CIRCULEZ, il n’y rien à voir ! Voilà ce que l’on pourrait dire si l’on devait résumer en quelques mots l’allocution télévisée du président de la République le lundi 17 avril au soir. La réforme des retraites a été adoptée et promulguée. Oui, a-t-il brièvement reconnu, elle a créé beaucoup de colère et de contestation mais qu’importe, passons désormais à autre chose. Et Macron de dresser la liste de trois nouveaux chantiers, celui du travail avec notamment la réforme du lycée professionnel et la planification écologique, celui de la justice et « de l’ordre républicain et démocratique » avec la promesse habituelle de « contrôle de l’immigration illégale » et d’intégration des immigrés présents sur le territoire (bref, rien ne changera, et la France restera une passoire) et celui du progrès grâce au conseil national de la refondation. Il n’est rien de concret dans l’allocution présidentielle ; ce ne sont que des généralités et des mots abstraits, vides et creux. On notera toutefois, en plein débat sur la réforme des retraites désormais entérinée, sa discrète allusion à la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté avec la mention des travaux de « la convention citoyenne sur la fin de vie ». Comme on ne peut pas, ainsi que l’a répété Macron dans son intervention, « baisser les pensions ni augmenter les cotisations », reste la solution qui n’est pas explicitement revendiquée mais qui est présente en filigrane de son allocution et qui consiste à diminuer artificiellement le nombre des retraités par l’euthanasie de masse, pudiquement rebaptisée droit de mourir dans la dignité. Il est d’ailleurs paradoxal que ce soient les retraités qui ont voté le plus fortement pour Macron, tant en 2017 qu’en 2022, alors même qu’il milite pour l’élimination du plus grand nombre d’entre eux. C’est sa réponse à ce qu’il appelle « le défi du vieillissement ».
Comme souvent dans ses interventions, Macron n’a pas peur de proférer les mensonges les plus éhontés. Ainsi il a osé vanter l’indépendance de notre pays qui ne veut dépendre « ni des forces de la spéculation, ni des puissances étrangères », lui, l’ancien banquier d’affaires aux ordres de David de Rothschild, lui, le sectateur exalté de l’Union européenne, lui, le zélé serviteur de l’OTAN dont il applique servilement les directives dans l’actuel conflit russo-ukrainien. Cela rappelle les discours de Hollande pendant la campagne présidentielle de 2012 où il avait osé dire que son ennemi était la finance, alors qu’il a été aux ordres des marchés tout au long de son mandat.
Se faisant plus que jamais le chantre du cercle de la raison cher à Alain Minc, Macron a expliqué qu’il fallait à la fois refuser « l’immobilisme (de la gauche) et l’extrémisme (du Rassemblement national) », façon de délégitimer voire de diaboliser toutes les formes de contestation et d’opposition.
S’AGIT-IL d’une maladresse ou d’une stratégie délibérée ? Toujours est-il qu’Emmanuel Macron, en l’espace de quelques semaines seulement, par son comportement hautain et méprisant, a redonné vie, force et vigueur aux centrales syndicales, qui étaient jusque-là quasiment en état de mort clinique, et à la gauche et à l’extrême gauche qui profitent des manifestations contre la réforme des retraites pour faire reparler d’elles sur le terrain. Car s’il est vrai que le report de l’âge légal du départ à la retraite figurait bien à son programme présidentiel et législatif de 2022 (mais pas à celui de 2017, il disait même à cette époque qu’un report de l’âge de départ à la retraite ne se justifiait pas !), on ne laisse pas de s’étonner devant les maladresses — ou provocations ? — successives que l’Exécutif a multipliées ces derniers temps et qui ont eu pour conséquence d’exciter les antagonismes, d’aviver les tensions et de redynamiser un mouvement social qui avait pourtant tendance à s’essouffler.
En effet, alors que, de semaine en semaine, les cortèges et les grévistes étaient de moins en moins nombreux, il a réussi à doper, au moins temporairement, le courant de contestation en utilisant le 49-3 alors même que le gouvernement s’était publiquement engagé, à maintes reprises, à ne pas l’utiliser sur ce dossier bien que son emploi, rappelons-le, soit parfaitement légal et conforme à la Constitution, puis en manifestant ce qui est apparu comme une forme de mépris et de déni du réel, Macron osant par exemple affirmer, dans son interview télévisée du 22 mars lors des journaux de 13 heures sur TF1 et France 2 qu’on vivait mieux au SMIC sous sa présidence que sous celles de ses prédécesseurs. Puis, à peine le Conseil constitutionnel présidé par Laurent Fabius, l’homme du sang contaminé, avait-il sans surprise donné son aval le 14 avril à la réforme des retraites, validant 30 articles sur 36, dont le report de deux ans de l’âge légal et l’augmentation des annuités requises pour bénéficier d’une pension à taux plein — mais qu’attendre d’un aéropage composé de politiciens professionnels nommés pour leur servilité et leur conformité à l’idéologie dominante par le président de la République, le président du Sénat et le président de l’Assemblée nationale ? — que le chef de l’Etat s’empressait de promulguer la réforme publiée dans le Journal officiel dans la nuit du vendredi au samedi 15 avril.
