AUX PORTES des stations-services, les files d’attente n’en finissent pas de s’allonger. Et nul ne voit vraiment la fin de ce calvaire républicain : le droit de grève n’est-il pas un « droit sacré » inscrit dans la Constitution ? Compatissons donc pour ces Français (dont nous sommes !) qui ne finissent pas de languir des heures durant pour quelques litres de carburant surtaxé mais indispensables au maintien d’un strict minimum vital de vie économique. Lesquels, citoyens lambda, en viennent parfois à retourner leur colère contre eux-mêmes (fréquentes rixes aux abords des pompes, un Suisse poignardé six fois en Savoie devant ses deux jeunes enfants…) tandis que, dans certaines banlieues et autres poétiques « territoires perdus de la République », des bandes de jeunes gouapes s’approprient, vendent et distribuent l’essence au gré de leurs caprices tant que celle-ci bénéficie d’un abattement de trente centimes. Quelle aumône !
Dans le même temps, à grand tapage, battent les tambours tonitruants de la laïcité, deux ans après la décapitation, le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine, du malheureux Samuel Paty, promoteur déboussolé — c’est-à-dire très inconscient de la portée de son pédagogisme dévoyé — des obscénités politiquement correctes du magazine excrémentiel et blasphématoire Charlie Hebdo. Au même moment, une gamine de douze ans était “égorgée” dans le XIXe arrondissement de Paris. Son corps sans vie était découvert le soir-même dans une valise, dans la cour intérieure de sa résidence. Le Parisien nous dit que quatre individus placés en garde à vue dans cette affaire seraient « d’origine algérienne ». Honni soit qui mal y pense. Observons qu’il est assez souvent commode d’imputer certains crimes à des coupables tout désignés. Les suspects ont d’ailleurs été relâchés depuis. L’assassin serait finalement une femme, qu’on présente bien sûr comme déséquilibrée. C’est tellement facile ! À Marseille, dans les quartiers nord, ici sans équivoque, les règlements de comptes entre trafiquants de drogue se règlent, eux, comme d’habitude à l’arme de guerre. Nous en sommes, à l’heure actuelle, au vingt-huitième cadavre depuis janvier dernier…
CONTINUONS d’égrener ensemble le chapelet des joyeusetés émaillant le quotidien de la Démocratie plurielle… À Nantes, cette « ancre de miséricorde » pour la crapulerie déchaînée, trois semaines après le viol le 24 septembre d’une femme de quarante ans par trois clandestins soudanais, l’éventration en pleine rue d’une femme au petit matin ce dimanche 16 octobre n’est, tout bien pesé, qu’un fait divers parmi mille autres (dont il serait inconvenant de souligner le caractère sordide)… « N’ayant pu être réanimée par les secours arrivés sur les lieux, elle a été déclarée décédée », nous dit la bonne presse ! Une concision stylistique admirable dont eût pu s’inspirer Stendhal, fervent admirateur du phrasé épuré du Code civil. Un drame au demeurant d’une atroce banalité quoi qu’en disent dans les médias les préposés “sachants”, ceux qui serinent à perpétuité sur les plateaux télévisuels qu’il y a toujours eu autant de crimes mais « que l’on en parlait moins » : « cela n’a pas varié d’un iota depuis trente ans » disent-ils ! La faute à cette publicité désinformative (à propos de l’augmentation des crimes) revint naguère au petit écran. Maintenant les coupables seraient les réseaux sociaux ! Twitter tue, c’est bien connu, tout comme la police aux dires de M. Mélenchon ! Ne pas oublier d’ailleurs que selon notre très (intellectuellement et moralement) intègre Garde des Sceaux, l’insécurité « est un ressenti »… Ajoutons, de type météorologique. En un mot, une impression, une erreur d’optique, une stupide illusion des sens !
Citons enfin dans ce tableau idyllique d’un pays partant complétement à vau-l’eau (et c’est un euphémisme, parce que la « société liquide » du chef de l’État part plutôt actuellement en eau de boudin !) ce juge pour enfant qui, avant sa révocation en 2020, proposait sur des sites “libertins” des rapports sexuels avec son épouse, également magistrat, mais aussi avec leur propre fille âgée de douze ans. Un effet du confinement sans doute ? Or, par une indulgence plénière, le 3 octobre, la cour d’appel de Besançon ramenait à deux ans de prison avec sursis une première condamnation à un an ferme. Ces choses-là (l’échangisme pédo-porno) doivent en effet se pratiquer dans l’intimité d’une inviolable vie privée et ne faire en aucun cas l’objet d’une quelconque publicité. N’est-ce pas ? Ce ne sont pas les nomenklaturistes de l’État macronien qui diront le contraire, non ?
