La société militaire privée « Mozart » (nommé par opposition au groupe « Wagner » fondé par Evgueni Prigojine engagé aux côtés de l’Armée russe en Ukraine) se définit comme l’une des plus grandes SMP d’Ukraine. Le groupe Mozart, fondé par Andrew Milburn, dit ne participer qu’à la formation des conscrits ukrainiens et des volontaires étrangers avant qu’ils soient envoyés au combat contre les forces armées russes. Mais Prigojine affirmait récemment en novembre que des « mercenaires américains » dirigés par le colonel à la retraite Andrew Milburn avaient pris le commandement d’une brigade ukrainienne qui avait été salement malmenée au combat près d’Artemivsk (Bakhmut). Pour la petite histoire, signalons que l’inénarrable BHL a qualifié « Mozart », dans son bloc-notes du magazine Le Point du 9 décembre dernier, de « task force qui vient militairement en aide aux civils »… l’art de l’euphémisme et de la manipulation.
Le fondateur de Mozart est donc Andrew Milburn, retraité du Corps des Marines en 2019 en tant que commandant adjoint du Special Operations Command Central, le quartier général responsable de toutes les opérations spéciales américaines au Moyen-Orient.
En tant qu’officier d’infanterie et d’opérations spéciales, il a exercé un commandement opérationnel à divers grades, y compris à la tête d’un régiment du Corps des Marines et d’un groupe de travail multinational d’opérations spéciales contre l’Etat islamique en Irak, selon sa biographie publiée sur la page du groupe « Mozart ».
Dans un article consacré à Milburn et à son soutien à l’Ukraine, le journal New York Times le décrit comme « animé par le même esprit pro-ukrainien qui a conduit à déployer des drapeaux jaunes et bleus dans tout le monde occidental ». « Je ne suis pas un grand fan de l’Ukraine », a-t-il déclaré à propos du gouvernement ukrainien, « mais je me soucie profondément de son peuple. Je me soucie profondément des soldats ukrainiens. »
Depuis son retour d’Ukraine, cependant, l’ex-marine fait des révélations étonnantes. Dans une interview au podcast américain The Team House, Millburn lâche une salve sur le pouvoir de Zelensky à Kiev et son état-major :
« L’Ukraine est une société corrompue et merdique dirigée par des « gens merdiques ».
Puis, sans mentionner un régiment spécifique, Milburn fait ensuite allusion à ces exactions qui ont été commis dans les rangs des forces armées ukrainiennes, des crimes de guerre dont il a été témoin :
« Vous ne devriez pas tuer des mecs qui se sont rendus … et il y en a eu beaucoup… Il y a toutes sortes d’atrocités commises à cette occasion [la capture de soldats adverses]. » Les soldats ukrainiens « tuent des prisonniers de guerre qui se sont rendus », commettant des « atrocités ».
Il confirment en cela les informations qui émergent répétitivement depuis le début du conflit sur les comportements d’un certains nombre de soldats ukrainiens à l’égard de prisonniers russes.
Bien sûr, redisons-le, les atrocités ne sont pas l’apanage des soldats ukrainiens. Mais ces exactions-là sont soigneusement passées sous silence par les médiats occidentaux, ou très largement minorées en les noyant sous les flots de tous les « crimes russes » réels ou supposés. Jeune Nation l’avait déjà souligné dès avril dernier en publiant cette vidéo de soldats russes désarmés, capturés et blessés, prisonniers de guerre, que des soldats ukrainiens ont « shootés » à terre – hors combat – puis achevés et brûlés…
ATTENTION ! ÂMES SENSIBLES S’ABSTENIR !
Un peu plus tard, conscient que ses accusations pourraient donc compromettre l’image du soldat et du commandement ukrainien, parés de toutes les vertus morales par toutes les chancelleries et médiats occidentaux (par opposition aux Russes qui y sont présentés comme des brutes – « les orques »), Millburn a pondu dans Newsweek un communiqué alambiqué pour tenter de désamorcer la bombe et se rattraper :
« Au cours d’une discussion qui a duré plus de deux heures, j’ai donné une vision équilibrée de l’effort de guerre ukrainien – les louant là où je vois des points forts, mais aussi en étant franc sur les domaines qui doivent être améliorés si on veut que la cause ukrainienne reste irréprochable aux yeux de la communauté internationale. Mes commentaires ont été réduits à l’essentiel sans contexte, mais ce que je disais essentiellement, c’est que les Ukrainiens doivent maintenir leur haute moralité. Si, comme ils le prétendent à juste titre, ils représentent les valeurs du monde libre, alors ils doivent être méticuleux pour réprimer les violations de ces mêmes principes. »
Son « démenti » ne trompe personne. Dans son entrevue Millburn ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes et les observateurs des conflits, quels qu’ils soient et où qu’ils se soient produits, savent qu’il n’y a pas de « guerre propre » et, sur le champ de bataille, on peut encore moins attribuer des prix de moralité à un camp plutôt qu’à un autre. Même si, évidemment, tous les combattants ne sont pas des psychopathes ou des pervers assoiffés du sang et de la souffrance ; mais tuer est inhérent à la guerre.
