Pour la prochaine guerre régionale entre l’Axe et ‘Israël’ : il faut séparer les fronts, bombarder le Hezbollah et dissuader l’Iran par « la menace existentielle »
La guerre régionale multi-fronts hante les experts israéliens. Depuis la dernière guerre contre la Bande de Gaza le mois de mai dernier, baptisée Épée d’al-Qods pour les Palestiniens et Gardiens du mur pour les Israéliens, ce scénario s’est avéré plus plausible, au fur et à mesure que l’Axe de la résistance se dessine et se manifeste. Au terme de cette bataille de 11 jours, le secrétaire général du Hezbollah avait établi une nouvelle équation : une guerre régionale contre la ville sainte d’al-Qods
Plusieurs signes avant-coureurs sur le schéma que prendra cette guerre se sont manifestés durant cette bataille (Ils ont été précisés par le chercheur israélien pour l’Institut de Politique et de stratégie d’Herzliyya Denis Strenovitch, dans une étude traduite par le Centre des études palestiniennes) :
- la coordination entre le Hezbollah, et les Gardiens de la révolution avec le Hamas et le jihad islamique, dans le cadre d’une salle d’opérations conjointes à Beyrouth, sous la supervision directe du chef de la force al-Qods le général Esmail Qaani. C’est à partir de cette salle que l’opération terrestre israélienne baptisée Metro a été avortée. Les Israéliens ont appris aussi via les médias arabes que tenants de l’Axe ont tenté durant cette bataille de déceler les failles du système antimissile israélien Dôme de fer (Iron Dome).
- il y a eu des tirs de missiles depuis le Liban à trois reprises. Et quelques tirs depuis la Syrie.
- à cela s’ajoute l’aide proposée par l’organisation yéménite Ansarullah aux palestiniens de lui fournir les datas des cibles israéliennes, pour les bombarder depuis le Yémen.
- et puis, les factions irakiennes ont exprimé à plusieurs reprises qu’elles sont disposées à donner un coup de main dans toute bataille pour la Palestine. Elles ne sont pas intervenues en mai dernier mais pourraient très bien le faire la fois prochaine.
Autre atout de force décelé par l’étude : tous les protagonistes de l’axe de la résistance sont dotés d’équipements militaires iraniens, dont entre autres et surtout des drones armés et des missiles capables de nuire au front interne israélien.
Les experts militaires israéliens ne se lassent de prévoir que la prochaine bataille sera sur le « sol israélien »,
Cette indépendance très spécifique à l’Axe consolide la menace qu’il fait peser sérieusement sur l’entité sioniste. L’indépendance militaire a toujours fait défaut aux pays arabes qui ont combattu Israël : ils dépendaient soit de l’industrie militaire américaine ou soviétique.
Autre atout : l’expertise militaire que toutes les composantes de cet axe ont accumulée au fil des années de guerre et de conflits dans la région et qu’elles ont échangées et partagées entre elles. L’auteur de l’étude considère que c’est le Hezbollah qui a joué un rôle central dans leur formation et entrainement que ce soit en Irak, en Syrie ou au Yémen.
En cas de guerre, les experts israéliens s’attendent entre autres à des attaques depuis les zones frontalières avec la Palestine occupée et appréhendent des frappes contre la force aérienne israélienne, l’atout de force principale de la supériorité israélienne. En 2006, c’est la force maritime qui a été mise hors d’état de nuire.
Pour contrecarrer cette action concertée, Denis Strenovitch suggère d’œuvrer pour séparer les fronts pour dissuader ses parties de participer à la guerre.
Séparer les fronts a été longtemps le mode opératoire de l’action américano-israélienne avec les pays arabes, notamment ceux situés autour de la Palestine occupée, au terme des guerres avec eux.
« Des actions politiques, d’intelligence ou autres sont recommandées pour dissuader les factions irakiennes et l’organisation houthie de faire part à la bataille »,
propose le chercheur israélien.
C’est dans cette perspective qu’il faut percevoir les dernières manœuvres électorales en Irak, destinées à affaiblir le Hachd al-Chaabi, dans le but manifeste de le dissoudre. Manœuvres conduites avec la collaboration des Américains, des régimes arabes golfiques et d’agents locaux internes.
« Israël devrait être disposé opérationnellement à mener une confrontation sur les deux fronts irakien et yéménite à la lumière d’un scénario d’escalade dans l’avenir, et l’armée devrait développer ses capacités de renseignements qui puissent dissuader les Houthis et les milices chiites de rejoindre la bataille »,
conseille-t-il .
Sur la scène yéménite les agents saoudiens et émiratis semblent s’en charger dès maintenant, non sans grandes difficultés.
L’expert recommande de se concentrer sur le front libanais en particulier et en cas de guerre de bombarder violemment les sites du Hezbollah, considéré comme étant le poids lourd de cet axe. De sorte qu’il ne parvienne pas à mener a bien les opérations de coordination entre les différentes factions.
Les pressions exercées sur le pays du cèdre et par derrière sur le parti de la résistance pour lui en imputer les causes de la crise ne semblent étrangères à ces manœuvres destinées à l’entraver dans ses efforts de mener à bien la bataille.
Concernant l’Iran, considéré comme étant le seul capable de « clore » la bataille, des activités devraient être mises en œuvre pour le pousser à aller dans ce sens. La menace existentielle devrait lui être brandie, suggère Strenovitch qui croit deviner que c’est le seul point qui le dissuade, à la lumière des expériences passées. Et ceci en incombe aux États-Unis, les seules capables de le réaliser.
« Les États-Unis et Israël devraient réfléchir sur la manière de réaliser l’idée qui pourrait pousser l’Iran à donner ses prescriptions aux organisations qui tournent autour de son axe pour œuvrer pour mettre fin à la bataille »,
insiste-t-il.
Sans le partenariat stratégique et opérationnel avec les États-Unis, l’expert ne voit pas comment Israël peut réaliser ses objectifs militaires et politiques. Un atout qu’il faut à tout prix conserver et renforcer… Mais un point de faiblesse aussi !
Source : french.almanar.com.lb