QUELQUES ESPRITS chagrins parlent encore d’« ensauvagement de la société » ! Qu’est-ce à dire ? La France n’est-elle pas ce pays de cocagne où les personnels syndiqués et grévistes des raffineries sont rémunérés entre 3 500 et 5 000 euros net mensuels ? Un pactole en comparaison de la rémunération mensuelle des Français ordinaires, laquelle tourne autour de 1 400 euros ! Mais ces gens-là en veulent toujours plus ? La CGT, courroie de transmission du Parti communiste (RIVAROL fut autrefois condamné pour avoir énoncé ce lieu commun), supposée être au départ le syndicat des travailleurs de la base, est apparemment devenue le syndicat des salariés haut de gamme. De ceux qui perçoivent — notamment chez Total — de coquettes primes (qui, pour sortir de la crise, se monteraient à 3 000 ou 10 000 euros), tout en étant actionnaires de leur société. Des miséreux à n’en pas douter ! À cet instant, alors que Kief vit une fois de plus dans le hurlement des sirènes d’alerte — sachant que la première vague de 160 missiles la semaine passée après l’attentat contre le pont de Kertch, aura causé dix-huit morts —, le bras de fer entre la CGT et la direction de Total-Energies se poursuivait en dépit d’un accord conclu entre le groupe pétrolier et les deux organisations syndicales majoritaires (CFDT et CFE-CGC, représentant 56 % des syndiqués). La CGT, elle seule, a décidé de poursuivre le mouvement. On ne dit pas qui, au gouvernement, soutient cet entêtement. Gageons qu’il doit y avoir, quelque part, « baleine sous gravillon » !
À telle enseigne qu’une poignée de syndicalistes sur le retour prend sans vergogne la Nation en otage. Au reste, le droit de grève est une chose, le droit de travailler lié à la liberté de circulation en est un autre. Si le droit de grève est légitime — et constitutionnel — pour la défense de la dignité et des conditions d’exercice professionnel des salariés et, bien sûr, de la décence salariale, la défense de droits purement catégoriels est beaucoup plus contestable. En l’occurrence il s’agit d’une atteinte aux libertés fondamentales de tous… et par conséquent intrinsèquement anticonstitutionnelle voire immorale.
Il est extraordinaire — nous touchons là aux contradictions présentes au cœur du système — que personne dans la communauté des ténors médiatiques n’ait relevé que, cette fois encore, ce sont les secteurs les plus protégés — en particulier les services publics, soit tous ceux qui sont quasi intouchables de par leur statut ou en raison d’une position de monopole — qui usent et abusent du droit de grève et développent un pouvoir de nuisance maximum… les cheminots par exemple, la RATP, les aiguilleurs du ciel ou encore les éboueurs. À quand l’instauration d’un service minimum dans le secteur de l’énergie, des transports et de la voirie ? La Liberté de se déplacer n’est-elle pas consubstantielle à l’Etat de droit ? L’État ne doit-il pas en et par principe assurer l’impérieuse continuité du service public ? Que fait-il dans la réalité ? Rien ou très peu. Cela parce que lui-même — l’appareil d’État — émane de l’idéologie étatiste/collectiviste et des forces qui nourrissent l’action syndicale (largement alimentée par nos impôts) dans ce qu’elle a de plus odieux. Le serpent en effet ne peut se dévorer lui-même. Ayons présent à l’esprit le vœu de M. Martinez, patron de la CGT, en 2017 et réitéré mezzo voce en 2022 : « Je souhaite que Macron fasse le score le plus haut possible ». On ne saurait mieux dire ! PCF, Marcheurs, Insoumis, Verts, même combat contre la France et les Français. A-t-on vu d’ailleurs ce grand combattant, le sieur Martinez — à la syntaxe d’une indigence affligeante —, héros de la condition prolétarienne, prendre fait et cause pour les milliers de personnels mis à pied et non réintégrés à ce jour — soignants, pompiers, volontaires ou non, fonctionnaires — pour leur refus d’une vaccination délétère ?
Encore une preuve, s’il en était besoin, d’infamie de ce personnage, pilier du système qui bloque l’économie pétrolière à l’instant même où M. Macron vante les mérites frelatés de la voiture électrique au Mondial de l’auto Porte de Versailles, à Paris. Il y a de ces conjonctions de calendrier qui laissent effectivement perplexe !
