Il n’y a aucune occurrence du mot « islam » dans tout Mein Kampf – alors que « christianisme » ou « Christ » y apparaissent quatre fois et en des termes positifs (voir en annexe). On peut défier le lecteur de trouver le mot islam dans un quelconque discours d’Hitler au Reichstag ou à Nuremberg devant son parti…
On ne voit pas bien pourquoi le monde arabo-musulman se serait dressé en défense de la supériorité aryenne ou en soutien de la préservation de sa pureté raciale. On ne voit pas non plus en quoi les nationaux-socialistes auraient été fascinés par le monde arabo-musulman.
On ne voit pas non plus quels actes de politique intérieure ou extérieure d’Hitler viendrait corroborer cette rumeur : est-ce qu’il y a eu une construction de mosquée dans le Reich ? Est-ce qu’il y a eu un pacte à la Ribbentrop – Molotov (ce qui, de toute façon, ne ferait pas automatiquement d’Hitler un crypto-musulman, pas plus que le pacte avec l’URSS n’en faisait un crypto-communiste).
On voit par contre très bien pourquoi les Juifs et leurs alliés cherchent à associer les deux: il s’agit simplement de dénigrer l’un par l’autre leurs deux ennemis principaux. Un titre comme «l’Islam pire que le nazisme» qu’on peut trouver sur un site notoirement sioniste est typique de cette tendance.
I – La politique Moyen-Orientale du Reich
Toute la politique au Proche-Orient du Reich était chapeautée par le Dr. Fritz Grobba (5), que personne ne connaît, et pour cause, à part les quelques rares spécialistes de la spécialité.

Fritz Grobba était un personnage de valeur, il parlait turc et arabe, mais il n’a obtenu aucun résultat concret au Moyen-Orient : ni à faire basculer un gouvernement en faveur du Reich, ni à soulever aucune population contre les colonisateurs Anglais, Français ou – déjà – Juifs.
Nous donnons ci-dessous deux documents de sa main : une liste de points sur lesquels il voulait attirer l’attention et une carte.
Liste des points à aborder
1 – Carte
2 – Vue d’ensemble des pays arabes
3 – Le système oriental de contrats
4 – L’exploitation du pétrole irakien pour la guerre au Moyen-Orient
5 – La personne du grand mufti
6 – La propagande allemande dans le monde arabe
7 – Déclaration de la radio allemande du 5-12-1940
8 – Projet de déclaration politique du secrétaire du grand mufti
9 – Projet de déclaration politique italienne
10 – Prise de position du ministre Abetz sur la question syrienne
11 – Projet de lettre de réponse au Secrétaire du Grand Mufti
12 – Livraison d’armes en Irak
Un simple coup d’œil à la carte montre les enjeux énormes de la région: pétrole, évidemment, mais aussi, vers le sud, le Canal de Suez, dont on n’a pas besoin de souligner l’importance dans le cadre d’une guerre contre la Grande-Bretagne, et au nord, c’est le flanc sud de l’URSS, le basculement de la Turquie en faveur du Reich était l’une des clés de Stalingrad.
Par rapport à ces enjeux, non seulement il ne faut pas s’étonner qu’il y ait eu une tentative de politique étrangère du Reich à destination du monde arabo-musulman, mais il conviendrait au contraire de s’étonner de son extrême faiblesse – n’était-ce justement l’idéologie raciale nationale-socialiste qui vouait par avance à l’échec toute velléité en ce sens (on pourrait en dire autant de l’alliance avec le Japon, autrement plus officielle, mais qui n’a rien donnée, comme dans l’œuf, le jaune et le blanc restant séparés).
Non seulement cette politique était dérisoire par rapport aux enjeux, mais elle était en outre totalement inférieure à ce qui se faisait jusque-là à la Wilhelmstraße, et notamment du temps de Guillaume II – qui avait obtenu le contrat de construction du réseau ferré ottoman.
Voici un extrait du discours de Guillaume II du 8 novembre 1898, dont on chercherait en vain à trouver l’équivalent chez Hitler.
« Face à tant de fastes qui nous ont été dispensés ici, je pense que je dois vous remercier, en mon nom et en celui de l’impératrice, pour ceux-ci, pour l’accueil chaleureux qui nous a été réservé dans toutes les villes que nous avons traversées, et en particulier pour le splendide accueil qui nous a été réservé par cette ville de Damas. Profondément ému par ce spectacle grandiose, ainsi que par la conscience de me trouver à l’endroit où a régné l’un des souverains les plus chevaleresques de tous les temps, le grand sultan Saladin, chevalier sans peur et sans reproche, qui a souvent enseigné à ses adversaires la juste conception de la chevalerie, je saisis avec joie l’occasion de remercier, avant tout, le sultan Abdul Hamid pour son hospitalité. Que le sultan soit assuré, ainsi que les trois cents millions de mahométans dispersés sur le globe et vénérant en lui leur calife, que l’empereur allemand sera et restera toujours leur ami ». (6)
Là, d’accord, on peut parler de la part de Guillaume II d’une sorte de fascination pour l’Orient, dépassant le strict cadre des intérêts politiques. Il allait jusqu’à dire que « serait-il venu dans l’Empire ottoman sans religion, il serait devenu mahométan » (7).
