Nous publions ci-après le texte d’une lettre, datée 11 novembre, écrite par le prisonnier autrichien Wolfgang Fröhlich, 62 ans, condamné à 8 ans et demi de prison pour crime de révisionnisme. Il est incarcéré depuis le mois d’août 2007 (s’il n’était pas révisionniste, il aurait été normalement libéré en mars, date à laquelle il avait accompli les deux tiers de sa peine)1. La lettre est accompagnée d’un communiqué de presse diffusé par le prisonnier politique.
C’est à peine croyable, mais 5 mois et demi après l’introduction de ma requête auprès de la Cour suprême [7 mai 2013] je viens de recevoir une lettre du président de cette Cour suprême, le professeur honoraire Dr. Ratz en personne! Il me « fait le plaisir » de me donner une « leçon de droit » et me recommande d’introduire ce qu’on appelle une “Nichtigkeitsbeschwerde zur Wahrung des Gesetzes” [mot à mot : plainte en annulation pour sauvegarde de la loi]2 auprès du Generalprokuratur (analogue au Generalstaatsanwaltschaft [procureur général] dans les pays civilisés). C’est, bien sûr, ce que je me suis empressé de faire ! Je suis curieux de savoir quels coups tordus vont maintenant s’ensuivre. […]
Rappelons l’adresse du prisonnier (courrier en allemand uniquement à cause de la censure):
Dipl. Ing. Wolfgang Fröhlich
JA-Stein, H. Nr. 46484
Steiner Landstr. 4
A-3504 KREMS/STEIN
Autriche
Voici le communiqué de presse diffusé par le dissident autrichien.
Dipl. Ing. Wolfgang Fröhlich – Justizvollzugsanstalt Stein – H.Nummer 46484, A-3504 Krems/Stein – Steiner Landstrasse 4 – Automne 2013 ; Présentement dans sa neuvième année d’incarcération, – en violation des droits de l’homme et en violation du « Covenant on Civil and Political Rights » des Nations Unies – Voir « UN-General comment CCPR/C/CC/34 ».
J’ai entendu dire qu’il n’a pas été donné suite à des demandes de journalistes souhaitant m’interviewer. Cela semble montrer que les autorités ne veulent pas d’un entretien qui risquerait de dévoiler auprès du public les infamies dont je suis victime, brisant ainsi l’omerta médiatique qui a été pratiquée jusqu’à ce jour.
Il serait naturellement désagréable aux nouveaux inquisiteurs de risquer que dans les procès politiques à grand spectacle les futurs jurés ne croient plus à tout ce que leur disent les juges chargés de les « instruire », et que donc ils en arrivent à prendre eux-mêmes leurs décisions en conscience et en fonction de leurs propres connaissances, avec même l’éventualité d’un acquittement des coupables. C’est cela qu’il faut empêcher. Certes il y a l’internet, mais qui chez ces braves jurés va vraiment aller chercher ses informations sur Google ?
En matière judiciaire le recours à des jurés pratiqué en Autriche est un chapitre en lui-même. Un échantillon populaire choisi sans références intellectuelles particulières (en général il s’agit de gardiens d’immeuble, d’employés du tramway viennois, de femmes de ménage, etc.) ont à statuer « démocratiquement » sur la culpabilité ou l’innocence de l’accusé. On est dans le grotesque ! Il n’en est pas ainsi dans le droit anglo-saxon où les jurés DOIVENT arriver à une décision UNANIME, ce qui logiquement suppose qu’avant le prononcé du jugement ils ont discuté intensément sur le pour et le contre de l’accusation et qu’ils ont pesé et apprécié les faits. Le système judiciaire autrichien des jurés est une farce servant d’alibi qui engendre tout simplement des erreurs judiciaires. Difficile de croire que n’existe pas un calcul derrière cette absence de professionnalisme judiciaire. Lors de mes procès plusieurs fois des jurés se sont endormis durant les audiences. Le surmenage intellectuel exigeait son tribut. Une jurée a même une fois ronflé si fort qu’elle a dû être réveillée par le juge. C’est ainsi que dans ce pays on rend la justice.
Les infractions au droit commises par la justice politique autrichienne peuvent à peine être stoppées, comme l’ont déjà établi plusieurs juristes sérieux. Je me réfère pour cela à ma lettre ouverte du 24 décembre 2012 adressée au président de la République autrichienne, le docteur Heinz Fischer (www.europaeische-aktion.org). Après cela le président a publiquement réclamé avec une rare insistance que les droits de l’homme soient respectés en Autriche, ce qui est pourtant resté sans écho au niveau de la justice.
Est à peine descriptible la terreur politique que ma famille et moi-même devons supporter depuis plus de deux décennies. Et cela seulement parce que je ne suis pas prêt à transgresser la loi naturelle et à renier mon serment académique. Des correspondants du monde entier parlent d’une « honte culturelle autrichienne » ou de « méthodes-nazies » ou simplement d’un « mépris de l’être humain ».
Est tout aussi répréhensible le fait que (sous contrainte ou non) la justice politique a rendu à l’essence même du droit autrichien le plus mauvais service qui soit. On ne pourra revenir sur une perte durable de réputation que par une révision, conforme à la constitution et aux droits de l’homme, de toutes les fautes qui ont été commises.
(Source : Bocage)
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