Sur le socle de la statue de Marianne place de la République à Paris est inscrit actuellement en lettres capitales ce slogan révélateur : « Mai 68… Ils commémorent. On recommence ». L’extrême gauche entend en effet mener une convergence des luttes entre le mouvement des cheminots et la grogne étudiante, comme il y eut une mobilisation commune des milieux estudiantins de gauche et du mouvement ouvrier il y a un demi-siècle. Le 9 avril, à Rouen, l’Assemblée générale de étudiants a par exemple voté l’occupation des locaux de la faculté et une motion de soutien au mouvement des cheminots. Une délégation des cheminots grévistes était d’ailleurs présente lors de l’AG et a pris la parole, déclarant qu’il s’agissait du même combat. Comme le gouvernement est en train d’évacuer la Zad, qui bénéficie d’un fort soutien à Nantes, 2000 personnes ayant défilé pour soutenir les zadistes et dénoncer les expulsions, on peut parfaitement envisager dans les jours et semaines qui viennent une convergence des luttes entre cheminots, zadistes et étudiants. Le cocktail pourrait alors se révéler explosif !
Comme toujours les apôtres de la non-violence et du pacifisme ne reculent devant aucun coup de force quand il s’agit de faire valoir leurs vues. Des groupes d’extrême gauche bloquent actuellement plusieurs facultés en France, celle de Montpellier depuis maintenant deux mois, empêchant le déroulement des cours et des examens, au point que le ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, s’est prononcé pour la tenue d’examens par Internet (ce qui est hallucinant : comme on ne veut pas se donner les moyens d’évacuer les universités bloquées, on envisage soudainement de changer la donne quant aux modalités des examens !)
Les grévistes qui empêchent les étudiants qui veulent suivre leurs cours de travailler — ce sont toujours les mêmes méthodes détestables consistant à prendre tout le monde en otage — sont vent debout contre un projet de sélection à l’entrée de l’université, intitulé Parcoursup. Devant l’engorgement des universités et le taux d’échec impressionnant des étudiants dès la première année de fac, le gouvernement a mis en place une très timide sélection. Là où il aurait fallu créer un concours d’entrée à l’université, il a préféré opter pour un tri des dossiers des élèves de terminale ou d’étudiants en réorientation dans les cas où les candidats sont plus nombreux que les places disponibles. Ce classement doit aussi permettre de repérer les candidats auxquels proposer un parcours personnalisé (remise à niveau, licence en quatre ans au lieu de trois).
Cette très modeste — et fort insuffisante — sélection reposant sur les notes est insupportable aux yeux des gauchistes égalitaristes pour qui le seul mot de sélection ou d’émulation suffit à faire prendre les armes. On se souvient qu’au moment des débats législatifs sur la loi Devaquet de 1986 proposant déjà d’introduire — en vain — une sélection à l’entrée de l’université, les étudiants de gauche et d’extrême gauche avaient bloqué les universités, mis en œuvre des manifestations géantes de nature quasiment insurrectionnelle, avec l’appui des grands media, des partis de gauche et du président de la République François Mitterrand, alors très content de mettre des bâtons dans les roues du gouvernement de cohabitation. La mort accidentelle, et ô combien instrumentalisée, du Beur Malik Oussékine au cours d’une manifestation estudiantine avait eu raison du projet de loi Devaquet, ainsi que de la velléité du gouvernement Chirac de réformer le code de la nationalité selon le droit de filiation et d’abolir le droit du sol. Dans une France républicaine et révolutionnaire dont la devise, parfaitement stupide, est « liberté, égalité, fraternité », à l’opposé du Dieu, Famille, Patrie de saint Eloi, il ne fait pas bon remettre en question, ne serait-ce que marginalement, l’égalitarisme niveleur.
Peu importe que l’université soit devenue, comme le secondaire, une immense garderie, peu importe que la qualité des études diminue de plus en plus, il ne faut surtout pas toucher au dogme de la sacro-sainte égalité. Nous mourons à cause de fanatismes idéologiques : l’antiracisme tue nos défenses immunitaires et nous empêche de résister à l’invasion et à la submersion de notre pays, au changement de population, le féminisme détruit la stabilité et la fécondité des familles et nuit à l’ordre social et moral, l’égalitarisme promeut une médiocrité généralisée, favorise le chômage de masse, conduit à une destruction méthodique et continue des savoirs et des savoir-faire du langage, de l’orthographe, de la grammaire, de l’éducation, de la discipline, de l’effort.
Et dans cette destruction des défenses immunitaires, la religion de la Shoah et la lutte contre l’antisémitisme jouent, elles aussi, un rôle majeur, comme on le voit chaque jour davantage. Toute politique de l’énergie, de la propreté, de renaissance et de résurrection nationale est frappée d’interdit car, nous dit-on, on sait où le nationalisme a mené pendant la guerre. Cette soumission au Dogme est le fait de tous les partis politiques, de tous les syndicats, de toutes les institutions, et il ne faut pas compter sur le mouvement des cheminots, des étudiants ou des zadistes pour nous délivrer de cette oppression, bien au contraire. Il ne faut pas compter davantage sur Marine Le Pen et le futur Rassemblement national. Ainsi, député FN du Nord et porte-parole du Front national, Sébastien Chenu n’en peut plus d’avoir été présent à la « marche blanche » contre l’antisémitisme, aux côtés de Marine Le Pen. Il estime que la participation de la benjamine de Jean-Marie Le Pen à cette manifestation marque un tournant et est l’ultime étape de la dédiabolisation. Il jouit : « On a cassé le rétroviseur. C’est le contrepoint de ce qu’a pu être le « point de détail » de Jean-Marie Le Pen, un tournant. Désormais, on ne pourra plus associer Front national et antisémitisme. On va enfin arrêter de nous reprocher en toute hypocrisie des déclarations de Jean-Marie Le Pen d’il y a trente ans. Ce qui nous liait à ses propos scandaleux sur la communauté juive (sic !) n’a pas de lien avec ce que nous sommes en train de créer. » Un aveu fort significatif. Bien sûr, ajoute l’inénarrable Chenu, « cela donne rétrospectivement raison à Marine Le Pen d’avoir exclu son père « et cela montre « par son attitude et son discours, qu’elle était parfaitement républicaine et qu’elle était reconnue comme telle. » Voilà le genre de personnalités que Marine Le Pen a fait venir au Front, qui est avec Philippe Olivier son principal conseiller, et qu’elle a même intégré au bureau exécutif du FN au congrès de Lille, soit à l’instance suprême du mouvement. Marine Le Pen a préféré Sébastien Chenu au vieil homme chenu, la post soixante-huitarde a opté pour le créateur de Gay Lib contre le fondateur du Front national, elle a préféré le grand vide et les latrines au héros de la poésie et de la grammaire latine, les chars de la Gay Pride et la couverture de Têtu à l’honneur et à la vertu, les homos à un cerveau, les adeptes du sauna gay, de la backroom et de la pissotière à son propre père. Car les gays de la Marine n’ont peur ni de l’Enfer ni du sida mais ils ont peur de la shoah !
Jérôme BOURBON
Editorial du numéro 3325 de RIVAROL daté du 11 avril 2018
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