Le Visegrád Post nous rapporte que le parlement tchèque vient d’approuver un projet de loi localiste visant à introduire des quotas obligatoires d’aliments produits sur le territoire national dans les rayons des supermarchés.
Cette mesure localiste a pour but de soutenir l’ensemble de la filière agro-alimentaire nationale tchèque mais aussi rendre le pays moins dépendant des importations de nourriture – ce qui peut se révéler un grave problème en cas de crise internationale, expliquent les soutiens de la mesure. Ce projet de loi présenté par le parti d’opposition Liberté et Démocratie Directe a reçu le soutien des partis de la coalition gouvernementale dirigé le parti ANO de M. Babiš. « Soyons un peu nationalistes en ce qui concerne l’alimentation, l’agriculture tchèque et notre pays », a ainsi déclaré le ministre de l’Agriculture Miroslav Toman devant les parlementaires.
Pour entrer en vigueur, ce projet de loi devra certes encore être approuvé par le sénat où l’opposition est majoritaire mais dans le cas contraire, un nouveau vote des députés pourrait passer outre un éventuel veto des sénateurs. Concrètement, il prévoit qu’au moins 50% des produits alimentaires proposés par les magasins soient d’origine tchèque à partir de 2022 et que dans les grandes surfaces de plus de 400 m², cette proportion soit au moins de 55% à partir de 2022 et de 73% à partir de 2028.
Comme il fallait s’y attendre, la Commission européenne a mis en garde les autorités tchèques sur ce qui pourrait être considéré comme une discrimination illégale sur le marché européen. Une autre critique à ce projet, plus recevable cette fois ci, concerne le soupçon de favoritisme accordé à un groupe alimentaire proche du premier ministre.
Les critiques du projet mettent en exergue que celui-ci pourrait favoriser le groupe alimentaire Agrofert dont le premier ministre Babiš est propriétaire, ce qui pourrait nuire tant aux consommateurs qu’aux entreprises concurrentes plus modestes tout en créant un précédent qui pourrait donner lieu à des « représailles » de la part d’autres pays vis-à-vis des exportations tchèques.
Pour remettre en perspective cet exemple, n’oublions pas qu’en l’absence de telles mesures prises par nos gouvernants nous pouvons malgré tout agir. Il n’y aura pas de changement pas le haut, et ce n’est qu’au prix de petits efforts quotidiens, en incarnant réellement nos idées dans la vie de tous les jours que les choses changeront. Et cela passe aussi par notre manière de consommer. Il convient de regarder nos propres faiblesses avant de pointer du doigt systématiquement ceux qui prétendent nous diriger. Par exemple, il n’est pas normal de consentir à payer un abonnement Netflix tout en refusant de s’acquitter de son obole à telle ou telle structure car elle ne serait pas assez ceci ou cela ; ou encore de tomber dans la « logique » de la consommation immédiate en utilisant sans vergogne les services du géant Amazon.
Comme l’écrivait Derek Holland dans Le Soldat Politique, « Si vous ne pouvez pas vous dépasser dans les petites choses, vous ne serez d’aucune utilité en temps de crise ».
Oscar Walter