Dans la nuit du 9 au 10 mars, un incendie s’est déclaré dans l’un des sites de la société OVH. Selon la Préfecture et le directeur général de l’entreprise, l’incendie n’a fait aucune victime.
Un data center a été complètement détruit dans l’incendie
Un « data center » ou « centre de données », est une infrastructure composée d’un réseau d’ordinateurs et d’espaces de stockage. Ces centres de données regroupent des serveurs, des sous-systèmes de stockage, des commutateurs de réseau, des routeurs ou encore des firewalls.
Dans un communiqué publié le 10 mars à 11h, l’entreprise revenait sur le déclenchement de l’incendie et l’intervention des secours.
Ce mercredi 10 mars 2021, à 00h47, un incendie s’est déclaré dans une salle d’un de nos 4 datacentres strasbourgeois, SBG2. Nous précisons que le site ne fait pas l’objet d’une classification Seveso.
Les pompiers sont immédiatement intervenus sur site afin de protéger les équipes et limiter la progression de l’incendie. Ils ont ainsi procédé à l’isolation complète du site et de son périmètre dès 2h54. À 4h09, le feu a détruit SBG2 et continuait de présenter des risques pour les datacentres voisins jusqu’à ce que les pompiers prennent le contrôle complet de l’incendie. Depuis 5h30, le site est inaccessible à nos équipes pour des raisons évidentes de sécurité, sous le pilotage de la préfecture. L’incendie est désormais circonscrit. Nous sommes soulagés qu’aucun blessé ne soit à déplorer, ni parmi nos équipes ni parmi les pompiers et les services de la préfecture que nous remercions pour leur mobilisation exemplaire à nos côtés.
Ce sont près de 3,6 millions sites web qui sont tombés en panne dans le monde entier. Aucun secteur n’a été épargné : associations, entreprises, collectivités locales et mêmes certains services de l’Etat.
Parmi les sites actuellement inaccessibles, ceux des villes de Vichy, de Cherbourg, d’Arras ou de Saint-Ouen, mais aussi de médias, dont Le Nouveau détective, le kiosque de So Press, qui permet d’accéder aux différents magazines du groupe, ou encore Front populaire, le média souverainiste lancé par Michel Onfray.
Des clubs sportifs, dont l’ASM Rugby, l’US Créteil Handball ou encore l’AS Saint-Priest, un club de football amateur, indiquent eux aussi être touchés. Le tout sans compter CityScoot, une application de scooters électriques en libre-service. Sur Twitter, François Asselineau, le leader de l’UPR, indique que le site de son parti est, lui aussi, temporairement indisponible.
La plateforme gouvernementale de données publiques data.gouv.fr a également été inaccessible temporairement, au grand dam des fanatiques de la pandémie qui ne pouvait plus utiliser l’outil Covid Tracker.
Ce n’est pas la première fois que le site de Strasbourg est durement touché. Il avait déjà subi en 2017 une panne d’alimentation sur le même data center. L’entreprise s’était alors engagée à indemniser les victimes de la panne, et avait lancé un plan d’action post accident à hauteur de 4 à 5 millions d’euros.
Un incendie qui survient deux jours après l’annonce de la préparation de l’entrée en Bourse
Cet incendie tombe très mal pour l’entreprise Française qui avait annoncé lundi 8 mars, par l’intermédiaire d’un de ses porte-parole, la préparation de son entrée en Bourse.
La proximité des deux évènements peut soulever des interrogations quant à l’origine de l’accident. Cependant, bien qu’officialisée en début de semaine, la décision était depuis plusieurs mois dans les tuyaux. En septembre dernier, Bloomberg annonçait déjà que le groupe prévoyait d’aller en Bourse en 2021 et qu’il avait mandaté Rothschild & Co comme conseil.
L’enquête déterminera les causes de l’incendie, mais en attendant, il n’est pas inintéressant de se pencher sur les chiffres des incendies dans les entreprises qui sont loin d’être des évènements exceptionnels.
La Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) du ministère de l’Intérieur publie chaque année les statistiques les plus complètes sur les sapeurs-pompiers et les services d’incendie et de secours. Dans son rapport de 2020 portant sur les interventions de 2019, l’institution rapport 316 083 incendies sur tout le territoire, dont 4838 dans des entrepôts et locaux industriels. Soit plus de 13 par jour. Le chiffre est à peu près similaire pour les ERP (Etablissement Recevant du Public) sans locaux à sommeil avec 4757 incendies répertoriés.
Nous manquons de précisions quant à la part des incendies volontaires dans ces cas précis, mais on peut se reporter à la statistique globale donnée par le Ministère de l’Intérieur qui estime que sur l’ensemble des incendies 10 % seraient volontaires.
Enfin, selon le patron d’OVH, les premiers éléments penchent vers la piste accidentelle même s’il a déclaré que « cette vitesse d’incendie, de propagation, nous interroge ».
Le leader européen du Cloud, un rempart face à la toute-puissance des GAFAM ?
OVH est une entreprise spécialisée dans l’hébergement web et le « Cloud Computing ». Elle propose aux entreprises des infrastructures et logiciels dédiés à la gestion, à la sécurité et à l’évolution des données. RFI dresse un rapide portrait de l’homme à l’origine de ce véritable empire du numérique.
L’histoire d’OVH et d’Octave Klaba, c’est celle d’un hébergeur de sites web, devenu en deux décennies un géant du cloud, c’est celle d’une entreprise qui croit de 20 à 30% par an, celle d’une famille aussi, car le père d’Octave Henryk, a inventé pour son fils un système de refroidissement par eau des data centers. C’est enfin l’histoire d’un homme qui a conquis l’Europe, l’Amérique et l’Asie et qui regarde désormais vers l’Afrique.
Octave Klaba est un surdoué qui a percé dans le domaine des nouvelles technologies, un peu à la manière d’un Elon Musk. Dans cette période de surveillance de masse et de flicage généralisé, Klaba fait figure de modéré. Ayant vécu dans le bloc soviétique jusqu’à l’effondrement du mur, il voit d’un mauvais œil la société de surveillance qui se met en place notamment depuis le 11 septembre 2001.
« Le KGB, les différentes typologies de la persécution, nous les avons vécues de manière assez forte, et donc nous étions très contents de venir en France, et pouvoir se libérer de cette paranoïa dans laquelle on vit chez les communistes. Sur l’internet, si l’on n’est pas paranoïaque, on se fait hacker, on se fait voler des données et donc, tout cela me sert à faire marcher l’entreprise. »
L’un des arguments phares d’OVH pour se démarquer de la concurrence d’IBM et de Microsoft, est celui de la protection des données qui ne sont pas à la merci des services de renseignements américains.
En 2015, le président d’OVH s’était opposé vigoureusement au projet de loi renseignement et avait même comparé ce projet à ce qu’il avait pu connaitre dans le bloc soviétique. Cependant, le milliardaire qui avait annoncé vouloir délocaliser ses serveurs en cas de vote de la loi avait fini par faire marche arrière. Numérama avait d’ailleurs épinglé le dirigeant pour son manque de courage à ce sujet.
Après le vote de cette loi, le dirigeant de l’entreprise avait tenté de rassurer ses clients en accordant une confiance presque aveugle dans les dires des autorités. Une confiance injustifié au regard des lois et décrets liberticides des dernières années et notamment de 2020.
Alors que les GAFAM pénètrent l’Europe avec une force concurrentielle sans merci, c’est une véritable déflagration pour le numérique Français et plus largement européen, dont l’image va de facto se ternir. Son porte-flambeau a subi la plus importante catastrophe industrielle de son histoire.
Oscar Walter