La situation s’est brutalement détériorée hier en Ukraine, alors que la nuit précédente avait été marquée par l’accident d’un jeune opposant tombé en fuyant les forces de l’ordre et qui serait mort. La police s’est mise en marche tôt mercredi matin pour mettre fin au campement des opposants à Maïdan et les affrontements ont immédiatement repris dans le quartier du parlement. Les forces de l’ordre, dépassées par la violence des opposants ces derniers jours, ont réprimé avec force les opposants. Rapidement, la rumeur de la mort de deux manifestants tués par balles s’est répandue.
(Carte réalisée par Le Monde)
Les autorités ont confirmé la mort de Sergueï Nigoyan (20 ans), un nationaliste arménien (né en Ukraine de parents arméniens) qui s’était installé à Maïdan, le quartier occupé par les opposants au gouvernement, il y a un mois et demi. Il y était devenu une figure connue, apparaissant sur de nombreuses photos et vidéos.
Le groupe national-socialiste WotanJugend a confirmé la mort d’un deuxième opposant, le militant révolutionnaire, Mikhail Zhiznevsky (25 ans).
Les affrontements se sont poursuivis dans la matinée, les policiers avançant prudemment pour démonter les barricades et reculant parfois sous l’assaut des manifestants, attaquant essentiellement avec des cocktails molotov. Les forces de l’ordre ont fait intervenir un blindé pour venir à bout de certaines barricades de la rue Grouchevski.
Les violences se sont poursuivies durant l’après-midi, pendant des pourparlers entre le président ukrainien Viktor Ianoukovitch et trois dirigeants de l’opposition dont le chef de Svoboda Oleg Tiagnibok, et jusqu’à tard hier soir.
Un bilan publié hier soir par l’opposition faisait état de 5 morts et 300 blessés (et 1 700 depuis dimanche). La police a arrêté au moins plusieurs dizaines de personnes, mais aucun chiffre précis n’a été diffusé. Dans les rangs des forces de l’ordre, le dernier bilan, portant sur les violences depuis dimanche faisait état de 129 blessés.
Sur le plan politique, le gouvernement a annoncé qu’il réprimerait les actions des « terroristes ».
« Si demain le président ne répond, nous passerons à l’offensive »
a déclaré Vitaly Klitschko, chef du parti libéral, lancé à la poursuite d’un mouvement radicalisé sur lequel il paraît avoir peu de contrôle.
Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a rencontré des représentants de l’opposition hier, le nationaliste Oleg Tiagnibok, le libéral Vitaly Klitschko et Arseni Iatseniouk, mais les négociations de trois heures se sont terminées par un échec, le gouvernement exigeant l’arrêt des manifestations, l’opposition le retrait des dernières lois, la démission du gouvernement et la tenue d’élections.
Au niveau international, Vladimir Poutine a apporté son soutien au gouvernement ukrainien, dénoncé les manifestations d’extrémistes et a demandé aux gouvernements étrangers de ne pas favoriser l’opposition.
Par la voix du président de la Commission européenne Manuel Barroso, l’Union européenne a « déploré dans les termes les plus forts l’usage de la force et les violences », annonçant l’étude de « possibles actions et les conséquences pour nos relations avec ce pays ».
L’opposition s’est manifestée dans plusieurs villes de l’ouest, particulièrement à Lviv, mais aucune n’a connu des affrontements avec les forces de l’ordre tels qu’à Kiev.
Dans la capitale, aucun mouvement n’a été constaté cette nuit, les deux camps demeurant séparé par une longue barrière de pneu enflammés, avant le retour des violences annoncées ce matin.
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