C’est tout un symbole. Jean Raspail (1925-2020), prophète de la submersion migratoire du Vieux Continent et de l’immolation de la France traditionnelle, disparaît au moment même où le monde blanc, occidental et chrétien, envahi et colonisé, est accusé de tous les maux et sommé de faire repentance, le genou à terre, au sens propre, devant toutes les personnes de race noire. Ce que ce grand romancier et lucide analyste de notre triste époque avait prophétisé dans Le Camp des saints, dès 1973, il y a bientôt un demi-siècle, se réalise de manière aussi impressionnante que terrifiante sous nos yeux : la submersion de tout un continent, l’écroulement d’une civilisation, et la trahison des élites prenant parti pour l’occupant et le favorisant de toutes les manières.
On est même tenté de dire que la réalité dépasse la fiction quand le ministre de l’Intérieur français chargé d’assurer l’ordre et de défendre la police accuse publiquement cette dernière de racisme, explique que les manifestations pourtant officiellement interdites et accompagnées de débordements divers peuvent se donner libre cours au nom de l’émotion populaire suscitée par les affaires Floyd et Traoré, et déclare qu’il pourrait lui-même poser le genou à terre comme signe de repentance des Blancs à l’égard des Noirs. Les policiers qui ont protégé Macron et Castaner pendant les manifestations des gilets jaunes, qui pour certains ont même tiré sur des manifestants pacifiques, les blessant grièvement pour sauvegarder un régime qui les hait, les méprise, les insulte, les calomnie, les voue à la vindicte publique, prend le parti de la racaille, devraient d’urgence faire un examen de conscience. Pourquoi soutenir un régime qui les mène à l’abattoir plutôt que des gilets jaunes qui revendiquaient leur droit de vivre librement et décemment dans un pays où toutes les libertés sont foulées au pied ? La réalité dépasse la fiction quand le chef de l’Etat annonce, dans une allocution solennelle, le 14 juin, qu’il va renforcer les mesures contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations et se montrer intraitable sur le sujet, c’est-à-dire en réalité mener une guerre implacable contre son propre peuple, les Français de souche.
Jean Raspail nous quitte à quelques jours de ses quatre-vingt-quinze printemps au moment tragique où s’effondre, dans un océan de laideur, de sottise et de couardise, une civilisation qui l’a vu naître, entre les statues que l’on abat, la mise en œuvre de la liberticide loi Avia (après la muselière physique du masque dont le port est obligatoire dans maints lieux publics, voici la muselière mentale et morale obligatoire sous peine d’amende, de prison ferme et de relégation sociologique !) et les leucodermes agenouillés et lobotomisés qui demandent pardon pour des crimes qu’ils n’ont pas commis auprès de personnes qui ne les ont pas subis. Spécialiste des civilisations englouties, Jean Raspail s’est intéressé toute sa vie à cette minorité invisible des petits écrans, à cette tribu qui n’intéresse personne, celle des blancs et des chrétiens.
Sa longue, patiente et minutieuse observation des mouvements des peuples avait conduit cet écrivain racé, catholique et royaliste convaincu, attaché charnellement à sa foi, à son terroir, à ses racines, à prédire et analyser sans complaisance le déclin de la civilisation blanche, européenne et chrétienne submergée, remplacée par des individus venus du lointain, avec la passivité voire la complicité de ses pseudo-élites, tant temporelles que spirituelles, de ses cercles dirigeants et avec l’apathie de tout un peuple. S’il ne s’était intéressé qu’à l’engloutissement de peuplades exotiques, Raspail aurait certainement été élu à l’Académie française. Son immense talent aurait amplement mérité cette distinction. Mais avait-il sa place dans un aréopage où siègent un Finkielkraut, un Giscard et où fut élue une Simone Veil ?
Oui, la réalité dépasse la fiction car, dans Le Camp des saints, Raspail ne prévoyait l’arrivée que d’un million de migrants (ils sont des millions) et situait l’action du roman en 2050. Or, en 2020, nous sommes déjà submergés, envahis, en voie d’être remplacés. L’écrivain avait conscience de cela, c’est pourquoi, lors de la réédition du livre en 2011, il rédige une préface coup de poing, intitulée Big Other, et ajoute en annexe toutes les pages tombant sous le coup de la loi car depuis la première édition du livre, en 1973, des législations antiracistes successives sont venues corseter la liberté d’expression et empêcher que la vérité soit dite sans fard, sans filtre, sans circonvolution. Preuve de l’effrayante lâcheté de notre lamentable époque, le PDG de Robert Laffont, Leonello Brandolini, se croit alors obligé de préciser dans un avant-propos que son opinion n’est pas celle de l’auteur qu’il publie.
En guise d’hommage, nous republions ici un extrait de la tribune qu’il avait accordée au Figaro en 2004 sur le thème « Qu’est-ce qu’être Français aujourd’hui ? » et intitulée : « La patrie trahie par la République ». C’est le testament de Jean Raspail, ce grand Français qui vient de nous quitter, d’une implacable lucidité (nous le publierons intégralement dans notre prochaine édition) : « Je suis persuadé que notre destin de Français est scellé, parce qu’“ils sont chez eux chez moi” (Mitterrand), au sein d’une “Europe dont les racines sont autant musulmanes que chrétiennes» (Chirac), parce que la situation est irréversible jusqu’au basculement définitif des années 2050 qui verra les “Français de souche” se compter seulement la moitié la plus âgée de la population du pays, le reste étant composé d’Africains, Maghrébins ou Noirs, et d’Asiatiques de toute provenance issus du réservoir inépuisable du Tiers Monde, avec forte dominante de l’islam, djihadistes et fondamentalistes compris, cette danse-là ne faisant que commencer. La France n’est pas la seul concernée. Toute l’Europe marche à la mort. »
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RIVAROL.
Editorial du numéro 3429 de RIVAROL daté du 17 juin 2020