La Russie s’est dotée d’une incontestable supériorité dans les armes stratégiques et elle dispose de toutes les matières premières sur son sol pour conduire la guerre, notamment, le nerf de la guerre, le pétrole. Elle se trouve dans une position bien plus favorable que l’Allemagne qui devait produire l’essentiel de sa consommation en pétrole à partir du charbon, qui partait avec dix fois moins de chars que l’URSS (3 000 panzers contre 30 000 T34 et autres) et qui se battait sur deux fronts contre trois superpuissances, l’URSS, les USA et la GB.
À notre avis, dans ces conditions, toutes les comparaisons entre la Seconde Guerre mondiale et la guerre en Ukraine, non seulement sont abusives en raison de l’énorme disproportion entre les forces engagées à l’époque et celles d’aujourd’hui, mais en plus, elles pourraient bien se retourner à l’encontre de ceux qui les font et mettre en réalité en exergue l’indécision de Poutine et ses piètres qualités de chef de guerre.
Déjà, on a commencé par comparer Artemosk, à Stalingrad, or, il a fallu à Poutine 224 jours pour faire tomber cette ville de 70 000 habitants, tandis que Staline (ou Joukov) l’a emporté sur la Volga en 200 jours (bataille du 11 juillet 1942 au 2 février 1943), rien que là, ça pose problème.
Ensuite, on va nous dire que comme les Allemands après Stalingrad, les Ukrainiens vont tenter de reprendre l’initiative par une contre-offensive à Zaparojié où ils sont en train de se casser les dents comme les Allemands à Koursk. Deuxième problème, encore plus gros, c’est qu’à Koursk, les deux camps avaient envisagé la contre-offensive russe après une courte phase défensive: est-ce que quelqu’un a entendu parler d’une contre-offensive de Poutine suite au blocage de l’offensive de l’Ukraine ?
L’essentiel est dit dans ce qui précède, mais puisqu’on nous a poussé à faire la comparaison avec Koursk, et après tout, pourquoi pas, il faut toujours voir ce que l’histoire a à nous apprendre, essayons au moins de pousser la comparaison au-delà de la simple métaphore idéologique (selon laquelle, en gros, l’OTAN et l’Ukraine sont les méchants agresseurs nazis dont on va bloquer l’attaque insensée et inconsidérée pour ensuite les renvoyer chez eux).
Nous allons pour cela nous appuyer dans toute la suite sur le livre monstrueusement intelligent de Roman Töppel, Koursk, 1943, traduction française publiée par notre ministère des Armée. Il faudrait retaper les 260 pages, mais on a fait autrement, on a regardé l’index et on s’est fié aux deux plus grosses entrées (après Hitler), à savoir : Manstein (au sud de Koursk) et Model (au nord de Koursk), pour le premier l’index renvoie à 41 entrées et pour le second 48. Töppel est un chercheur allemand, il part du point de vue allemand et de la documentation allemande, c’est une chose qu’il faut garder à l’esprit (Joukov, n’apparaît que 4 fois dans l’index!), malgré tout, nous espérons avoir retrouvé les points les plus intéressants du livre, ceux en tout cas qui vont se retrouver dans l’actuelle bataille en Ukraine.
1 – Planification de la contre-offensive russe
Même si chronologiquement ce n’est pas le premier point qui apparaît, analytiquement, c’est la plus importante différence que nous voyons avec le Donbass, c’est en tout cas celui qui nous a poussé à rédiger cet article : pour Koursk, la contre-offensive russe était planifiée avant même la bataille (qui débute le 4 juillet), et ce, par les deux camps.
Le plan allemand prévoit une attaque en pince sur le saillant de Koursk tout en étant bien conscient que les bases de la pince, Orel au nord et Donets (ou Donetsk) au sud sont elles-mêmes menacées d’être attaquées par les Russes, le jeu, c’est de terminer la manœuvre sur Koursk avant que les Russes puissent démarrer leurs attaques.
Côté russe, l’alternative est simple, attaquer tout de suite dans les deux directions citées (Orel et Donets) ou parer l’attaque allemande, puis attaquer, ils optent pour la deuxième solution :
p.201 – La planification soviétique pour la campagne de l’été 1943 a prévu, dès avril, que l’Armée rouge, après avoir contré l’opération Citadelle [nom allemand de l’opération], mènerait à son tour de puissantes contre-offensives. Au nord du saillant de Koursk, le Front de l’Ouest, le Front de Briansk et le Front du Centre reçoivent pour mission de préparer une attaque sur le saillant d’Orel [«Front» avec un «F» désigne la plus grosse subdivision de l’Armée rouge, c’est aussi une innovation organisationnelle en ce sens que chaque Front est une petite armée autonome qui dispose de tout: canons, chars, avions et DCA … comme Wagner aujourd’hui].