A L’ISSUE DE cette crise très artificielle, qui s’aventurera finalement à chiffrer le coût des chantiers retardés, des opérations chirurgicales ajournées, des commerces mis à mal, des produits alimentaires détruits, des marchandises avariées ? Pendant que les classes productives s’échinent à trouver un peu d’essence pour se rendre à leur travail, nos compétiteurs européens et internationaux se frottent les mains et s’engouffrent dans les créneaux commerciaux laissés vacants afin de les occuper sans peine et sans frais. Nous importerons encore plus, voilà tout et la CGT continuera d’exister — grasse danseuse de la République — en prétendant défendre le monde du travail qu’en réalité elle s’emploie savamment à torpiller. Ceux qui ne le voient pas sont tout à fait à plaindre.
Il est clair que cette paralysie de notre économie s’inscrit en vérité dans une perspective et une volonté de subversion politique. Car les Insoumis et leurs acolytes du Parti Vert et du PCF rêvent plus que jamais de Grand soir. Un grand chambardement qui ressemblerait à la Grande Réinitialisation (Reset) du Forum économique de Davos de l’Hyperclasse de tous les Frankenstein transhumanistes, les Bill Gates, les Yuval Noah Harari, les Klaus Schwab, les Soros, Minc, Attali et consorts. Sous des dehors différents, tous ces gens sortent du même moule messianiste et travaillent à l’accomplissement d’un monde sans frontières, sans race ni sexe, au sein d’une gouvernance globale où ils imaginent pouvoir exercer leurs talents de grands déconstructeurs à tous les échelons des futurs commissariats politiques et idéologiques. Le bonheur est à portée de mains nous serinent-ils, ne résistez plus, abandonnez-vous parce que, finalement « vous ne posséderez plus rien, et vous serez heureux », dixit Klaus Schwab.
Pour eux, l’Homme nouveau n’a pas de prix et l’Égalité s’acquiert évidemment par l’abolition de toutes les libertés essentielles, sauf celles d’avorter, d’euthanasier, de se droguer, de se prostituer, de pratiquer le vagabondage sexuel, de changer de sexe et de consommer jusqu’à ce que mort s’ensuive. Quelque chose qui ressemblerait à La Grande bouffe, mais universalisé. Projet civilisationnel auquel n’adhère pas l’affreux président Poutine que rebutent les familles à configuration variable « parent un, parent deux, trois, quatre » sans parler des hommes enceints. Or çà, nous le savons que trop bien, M. Poutine est un dangereux maniaque et surtout un épouvantable réactionnaire, un ogre, un croquemitaine… contre lequel nous ne sommes évidemment pas en guerre quoique nous envoyons sur le front pour combattre ses troupes les fleurons de notre artillerie lourde et que nous allons former pour ce faire dans nos camps quelque deux mille servants de première ligne. En même temps nous armons Kief contre la Fédération de Russie et en même temps nous répudions toute idée de cobelligérance… Rien ne change, Tartuffe s’adressant à Dorine : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir, par de pareils objets les âmes sont blessées ».
REVENONS à M. Mélenchon et à son programme convergent avec celui de M. Martinez puisque tous deux voudraient enclencher un processus de grève générale à partir du mardi 18 octobre avec les manifestations et débrayages interprofessionnels prévus ce jour-là. Mélenchon se prévalait au soir de sa mobilisation urbaine, le dimanche 16 octobre à Paris, d’avoir rassemblé le pays tout entier — ou presque — entre la place de la Nation et celle de la Bastille. À ce sujet, il suffit d’écouter ses thuriféraires de l’audiovisuel pour prendre la mesure de la gangrène intellectuelle qui dévore ce pays. Mélenchon prétend avoir testé le potentiel de mobilisation en appelant à manifester « contre la vie chère et l’inaction climatique », avec en sus, des banques saccagées, des poubelles incendiées et des policiers caillassés. L’ordre républicain dans toute sa splendeur puisque les travées du Palais-Bourbon ne suffisent pas aux élus de la Nupes pour se faire entendre et qu’il leur faut en outre battre le pavé !
Notons au passage que M. Mélenchon a défilé en tête de ses troupes, bras-dessus, bras-dessous, avec notre prestigieuse toute neuve Prix Nobel de littérature, une fringante octogénaire, Mme Annie Ernaux. Nous savons tous, puisque le président Mao nous l’a enseigné, que le poisson pourrit par la tête… Ici avec l’agrégée de lettre Ernaux, nous sommes très loin de la vertigineuse Selma Lagerlöf, première femme nobélisée en 1909. Un gouffre sidéral sépare ces deux écrivains. Deux mondes, deux époques. En son temps, Sagan démarra sa carrière littéraire en narrant dans Bonjour tristesse la perte de sa virginité. Annie Ernaux a fondé la sienne sur un avortement. Or la même, la Prix Nobel, dans l’un de ses nobles écrits se gausse d’une fillette de douze ans (il ne s’agit évidemment pas de la jeune Lola qui a été sauvagement étranglée et dont le cadavre vient d’être retrouvé de manière macabre dans une valise), trucidée par un mâle ombrageux racontant que les jeunes voisines de la victime « ricanaient sous cape [en évoquent celle qui] avait préféré mourir plutôt que de faire avec un garçon ce qui leur tardait tant d’avoir le droit de faire » ! À quel genre de féminisme appartient donc Annie Ernaux ? Je vous laisse par vous-même trouver la bonne réponse. Son éditeur, bien avisé, a commandé à deux imprimeurs 900 000 exemplaires des 11 titres commis par Annie Ernaux. Le prix Nobel est une belle affaire sur bien des plans : financier et “moral”, entendons pas là le bourrage de crâne wokiste et sans limites.
