Les enseignements d’une défaite
« Les malheurs interviennent avec les évènements mais sont inscrit dans les caractères. » Paul Dehème.
L’histoire de la résistance Algérie française révèle une répétition d’erreurs humaines et politiques qui, logiquement, ne pouvaient qu’entraîner la défaite de cette cause. La révolte militaire du 22 avril 1962, immédiatement baptisée « putsch » par ses ennemis, démontre que les intentions les plus nobles et les plus légitimes sont vouées à l’échec quand elles ne s’accompagnent pas d’une volonté d’employer tous les moyens, doublée d’une détermination sans faille. Les chefs militaires qui déclenchèrent cette révolte, avaient oublié que la donne avait changé depuis le 13 mai 1958. La IVème république avait cédé la place à un régime gaulliste et De gaulle Charles n’était pas René Coty. Désormais la sauvegarde de l’Algérie ne passait plus que par la neutralisation du chef de l’état ou le renversement de la Vème république. C’est pour ne l’avoir pas compris que ces chefs aboutirent à un FIASCO.
Les occasions manquées
« Toute pensée qui ne se traduit pas par un acte est une défaillance. » R.de la Tour du Pin.
De nombreuses occasions de sauver l’Algérie se présentèrent durant la guerre. La révolution du 13 mai 1958, née d’un sursaut de l’armée unie et du peuple français, aurait pu réussir si elle n’avait été détournée au profit de De gaulle. La semaine des barricades de janvier 1960 d’Alger, aurait pu aussi servir d’étincelle à un embrasement révolutionnaire si le général Challe s’était décidé à faire cause commune avec le peuple. La solution la plus simple et la plus directe pour stopper définitivement le processus de trahison et d’abandon aurait pu passer par l’arrestation du félon ou son élimination physique par embuscade au cours d’une de ses tournées en Algérie. Il y eut bien quelques initiatives mais aucune n’aboutit. A chaque fois « un grain de sable », prenant la forme d’une indiscrétion, d’une défaillance, d’un retard imprévu, ou encore d’un mystérieux contre-ordre, enraya la machine. Le projet de liquidation de l’Algérie française pourtant clairement dévoilé dès le discours sur l’autodétermination (1959) poursuivit son cours sans entrave majeure. Les chefs militaires étoilés, qui avaient offert le pouvoir à De gaulle et qui subissaient la trahison, n’avaient été capables de manifester leur opposition que par des déclarations intempestives qui leur avaient valu soit une voie de garage soit la mise à la retraite. Ils attendirent le mois d’avril 1961 pour répondre aux sollicitations d’un groupe d’officiers qui brulaient de passer à l’ACTION.
Le carcan de la hiérarchie
« Ce qui fait la grandeur du métier militaire, c’est l’obéissance, mais il va de soi que l’homme qui a obéi toute sa vie est incapable d’aucune initiative, d’aucune idée personnelle. » Edouard DRUMONT.
Des officiers subalternes indignés par la trahison du chef de l’état furent les véritables organisateurs de la révolte. Ils passèrent plusieurs mois à sonder et à recruter en Algérie et en métropole les camarades de combat susceptibles de participer au coup de force. Roger Degueldre, le seul officier à avoir quitté son unité après les barricades, fut le pilier de cette entreprise. Malheureusement, tous ces soldats prêts à franchir le Rubicon, restaient imprégnés d’esprit et de discipline militaire et manquaient totalement de culture révolutionnaire. Ils ne pouvaient concevoir d’agir sans avoir à leur tête un général. L’histoire de France pouvait pourtant leur rappeler que des généraux qui étaient de brillants guerriers avaient été aussi des nullités politiques, Mac-Mahon et Boulanger en étaient de tristes exemples. Le courage physique n’a en effet rien à voir avec le courage moral et intellectuel. Mais ils s’obstinèrent à trouver un chef couvert d’étoiles et ils firent le plus mauvais choix en la personne du général Challe. Pourquoi choisir un officier général qui n’avait rien fait pour s’opposer à De gaulle alors qu’il était commandant en chef en Algérie ? Que pouvaient- ils attendre d’un homme qui prenait la tête d’un soulèvement militaire non pour s’emparer du pouvoir mais pour retrouver son ancien poste de commandant en chef avec l’espoir insensé d’infléchir la politique algérienne de De gaulle ? Pourquoi suivre un chef qui proposait d’agir sans associer la population civile et sans verser une goutte de sang ?
FRANCO ou BAZAINE ?
« Les hommes qui perdent le plus aisément la tête et qui se montrent les plus faibles dans les jours de révolution sont les gens de guerre. » Tocqueville.
