des groupes salafistes ces derniers mois. Le pays terroriste, qui a vassalisé une large partie du monde politique en France grâce à l’argent du pétrole, a procédé à l’exécution samedi de 46 terroristes à travers le pays.
L’opération inédite par son ampleur ne semble avoir eu pour but que de masquer l’assassinat d’un 47e prisonnier, le dirigeant chiite Nemr Baker el-Nemr. Il a vraisemblablement, conformément à la sentence prononcée à son encontre, été décapité et crucifié par les amis de Manuel Valls et Nicolas Sárközy. Âgé de 56 ans, il était l’un des principaux opposants au régime terroriste de Riyad, qu’il défia notamment lors du « printemps arabe ». Ce dernier avait été soutenu par les gouvernements européens ailleurs dans le monde – avec les brillants résultats connus en Syrie et en Libye (la guerre civile et l’islamisme) comme en Égypte (l’établissement d’une dictature affairiste et pro-Israël) –, mais pas dans la péninsule arabique1. Les gouvernements sunnites de la région avaient pu réprimer dans le sang les révoltes sans la moindre réaction de la « communauté internationale », aussi bien en Arabie séoudite qu’à Bahreïn.
Nemr Baker el-Nemr appelait pourtant à utiliser le « rugissement des mots » plutôt que la violence.
« L’arme de la parole est plus forte que le pouvoir des balles »,
avait-il déclaré, rejetant la violence comme néfaste à la cause de la recherche des droits politiques et religieux des chiites séoudiens. Il avait été arrêté en juillet 2012 lors d’une attaque violente des forces séoudiennes qui avaient tenté de l’abattre. Blessé par balle, il avait été torturé puis condamné à mort après un procès considéré comme injuste par de nombreux observateurs, l’ensemble des puissances et organisations chiites, mais également diverses organisations internationales.
L’annonce de cet assassinat légal a provoqué samedi des manifestations à travers le monde chiite. Dans l’est de l’Arabie séoudite, où le prédicateur était très populaire, des protestations de rues se sont déroulées. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Bahreïn.
En Iran, les principaux dirigeants, Ali Khamenei, Ali Larijani, Ahmed Khatami, etc. ont exprimé leur indignation et menacé le gouvernement séoudien de représailles, tout comme l’ancien premier ministre irakien Nouri el-Maliki. Au Liban, le Parti d’Allah (Hezbollah) a condamné cet assassinat.
Samedi soir, l’ambassade séoudienne à Téhéran a été prise d’assaut par un foule en colère ; des engins incendiaires ont été lancés contre le bâtiment dans lequel a pénétré une partie des protestataires.
Federica Mogherini, pour la Commission européenne, a réitéré son rejet de la peine de mort après l’annonce des 48 exécutions, évoquant le cas spécifique du dirigeant chiite :
« Le cas spécifique du cheik Nemr el-Nemr soulève de graves inquiétudes quant à la liberté d’expression et au respect des droits civils et politiques fondamentaux, devant être sauvegardés dans tous les cas, y compris dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Ce cas pourrait enflammer davantage les tensions sectaires qui causent déjà d’importants dégâts dans toute la région, avec de graves conséquences »,
a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Nemr Baker el-Nemr est l’oncle d’Ali Mohammed el-Nemr ; il a été condamné pour des faits similaires, notamment pour avoir « encouragé les manifestations pro-démocratie avec son BlackBerry », à la même peine : décapitation et crucifixion. Il était mineur au moment des faits.
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1 À l’exception du Yémen, favorisant ainsi les menées indépendantistes des pro-Séoudiens dans le Sud et de leurs alliés objectifs, les tueurs de La Base (el-Qaïda). Le résultat en fut un coup d’État et une guerre meurtrière qui ont fait plusieurs milliers de morts et des centaines de milliers de réfugiés.