D’abord hebdomadaire, le mouvement de grève à la SNCF est devenu illimité depuis le mardi 31 mai, à l’initiative des syndicats, qui espèrent peser encore dans les négociations sur le temps de travail des cheminots ainsi que sur la loi Travail, malgré un protocole d’accord. Grave échec de François Hollande qui a sacrifié la réforme de la SNCF en contrepartie d’une paix sociale qui n’est pas revenue… L’occasion de mesurer les enjeux de cette réforme de l’entreprise publique… qui ne se fera pas.
D’abord plus de la moitié des dépenses de l’entreprise publique ne sont pas couvertes par les revenus de son activité mais par… des contributions publiques. Ainsi le contribuable paie environ 10 milliards par an pour les dépenses qui s’élèvent à 20 milliards ; sans parler des 2,2 milliards de retraites prises en charge par l’État et de la dette de 44 milliards, forcément garantie par l’État.
Tout cela ne serait pas grave si l’entreprise pouvait se prévaloir d’un haut niveau de service rendu aux usagers. Mais ça n’est pas vraiment le cas. Sur les 20 dernières années, le nombre de voyageurs transportés en France a progressé de 37% alors que dans les autres grands pays d’Europe, avec des tailles de réseau ferroviaire importantes, le nombre de voyageurs transportés a connu des augmentations beaucoup plus fortes : + 80% en Italie, + 100% au Royaume-Uni et en Espagne, et enfin + 150% en Allemagne…
Et dans le même temps ces opérateurs étrangers ont diminué leur masse salariale. La baisse des effectifs a été la plus importante au Royaume-Uni, avec près de 60 % sur les deux dernières décennies, mais aussi comparable en Allemagne, en Espagne et en Italie, avec près de 45 % en moyenne. La SNCF, quant à elle, n’a baissé ses effectifs que de 18% depuis 1990.
Et l’argument du personnel nombreux permettant d’assurer une plus grande sécurité du passager ne tient pas ! La France depuis 2004 « maintient » le nombre de victime du rail chaque année à un niveau moyen situé entre 73 et 93 victimes. Alors que si d’autres pays européens ont ou avaient un nombre de victimes comparables, en revanche leurs chiffres s’améliorent. Par exemple le marché ferroviaire britannique a connu une véritable amélioration sur les 10 dernières années avec une baisse de 67% du nombre de personnes tuées chaque année. Quant à la France, le nombre annuel n’a diminué que de 10% entre 2004 et 2013.
Mais « ça va mieux »…