L’aviation séoudienne a commis un nouveau massacre au Yémen en attaquant les locaux du parti politique du président Ali Abdallah Saleh, renversé par un coup d’État soutenu par le régime wahhabite en 2011. L’attaque avait pour but notamment de mettre fin aux tentatives de l’Organisation des Nations unies (ONU) d’obtenir un cessez-le-feu humanitaire : une réunion se déroulait au même moment entre des membres du Congrès général du peuple (Al-Mo’tamar Ash-Sha’abiy Al-‘Aam) et Ismaïl Ould Cheidkh Ahmed, l’émissaire de l’ONU pour le Yémen, mais dans une autre partie de la ville. L’attaque nocturne a fait plusieurs morts parmi les employés, gardiens de nuit ou factotums.
Peu avant, Ismaïl Ould Cheidkh Ahmed avait rencontré le chef des rebelles pro-séoudiens à Riyad.
« C’est une tentative de faire échouer les efforts de l’émissaire de l’ONU »,
a commenté une représentante du Congrès général du peuple.
Malgré le caractère triplement criminel du bombardement, touchant un parti politique, tuant des innocents et visant un haut représentant de l’ONU, l’attaque n’a été condamnée par aucun pays de la « communauté internationale ».
Les terroristes ont mené plusieurs autres attaques depuis dimanche, contre des cibles militaires yéménites, mais aussi un raid sanglant contre un marché d’une ville de la province de Lahj (sud), faisant 23 morts selon une source gouvernementale locale, 45 selon une autre.
Les violences dans ce conflit, dans un pays qui en a connu plusieurs depuis sa réunification en 1990, ont fait plus de 3 000 morts depuis le début de l’année. Les rebelles séoudiens, malgré un très important soutien – des pays islamistes (outre l’Arabie séoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis, le Soudan, le Pakistan ainsi que l’Égypte, le Maroc) et des États-Unis qui apportent un soutien logistique et l’aide de leurs services secrets à la coalition anti-yéménite –, contrôlent la plus grande partie du territoire habité dans l’ouest du Yémen. Ils bénéficient de larges soutiens populaires au-delà des seules réalités ethniques. Les rebelles, malgré les soutiens internationaux, n’ont cessé dereculer depuis plusieurs mois et ne peuvent plus, dans l’ouest du pays, que défendre certaines positions à Aden, le grand port du sud-ouest essentiellement. Ils restent dominants dans les régions les plus déshéritées du pays à l’est où ils peuvent s’appuyer sur les indépendantistes du Sud. Ces dans ces zones que le groupe local de La Base (el-Qaïda) est particulièrement actif et disposent de camps d’entraînement et de bases opérationnelles qui lui ont permis de commettre de nombreux crimes ces derniers mois.