A la veille de l’ouverture du procès de l’attentat commis contre Charlie Hebdo, et alors que ce périodique a décidé de republier les caricatures de Mahomet, Emmanuel Macron a défendu « la liberté de blasphémer » en France. « Depuis les débuts de la Troisième République, il y a en France une liberté de blasphémer qui est attachée à la liberté de conscience » a-t-il rappelé depuis Beyrouth. « Je suis là pour protéger toutes ces libertés. Je n’ai pas à qualifier le choix de journalistes. J’ai juste à dire qu’en France on peut critiquer des gouvernants, un président, blasphémer, etc. ». Macron est là pour protéger la liberté de publier des dessins ignobles sur le Christ, la Sainte Vierge, les anges et les saints, ce qui est habituel chez Charlie Hebdo. Macron est là pour protéger les agressions gratuites et ignobles contre la foi des croyants, contre ce qu’ils ont de plus cher au monde, contre ce qui donne sens à leur vie, à leur destinée, ce qui guide leur choix de vie.
En revanche, le chef de l’Etat n’est pas là pour protéger la liberté d’expression, de recherche, de pensée en matière d’histoire, de politique ou de morale naturelle. C’est ainsi que Dieudonné vient d’être condamné le 10 septembre à 31 000 euros pour injure raciale par le tribunal de Chartres pour avoir tenu des propos jugés antisémites lors du Bal des Quenelles de 2017. Il avait évoqué dans un sketch « le gang des pyjamas de Cracovie ». Cette saillie lui vaut 10 000 euros sous forme de jour-amende, 16 000 euros de dommages et intérêts à verser à deux associations dites antiracistes et 5 000 euros de remboursement des frais d’avocats desdites associations. Par ailleurs, la LICRA vient de saisir 45 000 euros sous forme de saisie-attribution sur le compte de Kontre Kulture et prétend en saisir 200 000 en tout dans le cadre des ouvrages interdits à la vente, comme Combat pour Berlin de Goebbels. Les sommes, on le voit, sont de plus en plus astronomiques et sont là pour ruiner, détruire, anéantir les contradicteurs.
Quant à votre serviteur, à l’issue de six procès intentés contre lui le 2 septembre, devant la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris, pour un éditorial de RIVAROL de juillet 2018 sur la panthéonisation de Simone Veil, une vidéo de mai 2018 sur l’anniversaire des 70 ans de l’entité sioniste qui s’était soldé par le massacre de cinquante Palestiniens et pour d’autres écrits jugés politiquement ou historiquement incorrects, le Parquet a requis 16 mois de prison avec sursis (qui s’ajoutent aux 9 mois, également avec sursis, auxquels le directeur de RIVAROL a été condamné le 19 juin dernier) et 20 000 euros sous forme de jours-amende. Quant aux parties civiles, la LICRA, SOS-Racisme et Avocats sans frontières du sieur Goldnadel que certains dans “nos” milieux considèrent comme un allié (il faut le faire !), elles ont réclamé en tout 92 000 euros de dommages et intérêts et plusieurs dizaines de milliers d’euros de publications judiciaires du jugement qui, selon elles, devrait être publiée à la fois dans Le Figaro, Le Monde et Libération au prix de 7500 euros hors taxes minimum l’insertion !
Le procureur a également demandé la publication judiciaire des jugements aux frais exclusifs du condamné. Jamais le concubinage, la complicité entre les parties civiles et le Parquet n’avaient été aussi manifestes que lors de cette audience. La palme de la haine revient au Procureur de la République qui m’a qualifié de « quelque chose », puis s’est repris en disant « quelqu’un » et qui a terminé en disant : « lapsus révélateur ». J’ai naturellement été traité de tous les noms par les parties adverses, notamment par la LICRA qui a estimé que j’étais « un businessman de l’antisémitisme ». Pourtant, au vu des poursuites, des amendes et des dommages et intérêts, ce n’est manifestement pas un bon filon pour faire fortune ! Pour eux, ma place est en prison, et pour longtemps. Ils le revendiquent hautement. Mais de leur part bien sûr, ce n’est pas de la haine, nullement, c’est au contraire un acte de salubrité publique, d’hygiène mentale, d’épuration idéologique absolument indispensable.
Le jugement sera rendu le 4 novembre. Certes, le pire n’est jamais sûr et il n’est pas certain que le Parquet et les associations dites de la Mémoire obtiennent tout ce qu’ils réclament. Mais le risque existe. Et de toute façon, à force de multiplier les poursuites pour tout et n’importe quoi, on finit par assécher graduellement les réserves et ruiner ses opposants politiques. Au lieu de débattre d’idées, de positions, de propositions dans un débat contradictoire et loyal, ferme mais courtois, vif mais honnête, on juge inacceptables certaines idées, certaines réactions, certaines visions du monde, de l’homme ou de la vie en société. On refuse d’en discuter publiquement, on refuse même de les réfuter par un argumentaire, on veut les faire condamner judiciairement et faire taire leurs auteurs.
C’est une méthode détestable et qui pour le coup n’a vraiment rien de scientifique. C’est un recul sans précédent de la civilisation et des libertés sous nos latitudes. C’est une régression considérable, inouïe, qui touche chaque jour des domaines plus nombreux, de sorte que l’on ne peut plus rien dire, que c’est le règne du bâillon et de la muselière. A la fois physique et mentale, corporelle et spirituelle. L’air manque à nos poumons. Nous étouffons. Au propre comme au figuré. Nous n’avons donc pas d’autre choix que de résister hardiment, que de refuser cette tyrannie et de faire face. Tout simplement. Sans haine mais sans faiblesse. Avec calme et détermination. En gardant les pieds sur terre et les yeux levés au Ciel.
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RIVAROL.
Editorial du numéro 3438 de RIVAROL daté du 16 septembre 2020
Bravo !