Ci-dessous un texte sur le Liban de notre ami M. Claude Timmerman, commis en 2008, il y a presque vingt ans, mais qui hélas n’a pas pris une ride !
Depuis lors, des centaines de milliers de morts, et quinze ans plus tard, grâce à l’indifférence internationale quand ce n’est pas carrément l’approbation, on en est visiblement toujours au même point ! Seules différences depuis :
- Une radicalisation prosioniste européenne accrue héritée du « rehaussement des relations avec Israël » voulues et mises en place par Nicolas Sarkozy lors de l’exercice de la présidence tournante de l’Union Européenne par la France (janvier juillet 2008)
- Une détestation quasi-mondiale accrue d’Israël liée aux débordements de la répression la plus sauvage dictée par les extrémistes kahanistes qui y ont pris le pouvoir permettant à Netanyahu de se maintenir au pouvoir alors que l’état israélien avait atteint un point de rupture ne pouvant mener qu’à sa décomposition au début 2024.
On peut affirmer que sans le pogrom du 7 octobre qui a provoqué une temporaire union sacrée des Israéliens, jamais Netanyahu n’aurait pu se maintenir au pouvoir !
Il est toujours plaisant de souligner les silences médiatiques : ils sont rarement innocents et ils dénotent toujours une volonté claire de non information sur des sujets qui gênent la propagande du « politiquement correct ». Les récents événements du Liban en sont une parfaite illustration.
Depuis des décennies Le Liban est présenté comme en proie à une guerre civile larvée opposant principalement la communauté musulmane majoritairement chiite, proche de la mouvance syrienne et leader politique du pays à la communauté chrétienne majoritairement maronite cantonnée actuellement dans l’opposition…
Au milieu de tout cela, on observe des incursions sporadiques israéliennes censées devoir mettre l’état hébreu à l’abri d’incursions possibles d’extrémistes musulmans dont le Hezbollah, proche des fondamentalistes iraniens et retranché dans les camps palestiniens de réfugiés au nord de Beyrouth…
De temps à autre depuis des décennies on observe des « bavures » comme les odieux massacres de Sabra et Chatila, initiative des tueurs de Sharon hélas secondés par certains éléments de l’armée chrétienne libanaise…Diviser pour régner est une tactique aussi vieille que le monde !
Alors que depuis près d’un an il était impossible de procéder à l’élection du président de la république tant les communautés étaient considérées comme divisées – surtout depuis l’assassinat de Rafic Hariri aussitôt imputé, par « la vindicte populaire et la mouvance médiatique réunies », entre autres par le druse Walid Djomblat (nous y reviendrons), à la Syrie et à ses sympathisants locaux – que s’est-il donc passé ?
Rien, ou presque : durant une petite semaine, les milices du Hezbollah ont fait le ménage dans les quartiers musulmans de Beyrouth ouest en prenant bien soin de remettre au fur et à mesure les positions conquises entre les mains de l’armée régulière libanaise et en se refusant simultanément à tout débordement et à toute incursion dans les quartiers chrétiens.
Et comme par enchantement les communautés chrétiennes et musulmanes se sont retrouvées, et le pays s’est enfin réuni autour de sa classe politique. Le nouveau président de la république a pu être aussitôt élu conformément à la constitution : un chrétien maronite, en l’occurrence le général Slimane, ancien chef d’état major des armées…
Depuis trente ans, entre chrétiens libanais et les envahisseurs sionistes sporadiques existait une certaine collusion. Elle a prit fin lors des dernières incursions israéliennes, que rien ne motivait au niveau national libanais, et qui plaçaient les chrétiens libanais en porte à faux vis à vis des autres communautés nationales : l’été 2006, les chrétiens, eux mêmes menacés, n’ont pas hésité à offrir l’hospitalité aux dizaines de milliers de musulmans chiites du sud Liban pourchassés et écrasés par les bombardements israéliens…
Comme le soulignait récemment le docteur Agostino Sanfratello :
« Le général Michel Aoun pour les chrétiens et Sayyed Hassan Nasrallah pour le Hezbollah et les chiites, avaient déjà et heureusement posé les prémices nécessaires et les fondements solides de cette unité concrète et nouvelle avec le Document d’Entente qu’ils ont signé dans la crypte de l’église saint Michel à Beyrouth le 6 février 2006. »
Et ce qui est le plus formidable, c’est qu’aucun commentateur n’a donné à ce fait le moindre retentissement.