Quelqu’un se souvient-il d’une tournée moyen-orientale du Führer?
II – Une source frelatée : les « Libres propos » d’Hitler
En réalité, Hitler pro-islam, c’est un mythe éculé qui refait régulièrement surface sous la plume des sionistes et affidés – par exemple chez Andrew Bostom en 2008 dans Legacy of Islamic Antisemitism (1). Tout repose à chaque fois sur les fameux Libres Propos ou « propos de coin de table » qu’Hitler avait l’habitude d’asséner à ses invités malchanceux. L’existence de ces monologues du Führer est tout à fait attestée, c’est leur contenu, très diversement rapporté – en français par François Genoud – qui font débats et qui rendent ces propos largement inutilisables, quel que soit le sujet.
Comme l’explique Richard Carrier – l’un des deux seuls spécialistes universitaires des Libres Propos – l’autre étant Mikael Nilsson, mais il est pleinement en accord avec son collègue (2) :
« De même, nous constatons que chaque auditeur, dans ses notes, ajoute ou modifie des entrées en fonction de ce qui l’arrange, de ce qu’il aurait bien voulu qu’Hitler dise, ou de ce qu’il supposait qu’Hitler devait penser. Certaines éditions omettent même des noms, des détails, ou même des passages entiers, au motif qu’il n’est pas décemment possible «de faire dire ça à Hitler», compromettant encore davantage la valeur de source historique des Libres Propos. C’est ce qu’ont fait non seulement Heinrich Heim, mais aussi et surtout Henry Picker, qui a publié les notes qu’il avait gardées pour lui (et qui ne sont donc pas passées entre les mains de François Genoud). Il existe même deux versions différentes du texte allemand de Picker, car il l’a édité deux fois. Et comme nous n’avons pas ses pages originales – elles ont été perdues – et que (comme le montre Nilsson) Picker (tout comme Heim) a fréquemment menti sur pratiquement tout ce qui concerne les Libres Propos, nous ne pouvons pas savoir quelle est la part qui revient à Picker et quelle est celle qui revient réellement à Hitler. Et même dans les passages attribuables à Hitler, Nilsson montre qu’il ne s’agit pas des mots exacts d’Hitler, mais simplement des résumés biaisés de Picker ou de Heim (ou d’autres) de ce qu’ils pensent se souvenir d’avoir entendu Hitler. En réalité, la transcription verbatim des Libres Propos est un mythe. » (3)
Voir également la note Wikipédia. En pratique, les Libres Propos sont inutilisables tellement ils sont altérés par toute une chaîne de rédacteurs, contemporains ou d’après-guerre. Même en procédant à des analyses documentaires comparatives, on se perd en conjectures.
Or, sans les Libres Propos, il n’y a plus d’Hitler « islamophile ». Après tri, recoupement, hiérarchisation, Carrier retient (4) :
- Hitler ne dit pas qu’il préfère l’Islam au Christianisme.
- Il parle peu du Christianisme – ce que nous avons déjà constaté dans le Mein Kampf – quand il en parle, c’est plutôt du Catholicisme, qu’il méprise et qu’il considère comme un crypto-judaïsme; en outre, il pense que le Vatican pose un problème de double allégeance aux fidèles: loyauté envers son pays, ou loyauté envers le Vatican.
- Il considère que l’Islam est une religion plus simple et plus apte à générer un esprit de sacrifice, mais il disait la même chose du paganisme japonais, et, comme déjà souligné plus haut, l’alliance avec le Japon n’a strictement pas fonctionné, aucune coordination stratégique.
III – Et l’affaire Lawrence d’Arabie ?
Nous n’en avions jamais entendu parler, il se trouve que par pure coïncidence le site IHR redonne ces jours-ci la transcription d’une conférence de Karl Otto Braun sur la politique étrangère du Reich et que, par acquit de conscience, nous avons recherché le mot « Islam ». Sans surprise, sur un article de 17 pages, le mot ne remonte pas. On tombe par contre sur deux occurrences rapprochées d’« islamique ». Cherchant à savoir le contexte de ces occurrences, on trouve deux lignes plus haut ce passage stupéfiant :
« Le dernier grand défenseur britannique des Arabes, T.E. Lawrence (« Lawrence d’Arabie »), a été tué dans un accident de moto en 1935, peu avant une rencontre prévue avec Hitler. »
Nous ne pouvons pas évaluer la valeur de ce passage, ce qui est sûr, c’est que Karl Otto Braun était une huile de la Wilhelmstraße, il se présente ainsi en début de conférence, avec cette pointe d’humour noir :
« Au cours de ma carrière de diplomate, j’ai eu trois supérieurs. Le premier était Alfred Rosenberg, chef de l’Office de politique étrangère du parti national-socialiste. Ensuite, le ministre des affaires étrangères Konstatin von Neurath, un conservateur de la « vieille école ». Enfin, Joachim von Ribbentrop. Sur les trois, deux, Rosenberg et von Ribbentrop ont été pendus… ».
