Emmanuel Célestin Suhard est né à Brains-sur-les-Marches le 5 avril 1874.
Enfant pieux et timide, fils d’une veuve qui dirige seule la ferme familiale, il est jugé « trop peu dégourdi pour faire un curé » par le curé de Brains-sur-les-Marches. En octobre 1888, il entre toutefois au Petit Séminaire de Mayenne. Il le quitte en 1892 pour entrer le 6 octobre au Grand Séminaire de Laval où il effectue de brillantes études qui lui valent une bourse pour le Séminaire français de Rome.
Il y est ordonné prêtre en 1897.
Étudiant à Rome à l’Université Grégorienne, en même temps que le futur Pie XII et Mgr Maglione, futur nonce en France, il obtient la « Grande Médaille d’Or », distinction suprême de la Grégorienne.
Nommé professeur de philosophie au Grand Séminaire de Laval, il enseigne la théologie. Grâce à ses qualités d’accueil et d’écoute, il exerce une influence sur le clergé mayennais, bien qu’il ne soit pas très en cour à l’évêché car il n’est pas « Action française ». Il s’en explique : « L’Action française est trop particulariste. Le prêtre est fait pour tout le monde et doit accueillir tout le monde ».
Réformé en 1914, l’abbé Suhard est aumônier d’un hôpital militaire à Laval. Devenu chanoine en 1919 l’évêque, Mgr Eugène Grellier, très proche de l’Action française, le tient à l’écart et refuse de le nommer supérieur du grand séminaire.
En 1928, il est nommé évêque de Bayeux et Lisieux. Il est archevêque de Reims de 1931 à 1940, et créé cardinal en 1935.
Il devient cardinal archevêque de Paris de 1940 et le reste jusqu’à sa mort en 1949.
Le siège archiépiscopal de Paris qu’il rejoint pendant l’exode de juin 40 sera pour lui une lourde charge.
Il adresse une dépêche à Hitler, le 26 octobre 1941, pour sauver les otages de Nantes et de Châteaubriant.
Comme la plupart des hauts dignitaires de l’Église catholique romaine, il a donné son approbation à la politique du Maréchal Pétain.
Il négocie avec l’Amiral Darlan, le ministre de l’Éducation nationale et le ministre de l’Intérieur, Pierre Pucheu, un système de financement de l’école privée catholique, par des subventions de l’État, en juillet 1941. Ces subventions sont réparties par les préfets, dans chaque département. Un horaire commode d’enseignement religieux facultatif est aussi instauré dans l’enseignement public.
Il approuve la déclaration des évêques de France du 17 février 1944 qui condamne: « les appels à la violence et les actes de terrorisme, qui déchirent aujourd’hui le pays, provoquent l’assassinat des personnes et le pillage des demeures » et accueille le Maréchal Pétain à Notre-Dame, en avril 1944.
Il préside la cérémonie à Notre-Dame lors des funérailles nationales du ministre de l’Information et de la Propagande de l’État Français, Philippe Henriot, assassiné par les communistes le 28 juin 1944.
Le 26 août 1944, De Gaulle décide de l’exclure de la cérémonie d’action de grâces de Notre-Dame et de le maintenir confiné à l’archevêché.
Il décède à Paris le 30 mai 1949.
Le 10 novembre 1953, un buste en bronze du cardinal fut inauguré au Grand Séminaire de Laval, ainsi qu’une statue du prélat, le même jour à Brains-sur-les-Marches.
Depuis 1997 et pour lui rendre hommage, une paroisse du Diocèse de Laval porte son nom : Paroisse Ste Thérèse – Cardinal Suhard. Son village d’origine, Brains-sur-les-Marches fait partie de cette paroisse.
Si le cardinal Suhard a subi en 1944 les avanies du colonel déserteur De Gaulle, si il a suivi la politique de l’état français, a l’instar de ses confrères en épiscopat, cela n’en faisait pas pour autant un de nos amis.
Il fait partie avec les Gerlier, Lienart et consort de ces créatures de Pie XI en vue de normaliser l’épiscopat mal pendant mis en place par saint Pie X. Leur ralliement a l’état français n’en fait pas des nationalistes de conviction et s’explique par opportunisme.
Il faut lire Philippe Prevost au sujet du ralliement.