Divine surprise pour le gouvernement Ayrault-Hollande en plein naufrage : la détention de quatre otages, enlevés au Niger en 2010 et détenus au Mali, s’est achevée après trois ans et une quarantaine de jours. L’événement a été habilement organisé médiatiquement. Deux ministres du gouvernement, Jean-Yves Le Drian et Laurent Fabius, étaient sur place au Niger pour accueillir devant les photographes les otages libérés. C’est François Hollande, depuis la Slovaquie, qui a rendu public l’heureux dénouement.
Les quatre Français étaient séquestrés par le groupe terroriste AQMI. Les islamistes avaient réclamé à plusieurs reprises le paiement d’une rançon. Dans une vidéo rendue publique le 16 septembre, les otages appelaient à nouveau les autorités à négocier. Une ressortissante française, enlevée en même temps que les quatre hommes, avait été libérée après cinq mois de séquestration. Peu après, AQMI avait réclamé le paiement pour les quatre derniers otages de 90 millions d’euros.
La libération a été rendue possible grâce à l’action de la présidence nigérienne, saluée par tous. Mais comme à l’accoutumée, les ministres français ont refusé de préciser le montant de la rançon versée par la France aux ravisseurs.
« Il n’y a pas eu d’assaut. Il y a eu une initiative prise par les réseaux du président Issoufou qui a permis une libération sans heurt. […] Non la ligne du gouvernement et du président de la République c’est : “pas de rançon”. On ne joue pas à cela. »
a déclaré le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, comme si la libération était le fruit d’un miracle et que les islamistes, après avoir détenu les otages pendant plus de 37 mois, les avaient rendus sans compensation.
Son homologue des Affaires étrangères a renchéri :
« Ce que je peux vous dire c’est que la France ne paye pas de rançon, c’est clair et net. »
François Hollande s’était rendu au Mali le 19 septembre et avait pourtant déclaré « chercher les meilleurs contacts pour retrouver les otages » ; quelques jours plus tard, les 12 et 13 octobre, Jean-Yves Le Drian était allé, secrètement, au Niger. Depuis plusieurs jours, différentes sources, démenties par le gouvernement français, évoquaient la présence d’émissaires au Sahel en vue de négocier la libération des otages.
En avril 2013, une rançon de sept millions de dollars (accompagnée de la libération de 16 combattants islamistes nigérian emprisonnés au Cameroun) a été versée en contrepartie de la libération d’une famille de sept personnes retenue au Nigéria, grâce à l’intervention de la présidence camerounaise et possiblement payée par le groupe GDF-Suez.
Au lendemain de la libération, le gouvernement nigérian, dont François Hollande avait obtenu qu’il s’abstienne de toute action, avait lancé une violente offensive contre les positions islamistes, détruisant un village et faisant 180 morts.
Ce serait donc ou les fonds du Niger, dont le président est un socialiste de la même génération et proche de François Hollande – mais dont il est difficile d’imaginer qu’il a payé plusieurs millions d’euros sans rien obtenir de la France -, ou les fonds d’Areva qui auraient servi à la libération des otages. Et au financement du groupe islamiste AQMI, dans une région où la France a engagé d’importants moyens humains et financiers pour combattre ces mêmes groupes ces derniers mois.