A L’HEURE OÙ nous bouclons ce numéro de rentrée, près de deux mois après les élections législatives qu’il avait lui-même organisées en dissolvant à la surprise générale l’Assemblée nationale le 9 juin dernier, le soir même du résultat des européennes, le président de la République n’a pas encore nommé un nouveau Premier ministre même si les gazetiers pensent que c’est désormais une question d’heures ou de jours.
C’est la première fois dans son histoire que la France reste aussi longtemps sans gouvernement, ou plus exactement avec un gouvernement démissionnaire, contrairement à la Belgique qui est restée 541 jours consécutifs sans gouvernement en 2010-2011 et au Liban qui est sans président depuis le départ de Michel Aoun le 31 octobre 2022. Même à la Libération il y a eu une vacance du pouvoir exécutif de seulement cinq jours entre le départ forcé (par les Allemands) du maréchal Pétain le 20 août 1944 et l’arrivée du général De Gaulle le 25 août. Cette absence de gouvernement non démissionnaire est donc le signe manifeste d’une grave crise politique, et même d’une crise de régime. Alors que la Ve République était vantée pour sa stabilité, les institutions ne fonctionnent plus désormais. Non plus que le scrutin majoritaire uninominal à deux tours dont on nous certifiait pourtant qu’il assurait automatiquement des majorités à l’Assemblée nationale, contrairement à la proportionnelle. Tout cela a volé en éclat, la gauche et la droite dites de gouvernement ayant montré leur nocivité une fois aux responsabilités ces dernières décennies et le pays étant divisé entre différents blocs dont aucun ne peut à lui seul obtenir la majorité des suffrages et des sièges. Plusieurs France se font face et n’ont plus rien à se dire. D’où la situation de paralysie, au moins relative, que nous connaissons actuellement.
Il est assurément paradoxal que le chef de l’Etat qui s’est empressé de dissoudre l’Assemblée nationale, alors que personne ou presque ne le lui réclamait, à la notable exception des dirigeants du Rassemblement national, ne semble pas avoir hâte de nommer un Premier ministre et de constituer un nouveau gouvernement. De plus, en diabolisant artificiellement sur sa droite le Rassemblement national et sur sa gauche la France insoumise — alors même que les députés de ces deux formations, quoi qu’on pense d’elles par ailleurs, ont été régulièrement élus au suffrage universel —, toujours, on l’aura noté, au nom de la lutte contre l’antisémitisme supposé présent chez LFI et passé ou résiduel au RN, le locataire de l’Elysée replace au centre du jeu politique ce qu’il appelle « le bloc central », c’est-à-dire la Macronie. Son camp a perdu les élections législatives, certes moins sévèrement que prévu, du fait de l’efficacité renouvelée du fameux « cordon sanitaire », mais en excluant le RN et LFI, et même d’une certaine manière tout le Nouveau Front populaire dont il refuse l’accession de sa candidate, la lesbienne Lucie Castets, à Matignon, il refuse dans les faits d’enregistrer, d’entériner la défaite des siens aux législatives des 30 juin et 7 juillet. Ce qui est inouï quand on se donne la peine d’y réfléchir. En précipitant des législatives anticipées, avant même la fin de l’été et les Jeux Olympiques de Paris, Macron prétendait vouloir redonner la parole au peuple dans un souci de “clarification”. Or, il ne tient aucun compte jusque-là des résultats, ni de ceux du premier tour qui ont vu la victoire du RN, ni de ceux du second marqués par la victoire surprise (et toute relative) en sièges du Nouveau Front populaire. A la vérité, il ne veut pas d’un gouvernement qui remette en question la retraite à 64 ans et qui augmente le SMIC et les bas salaires. En revanche, il veut nommer un Premier ministre qui puisse réaliser un relatif consensus en se contentant pour l’essentiel de faire du sociétal, c’est-à-dire en réalisant les réformes les plus détestables, mais de nature à rassembler un grand nombre de parlementaires de gauche, du centre et de “droite” (ou plutôt de prétendue droite).