Faut-il que cela soit gênant pour les combines géostratégiques de certains fauteurs de guerre au Moyen Orient, par ailleurs grands commanditaires de la presse internationale !
On a même pas vu notre ineffable Bernard Kouchner – pourtant capable des commentaires hystériques les plus subtils comme lorsqu’il clamait à Beyrouth « qu’il serait temps que les Libanais soient un peu moins Libanais » sic ! La vidéo sur Daily Motion a fait le tour du monde des internautes – faire le moindre commentaire devant cette nouvelle situation, pourtant majeure, pour l’équilibre du Moyen Orient.
Mais est-ce bien là ce qu’un Kouchner pouvait souhaiter ?
La sympathie, pour ne pas dire plus, qui l’unit à Israël et aux Etats-Unis – à tous ces judéo-ricains rebaptisés par la presse politiquement correcte « atlanto-sionistes » – lui interdit sans doute de manifester la moindre satisfaction devant la fin d’une crise que ses « amis » s’employaient à pérenniser et à intensifier depuis des lustres : ce dénouement historique confirme ainsi définitivement le rôle d’Israël et du sionisme international dans le conflit libanais !
Certains lecteurs vont pieusement s’insurger contre une telle analyse découlant, diront – ils selon la formule consacrée, « d’un antisionisme primaire et d’un antisémitisme sporadique et viscéral ».
Pourtant des preuves existent.
Nous commencerons par rappeler un texte de 1963 particulièrement éclairant, document repris d’ailleurs en son temps par Roger Garaudy dans son ouvrage: « Les mythes fondateurs de l’état d’Israël ».
Il s’agit d’un article publié à Jérusalem par l’Organisation Sioniste Mondiale dans la revue Kivounim « orientations » ( n°14 – p 19) où l’auteur brosse les grandes directions des plans stratégiques israéliens à l’horizon 80 :
«…En dépit des apparences, le front Ouest présente moins de problèmes que celui de l’est. La partition du Liban en cinq provinces…préfigure de qui se passera dans l’ensemble du monde arabe. L’éclatement de la Syrie et de l’Irak en régions déterminées sur la base de critères ethniques ou religieux doit être, à long terme, un but prioritaire pour Israël, la première étape étant la destruction de la puissance militaire de ces états. Les structures ethniques de la Syrie l’exposent à un démantèlement qui pourrait aboutir à la création d’un état chiite le long de la côte, d’un état sunnite dans la région d’Alep, d’un autre à Damas, et d’une entité druze qui pourrait souhaiter constituer son propre état -–peut être sur notre Golan – en tout cas avec l’Houran et le nord de la Jordanie…Un tel état serait à long terme une garantie de paix et de sécurité pour la région. C’est un objectif qui est déjà à notre portée.
Riche en pétrole, et en proie à des luttes intestines, l’Irak est dans la ligne de mire israélienne. Sa dissolution étant pour nous plus importante que celle de la Syrie, car c’est lui qui représente, à court terme, la plus sérieuse menace pour Israël.» (1)
Ainsi, l’essentiel des drames et des guerres que nous voyons se dérouler depuis quelques années au Moyen Orient est l’œuvre planifiée et annoncée de la politique israélienne, secondée par ses exécutants fidèles : les faucons américains reconvertis en mercenaires de Tel Aviv.
