Ed. Perspectives Libres, 2017, 436 pp., 25 €
L’Alsace et l’Espagne
Nous publions un compte rendu critique du beau livre d’un jeune auteur alsacien, N. Klein, sur, comme il s’intitule, la « Rupture de ban, l’Espagne face à la crise », Nation diffamée par ses adversaires et qui servit de refuge à de nombreuses âmes échappées au désastre de l’Europe, depuis Abel Bonnard ou Léon Degrelle à, après son retour d’Argentine où il fut gravement blessé par les agents titistes de l’UDBA (police terroriste yougoslave), Ante Pavelic, chef ou poglavnik de l’Etat indépendant de Croatie et de nombreux compatriotes du pays du damier fuyant la prison des peuples que furent et le Royaume et la Fédération de Yougoslavie dirigée par Tito.
L’Espagne fut en effet plus européenne ou liée aux Impériaux, au Saint Empire Romain de nation allemande, que la France; et lorsque le général Franco, comme nous avons eu l’occasion de l’écrire, demanda, à l’été 1936, de l’aide à l’Empire d’ Allemagne dans une lettre transmise à des commerçants allemands, pour repousser la vague bolcheviste, il commença sa lettre personnelle au Chef de l’Etat allemand en rappelant qu’aucune guerre n’avait en effet opposé les deux Nations. Un détail historique relèvera l’importance de ce fait que souligne par ailleurs la critique russe récentiste contemporaine: le livre du professeur Klein, ancien élève de l’ENS de Lyon, est ainsi imprimé aux Editions « Perspectives Libres » ADARL, à Strasbourg, ville dont l’annexion par la France ne fut pas relevée par l’Allemagne alors divisée et partagée entre plusieurs clientèles, mais bien l’objet d’une protestation diplomatique officielle de la Chancellerie de Madrid, élevée au nom des droits de l’Empire!
Faut-il rappeler que le premier motif de la guerre mal dite franco-prussienne, en fait franco-allemande, en 1870, fut la candidature d’un Hohenzollern à la couronne d’Espagne, opposition d’autant plus mesquine qu’aujourd’hui Felipe V, fils de la reine Sophia de Grèce, par sa mère descend de l’Empereur d’Allemagne et roi en Prusse, Guillaume II? L’auteur relève cette opposition franco-espagnole, dans sa forme la plus atroce et ruineuse de nos énergies communes européennes, en rapportant le chiffre de près de 350.000 victimes de la lutte contre l’occupation maçonnique napoléonienne et son alliée polonaise, qu’il hausse à celui de 850.000 en y comprenant ceux qui moururent de faim et des suites de la guerre!
L’imposture indépendantiste.
L’auteur traite de cette question avec une indépendance d’esprit qu’il est impossible de trouver généralement en France. Sa sensibilité européenne qui le pousse à des analogies utiles entre la commune résistance de la Russie traditionnelle et de l’Espagne au libéralisme, le fait abandonner les cris de guerre de ces gens qui passaient leur vacances en Espagne et maudissaient la dictature qui assurait une vie décente et des loyers convenables au peuple, montait une énergie atomique pacifique dont l’Iran voulut tirer profit et qu’il prit tant sous le second Châh qu’après la Révolution nationaliste islamique comme modèle.
Un exemple de désinformation est relevé par l’Alsacien, p.203, que nous citons: « L’opposition manichéenne entre Catalogne et pouvoir central , entre Barcelone et Madrid s’est nourrie, sur les dernières décennies d’un duel sportif qui attire des centaines de millions de téléspectateurs et génère des milliards d’euros de dividendes: le clasico footbalistique par excellence, le match entre le FC Barcelone et le Real Madrid.La Généralité a bien compris l’intérêt d’un tel affrontement surtout lorsqu’ il tourne en sa faveur... » Tout ceci est su. Mais l’érudition ou plutôt le sens technique du détail, le réalisme de l’auteur lui fait déchirer le voile de la propagande rouge ou rose séparatiste: « Plusieurs études sur le sujet démontrent que loin de s’opposer à un franquisme hostile par nature aux Catalans, le club Barcelone ne s’est vu injustement privé de trophées entre 1939 et 1975.Au contraire, il a pu soulever neuf Coupes du Généralissime (devenues Coupes du Roi…) contre six pour son principal rival ». En note de bas de page est relevé que si l’on ajoute les Coups du Généralissime remportées tant par les clubs catalans que par les clubs basques (supposées maltraitées par le pouvoir central), le nombre de trophées se monte à dix-huit .