DÈS LE 7 octobre, le sinistre mégalomane de La France insoumise, trotskiste non repenti, publiait sur Twitter : « Le 5 et le 6 octobre 1789, les femmes marchent sur Versailles contre la vie chère. Elles ramènent le roi, la reine et le dauphin de force à Paris sous contrôle populaire. Faites mieux le 16 octobre ». Une resucée historique toutefois manquée avec ses 39 500 marcheurs — soi-disant cent-cinquante mille — ayant convergé de la France entière dans des bus affrétés pour la circonstance sans souci de carburant. Et puis, le siège du pouvoir n’est plus depuis deux siècles à Versailles (M. Mélenchon retarde mais il s’y croit) et le roi démocratique du jour se prend pour Jupiter tonnant d’opéra bouffe. Or, c’est lui et nul autre qu’il eût fallu aller chercher pour lui faire rendre gorge. Mais pour franchir ce Rubicon politique encore eût-il fallu que M. Mélenchon fût d’une autre étoffe. D’autres tweets de militants mélenchonistes sont également révélateurs des intentions cachées de ces manipulateurs nés et philanthropes de bazar : « Total est un criminel climatique » et « Nous marchons pour la régularisation des sans-papiers, pour le respect de tous les étrangers »… Quel rapport avec le pouvoir d’achat ? Aucun, mais cela a le mérite d’annoncer la couleur, rouge sang ! Ce sang, que ces gens n’hésiteraient pas, si l’occasion s’en présentait, à faire couler pour parvenir à leurs fins. N’oubliez pas cependant que la seule véritable violence est celle de l’extrême droite ! Ah mais…
Ce pourquoi nos bons insoumis soutiennent activement aussi le blocage des dépôts d’essence qui entrave la vie économique et sociale, et harasse un nombre croissant de Français. Comprenons que pour M. Mélenchon, le moyen le plus direct de protéger ses concitoyens contre la vie chère consiste à leur interdire de travailler ! Et pour lutter contre l’inaction climatique, quoi de mieux que l’inaction tout court ? Pour le trotskiste Mélenchon, la grève, la manif et le brandissement de pancartes en vociférant sont apparemment la panacée qui régleront toutes les difficultés de l’heure d’un coup de baguette magique : « Taxons les super-profits ! », « face à la hausse des prix, le SMIC à 1 500 euros net » et « contre le report de l’âge de la retraite ». Les Suédois, hier encore socio-démocrates purs et durs, ont pourtant fait fixer l’âge de la retraite à 67 ans.
A NOUS DE choisir, le confort du canapé, avachis devant les mensonges et les inepties des chaînes publiques ou privées, ou la reprise en main de notre destin après avoir débarqué — manu militari le cas échéant — les politiciens et idéologues qui nous sucent le sang, nous vident la cervelle ou pire, volent notre âme. George Orwell aurait dit qu’un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime, il est complice ! Cela vaut aussi pour les malheureux Ukrainiens qui ont cru aux promesses de paix de l’histrion Zelensky, un clone, façon Trudeau, du squatter de l’Élysée.
Tant qu’à pratiquer le complotisme — mais un complotiste n’est-il pas quelqu’un qui a raison six mois avant les autres ? — ne nous arrêtons pas en si bon chemin et supposons à bon droit que tout ceci soit organisé, programmé, planifié entre la CGT et l’État profond hexagonal avec la bénédiction des Politburo bruxellois. Bien entendu, le Premier ministre Borne se dépatouille comme elle peut, d’atermoiements en inerties calculées afin de faire basculer le pays en douceur (pendant qu’il fait la queue aux stations d’essence) du côté de la guerre européenne contre la Russie masquant une mondialisation à marche forcée.
C’est-à-dire la disparition de la France en tant que nation souveraine dans une Union balkanisée démesurément étendue de l’Irlande à la Géorgie, cela pour le plus grand bonheur des oligarchies occidentalistes, à commencer par les judéo-protestants nord-américains dont les ambitions hégémoniques à ce jour restent inentamées.
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Source : Éditorial de Rivarol
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