P.202 – Le commandement allemand s’attend certes à des contre-offensives soviétiques, mais il n’a pas d’idée précise sur les moyens engagés ni sur la puissance du coup qui se prépare.
p.212 – Planifiée et préparée depuis le printemps, l’offensive vers Kharkov est le coup principal que doit porter l’Armée rouge à l’été 1943 [en réalité, cette tentative sera contrecarrée par les Allemands et les Russes devront attaquer plus au sud par Donets].
On pose donc de nouveau la question cruciale, où donc Poutine a-t-il prévu de contre-attaquer aujourd’hui ? Nulle part, il se contente de parer les initiatives de l’OTAN.
2 – Considération sur le taux de perte
On répliquera que le but de la posture défensive de Poutine n’est pas tant le terrain gagné ou perdu que l’usure en effectif et en matériel de l’Ukraine et de l’OTAN, en oubliant que ce n’était pas là le raisonnement de l’Armée rouge, mais celui de la Wehrmacht: soit par encerclement du potentiel offensif du saillant de Koursk, soit durant les combats. Et en oubliant surtout que malgré un rapport de pertes de 1 à 5 en faveur des Allemands, ce sont eux qui ont perdu la bataille et la guerre.
p.11 (préface de Jean Lopez) – À force de fortifier le contre-mythe de « l’art opératif soviétique », l’on a fini par passer sous silence que l’Armée rouge devait sacrifier cinq hommes, cinq chars et cinq avions pour en détruire un seul en face.
p.34 – Le jour suivant, Hitler rend encore une fois visite au quartier général du groupe d’armées Sud, à Zaparojié. Manstein répète à cette occasion son souhait de voir éliminer, avant la boue, le saillant formé autour du Koursk. Hitler répond qu’on ne peut pas « laisser disparaître ce saillant. On y perdrait la possibilité d’offensives plus petites ». De grandes opérations, continue Hitler, ne sont pas possibles dans la période à venir. « Grâce à des frappes répétées, nous devons garder l’initiative et maintenir si possible le rapport de perte à 1 pour 10. Le Russe doit être systématiquement affaibli, moins par des divisions qu’avec des armes modernes. Et ensuite on devra tenir et défendre ! ».
Choïgou, Poutine, des critiques ou des remarques sur les conceptions d’Hitler?
3 – Décision du plan et de la date de l’offensive
Comme on a commencé à le voir avec la citation précédente, Hitler n’était pas chaud du tout pour cette grande attaque en pince.
p.44 – Hitler, souvent décrit par les mémorialistes comme « incorrigible », est donc, au printemps et à l’été 1943, encore une fois prêt à écouter ses généraux et à se laisser persuader par leurs arguments. On en reste donc là: l’offensive Citadelle sera non seulement la première conduite après la période des boues, mais encore, le saillant sera-t-il attaqué selon les vœux des commandants en chef des groupes d’armées Centre et Sud et contre l’opinion d’Hitler. [Tant qu’à faire d’attaquer le saillant, Hitler proposait de l’attaquer non pas en pince, mais frontalement, en venant du côté ouest]
p.50 – Comme Zeitler l’espérait, Klug et Manstein se rangent à son avis et se prononcent contre un nouveau report de l’offensive, Kluge se déclare néanmoins en faveur d’un délai supplémentaire de quelques jours jusqu’au 11 ou 12 mai. Mais il s’élève avec véhémence contre un renvoi de l’offensive en juin et lâche qu’il tient le pessimisme de Model pour exagéré. À quoi Hitler répond que le pessimiste n’est pas Model, mais lui, Hitler. [Model avait vu que les défenses au nord de Koursk étaient impressionnantes et qu’il faudrait six jours pour les passer, soit le délai prévu par le plan allemand pour atteindre Koursk]
Zelensky, des remarques ou des critiques sur les préventions d’Hitler avant l’attaque ?
