Deuxième haut cadre du néo-FN mis en examen
Multicarte, Wallerand de Saint-Just n’est pas seulement un avocat aux résultats dans les tribunaux plus qu’incertains ou un individu prêt à trahir un ami de quarante ans, président d’honneur de son parti, pour quelque place éligible sur quelque liste à quelque élection. Il est aussi le trésorier du parti d’extrême droite.
Lundi, les juges qui enquêtent sur les fraudes et escroqueries présumées mises en place par les proches de Marine Le Pen l’ont mis en examen pour recel d’abus de biens sociaux. Ils l’ont également placé sous le statut de témoin assisté pour complicité d’escroquerie au préjudice de l’État.
FN, Jeanne, Riwal… et autres
Selon les accusations des juges, le FN – le parti, en tant que personne morale, est également poursuivi – a mis en place un système d’enrichissement frauduleux aux dépens du contribuable français, via le micro-parti de Marine Le Pen, Jeanne (sic), et d’une entreprise gérée par un très proche de Marine Le Pen, Riwal, où se retrouvent en partie les mêmes personnes. L’enquête a été ouverte après un signalement de Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).
Riwal et le FN avaient imposé pour les élections législatives de 2012 des « kits de campagne » aux candidats, d’une valeur marchande de 4 000 euros selon l’un d’eux, 8 000 euros selon une entreprise interrogée plusieurs années plus tard, facturés aux candidats 16 650 euros. Associés à des prêts à 7 %, cela permettait de financer facilement la structure et à bon compte. À d’autant meilleur compte que, la plupart des candidats ayant dépassé les 5 %, les frais de campagne ont été remboursés et le bénéfice et les intérêts ont été pris en charge par l’État, c’est-à-dire payés par le contribuable.
Six proches de Marine Le Pen mis en examen
Dans cette affaire, Frédéric Chatillon, qui dirige la société Riwal, a été mis en examen pour faux et usage de faux, escroquerie, abus de biens sociaux et blanchiment d’abus de biens sociaux puis pour financement illégal d’un parti politique. Alex Loustau, actionnaire de la société Riwal, dirigeant d’une société de sécurité privée utilisée par Marine Le Pen en remplacement du Département protection sécurité (DPS) et enfin trésorier de Jeanne, est poursuivi pour escroquerie, alors que, selon Médiapart, les enquêteurs ont découvert des flux financiers suspects entre les entreprises des deux individus.
Son prédécesseur au poste de trésorier de Jeanne, Olivier Duguet, est poursuivi pour complicité d’escroquerie, complicité d’abus de bien social, recel d’abus de bien social et complicité de financement illégal d’un parti politique.
Le commissaire aux comptes de Jeanne Nicolas Crochet, qui était par ailleurs conseiller de Marine Le Pen (pour 59 800 euros), est également mis en examen pour complicité d’escroquerie, blanchiment d’abus de biens sociaux, recel d’abus de confiance et financement illégal de parti politique. L’enquête tente de savoir si le second commissaire aux comptes, qui a créé une société en 2011 avec Olivier Duguet, est impliqué également.
« Jeanne » est également mis en examen en tant que personne morale pour escroqueries et acceptation par un parti politique d’un financement par une personne morale.
Le secrétaire général de Jeanne et vice-président du Front national, chargé des questions juridiques, Jean-François Jalkh est mis en examen pour escroqueries, abus de confiance et acceptation par un parti politique d’un financement provenant d’une personne morale.
Le Front national est mis en examen pour complicité d’escroquerie et recel d’abus de biens sociaux.
Par ailleurs, deux autres cadres du néoFN sont impliqués dans un volet annexe de cette affaire, le désormais sénateur-maire David Rachline et Nicolas Bay qui, selon les accusations, ont été employés fictivement pendant deux mois de campagne électorale par Riwal, pour les plus que très confortables salaires de 4 648 euros et 7 013 euros.
Démissions ?
Marine Le Pen, si prompte à demander la démission de ses adversaires républicains impliqués dans des scandales, comme dans l’affaire Georges Tron, qui sera jugé après un premier non-lieu et qui avait démissionné, voire du gouvernement tout entier pour des affaires non jugées, comme dans l’affaire Cahuzac, qui n’a jamais été reconnu coupable, n’a pas exigé immédiatement la démission de son vice-président et de son trésorier, pourtant tête de liste du parti d’extrême droite en Île-de-France, ni démissionné elle-même avec l’ensemble du bureau politique du FN.
« Mettre en examen » ou condamner une personne morale pénalement est une disposition de « droit » de l’ordre public Nürnberg. C’est une disposition de droit absurde et moralement monstrueuse bafouant les droits fondamentaux individuels de chaque homme.