La révision de la loi sur l’état d’urgence survenue aux lendemains des attaques du 13 novembre a augmenté les prérogatives de la bureaucratie française. Ce régime renforce sa capacité à prendre à titre préventif des mesures privatives de liberté tout en affaiblissant le rôle du pouvoir juridictionnel. Sans surprise, le gouvernement de leur république cherche à constitutionnaliser et à banaliser ce régime d’exception.
C’est ainsi que leur président François Hollande envisage de prolonger l’utilisation de ces pouvoirs extraordinaires. Mieux encore, leur Premier ministre Manuel Valls a déclaré sur la BBC que ce régime pourrait durer jusqu’à ce que l’État islamique soit définitivement vaincu, ce qui peut prendre plusieurs mois, voire plusieurs années. Leur gouvernement de leur république semble déterminé à exploiter les peurs des Français pour entretenir l’idée que leur sécurité implique de nouveaux compromis avec la primauté du droit.
Cette opposition entre la liberté et la sécurité est la stratégie politique la plus vieille du monde pour fabriquer le consentement des populations à la puissance gouvernementale. Il est important de déconstruire ce mythe sans quoi nous serions amenés, par notre docilité, à mettre notre sécurité en péril.
La liberté est la première source de sécurité, contrairement aux idées reçues, la primauté du droit n’est pas synonyme de laxisme. Elle est au contraire la garantie d’une autorité forte et intransigeante dans ses justes attributions : la protection des populations face aux agressions publiques et privées. C’est cette protection qui constitue le socle de la sécurité collective. Hélas celle-ci s’effrite progressivement du fait des évolutions hasardeuses de leurs politiques répressives. Les mesures privatives de liberté ont en effet tendance à se déconnecter de plus en plus de la notion de responsabilité pour glisser vers celle, plus arbitraire, de dangerosité.
Contrairement à la liberté, l’état d’urgence augmente la violence dans la société.
Il faut en effet remarquer que loin d’avoir diminué les actes délictuels et criminels voire la violence au sens large, l’état d’urgence a de facto provoqué l’explosion de celle-ci. Après tout, ce qu’on appelle pudiquement une assignation à résidence préventive n’est dans les faits ni plus ni moins qu’une forme sophistiquée de séquestration. Les perquisitions administratives ne sont quant à elles ni plus ni moins que des violations de domicile. Depuis le 21 janvier, le gouvernement de leur république en aurait ordonné 3099. Enfin les diverses interdictions de manifester sont elles aussi des comportements condamnés par l’article 431-1. Nous en avons encore eu la démonstration ce samedi avec le général de Corps d’Armée Christian Piquemal, combattant d’élite qui a commandé la légion étrangère de 1994 à 1999 et a longtemps présidé l’Union nationale des parachutistes (UNP), qui a été arrêté samedi à Calais lors de la manifestation interdite du mouvement Pegida par interdiction préfectorale.
On le voit, une société qui confère aux organismes gouvernementaux le privilège d’être au-dessus du droit n’est en rien plus sûre et moins violente. Au contraire. C’est d’autant plus vrai que l’écrasante majorité de ces infractions commises par l’administration n’avait aucun rapport avec la lutte contre le terrorisme. En effet, seulement quatre procédures en lien avec le terrorisme auraient été ouvertes…
François Palaffittes