Nous renverrons ceux qui n’en seraient toujours pas convaincus à une conférence d’Israël Shamir, écrivain juif israélien engagé, prononcée dans le cadre du colloque « Dialogue entre civilisations » tenu à Kiev, Ukraine, en Juillet 2003 :
«…L’orthodoxie, l’islam, la catholicité et les juifs authentiquement croyants vivent très bien ensemble, en Palestine. Ils vivent dans les mêmes villages, ils prient dans les mêmes temples. Nos musulmans prient dans la Basilique de la Nativité, à Bethléem, à côté des orthodoxes et des catholiques. La Palestine est un modèle pour le monde, et notre monde merveilleux et multicolore ressemble à une mosaïque somptueuse ou encore à un tapis persan. Ce modèle de globalisation préserve sa diversité dans l’harmonie de ses composantes et de son tout, la paix de l’âme et la solidarité entre les hommes, et c’est en cela que réside la mondialisation des hommes de bonne volonté.
Mais, aujourd’hui, triomphe une autre variante de globalisation. Leur globalisation à eux, immerge le tapis persan dans un dissolvant, et il en ressort d’une seule couleur : celle du fric.
Pour ceux qui s’opposent à une telle globalisation, les châtiments ont été préparés, et pour eux a été prédestinée la théorie du Conflit éternel entre les civilisations.
Quant au sort du malheureux Irak, avec ses musées incendiés et pillés et ses ministères occupés, il nous apprend à prendre les menaces du président Bush au sérieux.
Les politologues américains ont imposé l’idée du conflit entre civilisations afin de justifier leur guerre contre le monde musulman. Mais nous savons bien que les musulmans révèrent, eux aussi, Jésus, qu’ils le respectent comme le Christ – Sauveur et qu’ils croient que c’est seulement grâce à sa puissance qu’il sera possible de vaincre l’Antéchrist.
Il nous est bien difficile d’admettre l’existence d’un Axe du Mal.
Quelles sont donc ces forces américaines qui veulent nous entraîner dans une nouvelle guerre mondiale ?
Quelle civilisation proposent-elles dans le schéma des civilisations ?
Il serait difficile de les assimiler à l’Europe occidentale, dans la mesure où les Européens de l’Ouest regardent l’Amérique avec horreur et inquiétude.
C’est pourquoi, afin de comprendre et d’expliquer les événements passés, nous introduisons dans notre schéma des civilisations un facteur complémentaire – le facteur X. Le facteur X est extraterritorial, et en cela, il est susceptible d’agresser une aire d’influence pratiquement illimitée : son aire d’expansion est mondiale. En même temps, comme les autres civilisations satisfaites d’elles-mêmes, le facteur X ne connaît pas la retenue.
Parmi ses caractéristiques:
– Le caractère vindicatif.
(La guerre contre l’Afghanistan désarmé s’est déroulée sous la devise « venger le 11 septembre »)
Il éprouve une véritable haine pour la solidarité humaine, en laquelle il voit le « totalitarisme».
– Les narcotiques.
(L’Afghanistan a été conquis après que les Talibans eurent détruit les plantations de pavots à opium, et après la conquête de l’Afghanistan, la production d’opium retrouva des niveaux encore jamais atteints. Depuis la prise de Bagdad, l’Irak est submergé par les narcotiques, qui ne pénétraient pas dans ce pays du temps de l’horrible Saddam Hussein.)
– Une terreur paranoïde devant les citoyens, et la volonté de tous les désarmer.
– L’amour des très riches et la haine et le mépris pour les travailleurs.
– Les Banques, les usuriers, la création de systèmes de prêts qui asservissent des pays entiers.
Le facteur X, c’est la mutation extrêmement dangereuse et particulièrement agressive de l’âme juive, acclimatée en terrain anglo-saxon.
Quelle idée étrange et monstrueuse, dites-vous ?
Mais non, cette idée vient à l’esprit de beaucoup de gens, juifs et non-juifs.
Ainsi, par exemple, l’un des plus influents idéologues du judaïsme, le rabbin Shmuel Botejach écrit dans un éditorial programmatique publié le 19 mars dernier dans le Jérusalem Post : «L’antiaméricanisme, c’est l’antisémitisme », et « L’Amérique, c’est les juifs d’aujourd’hui ».