4 – Décision sur l’arrêt de l’offensive
p.190 – Le field-maréchal von Manstein s’assure par lui-même du succès de la 4e armée panzer. « Dans toutes les unités visitées ce jour-là, les chefs se disent sûrs, après avoir surmonté des débuts difficiles, de voir clairement apparaître chez l’ennemi des signes indiquant le début d’un fléchissement ». Manstein est de ce fait certain que la percée opérationnelle de ses forces se dessine, et que la victoire dans la bataille de Koursk est à portée. L’Armée rouge a perdu sur la face sud du saillant environ 1 200 chars et automoteurs contre seulement 200 aux unités de Manstein. Le 13 juillet pourtant, Manstein est mandé au Wolfschanze, le quartier général du Führer près de Rastenbourg, en Prusse-Orientale, où Hitler lui communique sa décision d’interrompre Citadelle.
p.192 – Ce qui préoccupe avant tout Hitler est la menace d’offensives soviétiques contre le bassin de Donets [au sud, sur les arrières de Manstein] et le saillant d’Orel [au nord, sur les arrières de Model]
En effet, Model n’a pas avancé dans les temps, l’opération en pince est donc ratée, et on peut désormais considérer que les Armées allemandes sont trop avancées et vulnérables à une attaque sur leurs arrières, c’est exactement ce qui va se passer.
p.192 – L’attention d’Hitler se fixe maintenant sur le bassin du Donets, où l’Armée rouge se prépare à attaquer.
p.192 – Il est possible que la direction soviétique ait pensé que les Allemands croiraient à une tromperie et n’attendraient justement pas d’attaque dans ces secteurs. Une chose est sûre, néanmoins: le commandement soviétique envoie ses soldats, le 17 juillet, sur un couteau ouvert.
Zelinski, une idée sur la date d’arrêt de l’offensive? Rien ne presse puisque Poutine ne menace pas de contre-attaquer, mais en revanche, vous avez bel et bien attaqué à Zaparojié, comme prévu par les Russes, sur un joli couteau ouvert, et le soldat russe a clairement montré, comme ses ancêtres en 1943, qu’il ne reculerait pas dans le secteur.
5 – Décision sur les replis
Non seulement Hitler arrête l’offensive, mais il exige une évacuation rapide d’Orel, au nord, pour dégager des forces pour la défense de Kharkov.
p.209 – Les semaines suivantes, sur les autres secteurs du saillant d’Orel [le symétrique géométrique du saillant de Koursk au nord], Model réagit également aux crises et aux menaces de percée par une retraite élastique. Hitler ne trouve rien à redire. Aux yeux du dictateur, connu par ailleurs pour ses ordres de résistance rigide, l’évacuation du saillant d’Orel ne peut aller trop vite. Il a en effet besoin de réserves pour d’autres secteurs du front et la région d’Orel ne lui semble pas aussi importante que le bassin de Donets ou Kharkov. Il le dit le 26 juillet 1943 au feld-maréchal von Klug. Klug lui répond qu’il n’entend pas se retirer sur la ligne Hagen avant le début septembre. Ce à quoi Hitler rétorque : « C’est impossible, complètement impossible, monsieur le feld-maréchal! Nous ne pouvons sûrement pas attendre jusque-là, il faut libérer des forces plus tôt, ou ça ne sert à rien ».
Monsieur Poutine, on espère que vous n’aurez pas à prendre la décision d’un nouvel abandon de terrain, sans quoi, gare aux fissures politiques qui risquent de vous engloutir.
6 – Comment expliquer la léthargie de Poutine ?
On dira que Poutine cherche à gagner du temps pour équiper puissamment son armée sachant que la guerre n’est pas contre l’Ukraine, mais contre l’OTAN, mais l’histoire nous donne une autre piste:
p.55 – Qu’Hitler ait reporté l’attaque à plusieurs reprises ne s’explique pas seulement par la nécessité d’équiper les divisions de l’Est avec des nouveaux chars. Il aurait bien aimé aussi que les Soviétiques, en attaquant, lui enlèvent le poids de la décision.
Poutine a un bien meilleur jeu qu’Hitler, toutefois, tout se passe comme si la Russie n’était pas prête à prendre la tête de l’Occident et du monde, elle ne plaide pas pour un monde multipolaire, on ne voit pas pourquoi la Russie, partie intégrante de l’Occident, voudrait son affaiblissement, mais elle semble plaider pour un monde multi-occidental, au moins bicéphale, au fond, comme au temps de la guerre froide.
Mauvais calcul, Monsieur Poutine, maintenant, il faut gagner ou vous allez perdre, eux ne seront pas raisonnables et ils ne vous rateront pas : ne commettez pas l’erreur d’Hitler qui a cru qu’il pourrait s’entendre avec les Anglais et les Américains dans l’intérêt général bien compris de tout l’Occident.
