Les médiats français et occidentaux ne manquent jamais de signaler voire de monter en épingle les morts suspectes ou les assassinats d’oligarques, politiciens ou journalistes russes, systématiquement attribués au Kremlin directement ou à demi-mots… Pourtant, de telles méthodes ne sont pas l’apanage – si elles étaient avérées – des services russes.
En effet, malgré la présence de nombreux journalistes ou politiciens, pas seulement ukrainiens, sur le site de délation publique « MYROTVORETS », malgré les nombreux assassinats de personnes qui y sont listées, silence radio du gouvernement et des médiats français… Idem avec les listes de personnalités internationales désignées à la vindicte publique par un site officiel du gouvernement du fantoche Zelensky : le « CENTRE DE LUTTE CONTRE LA DÉSINFORMATION ».
Les cibles de « Myrotvorets »
Le centre « Myrotvorets » (Pacificateur) est une plateforme collaborative en ligne, fondée en 2014, à l’initiative d’Anton Guerachenko, conseiller du ministre de l’Intérieur ukrainien Arsen Avakov. Créé avec le soutien de hackers issus du mouvement de combattants volontaires « Narodny Tyl », il collabore avec le ministère de l’Intérieur ukrainien, le Service de sécurité (SBU) et le Service des gardes-frontières ukrainiens. Il était dirigé par Roman Zaitsev, membre du SBU.
L’objectif du centre Myrotvorets est de rendre public l’ensemble des données personnelles relatives aux « ennemis de l’Ukraine » qui, par leurs actions, portent « atteinte à la sécurité nationale de l’Ukraine, à la paix, à la sécurité humaine et au droit international ». Sur la page ouverte au nom d’Anton Guerachenko sur le réseau social Facebook, celui-ci déclarait :
« (…) à l’avenir Myrotvorets aura le même but que le Centre Simon Wiesenthal et aidera à retrouver les personnes qui ont envahi notre pays (…) »
On a les références qu’on peut…
On observera que, depuis sa création à Kiev en 2014, l’organisation mentionne sur son site un hébergement outre-Atlantique, plus précisément sur le territoire de Langley, qui abrite le siège de la CIA…
En 2015, le Centre Myrotvorets diffuse sur son site des informations détaillées relatives à diverses personnalités opposées au gouvernement ukrainien, parmi lesquelles Alexander Pekluchenko, ancien membre du Parlement, gouverneur de la région de Zaporizhia et membre du Parti des régions de Viktor Ianoukovitch ; Mikhail Chechetov et Oleg Kalashnikov, deux anciens membres du Parlement sous l’étiquette du même parti, et Oles Buzina un journaliste d’opposition. En quelques mois, tous les quatre sont tués :
- le 26 février 2015, Alexander Peklushenko est retrouvé mort par balles ;
- le 28 février 2015, Mikhail Chechetov « tombe » de la fenêtre de son appartement du 17e étage ;
- le 15 avril, Oleg Kalashnikov est tué dans la rue ;
- et le 16 avril 2015, Oles Buzina est abattu devant son immeuble.
Le 7 mai 2016, dans le même genre, le Centre Myrotvorets publie sur son site les données personnelles de 4 508 journalistes et membres de médias nationaux et internationaux ayant été accrédités pour travailler sur le territoire des Républiques de Donetsk et Lougansk. Les 20 et 21 mai 2016, cette liste est complétée par plusieurs centaines d’autres noms. Parmi les personnes répertoriées figurent des journalistes de CNN, de l’Agence France-Presse (AFP), de Reuters, mais aussi de la BBC, du New York Times, de Vice News et d’Al Jazeera. Des méthodes classiques mais veules d’intimidation à peine voilée.
Le 13 mai 2016, suite aux pressions de la communauté internationale, Myrotvorets annonce la fermeture de son site. Pourtant, dès le 19 mai, celui-ci opère de nouveau, Anton Guerachenko affirmant qu’il bénéfice du soutien des médias ukrainiens et constitue une source d’information à part entière.
Aujourd’hui encore, on peut y retrouver la journaliste de TF1 Liseron Boudoul, le Grand Reporter à TF1 Gilles Parrot, Xavier Moreau du site Stratpol, Ségolène Royal, Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Marion Maréchal Le Pen… Marine Le Pen y est accusée de « tentative d’atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine » et de « répandre la propagande du Kremlin ». Des griefs du même genre sont attribués à sa nièce Marion Maréchal. Pour sa part, le chef de Reconquête, Eric Zemmour, se voit aussi accusé de « propagande anti-ukrainienne ».
Mais on y trouve aussi Daria Douguina. Après son assassinat, la photo de la jeune femme a été barrée en rouge et il y est écrit « liquidée », comme le fait habituellement ce site pour les « cibles » qu’il désigne et qui ont été finalement éliminées.