La noirceur du portrait de l’Espagne
Un éléphant, tel serait le pays, dans un magasin de porcelaine, en l’occurrence l’Amérique hispanique: « L’Espagne est ainsi décrite comme un ennemi séculaire de la civilisation, une sorte de contre-modèle parfait de ce que devrait être un grand pays respecté. » (p.214)… » Cette légende noire, insiste avec raison l’auteur alsacien « a perduré jusqu’au XXIème siècle. » (p.216). Je conseille de lire, dans un style aisé, cette justification du jugement du public sur l’Espagne, qui s’impose autant que sur la Révolution française et autres semi-vérités dont nos compatriotes sont abreuvés.
Il y a une sévérité toute réaliste à l’endroit de la médiocrité politique espagnole contemporaine. L’auteur sera suivi quand il écrit que la politique étrangère est sous la démocratie ou, à parler humaniste, dans l’Athènes espagnole, est « illisible et inexistante » (p.232). Une exception est faite en faveur de l’ancien diplomate espagnol au Proche-Orient Miguel Angel Moratinos, ministre des Affaires Etrangères pendant 6 ans. La politique est néanmoins jugée par l’auteur incertaine et à courte vue.
De Gaulle et l’Espagne: une capitulation !
Nous pouvons, pour renforcer l’étude de l’auteur, préciser quelque point peu visible, et qui ferait voir sous d’autres couleurs que celles projetées ordinairement sur cette période d’après guerre, la relation entre De Gaulle et Franco: Léon Degrelle nous assura que vexé de n’avoir point obtenu des Américains l’annexion à la France d’une partie du val d’Aoste, De Gaulle aurait retourné sa rage contre eux en entravant leur soutien logistique à la vague communiste de 1945 s’infiltrant en Espagne. Cela est fort imaginable et les relations de Degrelle, seul phalangiste d’honneur étranger, plaident en la vraisemblance de cette situation. Mais c’est après sa chute politique et sa démission que De Gaulle a véritablement capitulé devant Franco, qu’il a reconnu en lui le vrai vainqueur: il nous souvient d’apprendre sa décision de non pas visiter l’Espagne, comme il avait parcouru l’Irlande, mais, me le confirma Alberto Torresano, dont le père fut secrétaire de Serrano Suner, de vouloir voir Franco, lequel en fut très surpris. Ce n’est pas un hasard de rencontre, comme on affecte de le croire. En fait, au terme de sa carrière, et au moment de comparaître devant Dieu, car il se savait perdu, comme j’en ai reçu témoignage en juillet 1970, le symbole, qu’il avait été, de la lutte contre les Impériaux, a-t-il, après son échec de 1968, reconnu, comme dans l’apologue grec du sophiste Prodikos sur l’enfance d’Héraclès, qu’il s’était fourvoyé? Il y a une dimension tragique dans cette rencontre.
Nicolas Klein cite la stupeur d’un Malraux et autres ombres de l’histoire devant cette décision de rendre hommage à l’homme de la Croisade christiano-musulmane contre le bolchevisme, et qui a été le seul dirigeant d’après guerre, comme nous l’avons écrit ici, à dénoncer publiquement l’action conjuguée du communisme et de la maçonnerie, et ne pas reconnaître l’Etat sioniste.
Je n’achève pas ce compte rendu sans relever le sens philosophique de l’auteur évoquant le rôle de saint Isidore de Séville dans la formation de la Nation Espagnole comme morceau de la vaste domination wisigothe, bien que la part héroïque de cette histoire ne corresponde pas avec des données fort restreintes, mais il demeure que l’Espagne brille par le reflet d’un plus vaste Empire, et le cours des événements, comme sa résistance actuelle à l’émiettement révolutionnaire de milieux subversifs, démontrent assez qu’elle forme la partie d’un plus grand tout.
Pierre Dortiguier