Poutine est-il le de Gaulle russe:
je vous ai compris – houaiiiiiiiii – et huit ans plus tard …
Bientôt une OAS russe, mais avec changement d’échelle, qui détourne un kilogramme de césium-137 pour faire une bombe sale?
https://ria.ru/20230623/tseziy-1879913033.html
eh voilàààà bing, en parlant d’OAS russe:
Prigozhin arrêté –> le 15 mai, juste avant la chute d’Artemosk, j’avais fait un mail pour dire que Prigozhine allait avoir un accident d’escalier – je m’étais gourré sur le délai en disant une semaine … dommage, je n’ai gardé que le mail ci-dessous dont je repars et qui est en russe, adressé à un site russe, mais la traduction auto vous confirmera tout ça – voici déjà la nouvelle tirée d’un site russe, puis le mail du 15 mai:
Poutine reçoit jour et nuit des informations sur les mesures prises dans le cadre de la tentative de rébellion
https://tvzvezda.ru/news/2023624239-fDH3u.html
Le ministère de la Défense de la Fédération de Russie, le FSB, le ministère de l’Intérieur et la Garde nationale informent le président en permanence des mesures prises en son nom dans le cadre de la tentative de rébellion.
Le porte-parole présidentiel Dmitri Peskov a déclaré que Vladimir Poutine recevait des informations des départements russes en permanence concernant les mesures prises en son nom dans le cadre d’une tentative de rébellion armée.
Selon le représentant du Kremlin, l’information est rapportée à Poutine par les services spéciaux et les forces de l’ordre.
« Le ministère de la Défense, le FSB, le ministère de l’Intérieur, la Garde nationale… rendre compte au président des mesures prises dans le cadre de la mise en œuvre des instructions qui lui ont été données précédemment », a déclaré RIA Novosti, cité par Peskov.
Plus tôt, on a appris que le chef du bureau du procureur général, Igor Krasnov, avait signalé à Poutine qu’une affaire pénale avait été ouverte contre Evgueni Prigojine.
Rappelons que le chef du PMC de Wagner est accusé d’avoir commis une rébellion armée. Il s’agit de l’article 279 du Code pénal de la Fédération de Russie, qui prévoit une peine d’emprisonnement de 12 à 20 ans. Le Centre de relations publiques du FSB a déclaré que les déclarations et les actions du chef du PMC Wagner sont des appels au début d’un conflit armé civil sur le territoire de la Fédération de Russie. Le département l’a qualifié de « coup de poignard dans le dos » pour les militaires des forces armées russes qui combattent les nationalistes ukrainiens. Une procédure pénale sur le fait d’avoir appelé à une rébellion armée par Prigozhin a été ouverte en raison de la gravité de la situation et de la menace d’escalade de la confrontation dans le pays, a souligné le FSB.
envoyé : 15 mai 2023 à 17:26
de :
à : [email protected]
objet : Пригожин – прогноз
прогноз
Пригожин умер до конца недели
(это не угроза, это прогноз)
Et je ne suis pas loin de penser que c’est peut-être justement mon mail à ce site russe qui a évité l’accident d’escalier à Prigozhine, c’était son but d’ailleurs: ne nous faites pas le coup de l’escalier, on vous voit venir!!!
Et encore OAS Russe:
https://tvzvezda.ru/news/202362493-8JE8G.html
Sur le territoire de Moscou et dans la région de Moscou, un régime d’opérations antiterroristes a été mis en place
Le Conseil a annoncé l’introduction d’un régime d’opérations antiterroristes à Moscou et dans la région de Moscou afin de réprimer d’éventuelles attaques terroristes
Le Conseil a annoncé l’introduction d’un régime d’opérations antiterroristes à Moscou et dans la région de Moscou afin de réprimer d’éventuelles attaques terroristes
L’indécision de Hitler s’explique par le déroulement en parallèle de l’Opération Husky, qui voit l’invasion par les Alliés de la Sicile dès le 10 juillet, la chute de Mussolini le 24 juillet et la trahison de Badoglio et du Roi les jours suivants.