Si vrai, voilà un accident de moto qui aura bien opportunément changé le cours de l’histoire, une rencontre Hitler – Lawrence d’Arabie, quelle sensation cela aurait été !
Librement adapté de Karl Radl | Was Hitler Pro-Islam? (and Other Historically Illiterate Nonsense about Adolf Hitler)
Sources :
Libres propos d’Adolf Hitler — Wikipédia
Reflections on German and American Foreign Policy, 1933-1945
Notes :
(1) Andrew Bostom, 2008, ‘Legacy of Islamic Antisemitism: From Sacred Texts to Solemn History’, 1st Edition, Prometheus Books: New York, pp. 150-151
(2) Cf. Mikael Nilsson, 2020, ‘Hitler Redux: The Incredible History of Hitler’s So-Called Table Talks’, 1st Edition, Routledge: New York
(3) https://www.richardcarrier.info/archives/18147
(4) Ibid.
(5) Wolfgang Schwanitz, 2004,‘“Der Geist aus der Lampe”: Fritz Grobba und Berlins Politik im Nahen und Mittleren Orient’, Comparativ, Vol. 14, No. 1, pp. 145-147
(6) Wolf von Schierbrand, 1903, ‘The Kaiser’s Speeches: Forming a Character Portrait of Emperor William II’, 1st Edition, Harper & Brothers: New York, pp. 320–321
(7) Sean McMeekin, 2010, ‘The Berlin-Baghdad Express: The Ottoman Empire and Germany’s Bid for World Power’, 1st Edition, Harvard University Press: Cambridge, pp. 15-16
Annexes : les occurrence du christianisme dans Mein Kampf
Si, dans l’Allemagne d’avant-guerre, la vie religieuse avait un arrière-goût désagréable, cela tient au mauvais usage qui fut fait du christianisme par le parti qui s’intitulait chrétien, et de l’impudence avec laquelle on s’efforçait d’identifier la foi catholique avec un parti politique.
Mais la meilleure définition en est fournie par le produit de cette éducation religieuse : par le Juif lui-même. Sa vie n’est que de ce monde et son esprit est aussi profondément étranger au vrai christianisme que son caractère l’était, il y a deux mille ans, au grand fondateur de la nouvelle doctrine.
Mais aussi le Christ fut pour cela mis en croix, tandis qu’on voit aujourd’hui le parti politique chrétien se déshonorer en mendiant pour les élections les voix des Juifs et en cherchant ensuite à nouer des intrigues avec les partis juifs athées, même contre ses propres nationaux.
Le christianisme n’est pas devenu si grand en faisant des compromis avec les opinions philosophiques de l’antiquité à peu près semblables aux siennes, mais en proclamant et en défendant avec un fanatisme inflexible son propre enseignement.
« Le dernier grand défenseur britannique des Arabes, T.E. Lawrence « Lawrence d’Arabie »), a été tué dans un accident de moto en 1935, peu avant une rencontre prévue avec Hitler. »
Cette révélation, citée par Francis Goumain, évoquant une probable rencontre avec Hitler, est en effet stupéfiante. Mais il faut savoir qu’elle a été mentionnée par d’autres auteurs, dont l’historien britannique Rodney Legg, dans son livre sur Lawrence d’Arabie, déclarant « qu’au moment de l’accident, Lawrence s’apprêtait à rendre visite à Henri Williamson, chez lui, dans la région côtière du North Devon. Une réunion avait en effet été organisée afin de préparer une éventuelle rencontre avec Adolf Hitler, très préoccupé par l’attitude belliciste du lobby de la guerre ».
Ne s’arrêtant pas là, Rodney Legg, demeurant lui-même dans le Dorset, reviendra sur l’accident de Lawrence et « met en cause ‘le véhicule, conduit par des ‘tueurs à gages’ des Services secrets, qui aurait heurté volontairement Lawrence… confirmant ainsi qu’il avait été assassiné par l’appareil d’Etat, en un mot, sur ordre de Churchill ».
Quant à l’historien et poète britannique Robert von Ranke Graves*, il affirma pour sa part : « Lawrence se disait convaincu que le Royaume-Uni ne devrait jamais de nouveau s’engager dans une guerre fratricide avec ‘la branche allemande de nos nations aryennes’. Lawrence était aussi ami et admirateur de Sir Oswald Mosley et projetait avec d’autres vétérans, de rejoindre la BUF (Union des Fascistes britannique) anti-guerre – ce qui était perçu comme une menace par les pouvoirs établis, c’est-à-dire par Churchill et ses maîtres judéo-maçons ».
*Robert von Ranke Graves (1895-1985, Espagne), classiciste et critique littéraire ; dont le père, Alfred Perceval Graves, fut un célèbre poète irlandais et une figure de la renaissance gaélique. Tous deux se revendiquaient de la culture celte et étudiaient la mythologie irlandaise.
Merci
Hassan Salameh
Pendant la Seconde Guerre monidale, il est militaire et rejoint l’Allemagne nazie, qui le parachute en été 1944 en Palestine.
Il est le père de Ali Hassan Salameh, membre de Septembre noir et un des instigateurs présumé de Munich