ET C’EST LÀ qu’apparaît depuis peu avec insistance, après ceux du socialiste Bernard Cazeneuve et du franc-maçon LR Xavier Bertrand, le nom du sexagénaire Thierry Beaudet qui semble favori à l’heure où nous rédigeons ces lignes pour occuper le poste de Premier ministre, même si ce n’est pas encore confirmé officiellement et qu’il convient donc de rester prudent. Président depuis mai 2021 (et pour un mandat de cinq ans) du Conseil économique, social et environnemental, troisième chambre constitutionnelle de la République avec l’Assemblée nationale et le Sénat, Thierry Beaudet est directement à l’origine de la prétendue Convention citoyenne sur la fin de vie. Bref, il est un militant acharné de l’euthanasie et du suicide assisté. Dès 2020, dans une tribune auprès du Journal du dimanche, il estimait que « l’aide active à mourir » était « un débat nécessaire » et il enjoignait au Parlement de se saisir de la question. Autrement dit, avec lui à Matignon, nul doute que la dépénalisation de l’euthanasie ne tarderait pas et pourrait même être votée, promulguée et appliquée avant la fin de l’année. Partisan de la mort des vieux et de tous ceux jugés inutiles ou encombrants, il l’est également de l’assassinat de masse des enfants à naître. En mars dernier, il avait ainsi partagé sa “fierté” et son “émotion” (sic !) sur les réseaux sociaux lors de l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution. Toujours dans la même logique gauchiste, wokiste et luciférienne, il s’est par ailleurs exprimé à maintes reprises en faveur de la défense et de la promotion des “droits” LGBT, « un combat qui doit continuer d’être mené avec détermination (sic) dans toutes les sphères de la société », a-t-il pu écrire. On peut donc craindre le pire avec lui. D’ailleurs, au sujet de l’éducation, Thierry Beaudet déclarait à la rentrée scolaire 2023 : « Notre école doit permettre la réussite de tous et toutes et favoriser toutes les mixités ». On sait ce que cela veut dire. D’ailleurs, en janvier dernier, il confiait sur X (anciennement Twitter) avoir participé à la manifestation parisienne contre « la loi immigration pour rappeler (son) attachement aux valeurs de la République : liberté, égalité, fraternité ».
Thierry Beaudet coche donc toutes les cases pour être nommé à Matignon par Macron. Avec lui, la politique d’invasion migratoire de notre pays, de culture de mort, de destruction de la morale naturelle et de la famille traditionnelle va encore s’aggraver, s’amplifier. Ainsi que la persécution des opposants à ces réformes détestables. C’est une technique de la gauche depuis déjà plusieurs décennies : puisque les gouvernements successifs sont au service de la finance internationale, anonyme et vagabonde, et qu’ils ne sont donc pas là pour améliorer les conditions de vie et de travail du peuple, leur rôle est d’œuvrer activement à la mise en œuvre de la révolution arc-en-ciel promouvant un homme et un monde nouveaux, LGBtistes, écologistes, immigrationnistes, antiracistes (sauf quand il s’agit de l’entité sioniste), wokistes, gravant dans le marbre constitutionnel le droit à l’avortement, à l’euthanasie, à la transsexualité et à toutes les déviances.
C’EST POURQUOI il ne faut surtout pas souhaiter la constitution rapide d’un nouveau gouvernement qui, quel qu’il soit et quelle qu’en soit la figure de proue, ne peut que conduire une politique désastreuse et mortifère dans tous les domaines, y compris et d’abord les plus essentiels. Lorsqu’un pouvoir ne défend plus le bien commun, l’intérêt général, ne promeut pas le bien, le beau, le vrai, mieux vaut qu’il soit faible, temporaire et instable. Ainsi sa nuisance est quelque peu limitée, freinée, gênée, ralentie. La IVème République, qui était relativement faible, avec des gouvernements de courte durée et des majorités aléatoires et peu solides, a finalement été beaucoup moins nocive que la Ve gaullienne. La IVe n’a pas réussi, contrairement à la Ve, à liquider notre empire colonial, non plus qu’à nous imposer une immigration massive ou la totale sujétion à l’Europe de Bruxelles et au mondialisme, non plus qu’à détruire la famille traditionnelle. Ce que n’est pas parvenu à réaliser un pouvoir faible, une République forte, comme la Vème, l’a fait. En moins de quatre ans, De Gaulle a ainsi bradé l’Algérie et même le Sahara qui, grâce à son gaz et à son pétrole que nous avions découverts, nous aurait assuré une indépendance énergétique absolument vitale, surtout dans le monde d’aujourd’hui, tandis que les populations autochtones auraient été fixées là-bas au lieu de venir massivement en métropole. En l’espace de quelques décennies seulement, grâce à des institutions stables et fortes, et la passivité d’un peuple anesthésié, la Ve a réussi à liquider notre souveraineté, notre monnaie, nos frontières, notre intégrité territoriale, notre homogénéité corporelle et spirituelle, notre morale traditionnelle, nos modes de vie et de pensée. Ce n’est pas rien. On le voit, un pouvoir fort et stable est nécessaire et salutaire quand il va dans le bon sens, comme ce fut le cas globalement sous l’Ancien Régime. Mais lorsque nous avons des gouvernements de gredins, de coquins et de faquins, de bandits, de traîtres et d’assassins, comme c’est le cas notoirement en République, mieux vaut qu’ils soient les plus fragiles et les plus faibles possibles. Et donc les moins nuisibles. […]
RIVAROL, <[email protected]>
Source : Éditorial de Rivarol
Gare à la mauvaise foi quasi systématique de la « réinfo »:
On fait mine de dire que le nom du Premier ministre n’a pas d’importance « pour quoi faire »,
alors qu’en réalité, on attend juste la nomination pour savoir sur qui taper.
Je parie ma chemise que le prochain édito Rivarol sera un brûlot contre Barnier.
Moi, je suis satisfait que ce soit Barnier, je voulais déjà que ce soit lui le candidat des LR aux présidentielles, ils ont préféré cette gourde percée de VP.
Barnier, au moins, il est B, pas H et pas J, dans l’état actuel des choses, c’est inespéré.