Non, négatif, voici ce que dit Roman Töppel p192 (je ne vous copie que l’essentiel, il y avait encore des développements avant)
Pourquoi Hitler présente-t-il à Manstein la situation en Sicile comme décisive alors qu’en réalité elle ne joue qu’un rôle marginal dans sa décision d’interrompre Citadelle? On peut trouver la réponse en analysant de près le journal de Manstein, ainsi que les données consignés dans ses papiers manuscrits. Ce qui préoccupe avant tout Hitler est la menace d’offensives soviétiques contre le bassin du Donets et le saillant d’Orel. Face à Manstein, il insiste particulièrement sur la situation italienne pour ne pas avoir à discuter avec lui de la situation opérationnelle sur le front oriental. Manstein, en effet, soutient d’autres points de vue que ceux d’Hitler, et lui est supérieur dans l’argumentation lorsqu’on vient à la pure conduite des opérations. En pareil cas, Hitler a coutume de renvoyer aux aspects techniques, économiques ou de grande stratégie, sur lesquels Manstein n’est pas informé. Aussi, le 13 juillet, Hitler avance-t-il l’argument de la situation en Méditerranée pour couper l’herbe sous le pied de son feld-maréchal.
–> Voilà, Monsieur Poutine, c’est aussi comme ça qu’on évite les rébellions, prenez-en de la graine au lieu de taper toujours sur AH. Et puis aussi, si vous n’êtes pas aussi faux-cul que de Gaulle en Algérie, prouvez-le, ce qui vous arrive en ce moment, c’est la logique même, je suis du côté de Prigozhine, c’est maintenant qu’il faut agir et pas dans 4 ans quand vous annoncerez des négociations pour abandonner toute l’Ukraine et, en fait, toute la Russie.
–> et j’attends de pied ferme tous les commentaires du style Poutine a tout prévu, c’est un joueur d’échec patient, je n’y connais rien, j’ai pas les infos etc. Je rappelle qu’aux échecs, il y a une horloge, et que les joueurs n’ont pas tout leur temps pour avancer leurs pions et que cette règle est aussi là pour simuler une vraie bataille et non comme une contrainte de jeu artificielle.
Non mais franchement, s’il faut à certains une loupe pour ne pas voir l’immobilisme russe depuis 1 an et ne pas comprendre que c’est lié à une cinquième colonne Otanienne, dont Poutine, c’est qu’ils ont un esprit critique de canaris empaillé.
Quand Alexandre Douguine tente une approche psychologique de Poutine
Valdaï, le koan du samouraï
Douguine nous en donne la définition : « Quand on les interprète dans leur sens original, les mots perdent du sens, de nombreuses nuances sémantiques se dispersent ou s’évaporent complétement. Alors est atteint l’objectif choisi : l’ennemi est dans la confusion, et l’observateur attentif aura découvert l’existence d’une pensée non duelle, vide. C’est semblable à une figure de taekwondo ou de judo ; l’opposant est instantanément désarmé, et il passe sans comprendre comment cela s’est produit, de la posture verticale à l’horizontale ».
Les règles du Zen préfèrent ne rien connaître de l’ennemi, car la véritable lutte est non lutte, la véritable action est non-action, tout ce que dit Poutine est koan et plus la situation est élèvée, difficile, plus les koans ne communiquent rien.
Exemple d’un célèbre koan : « Recherchez la liberté et vous deviendrez esclave de vos désirs, recherchez la discipline et vous trouverez la liberté ».
En 2014, après le référendum en Crimée, Novorossia se soulève contre Kiev en espérant une intervention militaire de Moscou. Que fait Poutine ? Douguine nous explique : « Tout trouve sa place : sauver la Novorossia signifie abandonner Novorossia, mais abandonner la Novorossia sous-entend lui apporter le soutien nécessaire. Si on répète quelques fois ce schéma paradoxal, on obtient plus précisément celui de notre politique au Donbass ».
Valdaï rappelle que les oxydantaux doivent comprendre que l’unité de la Grande Europe de Lisbonne à Vladivostok est possible à condition de saisir que les Russes ne conçoivent pas les valeurs de l’Occident, parce que la Russie est une civilisation souveraine et autonome, et non objet de colonisation de l’Occident…Qu’est-ce que tout cela ? Le koan sophistiqué de Valdaï.
Poutine est par conséquent (Quand on gratte un russe apparaît un tatar) plus proche de Matsuo Bashô (1644-1694), moine bouddhiste zen célèbre pour ses koans et haikus que de Sun Tzu, quoiqu’il combine très bien la psychologie du jeu de go et de celui des échecs, sa forme dans ce haïku :
« Herbes de l’été.
Des valeureux guerriers
La trace d’un songe ».
L’analyse gramscienne d’une civilisation souveraine et l’élimination du césarisme.
