LES GOUVERNEMENTS changent mais la répression demeure voire s’intensifie. Le 11 septembre, date symbolique s’il en est, on apprenait que l’essayiste Alain Soral était condamné à un an de prison ferme et 4000 euros d’amende par la XVIIe chambre du tribunal judicaire de Paris pour provocation à la haine raciale et provocation publique non suivie d’effet à commettre l’un des crimes ou délits portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation. En cause des propos tenus dans une vidéo en 2020, en pleine tyrannie sanitaire et covidesque, où le président d’Egalité et Réconciliation mettait en cause, dans la gestion politico-médicale du coronavirus, des personnalités dont beaucoup d’origine ou de confession juive, « Levy, Buzyn, Hirsch, Guedj, Deray, Jacob, Salomon ». Par ailleurs, évoquant, avec son franc-parler habituel, l’échec du mouvement des Gilets jaunes, il disait : « Ce qu’il faut, c’est s’armer. On fait la révolution en prenant le pouvoir par les armes. Un M16 (fusil d’assaut américain), c’est plus efficace pour exiger ses droits démocratiques qu’un gilet jaune. » Ces quelques considérations ont suffi à convaincre le tribunal correctionnel de condamner Alain Soral, actuellement résident en Suisse (il détient à la fois les nationalités française et helvétique) à un an de prison ferme sans aménagement de peine.
C’est peut-être cela qui est le plus extravagant dans ce jugement. Habituellement, en effet, pour les condamnations inférieures ou égales à deux ans de prison ferme, les juridictions précisent que la peine sera exécutée soit par le port à domicile d’un bracelet électronique, ce qui est le cas le plus fréquent, soit sous la forme de travaux d’intérêt général, soit encore sous la forme d’une semi-liberté (par exemple on dort derrière les barreaux la nuit et on est libre le jour). Là, rien de tel. C’est la case prison obligatoire. Or, même pour des affaires très graves, comme des agressions sexuelles, les tribunaux n’hésitent pas aujourd’hui à recourir au bracelet électronique. Ce fut le cas par exemple pour Dominique Boutonnat, ancien président du Centre national du cinéma, qui a été condamné en juin 2024 à un an de prison ferme pour avoir abusé sexuellement de son filleul et qui n’a pas passé un seul jour de sa vie en cellule. Il a eu droit au bracelet électronique. Ce fut le cas également pour des délinquants politico-financiers ayant commis de très graves malversations. Mais là, pour Soral, on fait une exception. Le crime d’antisémitisme ne saurait en effet valoir la moindre indulgence. Même lorsque l’entité sioniste, qui n’est qu’une monstrueuse et hideuse excroissance de la coterie juive en Palestine occupée, commet un génocide casher à Gaza et bombarde tous les Etats de la région, du Liban au Yémen, en passant par la Syrie et l’Iran, et maintenant le Qatar. En toute impunité. Au nom de (et grâce à) son immunité mémorielle qui lui confère un pouvoir sans limite, celui de voler, de déposséder, de tuer, de massacrer, de démembrer, d’affamer, d’assoiffer, de bombarder, d’incendier, de tyranniser, d’esclavagiser, de détruire tout ce qui lui déplaît, tout ce qui contrarie, par sa seule existence, comme les bébés palestiniens, ses desseins mortifères.
EN FRANCE, depuis le 9 septembre, nous avons changé de Premier ministre. C’est Sébastien Lecornu, fidèle entre les fidèles d’Emmanuel Macron, qui est le successeur de François Bayrou et le septième chef de gouvernement de l’Elyséen depuis sa première élection en mai 2017. Lorsque François Mitterrand avait choisi Edith Cresson pour Matignon en 1991, au grand dam des éléphants du Parti socialiste, on avait dit à l’époque que, d’une certaine manière, Mitterrand s’était nommé lui-même Premier ministre, vu la proximité entre les deux personnalités. De la même manière, nommer rue de Varenne son plus dévoué collaborateur, celui qui fut de tous ses gouvernements sans exception depuis 2017, est une façon pour Macron de se nommer lui-même à Matignon. Une nomination qui est une forme de provocation alors même que le bloc central a perdu les élections législatives de l’été 2024. En nommant Barnier, puis Bayrou, puis Lecornu, c’est-à-dire des personnalités à chaque fois plus proches de lui, le chef de l’Etat fait fi des résultats des élections. Preuve d’ailleurs que voter ne sert à rien, ne résout rien. Bien au contraire.
