L’échec des 80 ZSP
Bernard Cazeneuve l’avait annoncé en début de semaine : de nouvelles mesures ont été décidées concernant la seule ville de Saint-Ouen, dans la proche banlieue parisienne. La cité envahie est devenue l’un des principaux lieux de vente de drogues dans la région, jusqu’à être dénommée le « supermarché de la drogue ».
Les trafiquants se sont spécialisés dans la vente de cannabis, mais pas seulement, à destination d’un vaste ensemble de consommateurs dans le secteur. La rude concurrence entre les groupes criminels qui dirigent ces trafics a conduit à des affrontements et à une dégradation continue du cadre de vie pour les derniers habitants français de la ville. Ces dernières semaines, plusieurs fusillades se sont produites au cœur de la Saint-Ouen.
Ces nouvelles mesures censées – comme les précédentes – permettre une amélioration de la situation sont d’abord et avant tout le signe de l’échec général des politiques menées par leur République depuis des décennies. Tout particulièrement, elles sont l’échec de la politique « sécuritaire » de Manuel Valls. L’actuel premier ministre avait fait de Saint-Ouen un exemple après sa nomination comme ministre de l’Intérieur en 2012. Elle était l’une des seize premières zones de sécurité prioritaire (ZSP) créées alors, et fut particulièrement mise en avant.
Or, l’échec de la ZSP de Saint-Ouen est identique à celui constaté aux Clairs Soleils à Besançon, au Neuhof à Strasbourg, à La Duchère à Lyon, aux Tarterêts à Corbeil-Essonne et dans les désormais 80 ZSP en France. Et si le constat particulièrement grave à Saint-Ouen a conduit à ces nouvelles mesures, les 79 autres ZSP n’en bénéficieront pas.
D’inutiles mesurettes
La situation continuera dans ces nombreux quartiers occupés à se dégrader. Rien n’indique cependant que Saint-Ouen connaîtra un bilan différent. Lorsqu’il a annoncé lundi l’action du gouvernement à venir, Bernard Cazeneuve a évoqué des mesures « extrêmement puissante ». À l’arrivée, le constat est plus que décevant.
Il n’a évoqué aucune mesure-choc, à la mesure du drame qui se joue dans la ville. La première disposition, c’est la mobilisation de moins de cinquante CRS. La deuxième annonce concerne une opération ponctuelle et limitée de la police et des douanes actuellement en cours dans la ville, ciblant « non seulement les vendeurs, mais aussi les consommateurs » a précisé leur ministre.
Un autre dispositif avait déjà été annoncé, le financement par le gouvernement de caméras de vidéosurveillance à Saint-Ouen. Pour l’essentiel, Bernard Cazeneuve veut s’en prendre aux consommateurs. Cela présente l’avantage d’être moins risqué que d’entreprendre d’éliaminer les groupes criminels qui parasitent la France. Prostitution, y compris forcée de mineures, braquages de banque, escroqueries aux allocations diverses, racket, ils pourront toujours trouver d’autres activités que la drogue et détourner ainsi pendant quelques mois les yeux de l’échec général de leur République dans la ville.
Cette mesure coûte d’autant moins cher à Bernard Cazeneuve que les consommateurs savent eux-mêmes qu’ils ne risquent absolument rien, les autorités ayant fait preuve depuis des années d’un laxisme dont il sera impossible de se relever sauf à réagir de façon radicale dans l’ensemble des secteurs de la société.
Entre temps, les palabres et demi-mesures pour cacher la réalité ne feront que repousser l’heure où leur système implosera.