En l’occurrence, cette idéalisation du soldat et du commandement ukrainien qui seraient animés d’une haute moralité, qui tueraient sans haine et sans atrocités est une technique de manipulation des foules bien connue. Une technique qui, jointe à l’effet de répétition et au sentiment d’unanimité créé par la censure des sources adverses ou contraires, a déjà été utilisée par les propagandistes pour faire adhérer le grand public à une « cause » (souvent peu reluisante dans la réalité) ou au moins atténuer l’émotion que devraient susciter les actes de certaines forces armées qui doivent être obligatoirement située dans le « camp du bien » : Irak, Kosovo, Syrie…
On se souviendra aussi des propos de Claude Lanzman à propos des soldats de l’armée israélienne au moment de la projection de son film de propagande honteuse « Tsahal » :
« Avant la projection de son film devant la presse à Paris, le 25 septembre 1994, l’auteur déclara que son intention était de présenter une armée juive pourvue, selon lui, de caractères spécifiques par rapport aux autres armées. A quoi tiendrait donc cette différence ? Ses généraux l’expliquent dans le film : « Notre armée est pure (…), elle ne tue pas d’enfants. Nous avons une conscience et des valeurs et, à cause de notre morale, il y a peu de victimes [palestiniennes] » Or la chronique contredit ce discours. Claude Lanzmann, enquêteur compétent s’il en est, ne pose pas, cette fois, de questions embarrassantes et laisse passer de tels propos sans la moindre contestation… » (Le Monde Diplomatique)
Les opinions publiques sont oublieuses, c’est pour cela qu’il est bon de faire des piqures de rappel.
L’intégralité de l’entrevue en anglais est à retrouver sur The Team House.
Il y a deux visions de l’être humain qui ne se complètent pas mais s’opposent :
– Une vision parfaitement artificielle résultant des limites imposées par l’opinion publique, par la répression judiciaire, par la proximité des femmes et des enfants et par la quiétude familiale. C’est l’humain que nous côtoyons au quotidien en période de paix.
– Mais il existe un autre univers. Celui des champs de bataille ou de guérilla ou celui des prisons, qui met les vaincus à la merci des vainqueurs, avec la disparition de tout ce qui limite les conséquences judiciaires ou morales du passage à l’acte, aussi lâche et atroce qu’il puisse être. C’est l’autre face de l’être humain. La brute livrée à des instincts primaires remontant à l’origine des temps ; instincts qui sommeillent au tréfonds de nos subconscients et ne demandent qu’à ressurgir.
C’est la raison pour laquelle les « B.H.L.’ et leurs semblables seront toujours ridicules lorsqu’ils portent des jugements sur l’être humain en période de conflit armé.
Pour parler de la guerre, il faut y avoir participé – et pas devant des caméras et en couchant le soir venu dans des hôtels cinq étoiles ! – Il faut avoir senti la mort rôder, il faut avoir vu les copains tomber, avoir en tête les hurlements de la bête humaine agonisant le ventre ouvert. Il faut soi-même avoir tué. En quelques mots : Il faut être passé de l’autre côté de la frontière civilisationnelle.
Un autre monde où ce sont parfois les lâches qui font payer leur peur. Il savent qu’il eût suffit de peu pour que la mort les ait frappés ou que ce soit eux qui soient livrés, prisonniers, à l’adversaire. Ce que l’on peut hélas comprendre.
Mais il y a pire, lorsque cette circonstance atténuante ne peut être évoquée… Lorsque le danger immédiat est écarté et que ne subsiste de la guerre que l’impunité relative qui l’accompagne.
Ce qui fut notamment illustré par les centaines de viols perpétrés en Normandie par des troupes d’occupation constitués majoritairement de noirs américains. Lesquels étaient alors éloignés du front et se livraient à leurs plus bas instincts ; violant les filles et leurs mères et assassinant les pères et les frères lorsqu’ils s’interposaient.
C’est pour échapper à ces ignominies qu’une discipline de fer doit être imposée aux unités combattantes ou troupes d’occupation.
Lorsque j’ai enquêté en Normandie sur ces viols, la première réponse émanant des familles qui y furent confrontées était une comparaison avec les troupes d’occupation allemandes qui, si elles se livraient à une répression rigoureuse contre ceux qui mettaient à profit l’armistice pour tirer dans le dos des soldats allemands, ont toujours respecté femmes et enfants.
Tout ceci pour conclure qu’une fois de plus, ce ne sont pas les américains d’hier ni leurs valets d’aujourd’hui qui sont les plus crédibles pour s’indigner des horreurs de la guerre !