Toutefois, le choix de Lecornu, aussi provocateur soit-il, n’est pas si stupide. Cet homme de l’ombre, qui cultive le secret et la discrétion, qui entretient des relations courtoises voire cordiales avec quasiment tous les bancs de l’Assemblée, qui a dîné discrètement à plusieurs reprises avec Marine Le Pen et Jordan Bardella, qui a réussi à faire voter, comme ministre de la Défense, la loi de programmation militaire à la fois par les socialistes et le Rassemblement national, est un politicien habile, retors et précoce qui a été assistant parlementaire à 19 ans, maire de Vernon à 27, puis président du conseil départemental de l’Eure à 28 ans, secrétaire d’Etat à trente ans, ministre à 31 ans, ministre des Armées à 35 et qui est donc désormais Premier ministre à 39. Age où Macron a été élu président de la République. Voilà un an déjà que le chef de l’Etat souhaitait installer Lecornu à Matignon. Mais, faute de soutiens suffisants dans le bloc central, il avait dû provisoirement y renoncer en nommant Barnier puis Bayrou. Mais l’Elyséen est très content de s’être débarrassé du Béarnais avec lequel les relations ont toujours été compliquées et d’avoir enfin pu nommer un collaborateur inconditionnel en qui il a toute confiance.
RESTE À SAVOIR si Lecornu réussira, là où ses prédécesseurs, pourtant expérimentés, ont échoué. L’équation s’annonce très compliquée puisque le « socle commun » qui réunit au Palais-Bourbon le bloc central et les Républicains ne dispose que de 210 députés, la majorité étant de 289. Toutefois, le nouveau Premier ministre dispose dans son jeu d’une carte maîtresse dont on ignore toutefois à ce stade si elle sera suffisante : aucun parti actuellement représenté au Parlement, à l’exception du Rassemblement national — et encore pas Marine Le Pen, elle-même qui est actuellement inéligible — n’a en effet intérêt à des élections législatives anticipées. Ni la gauche qui est divisée entre les socialistes et les mélenchonistes qui se sont encore envoyés des noms d’oiseaux à la Fête de l’Huma ces 13 et 14 septembre et dont il est difficile d’imaginer en l’état des candidatures d’union dès le premier tour dans toutes les circonscriptions. Ni le bloc central dont toutes les enquêtes indiquent qu’un retour aux urnes réduirait encore sensiblement ses effectifs déjà réduits depuis la dissolution de 2024. Ni les Républicains qui, malgré les progrès enregistrés en termes militants, électoraux et d’image, avec Bruno Retailleau, qui joue à plein médiatiquement de sa fonction de ministre de l’Intérieur, comme Pasqua, Chevènement et surtout Sarkozy avant lui, n’ont aucune chance de faire élire plus de députés dès lors qu’ils font cavalier seul aux élections et ne forment pas encore un socle suffisamment puissant. De plus, Lecornu n’est pas un homme de convictions et il est sans doute capable de passer, au moins jusqu’à un certain point, sous les fourches caudines de la gauche, pour que le budget 2026 qu’il doit préparer ne soit pas censuré. Ce qui annonce encore un très inquiétant tour de vis fiscal tant pour les ménages que pour les entreprises. A l’origine, Sébastien Lecornu est plutôt un homme de la droite provinciale et conservatrice. A 16 ans, il voulait même devenir moine bénédictin. Il s’était par la suite opposé au mariage pour tous, disant même à l’époque que « le communautarisme gay l’exaspérait ».
Mais malheureusement, Lecornu est de ces conservateurs (très nombreux) que Drumont et Bernanos dénonçaient déjà en leur temps. Leur ambition l’emporte toujours sur leurs convictions. On ne le dira jamais assez mais le carriérisme est une catastrophe absolue. Il est à l’origine de tous les reniements, de toutes les démissions, de toutes les compromissions, de toutes les abdications. Comment un homme qui a voulu être bénédictin, qu’on dit « fana mili », qui connaît tout, dit-on, des grades, de l’histoire et des traditions de la Grande Muette, qui était de surcroît publiquement opposé au « communautarisme gay » peut-il se retrouver dévoué serviteur et bras droit de Macron qui incarne par excellence le mondialisme, l’abandon de la souveraineté nationale, l’européisme, le nomadisme, l’idéologie LGBT, la politique hors sol ? Lecornu, issu pourtant d’une bonne famille, est tellement devenu, au fil des années, un politicien comme les autres qu’il a eu lui-même “son” affaire politico-financière. En effet, en 2021, le Parquet national financier (PNF) avait indiqué qu’une enquête préliminaire pour prise illégale d’intérêts et omission de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique concernant ses activités passées à la tête du département de l’Eure était ouverte. Deux ans plus tard, comme par magie, le PNF annonçait le classement sans suite de ce dossier. Comme pour Macron quelques années plus tôt. Il faut croire qu’être au pouvoir n’entraîne pas que des déboires ! […]
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Source : Éditorial de Rivarol