Le régime poutinien correspond à la terminologie d’A. Gramsci au césarisme. Le régime capitaliste mondial est décrit sur trois niveaux :
1) L’économique : la base
2) Le Politique
3) L’Intellectualisme
Concernant l’« Économique », je préfère le terme de chrématistique, c’est le marché, la politique c’est le jeu démoncratique des représentants de la droite et de la gauche influencés par les loges maçonniques, c’est le cirque des partis bourgeois et enfin l’intellectualisme est l’hégémonie, le discours (sauce BHL) pour renforcer les normes.
Pour Antonio Gramsci, cette hégémonie est autonome vis-à-vis de l’économie et de la politique. En établissant un pacte avec le Capital, cette hégémonie s’établit au niveau de la conscience, il est donc impératif de viser en premier ce troisième niveau en introduisant la subversion des valeurs morales par exemple (pour un pays riche) plutôt que le premier niveau, comme le fit Lénine « par la prise du palais d’hiver » (Le pouvoir est au bout du fusil, Mao Zedong) pour lui, la révolution peut surgir là même où ne l’attendent pas les plus fervents marxistes. Louis-Auguste Blanqui32 (1805-1881) inspira Lénine et Mussolini.
Le deuxième et troisième niveau forment la superstructure, ses Cahiers de prison sont au service de la pensée stratégique et celui qui ne comprend rien mélange l’Etat et la société civile. Il y a donc « guerre de position » (Etat) et « guerre de mouvement » (Société civile), pour Gramsci, la société civile russe était « primitive » et « gélatineuse », dans ce cas la première a pris le dessus sur la seconde. En Allemagne (Spartakistes) elle était dense et robuste, ce qui impliquait qu’il fallait subordonner la guerre de mouvement à la guerre de position, l’Ecole de Frankfort (Reich, Marcuse, Adorno) s’y appliquera et le wokisme (cancel cuture = déconstruction) parachèvera la pensée gramscienne par la révolution arc-en-ciel… (du « genre » au mariage de cyborgs ?)
Lorsqu’un meneur politique autoritaire arrive dans un pays où le développement est incomplet, ce dirigeant construira sa politique entre hégémonie capitaliste et idéaux et procédures nationalistes précapitalistes, cet état Gramsci le nomme donc césarisme, et pour gouverner, ce dirigeant doit s’appuyer sur un groupe qui lui est personnellement dévoué comme par exemple celui : « des valeurs traditionnelles et conservatrices », (Kadyrov et ses tchéchènes par exemple), il faut donc un levier, principe expliqué par Vladimir Volkoff, dans son ouvrage Le Montage en p.63. Ici, c’est la représentation mentale subjective des valeurs traditionnelles et conservatrices qui va agir non pas sur les véritables conservateurs mais sur les nostalgiques d’un passé révolu.
L’Oxydant est atteint de cécité, car le césarisme poutinien crève les yeux et nos « politologues », « experts », « journalistes » rabâchent en boucle la doxa de l’« Oncle Sam », dont la courroie de transmission est l’Union Européenne, véritable construction « sovietoïde » qu’il faut démanteler au plus vite…
Douguine répond à la question : « Who is Putin ? un césariste, un pragmatique, un réaliste, ni libéral, ni conservateur, nous sommes donc à des années-lumière des clichés occidentaux.
Synthèse de l’approche d’Etienne de Floirac et de l’étude d’Alexandre Douguine
Etienne de Floirac cite Piotr Stolypine33 (1862-1911), dernier Premier ministre de Nicolas II, assassiné à Kiev et nous rappelle que ce ministre tsariste disait : « ils veulent le grand chambardement, nous voulons une grande Russie ». Avec « Son opération spéciale » Vladimir Poutine se dresse contre le monde unipolaire (la Première Théorie Politique, toujours est-il qu’en attaquant frontalement la Première Théorie Politique (Le néo-libéralisme) : « libéralisme est une idée obsolète », il casse le mur gauche de son césarisme et rejoint les conservateurs durs, c’est la voie particulière « Sonderweg » (l’Etat) s’éloignant du libéralisme son mur droit, le système issu du libéralisme et son hégémonie ( société civile), Etienne de Floirac pense que Vladimir Poutine nous amène à lire ou relire Soljenitsyne (1918-2008), qui dans Le grain tombé entre les meules met en lumière ce à quoi s’oppose V. Poutine, la rouille de l’Occident : « la notion de liberté a été déviée vers un débridement des passions donc du côté des forces du mal. Les droits de l’Homme ont été placés si hauts qu’ils écrasent les droits de la société et détruisent celles-ci. L’idéologie régnante qui met au-dessus de toute l’accumulation de biens matériels, le confort trop prisé, entraîne en l’Occident un amollissement du caractère humain, un déclin massif du courage et de la volonté de se défendre ». Douguine reproche d’ailleurs à l’auteur de l’Archipel du Goulag, son antisoviétisme. Pour de Floirac, il semblerait que Moscou veuille récupérer le qualitatif de « Troisième Rome », ce qui est vraisemblable eu égard au désastre de Vatican II (le coup de maître de Satan, que de Floirac met sous le boisseau).