Il poursuit : « Autrefois, on accusait les juifs de comploter afin de prendre le contrôle du monde, et maintenant, c’est ce dont on accuse l’Amérique ! »
Mais le rabbin Botejach reconnaît la véridicité de cette accusation. Il écrit : « L’Amérique et les juifs sont en train de s’associer afin de prendre le contrôle du monde. Mais il s’agit d’une conquête plutôt idéologique que militaire, et vous pouvez être certains que lorsqu’ils rendront ce monde, il sera en bien meilleur état que lorsqu’ils l’auront pris. »(…)
Ce sont des idées, mais elle sont assénées au moyen des missiles ailés «Tomahawk » !
Quant à la coopération entre l’Amérique et les juifs, elle répond au principe: « La voix, c’est la voix de Nakov, quant aux mains, ce sont celles d’Isaïe », c’est-à-dire : les idées sont juives, mais les armes sont américaines. Ces idées, quelles sont-elles ?
Je vous citerai un article récent de Pfaff dans le New York Times, dans lequel il décrit le groupe des hommes politiques les plus influents dans l’exécutif américain….
« … On pourrait ajouter à ces noms juifs des dizaines d’autres, au Département d’Etat, dans les Universités, au Congrès, à la Chambre des Représentants. – et tous ont le même petit défaut : ce sont les disciples du politologue allemand, juif et nationaliste, Léo Strauss ».
Strauss professait une vision du monde antidémocratique et totalitaire, selon laquelle c’est une élite qui doit détenir le pouvoir – de préférence, une élite juive – avec un certain nombre de goyim ( pas trop, tout de même ) pour donner le change. Strauss préconisait de mentir au pays, tant il méprisait les gens ordinaires. C’est cette idée juive, qui s’est imposée en Amérique, et qu’aujourd’hui l’élite américaine s’efforce d’imposer au monde entier…»
On peut difficilement être plus explicite !
Et il doit être clair pour tous que les chrétiens sont considérés partout par Israël comme des adversaires, au même titre que les musulmans. Il est d’ailleurs curieux de constater que la dégradation du monde chrétien dans le Moyen Orient est toujours liée à l’accroissement de la l’influence et de la puissance israélienne.
C’est Israël, par exemple, qui avait osé refuser à Arafat sa venue pour la messe de minuit à la grotte de Bethleem où il venait chaque année. Tout un symbole…En Irak, les églises, assyrienne et chaldéenne, sont aujourd’hui fortement menacées alors qu’elles étaient relativement prospères à l’époque de Saddam Hussein.
Si le Liban semble, provisoirement du moins, sorti du piège, l’Irak et l’Afghanistan y ont sombré.
C’est bien aujourd’hui au tour de la Syrie et de la Jordanie de s’inquiéter: ne voit-on pas, comme par hasard en ce moment des reportages sur la « démilitarisation éventuelle et la restitution possible » du Golan?
Après avoir fait privilégier les Kurdes contre les musulmans en Irak (même au détriment de la stabilité de la Turquie !) ne verrait-on pas se dessiner maintenant une promotion politique artificielle des Druses ?
Curieux non cette propension politico-médiatique à suivre le déroulement de plans sionistes tracés voici cinquante ans…jamais remis en cause depuis ? On ne peut plus parler de coïncidences !
L’Iran, la Syrie et la Jordanie sont donc avertis.
Mais parviendra-t-on enfin à dessiller les yeux des acteurs internationaux ?
C’est bien LA question…
Notes :
(1) La traduction complète faite par Shahak a été éditée en 2015, et rééditée depuis avec en addendum le document stratégique « Clean Btreak » prônant la nette rupture (c’est son titre) avec la plupart des états musulmans voisins. https://sigest.fr/2015/12/12/le-plan-sioniste-pour-le-moyen-orient-nlle-edition/