Selon des sources locales syriennes, des éléments du groupe islamo-jihadiste HTS (« Hayat Tahrir al-Cham », ex « Jabhat al-Nosra ») et leurs alliés armés de l’ANS (« Armée nationale syrienne » qui n’a rien de « nationale ») ont envahi au moins dix zones contrôlées par l’Armée arabe syrienne loyale à Bachar el-Assad, notamment dans l’ouest et le sud de la ville d’Alep et dans la campagne orientale d’Idleb, depuis le milieu de la semaine dernière.
L’Iran avait été le premier pays à venir en aide à la Syrie après l’éclatement de contestations internes en 2011, la Syrie faisant aussi rapidement face à des actions insurrectionnelles largement alimentées par des puissances étrangères. Le gouvernement de Damas a régulièrement dénoncé le soutien des États occidentaux et de leurs alliés régionaux aux groupes extrémistes, qui s’efforçaient de déstabiliser ce pays arabe. En 2017, les forces syriennes, soutenues par l’Iran et la Russie, avaient remporté une victoire importante sur le groupe terroriste État islamique. Néanmoins, dans le cadre du processus d’Astana, les régions du nord du pays étaient restées sous le contrôle de certains terroristes et de forces d’occupation étrangères dont la Turquie devait, jusqu’au 27 novembre dernier, garantir « l’assagissement »…
Mais depuis le matin du 27 novembre, le groupe islamo-jihadiste Hayat Tahrir al-Cham, en alliance avec d’autres factions terroristes anti-syriennes, a lancé une offensive majeure dans les régions périphériques d’Alep et d’Idleb.
Selon le commandement général de l’armée syrienne, ces groupes, mobilisés en grand nombre, ont utilisé des armements lourds et semi-lourds pour cibler des positions, ainsi que des installations militaires de l’armée syrienne, mais aussi des bases utilisées par les alliés russe et iranien de la Syrie.
Hayat Tahrir al-Cham (« Organisation de libération du Levant », ex Jabhat al-Nosra, un temps affilié à l’État islamique puis ensuite à Al-Qadea) et l’Armée Nationale Syrienne (qui n’a rien de « nationale » et n’est qu’un assemblage de l’Armée syrienne libre et de groupes locaux comme Ahrar al-Cham, Jaych al-Islam… dont certains ont été vus en Libye ou en Artsakh au soutien des Turcs et Azerbaïdjanais…), avec aussi la participation de militants ouïghours du « Parti islamique du Turkestan » et de militants ouzbeks, ont été reconfigurés, financés, armés et entraînés dans les camps de l’armée turque entre Idleb et la frontière turque.
Une frontière entre Idleb et la Turquie qui a d’ailleurs cessé d’exister dans cette zone placée sous surveillance turque par les accords de « désescalade » de 2017, consistant à créer quatre zones de cessez-le-feu dans le pays. À Idleb on commerce en livre turque et on s’éclaire et se chauffe à l’électricité provenant des centrales et du réseau énergétique turc…
« La vérité, c’est que le terrorisme en Syrie est fabriqué en Turquie, Jabhat Al Nosra, HTS sont différents noms du même front. Tout est fabriqué par la Turquie et est toujours à ce jour, financé par la Turquie », expliquait Bachar el-Assad, en aout dernier.
D’abord dépassées par l’offensive éclair, l’Armée arabe syrienne (mais aussi des éléments russes et pro-iraniens qui n’étaient présents qu’en tout petit nombre, on parle de 120 soldats russes présents dans toute la province d’Alep avant le déclenchement de cette offensive) ont fui, abandonnant bases, casernes et matériels. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une organisation de surveillance établie au Royaume-Uni, a signalé que les rares soldats syriens et quelques russes tombés aux mains des islamo-jihadistes ont été purement et simplement liquidés froidement, malgré leur reddition, sous les vivas et autres « Allah akbar » des militants takfiristes. Des vidéos des exactions circulaient déjà sur les réseaux sociaux à la fin de la semaine dernière.
Dans des quartiers d’Alep et au sud de la ville vivent de nombreux chrétiens qui se retrouvent aujourd’hui largement sans défense. Seuls quelques milices kurdes ont tenté d’opposer une résistance dans leurs quartiers d’Alep.
Les militants islamo-jihadistes des groupes pro-turcs ont agi de manière coordonnée, avançant de village en village dans le but ultime de couper les approvisionnements à Alep et l’autoroute M5, stratégique pour l’Iran par laquelle, entre autre, est ravitaillé le Hezbollah libanais. Ce qui ne manque pas de réjouir évidemment l’Entité sioniste. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, a déclaré, jeudi 28 novembre, que Téhéran considérait la réactivation des groupes terroristes en Syrie comme faisant partie d’un plan diabolique d’Israël et des États-Unis pour déstabiliser l’Asie de l’Ouest. « L’armée syrienne va une fois de plus vaincre ces groupes terroristes comme par le passé », a juré le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi.
Néanmoins, Américains et Israéliens pourraient vite déchanter en raison des menaces que les islamo-jihadistes, aujourd’hui marionnette de la Turquie, pourraient faire peser sur leurs alliés Kurdes des « Forces démocratiques syriennes » présentes près d’Alep… Les éléments kurdes dans la région (de la frontière turque à l’Iran en passant par l’Irak), constituent une cible de toujours de l’Ottoman et se sont souvent réfugiés dans les jupes américaines pour obtenir leur protection, vendant en échange le pétrole extrait des zones sous leur contrôle.
Mais, dans ce « Grand jeu » au Proche-Orient, il ne faut pas négliger l’hypothèse du « petit jeu » turc : la Turquie étant à la manœuvre, il est en effet possible qu’Ankara n’ai prévu qu’une simple pression sur Alep pour imposer des négociations défavorables à Assad, notamment sur la question du retour des réfugiés sunnites syriens de Turquie (plusieurs millions) vers la Syrie, dont Bachar el-Assad ne veut pas…
Quoi qu’il en soit, « l’escalade à Alep constitue une atteinte à la souveraineté de la Syrie», a sobrement commenté la Russie. Et en réaction à cette offensive, les forces aériennes russes présentes dans la région ont lancé des frappes et bombardements sur les zones contrôlées par les terroristes à proximité d’Idleb. Et après des consultations de Bachar el-Assad avec la Russie et l’Iran, une coopération militaire conjointe des forces syriennes et russes a commencé à frapper des rassemblements des islamo-jihadistes dans la province d’Alep.