Poutine mettrait-il en pratique la Quatrième Théorie Politique de Carl Schmitt (1888-1985), reprise et développée par Alexandre Douguine ? Ce dernier évoque dans L’Ordre des grands espaces et dans les droits des peuples et l’interdiction de forces territorialement étrangères. Introduction au concept de Reich dans le droit des peuples, que Carl Schmidt a servi de base au projet néo-eurasiste du début du XXIème siècle, mais cette idée d’Union eurasienne est née après la chute de l’URSS avec le président Noursultan Nazarbaiev pour le Kazakhstan et le mouvement eurasiste pour Moscou, c’est un projet d’intégration politique de la territorialité soviétique calquée sur celle de l’Union européenne. Vladimir Poutine n’est qu’un césariste, un pragmatique, un réaliste, ni libéral, ni conservateur. Ces dires correspondent à la période 2006-2016, ce qui ne semble plus être le cas aujourd’hui, alors qui est vraiment Vladimir Poutine ?
Et la conclusion de cet article du 10 juin n’est pas mal non plus
https://reseauinternational.net/lotan-perd-linitiative-lukraine-engage-la-reserve-strategique-poutine-sort-de-la-sienne/
« On note aussi que, enfin, Poutine, après Choïgou, prend la parole – sort de sa réserve stratégique en quelque sorte – on dirait bien qu’on entre dans une phase décisive, c’est à double tranchant, si dans une semaine, il ne s’est rien passé de concluant, Poutine pourra faire ses valises »
LE POUR ET LE CONTRE CHEZ POUTINE VU PAR A.DOUGUINE
Le POUR
Pour annuler le problème religieux du Hamas, les deux camps doivent se retourner contre les américains : la solution n’est pas la tolérance et la laïcité mais se trouve la Tradition, la spiritualité.
Bilan de Poutine sur l’eurasisme est positif mais « soft ».
Il a sauvé la fédération de Russie de l’abîme en maintenant son intégrité territoriale.
Poutine, en se tournant vers l’Union eurasienne a défini un concept chargé d’un colossal sens politique et géopolitique.
Il est le dernier défenseur de l’identité continentale de l’Europe, vision géopolitique Grande Europe dans le style de Jean Parvulesco ou Jean Thiriart.
Il a usé de Medvedev pour tromper l’Occident.
Il a fait arrêter l’oligarque Khodorkovski.
Il insiste sur sa conception du monde multipolaire.
En 2012 (3ème mandat), rupture décisive avec le libéralisme.
Il lutte contre la perversion morale et psychologique. Le 8 juillet 2022 a été instituée la Journée de la famille, de l’amour et de la fidélité.
Son jeu de rôle avec Medvedev.
La pratique des arts martiaux fondés sur la métaphysique Tch’an.16 (Zen)
LE CONTRE
L’entourage de Poutine était constitué de politiciens et d’experts pro-occidentaux.
Non renversement en 2008 du président géorgien Saakachvili et la non prise de la capitale Tbilissi.
L’Economie repose trop sur les énergies fossiles, les secteurs de haute technologie sont dans un état pitoyable, il faut qu’il privilégie l’économie réelle et non l’économie spéculative (faire appel à Friedrich List (économiste « hérétique »).
Après le 11/09/2001, il a soutenu les américains en Afghanistan : grave erreur.
Réalise ses projets d’une manière assez forte, il tolère une corruption incroyable des oligarques, il admet dans son entourage des agents d’influence (Club Valdaï, CFR).
Après 2003, il a cessé ses réformes patriotiques et eurasistes et est devenu plus conciliant avec le libéralisme.
Du fait de ses hésitations, il se coupe du peuple.
Pense-t-il comme le japonais Kitaro Nishida « La logique du chaos » ou « Logique du lieu » à la place de la logique d’Aristote ?
La justice sociale n’est pas son point fort.