ON A vraiment le sentiment que Macron, sachant qu’il ne sera plus jamais soumis au suffrage populaire puisqu’il ne peut légalement briguer un troisième quinquennat (même s’il démissionnait en cours de mandat, il ne pourrait pas se représenter à la magistrature suprême, la Constitution le lui interdisant), se croit tout permis. A l’issue de ses dix ans à l’Elysée, en mai 2027, il héritera certainement d’un poste prestigieux et rémunérateur à l’international, ou au niveau de l’Union européenne. Par conséquent, il n’a plus besoin de chercher à plaire, à conquérir les faveurs de l’opinion. Il applique dans toute sa rigueur, sans état d’âme, et même avec une certaine forme d’insolence et de cynisme, les directives de l’oligarchie mondiale, de la finance internationale. N’oublions pas qu’il avait osé dire publiquement, dans le cadre d’une interview à un grand quotidien national, qu’il avait la ferme volonté « d’emmerder » les Français qui refusaient de se faire vacciner ou qui étaient réticents à se faire injecter un produit expérimental sans qu’on ait le moindre recul sur le sujet. Ce qui soit dit en passant ne l’a nullement empêché d’être brillamment réélu avec plus de 58 % des suffrages le 24 avril 2022 il y a un an.
Qu’un chef de l’Etat ose parler ainsi de ses compatriotes et l’assume complètement (car ce n’était pas un dérapage, il s’agissait de propos délibérés, parfaitement réfléchis et revendiqués) en disait déjà long sur son mépris et sur son cynisme à l’égard du peuple français. Ce n’est certes pas une première, son prédécesseur François Hollande avait parlé méchamment de « sans dents » pour se moquer des Français pauvres, mais au moins l’avait-il fait uniquement en privé, même si c’est extrêmement choquant et très révélateur de ce que sont et de ce que valent les hommes qui nous dirigent. Quand on pense à l’amour, à l’affection, à la tendresse qu’éprouvait le maréchal Pétain à l’égard de ses compatriotes qu’il voulait protéger le mieux qu’il pouvait, un maréchal qui avait fait don de sa personne au pays dans une situation particulièrement tragique de notre histoire nationale et qui en a été récompensé de la façon que l’on sait, on mesure le gouffre qui sépare, à quelque quatre-vingts ans de distance, les chefs qui président à nos destinées.
Si l’attitude autocratique de Macron peut paraître à hauts risques au vu de l’exaspération d’une grande partie du pays à son égard, il n’est pas sûr, tout bien considéré, qu’il risque grand-chose. Les syndicats jouent en effet avec efficacité leur rôle d’opposition contrôlée. Ils aboient mais ne mordent pas, pas même au mollet. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a ainsi déclaré sur BFMTV, dès la fin de l’allocution télévisée du 17 avril, qu’il était prêt à répondre positivement à l’invitation de Macron à l’Elysée pour discuter des chantiers à venir, passé « un délai de décence » qui s’achève le 1er mai. Et on a en effet le sentiment que les syndicats veulent faire de la Fête nationale du travail dans quelques jours une sorte de baroud d’honneur. Ils ont déjà enregistré et intériorisé leur défaite, au moins au niveau des directions des centrales. Quant à la base, il est encore un peu tôt pour le dire. Mais il ne faut pas croire que l’impopularité, même très forte, d’un président l’empêche de rester durablement au pouvoir. Mitterrand était ainsi détesté au moment des manifestations géantes pour l’école libre en 1983-1984. Cela ne l’a pas empêché de rester 14 ans à l’Elysée. Il n’est pas certain que Macron, aussi haï soit-il, ne terminera pas son second quinquennat. De toute façon, si c’est pour avoir Edouard Philippe à sa place, comme c’est probable, on ne gagnera sans doute pas au change. Car Macron et Philippe, c’est bonnet rose et rose bonnet !
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RIVAROL, <[email protected]>
Source : Éditorial de Rivarol
Cette crise a pour mérite de faire distinguer aux français la différence entre la légalité républicaine dont se réclame le chef de l’État et la légitimité du Peuple dont se réclame avec colère les français. Deux chefs d’États ont été condamnés à mort pour avoir tenté d’imposer la légitimité du Peuple dans leur gouvernement, Louis XVI et Philippe Pétain.
Cependant le chef de l’État a le dos au mur. Il ne peut plus reculer parce qu’il est à l’échéance des quatorze millions d’avortements pratiqués depuis 1972. Les mathématiciens de la population savaient dès le départ que ce serait vers cette époque qu’il y aurait l’affrontement, mais il n’avaient pas prévu qu’il serait accompagné de cette révolte qui n’est pas compréhensible parce qu’elle est d’origine mystique. Les français veulent en finir avec cette horreur légale et retrouver la légitimité de l’amour.
P S : Le 1° mai est la fête des travailleurs qui avait été institué par le Maréchal Pétain, dont le ministre du Travail était René Belin (« Du secrétariat de la CGT au gouvernement de Vichy »). Curieux rendez-vous des travailleurs au 1° mai prochain, qui par la voix de la CGT opposent la légitimité à la légalité.
Baudouin
Ils sont où les c* qui nous disaient que les immigrés allaient payer notre retraite?