Un épilogue de la Seconde Guerre mondiale ?
Le 22 novembre 1963, c’est l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy à Dallas. Le plus frustrant dans cet événement, c’est qu’on ne comprend toujours pas pourquoi il a eu lieu : en quoi, par exemple, l’histoire des USA a été accélérée, ralentie ou déviée par cet assassinat ? En rien.
D’autre part, JFK était parfaitement dans son époque, il était adulé par les foules américaines et étrangères comme personne avant lui et personne après. Il accompagnait toutes les évolutions sociétales de l’époque : télévision, consommation, droits civiques, pas de crise économique, il était à la tête du pays le plus puissant du monde, au faîte de sa gloire.
Son assassinat tombe comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu, mais un ciel qui était bleu avant et qui restera bleu après. Tout se passe comme si cet événement n’avait pas sa place dans l’histoire en cours au moment de l’attentat, comme si, par conséquent, il appartenait à une autre histoire, celle qui précédait immédiatement, c’est-à-dire la Seconde Guerre mondiale.
Il n’y a aucun élément tangible pour le dire, c’est juste une impression qu’on peut avoir, notamment si on place ce mystère dans une trilogie avec le mystère du vol de Rudolf Hess le 10 mai 1941 et le mystère de l’accident d’hydravion du duc de Kent le 25 août 1942 – en l’occurrence le premier décès d’un représentant de la famille royale britannique en temps de guerre depuis le XVe siècle.
L’idée qu’un mystère pourrait en éclairer un autre et réciproquement n’est pas forcément idiote, dernièrement, Joe Biden a encore retardé la déclassification de certains documents liés à l’assassinat au motif grotesque, à la limite, volontairement grotesque, du covid. Mais à quoi sert de retarder d’un an ? Peut-être que cela laisse le temps à la dernière grande protagoniste de la Seconde Guerre de s’en aller, on veut bien sûr parler de la reine d’Angleterre, Élisabeth II, laquelle, semble-t-il vient de recevoir sa réservation pour l’autre rive : « personne ne vivra éternellement » vient-elle de déclarer.
Vidons donc notre sac de complotiste.
Le 10 mai 1941, après avoir pris des cours de pilotage auprès du pilote personnel d’Hitler, Hans Baut, Hess, à bord d’un Me 110 spécialement modifié par Willy Messerschmitt, part pour l’Écosse pour y négocier, au mieux, la paix, à tout le moins, un allègement de la pression sur le front Ouest en vue de permettre l’attaque par l’Allemagne de l’URSS dans de meilleures conditions.
On tient peut-être là une raison supplémentaire du retard de l’attaque sur l’URSS : l’attente du résultat d’une négociation entre l’Allemagne et l’Angleterre.
Hess espère rencontrer dans les Îles britanniques la faction la plus favorable à l’Allemagne et à la paix, dont une bonne partie de la famille royale, qui s’inquiète, à juste titre, de l’avenir de son empire colonial du fait de cette guerre, et qui n’apprécie que modérément le jeu de Churchill et des forces qui sont derrière lui aux USA.
Mais Hess tombe aux mains des gens de Churchill, tant pis pour la paix, par contre, même Churchill, sans être pour la paix avec l’Allemagne, voit très bien l’intérêt pour l’Angleterre d’une guerre entre l’URSS et l’Allemagne et donc, négocie (dans le scénario complotiste) avec Hess des garanties de non-agression limitées dans le temps : en clair, pas de débarquement avant deux ans.
Hess est ensuite escamoté de la scène publique par les Anglais, pas question de faire savoir à l’URSS que l’Angleterre a tramé dans son dos son agression par l’Allemagne. Après la guerre, Hess est jugé à Nuremberg et condamné à la perpétuité et à l’isolement. Curieux comme d’un côté on le décrit comme un illuminé, mais comme de l’autre, on l’estime suffisamment responsable pour être jugé. Encore plus curieux comme le 17 août 1987 il se pend alors que Gorbatchev, dans le cadre de la perestroïka, a déclaré qu’il ne voyait pas d’objection à sa libération ; mais en disant cela, il semble bien qu’il ait signé l’arrêt de mort de Hess, un homme qui n’était plus capable de se raser lui-même et qui ne pouvait donc pas se débrouiller pour se pendre.
Hess, visiblement, était très gênant pour les Anglais, mais reprenons le cours des événements de la guerre, l’arrivée de Hess et les négociations avec Churchill n’ont pas manqué d’enhardir le parti de la paix en Angleterre.
Peu avant son vol fatidique en hydravion, le duc de Kent (George Edward Alexander Edmund) déjeune au château de Balmoral avec le roi George VI, c’est-à-dire, son frère, et le duc de Windsor, également son frère, c’est lui le fameux qui a abdiqué par amour. Était en outre présent au repas, le prince Bernhard de Hollande, allemand de naissance, qui a fait partie des SS et des services de renseignements de l’IG Farben, mais qui a eu la bonne idée de se marier avec la future reine des Pays-Bas et de devenir l’un des deux plus gros actionnaires de Shell.
Tout ce beau monde se rebelle contre Churchill et cherche la paix avec l’Allemagne, il est décidé, selon, bien entendu, le scénario complotiste, que le duc de Kent doit se rendre en Suède, pays neutre, pour négocier avec l’Allemagne. Officiellement, l’hydravion doit se rendre à Terre-Neuve, sur ce point, toutefois, la version officielle prête le flanc aux complotistes en ce sens qu’elle est incapable de donner la raison de ce voyage vers Terre-Neuve d’un membre important de la famille royale.
Quoi qu’il en soit, l’hydravion, après avoir dévié de son plan de vol, vient s’écraser sur le relief écossais : l’avion était conçu pour survoler les océans, il n’était pas suffisamment motorisé pour passer les reliefs. Dans le scénario complotiste, les instruments de navigation avaient été trafiqués, dans la version officielle, on se borne à constater qu’on n’a pas d’explication à la dérive de l’avion.
Quoi qu’il en soit, dire que l’establishment anglais de l’époque était divisé, c’est attesté par une note à Roosevelt de mai 1941 d’Edgar Hoover, le directeur du FBI, note selon laquelle un complot contre Churchill se développait au Royaume-Uni et que ce complot était dirigé par le duc de Windsor.
Et John Fitzgerald Kennedy dans tout ça ? Eh bien son père, Joseph Kennedy, était avant et pendant la guerre, l’ambassadeur des États-Unis en Grande-Bretagne, il était antisémite, et, avant la guerre, il a tout fait pour éviter la guerre en Europe, contrairement à son patron, Roosevelt, qui, lui, faisait campagne pour que la guerre éclate en Europe.
Après le début de la guerre, il a tout fait pour éviter l’entrée en guerre des USA aux côtés de l’Angleterre, là encore, en opposition totale avec Roosevelt.
Il est très clair que Joseph Kennedy a eu des contacts avec la famille royale, c’était de toute façon son rôle, est-ce que par ce biais il aurait été pris dans les tiraillements de la famille royale, aurait-il eu vent d’information capitale, en aurait-il fait part à son fils, John ?
L’hypothèse sous-jacente aux spéculations qui précèdent est tellement énorme qu’on se gardera bien de la formuler explicitement, attendons lâchement le résultat des courses avec, espérons-le, des documents déclassifiés qui nous donneront le fin mot de l’histoire.