L’insurrection militaire du 22 avril ne connut qu’un succès : la prise d’Alger (Rendons un juste hommage au capitaine Baÿt qui prépara les plans de cette opération). Son chef, le général Challe accumula ensuite les erreurs fatales : refus de contester la légitimité du chef de l’état, refus d’associer au mouvement la population civile, refus de reconstituer les unités territoriales, refus de la mobilisation générale des français d’Algérie, refus de déclencher une action en métropole, refus d’employer la force pour obtenir des ralliements. Il s’enlisa ensuite dans la conquête de l’appareil de commandement militaire et se priva d’appuis précieux en imposant le respect de la stricte hiérarchie militaire. Il mit sur la touche le groupe d’officiers fidèles qui avaient préparé le coup de force et s’entoura d’officiers douteux, tels Cousteaux et de Boissieu, qui sabotèrent le développement de l’insurrection. Il fut incapable d’utiliser efficacement les émetteurs de radio tombés sous son contrôle. Il temporisa, perdit l’initiative des évènements et permit ainsi à son adversaire de reprendre la main. Face à la détermination de De gaulle et à sa volonté d’employer tous les moyens possibles, il fut incapable de riposter et n’opposa qu’hésitations et demi-mesures. Pour s’être refusé à suivre l’exemple d’un FRANCO, ou d’un MOSCARDO il fut contraint à la reddition et termina comme un vulgaire BAZAINE. Une phrase du journaliste Jean Planchais illustre l’échec de la révolte militaire du 22 avril 1961 : « Pire que la défaite est UNE VICTOIRE PERDUE, l’une peut abattre mais aussi stimuler, l’autre décourage, démoralise, divise. » Ce fiasco militaire fut le prélude de la tragédie algérienne et pesa lourd dans la défaite finale.
Puisse ce rappel, certes sans complaisance, éviter la répétition des mêmes erreurs. dans un avenir peut-être plus proche qu’on l’imagine.
Jean-Pierre PAPADACCI
Vice-Président de l’ADIMAD
LES RAISONS PROFONDES DU FIASCO ? DONNONS LA PAROLE AUX CHEFS MILITAIRES…
Général CHALLE : « Je ne voulais pas déclencher une guerre civile… il s’agit de rallier l’armée… Que ceux-là (il s’agit d’une délégation de civils) ne nous emmerdent pas ! »
Général ZELLER : Nous estimons, Challe et moi, qu’un acte de force, avec des moyens d’ailleurs aléatoires, prendrait là une allure de pronunciamiento…. J’insiste sur l’apolitisme du mouvement… Je me refuse à faire ouvrir le feu sur des troupes françaises et à terminer par une bataille de rue l’action ouverte sous le signe de l’union de l’armée. »
Général JOUHAUD : « Nous n’abordâmes jamais en commun, au cours d’une franche discussion, les intentions des uns et des autres… Nous avons eu le tort d’avoir manqué de fermeté avec les hésitants et les opposants, d’avoir gaspillé un potentiel en or, en confiant à des régiments d’élite des missions statiques de garde de bâtiments… »
Capitaine SERGENT : « Alors que l’Algérie et la métropole retiennent leur souffle, tandis que le général De gaulle, pris de vitesse, marque un temps d’hésitation et que le monde entier regarde, on gaspille des heures précieuses à tenter des ralliements secondaires, c’est la révolution du téléphone… C’est une véritable trahison ! Pensez-vous que nous avons traversé la mer pour jouer cette comédie ?… Je peux encore aller lui tirer une balle dans la tête (il parle de Challe) »
Colonel ARGOUD : « J’aurais dû non pas faire prisonnier mais exécuter le général de Pouilly… Sa mort aurait montré à tous les hésitants que nous ne reculions devant rien… J’aurais dû poursuivre mon plan de rassemblement de la population, même sans la Légion. »
Analyse à laquelle nous ajouterons le mot de la fin, plus définitif mais non moins réaliste du Général Challe, répondant au commandant Robin, le 25 avril 1961 à 16 heures :
LE COUP ETAIT PARFAITEMENT PREPARE… J’AVAIS REÇU DES PROMESSES… JE N’AI FAIT QU’UNE SEULE ERREUR D’ESTIMATION : JAMAIS JE N’AURAIS CRU QU’IL Y AIT AUTANT DE SALAUDS DANS L’ARMEE FRANÇAISE !
« L’AVENIR APPARTIENT A CEUX QUI ONT LA PLUS LONGUE MEMOIRE » disait Friedrich Nietzsche.
Mais encore faut-il que cette mémoire soit constructive et ne se limite pas à resasser les échecs du passé sans en identifier les causes, permettant ainsi de ne pas les renouveler dans l’avenir.
C’est le message que lègue ici cet ancien responsable de l’OAS, récemment décédé, à ceux qui ne s’engagent pas personnellement mais fantasment sur une éventuelle réaction de nos forces de l’ordre ou de notre armée.
Une armée et des forces de l’ordre dont les officiers – à part une minorité sous surveillance – sont prêts, pour favoriser leurs carrières, à toutes les compromissions, y compris avec la franc-maçonnerie dont le but est pourtant de détruire la nation que ces officiers sont censés défendre !
La victoire, nous fait comprendre Jean-Pierre Papadacci, nous n’y participerons que par notre engagement personnel !
Un engagement permanent dont ce combattant exceptionnel a toute sa vie donné l’exemple !
Mais maintenant c’est l’heure de Dieu, la conversion de l’Algérie au catholicisme. Et avec cette conversion l’arrivée de la vérité. Et on sait que la vérité libère. Et la vérité va nous libérer de la République française.
Baudouin
Réponse à Roumens.
Il est affligeant de constater à quel point, sur un même site, les quotients intellectuels peuvent fluctuer et s’opposer, du meilleur au plus pitoyable !
Conversion de l’Algérie au catholicisme ?
Qu’est-ce que c’est que ce délire ?
Commencez-donc par convertir le Pape actuel et vous aurez fait un grand pas pour sortir de l’ornière !