C’est une étrange bataille que mènent les « héritiers » d’Anne Franck depuis plusieurs années : sans craindre les contradictions et les polémiques, pour assurer la pérennité de leur rente, ils refusent et combattent avec acharnement et parfois haine ceux qui réclament que le récit attribué à Anne Frank devienne libre de droits, limitant ainsi fortement sa diffusion.
Alors que ce serait non seulement le meilleur moyen d’assurer la postérité de la jeune juive, mais encore une façon de démontrer que l’argent n’aurait finalement pas été le moteur du père de cette dernière et de ses successeurs, le Fonds Anne Frank (FAF) prétend que ledit « journal » ne tombera pas dans le domaine public en 2016 comme il aurait dû, conformément à la loi. L’information a été abondamment relayée par la presse à gages.
« Si la règle générale est celle des 70 ans pma (« post mortem autoris »), de nombreuses exceptions existent telles que celles relatives aux œuvres posthumes ou aux œuvres composites. Si Anne Frank est décédée en mars 1945, les différentes versions de son journal restent pourtant soumises à protection en France, comme dans de nombreux autres pays, et donc à autorisation préalable du Fonds Anne Frank »,
s’est réjoui le fonds qui pense pouvoir ainsi vivre grassement durant encore plusieurs dizaines d’années.
La théorie du FAF est pour le moins tortueuse. Le journal, aux conditions de rédaction pour le moins contestées, n’aurait commencé à être diffusé dans sa version prétendument « originale » qu’à partir des années 1980. Le texte publié dès la fin des années 1940, dans la lignée des politiques de déculturation imposées par l’occupant, a été abondamment « révisé » par le père de la jeune juive, ce qui avait pourtant été, durant de longues années, nié, malgré les preuves avancées par les révisionnistes, insultés et condamnés, et dont tout montre désormais qu’ils avaient raison. Sur son site, le FAF évoque des « transformations » opérées sur le texte original notamment pour le rendre « lisible » (sic).
Dans sa lutte pour faire croître le pactole, le Fonds Anne Frank reconnaît que le journal lu durant des décennies n’était donc pas vraiment celui de la jeune fille, morte dans un camp de concentration allemand du fait des conditions terribles de vie induites par les attaques incessantes contre l’Europe des armées russes et américaines mues, o ironie, par Israël.
« Il en est de même des versions du Journal réalisées par Otto Frank ou par Mirjam Pressler dont les droits appartiennent également au Fonds Anne Frank, sur la base cette fois des règles applicables aux œuvres composites, au regard du travail très important de ces personnes sur ces éditions »,
a précisé la presse du régime. Le FAF défend quasiment la théorie selon laquelle chaque nouvelle édition modifiée remet le compteur des droits d’auteurs à zéro. Ce Fonds, qui s’enrichit sur le dos d’Anne Frank depuis… 1963, affirme que le prétendu « journal » tombera dans le domaine public en… 2051.
Malgré la presse quasi unanime pour relayer la propagande du FAF, des voix s’élèvent pour assurer qu’il ne s’agit – est-ce étonnant ? – que de mensonges. Plusieurs individus ont affirmé que, malgré les propos du FAF, ils diffuseraient le texte libre attribué à Anne Frank. C’est le cas d’activistes de la libre culture et de militants contre les droits d’auteurs, mais aussi du président de l’association Wikimédia France. Une députée, Isabelle Attard, a rejoint les dissidents.
« J’affirme donc que le Journal d’Anne Frank de 1942 est une œuvre dont l’exclusivité d’exploitation s’achève, en France, le 1er janvier 2016. Elle sera donc officiellement entrée dans le domaine public. Je suis prête à le maintenir devant les tribunaux. C’est pourquoi, ce 1er janvier, je publierai sur mon site Web la version originale du Journal d’Anne Frank, œuvre majeure du XXe siècle, enfin entrée dans le domaine public »,
affirme-t-elle, n’oubliant pas de préciser :
« Certains se sont émus que des négationnistes puissent abuser des libertés offertes à chacun de réutiliser les œuvres du domaine public. […] Les droits moraux, eux, sont imprescriptibles en France. L’auteur jouit donc du droit au respect de son nom, de sa qualité et de son œuvre (Article L121-1 du CPI). Les ayants droit pourront toujours poursuivre en justice ceux qui feraient une adaptation irrespectueuse de l’œuvre d’Anne Frank ».