La Réserve fédérale américaine a récemment refusé de fournir des informations sur les réserves d’or qu’elle détient en dépôt pour le compte de pays étrangers dans ses coffres, a rapporté le médiat américains Headline USA. Peu de temps après que le président de la Réserve fédérale américaine (FED), Jerome Powell, ait esquivé les questions d’un membre du Congrès américain sur les réserves d’or étrangères de la Banque centrale, il a également refusé de se conformer à une demande de Headline USA de délivrer ces informations réclamées en vertu du en vertu du « Freedom of Information Act », la loi sur l’accès à l’information aux États-Unis.
Le manque de transparence de la Réserve fédérale intervient alors que des informations indiquent que des pays retirent leur or et d’autres actifs en dépôt aux États-Unis en raison des sanctions occidentales sans précédent imposées à la Russie depuis le 24 février 2022. Selon une enquête Invesco de 2023 , un « pourcentage important » des banques centrales à travers le monde ont exprimé leur inquiétude quant à la manière dont les États-Unis et leurs alliés ont gelé près de la moitié des 650 milliards de dollars de réserves « off shore » d’or et de change de la Russie.
Le membre du Congrès Alex Mooney a interrogé Jerome Powell dans une lettre de décembre dernier, mais le président de la FED ne lui a finalement donné qu’une réponse évasive et dilatoire le mois dernier : la FED ne possède pas d’or, mais le détient sous séquestre – en dépôt – pour le compte d’autres entités. Une argutie technique que le membre du Congrès savait probablement déjà.
Après la réponse évasive de Powell, Headline USA a donc transmis officiellement une demande en vertu du « Freedom Information Act » à la Réserve fédérale concernant la quantité d’or que la Banque de réserve fédérale de New York détient actuellement dans ses coffres, ainsi que les données sur leurs propriétaires, clients de la banque centrale. La demande concerne également des informations sur les réserves d’or de la Réserve fédérale avant le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine en février 2022. La dernière révision des réserves d’or américaines à North Fox remonte à 1974. Aucune révision n’a été signalée. depuis, déjà un demi-siècle.
Cependant, la Réserve fédérale a rejeté la demande fondée sur le Freedom Information Act :
« Les responsables de la FED ont consulté des responsables de la succursale à New York et ont été informés que ces documents, s’ils existaient, seraient des documents appartenant à la banque et ne seraient donc pas soumis à une demande fondée sur les statuts de la Réserve fédérale ».
La Réserve fédérale(1) précise qu’une telle demande devrait être adressée directement à la Federal Reserve Bank de New York, sachant toutefois que cette institution n’est, elle, pas assujettie au « Freedom Information Act »…
Le média américain Headline USA, demandeur des informations, a annoncé qu’il ferait appel du refus d’accès. Les analystes soulignent que le manque de transparence de la Réserve fédérale soulève des questions :
« Ils transfèrent simplement la responsabilité à la Réserve fédérale de New York. Or, la FED peut obtenir les données de la Réserve fédérale de New York si elle le souhaite, puis les partager avec vous si elle le souhaite. Mais, le président de la FED a déjà déclaré au membre du Congrès Mooney que la Réserve fédérale ne souhaitait pas divulguer cette information », a commenté Chris Powell du Gold Antitrust Committee (organisation américaine à but non lucratif qui s’est spécialisée dans la surveillance du marché de l’or et des cours).
Selon Stefan Gleason, PDG de Money Metals Exchange (négociant en ligne et dépositaire de métaux précieux basé dans l’Idaho), la conclusion en est claire et simple :
« La FED ne veut pas que quiconque sache que des gouvernements étrangers et d’autres banques centrales rapatrient leur or d’Amérique parce que cela révélerait la folie de la politique monétaire et surtout étrangère américaine ».
Et la situation évolue pareillement pour la grande Banque d’Angleterre, la banque centrale du Royaume-Uni, « The old lady of Threadneedle street » (La vieille dame de Threadneedle street) qui a son siège dans le quartier de la « City » à Londres. Elle constituait elle aussi, à côté de la Réserve fédérale américaine, une place de choix et sûre pour les dépôts d’or. Pour de nombreux pays commerçant leur or sur le marché local londonien, il était plus facile et sécurisé de le laisser en dépôt à la Banque d’Angleterre que de le faire transiter à l’international de coffres en coffres.
Mais là encore, comme pour la FED, aujourd’hui, la tradition est en train de changer après que la Grande-Bretagne a gelé les avoirs de la Russie et du Venezuela. Lors de la tentative de coup d’État au Venezuela en 2019 par Juan Guaido, soutenu par l’Occident, la Banque d’Angleterre avait refusé de donner à Nicolás Maduro les 1,2 milliard de dollars de réserves d’or du Venezuela qu’elle détenait…
Et depuis 2022, les autorités anglaises, par la voie de Boris Johnson, ont appelé les pays du monde entier à appliquer au réserves d’or russes les mêmes sanctions que celles contre les devises, avoirs et actifs russes à l’étranger : « geler » – confisquer – les réserves d’or que la Russie a laissé en dépôt dans leurs banques, dont la Banque d’Angleterre…
(1) FED : la Federal Reserve System est une banque centrale indépendante : ses décisions ne sont pas sujettes à l’autorisation du président des États-Unis ou d’une autre partie du gouvernement fédéral, elle ne reçoit pas de budget du Congrès, et les mandats des gouverneurs sont beaucoup plus longs que ceux des élus fédéraux. Ses organes directeurs sont un conseil des gouverneurs (dont Jerome Powell est le président depuis 2018), du Federal Open Market Committee (FOMC), de douze banques régionales (Federal Reserve Banks), des banques membres, et de plusieurs conseils consultatifs. Le FOMC est le comité responsable de la politique monétaire ; il se compose des sept membres du bureau des gouverneurs et des douze présidents des banques régionales.
Pour aller plus loin :
L’emprise de l’oligarchie bancaire sur les États-Unis d’Amérique
La FED et les banques américaines n’en sont pas à leurs premiers vols. De nombreux Russes blancs n’ont jamais pû retrouver leurs dépôts lorsqu’ils étaient parvenus à s’échapper du régime Bolchevik, Henri Troyat le raconté dans son auto biographie