Le président français avait annoncé un voyage en Chine juste après que Xi ait passé trois jours à Moscou pour signer une série d’accords avec le président russe Vladimir Poutine. Le dirigeant chinois souriant, alors qu’il quittait Moscou, avait déclaré à Poutine qu’un changement s’annonçait que le monde n’avait pas vu depuis 100 ans, et que leurs deux pays le réalisaient ensemble. Mais le voyage de Macron dans « l’Empire céleste » n’a pas atteint les sommets qu’il espérait. Qui pouvait croire le contraire à part un président halluciné…
Le président chinois Xi Jinping n’a pas été ému par la rhétorique de son homologue français Emmanuel Macron sur le conflit en Ukraine. Paris a tenté à la fois des appels et des menaces pour faire pression sur Pékin afin qu’il condamne Moscou, apparemment sans grand effet.
« Je sais que je peux compter sur vous pour convaincre la Russie et tout le monde à la table des négociations », a déclaré Macron à Xi. Plus tôt, il a déclaré aux journalistes français que « quiconque aide l’agresseur sera complice d’une violation du droit international ».
Xi a répondu en disant que la Chine était « prête à lancer un appel conjoint avec la France à la communauté internationale pour la rationalité et le calme », et a réitéré la position de Pékin sur le conflit :
« Les pourparlers de paix doivent reprendre dès que possible, en tenant compte des préoccupations sécuritaires raisonnables de toutes les parties concernant la Charte des Nations unies, en recherchant une solution politique et en construisant un cadre de sécurité européen équilibré, efficace et durable ».
Macron a enfreint le protocole en parlant presque deux fois plus longtemps que Xi et en exigeant que la Chine condamne « la guerre de la Russie contre l’Ukraine ». Selon Politico, Xi « avait l’air impatient et irrité » pendant que Macron parlait et « a poussé plusieurs profonds soupirs » lorsque son invité français a évoqué l’Ukraine.
Macron avait embarqué dans ses fourgons la von der Leyen pour « montrer l’unité européenne ». Une tentative vaine car de toute façon Ursula von der Leyen doit satisfaire, dans l’UE, de nombreux pays hostiles à la Chine (particulièrement en Europe de l’est) et « en même temps » ne pas détériorer les relations avec la Chine qui bénéficient aux autres membres (France, Allemagne, Espagne principalement). Von der Leyen le sait, elle qui lâchait le 30 mars dernier :
« Nous savons que nous vivons à une époque où nous comptons sur un seul fournisseur, la Chine. Il représente 98 % de notre approvisionnement en terres rares. »
Voilà le pourquoi du comment l’UE ne parviendra jamais, ni à égaler, ni à remplacer le dialogue bilatéral entres les puissances. Car elle représente un « panier » de pays qui ont tous un logiciel avec des intérêts différents vis à vis des autres acteurs mondiaux. Et voilà pourquoi la France est toujours bridée dans sa politique internationale et perd des points avec une présidence qui favorise le « en même temps ». Une diplomatie saine et efficace nécessite une ligne claire et cohérente.
Von der Leyen a rencontré Xi, certes, mais elle a été doublement humiliée au passage. Accueillie à l’aéroport par le ministre chinois de l’Écologie, elle a ensuite été laissée seule et n’a pas été incluse dans de nombreuses réunions bilatérales d’une part. Et d’autre part, elle dû quitter Pékin sur un vol régulier au milieu de tous les autres passagers !
Durant son séjour, comme déconnectées des réalités qui l’entouraient, Von der Leyen a déroulé les discours bruxelliens tournant en rond mais conformes à la position dictée par le Département d’État des États-Unis. Elle a soulevé la question de Taiwan, affirmant que toute menace de recours à la force pour changer son statut était « inacceptable », que fournir des armes à la Russie « nuirait considérablement aux relations UE-Chine » (Faîtes ce je dis, pas ce que je fais…) et que Bruxelles s’attend à ce que Pékin « joue son rôle et promeuve une paix juste qui respecte la souveraineté territoriale de l’Ukraine ».
Pas mieux inspiré sur le sujet, Macron a lâché :
« Il ne doit y avoir en aucun cas de déploiement d’armes nucléaires en dehors du territoire des États dotés, en particulier en Europe ».
Visait-il les plus de 100 vecteurs nucléaires – connus – que les États-Unis ont pré-positionné dans plus de 5 pays dans et autour d’Europe (Belgique, Italie, Allemagne, Pays-Bas, Turquie) ? Non, il faisait bien sûr référence aux armes nucléaires que les Russes pourraient déployer en Biélorussie pour prévenir la tentation de l’Otan de monter un coup dans cette région par l’intermédiaire du proxy polonais ou plus généralement en réaction à l’annexion récente du territoire de la Finlande par l’Otan…
Ce qui a permis à Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, de répliquer ironiquement :
« Il y a longtemps que nous n’avons pas entendu d’aussi vives critiques des États-Unis de la part d’un président français »…
Et, revenu de Chine, Emmanuel Macron s’est prononcé de façon surprenante pour une « autonomie stratégique » de l’Europe et contre sa dépendance à « l’extraterritorialité du dollar » : « Les batailles à conduire aujourd’hui consistent d’une part, à accélérer notre autonomie stratégique et d’autre part, à assurer le financement de nos économies. J’en profite pour insister sur un point : nous ne devons pas dépendre de l’extraterritorialité du dollar ». Il a également jugé important que les États européens ne se transforment pas en « des vassaux » en devenant le « troisième pôle » face aux États-Unis et à la Chine.
Les Chinois aurait-il subrepticement lavé le cerveau de notre président moumoute, pourtant passé par le formatage des « Young global leaders » ? Non, c’est toujours la même stratégie des bonnes paroles du « en même temps » macronien qui iront rejoindre la « réindustrialisation » ou les « 15 mille nouvelles places de prisons » au placard des promesses non tenues.
S’il lui prenait l’idée de s’essayer à la « dévassalisation » de la France, qu’il n’hésite pas à nous contacter, nous on regorge de proposition pour ce faire, de la sortie de l’Otan à celle de l’UE, et en commençant par sa démission.
Très bonne analyse et excellent commentaire en conclusion !