En 2014, il n’a pas envoyé l’armée en Novorossia (Donbass), rappel d’Igor Strelkov.
POUTINE ET LE CONCEPT DU BASHÔ QUI EST: [« Ce en quoi » se situe un contenu ou « ce qui se situe dans »]
Il met l’accent sur le lieu et sur une série de lieux toujours plus englobants les uns les autres (Comme les poupées russes), la plus petite poupée étant notre conscience (microcosme) la plus grande, le dépassement des Transcendantaux (Le Beau, le Bien, le Vrai), Dieu, est-ce une conscience macrocosmique qui exclut ou inclut le Créateur, mais avant, qu’elle est l’état de cette conscience microcosmique ? C.G. Jung (1875-1961) s’y attèle à cette conscience, dans L’homme à la découverte de son âme22, il la « décortique » dans le schéma IV (Il y a onze cercles concentriques numérotés de l’extérieur vers l’intérieur, et un (le centre) qui ne l’est pas), ainsi les quatre premiers, en rouge sont : la sensation, la pensée, l’intuition, le sentiment, — Le cinquième en blanc représente le Moi, la volonté — puis viennent les quatre cercles jaunes : souvenirs, contributions subjectives, affects, irruptions — Et enfin pour les deux avant-derniers en bleu : l’inconscient personnel et l’inconscient collectif.
22 Albin Michel, Nouvelle édition 2021, p. 140
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Que signifie le dernier cercle qui n’est pas numéroté ? (L’Inconscient du Cinquième élément, c’est-à-dire l’homme, le microcosme ?) avant d’aller dans les grands espaces, vers le macrocosme, ne serait-il pas plus sage de se connaître soi-même, savez-vous que le Comte Napoléon-Henri Begouën23, préhistorien, qui a collaboré pendant plus de quarante ans avec le « pape » de la préhistoire, l’abbé Henri Breuil, a émis l’hypothèse que cette Création serait issue de la vibration vitale, (le OM) qui a produit le protoplasma, cet édifice moléculaire semblable à une gelée plus ou moins liquide. C’est la matière à l’état naissant qui suppose un principe vital que rappelle Saint Thomas d’Aquin24. Cette gelée serait-elle à l’origine de la matière première ? Tout porterait à croire qu’un même atome matériel a pu être doté par le Créateur, soit de plusieurs formes en puissance, soit au moins d’une seule équivalence à plusieurs, qui se manifestent tour à tour, et produisent les singulières métamorphoses que la science constate, dans la structure moléculaire et dans les propriétés des êtres matériels25. Cet Om, dans l’hindouisme pourrait être défini comme le point zéro, un Big Bang sonore à partir duquel l’univers s’est déployé et structuré, selon le concept aristotélicien d’hylémorphisme (matière et forme, ou puissance et acte), l’évolution dans sa forme (macrocosme) étant accomplie, un univers fini, acté, puisque selon l’astrophysicien Carl Sagan, il y aurait une équivalence entre le nombre de neurones du cerveau humain et celui d’étoiles de cet univers. Cet Om est avant tout un symbole. Il évoque le26 souffle (le principe de vie issu du divin) ou le Verbe (le plan, la loi cosmique) qui génèrent le monde manifesté. Ce souffle part du divin, point central qui s’étend pour donner naissance au temps, à l’espace, à la matière et à la vie.
23 Aristote, La Physique, Livre VIII.
24Saint Thomas d’Aquin, Contra gent., 1. III, c. 39.
25 Mgr Albert Farges. Matière et forme, p. 269.
26 Marcel Jousse, l’Anthropologie du geste, Gallimard, 1981, p. 249 :
Et le Tout-Puissant modela le Terreux
Avec la poussière de la terre
Et il souffla dans ses narines
Une haleine de Vie…
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La vie en définitive, ce n’est rien d’autre que toute vie dans la nature et la surnature.
Actuellement, il est vrai que le logos attend son sauveur, il ne peut se sauver lui-même, le chaos n’appartient pas au passé, il est éternel, le chaos orchestré par le monde unipolaire se retournera contre lui, effet boomerang assuré, heureux les peuples qui maintiennent l’axe de la verticalité, l’axe de la spiritualité dans leurs manières de vivre, Vladimir Poutine l’a surement compris, lui qui pratique les arts martiaux contrastant avec un Emmanuel Macron se déhanchant à l’Elysée, lors de la fête du vacarme du 21 juin, la nuit que Philip Murray appelle celle du Porc-Vivant au milieu de blakos efféminés.