Màj 06.10.2022 : Les services de renseignement américains pensent que des membres du gouvernement ukrainien ont donné leur aval pour organiser l’attentat à la voiture piégée qui a tué Daria Douguina en août dernier. C’est ce que rapporte le New York Times.
Màj 14/10/2022 : Elon Musk, après sa prise à partie par des responsables ukrainiens au sujet de la fourniture et du paiement des équipements Starlink fournis à l’Ukraine, s’est retrouvé ce jour, brièvement, sur la liste des cibles de Myrotvorets. Se rendant vite compte de la mauvaise publicité de cette ostracisation du milliardaire pour l’image de l’Ukraine, et sans doute sur amicale pression du Pentagone (se rendant des compte du risque quant aux conséquences possibles en forme de représailles pour leur proxy), il en a été retiré quelques minutes après.
Le pseudo Centre ukrainien de lutte contre la « désinformation »
Et les autorités ukrainiennes ne semblent pas vraiment choqués puisqu’elles se sont inspirées de cette méthode : début juillet dernier, le Centre de lutte contre la désinformation, organe du Conseil national de sécurité et de défense d’Ukraine (CNSD) a publié une liste de 78 personnalités internationales qu’il accuse, sans preuve, d’être des relais de la propagande russe.
Parmi les femmes et les hommes listés se trouvent des politiques de haut niveau – notamment l’ex-président brésilien Lula –, des députés et des sénateurs, des membres en vue de partis politiques, d’anciens diplomates, d’anciens militaires (à l’exemple du chef d’état-major de l’armée de l’air italienne, le général Leonardo Tricarico), d’anciens membres de la CIA (notamment Graham Fuller, Ray McGovern et Paul R. Pillar), des experts reconnus de politique internationale (les Américains Edward Luttwak et John Mearsheimer, le Néerlandais Martin Van Creveld), des économistes célèbres (notamment Jeffrey Sachs), un ancien inspecteur de Nations Unies en Irak (Scott Ritter), des responsables de Think Tank, des journalistes (en particulier Glen Greenwald, qui a publié les révélations d’Edward Snowden sur les programmes de surveillance de masse de la NSA), etc.
Et une douzaine de Français :
– 4 ex-candidats à la présidence de la République et chefs de partis : Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen et Eric Zemmour ;
– 1 ancien ministre : Thierry Mariani ;
– 4 députés européens : Nicolas Bay, Hervé Juvin, Jean Lin-Lacapelle et Florian Philippot ;
– 3 ex du renseignement : Alain Corvez, Eric Denécé, et Olivier Dujardin.
On est ainsi en présence de la désignation par les autorités ukrainiennes d’individus dont la parole, les analyses et l’écho médiatique les dérangent car ils viennent contester le narratif mis en place par Kiev et ses conseillers otaniens dans le cadre du conflit avec la Russie.
On est pas vraiment étonné que les autorités françaises n’aient pas réagi à la publication de cette liste pas plus qu’elles n’ont réagi aux publications de Myrotvorets… Comme on peut le constater depuis 6 mois, toute opinion ou analyse ne correspondant pas à la version des faits que veut imposer Kiev est immédiatement qualifiée au mieux de « pro-russe », au pire de « complotisme » ou de « mensonges ».
Selon le Centre Français de Recherche sur le Renseignement :
« La publication de cette liste accusatoire dressée selon des critères stupides et sans fondement n’est pas anodine. Elle est liée à la très forte dépendance ukrainienne de l’aide occidentale. En effet, le gouvernement de Kiev fonctionne comme une « Start-up » qui ne peut exister que grâce aux « levées de fonds » successives (financements et fournitures d’armes et d’équipements militaires) qu’il parvient à faire, faute de quoi il s’écroulerait.
Ainsi, comme tout bon dirigeant de « Start-up », Zelensky fait de bons « Pitch » à l’intention de ses sponsors afin de s’assurer leur soutien. Il communique à outrance – jusque dans le magazine Vogue –, leur fait croire qu’il parvient à des résultats (liste accusatoire, territoires abandonnés par les Russes, contre-offensives sans effet), leur présente des perspectives de développement optimistes (annonce de nouvelles contre-offensives et de la reconquête complète des territoires perdus) et sait toucher le cœur et susciter l’émotion de chacun des pays qui lui apporte son soutien par des discours particulièrement circonstanciés.
C’est pourquoi il ne peut se permettre que se fassent entendre des voix discordantes pouvant faire douter ses sponsors du narratif qu’il leur sert et remettre en cause les « Business plans » qu’il leur présente… D’où une véritable chasse aux sorcières ciblant tous ceux qui émettent des avis divergents et qui bénéficient de relais médiatiques. »
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