Trump a gagné les élections en partie sur la promesse de mettre un terme à la guerre en Ukraine. Maintenant qu’il est au pouvoir, la question est de savoir s’il va tenir sa promesse ou pas. À vrai dire, les premiers éléments ne sont guère encourageants, ce n’est certes pas lui qui a autorisé les frappes en profondeur, mais il est clair qu’il est déjà en position de faire pression sur Zelensky. Il aurait pu l’appeler et lui dire de ne pas donner suite à l’autorisation de Biden, l’a-t-il fait ?
L’a-t-on seulement entendu condamner les premières frappes ? [correctif, il a tardé à le faire, mais il vient de le faire le 12 décembre]. Au contraire, par la voix de son futur conseiller à la sécurité nationale, Michael Waltz, il nous annonce que son administration et celle de Biden travaillent main dans la main et que la Russie ne peut pas compter sur le moindre relâchement, la moindre faiblesse de la part de l’Amérique dans la confrontation actuelle.
Jamais deux sans trois, avant lui, Woodrow Wilson durant la Première Guerre mondiale et Franklin Roosevelt durant la Seconde Guerre mondiale avaient promis de ne pas intervenir.
I – 16 juin 1916, Woodrow Wilson : « Il nous a évité la guerre »!
Le 16 juin 1916, les délégués à la Convention Nationale démocrate de Saint-Louis adoptaient les grandes lignes de leur plate-forme électorale, saluant « les splendides victoires diplomatiques de notre grand président, qui a préservé les intérêts vitaux de notre gouvernement et de ses citoyens, et nous a tenus à l’écart de la guerre». « He kept us out of war » (Il nous a évité la guerre), sera donc le slogan moteur qui va lui permettre de remporter, de justesse, les élections pour son second mandat.
Avant cela, le 23 décembre 1913, au début de son premier mandat, il créait la FED, la banque centrale américaine. Ça n’a l’air de rien, mais depuis, nous avons eu tout le temps de nous rendre compte que c’était l’un des plus redoutables outils de puissance des États-Unis, sans lui, il n’est pas certain que le pays aurait eu l’organisation financière suffisante pour entrer en guerre.
Le 4 août 1914, alors qu’une rafale de déclarations de guerre s’abat sur l’Europe depuis le 3 août, Wilson fait sa célèbre proclamation de neutralité. Réel pacifisme, ou nécessité préalable de préparer le pays à la guerre, la question peut déjà se poser. Quoi qu’il en soit, malgré la guerre sous-marine allemande et le torpillage du Lusitania le 7 mai 1915, l’Amérique maintient sa position de neutralité.
Au début de son deuxième mandat, il milite encore pour une paix sans vainqueur.
Mais ensuite, les choses se précipitent, le 2 avril 1917, le Président prononce devant le Congrès sa déclaration de Guerre « to make the world safe for democracy » (rendre le monde plus sûr pour les démocraties). Ce qui est curieux, c’est que sur la base de cet argument, il pouvait déjà entrer en guerre en 1914, aux côtés de la France et de l’Angleterre, contre l’Allemagne et l’Autriche.
Le 8 janvier 1918, il présente devant le Congrès les « quatorze points » qui doivent, selon lui, guider les négociations de paix après l’armistice. Voilà donc quelqu’un qu’on persiste à nous présenter comme un isolationniste invétéré qui soudainement se sent investi de la responsabilité et de la mission de faire advenir sur Terre la paix mondiale, le règne du droit, de la liberté et de la démocratie. Il se met à créer des pays, à retracer des frontières, à édicter des principes de gouvernance mondiale.
Concrètement, on ne voit pas très bien en quoi l’attribution de l’Alsace à la France répondrait à une aspiration légitime de paix fondée sur le droit, tandis que l’attribution à l’Allemagne relèverait d’une usurpation belliqueuse. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ? Ah bon, parce qu’il y a eu un référendum sur le sujet quelque part ? Non, il y a eu une guerre gagnée par la France, c’est tout. Le seul principe intéressant de cette liste n’y figure pas : c’est désormais l’Amérique qui commande.
Le camion électoral ci-dessous résume assez bien les axes de campagne de Woodrow Wilson :
Le premier est assez loufoque « qui a renversé le mur de l’argent » : avec la création de la FED, sous statut privé, il n’a pas cassé le pouvoir de l’argent, il l’a institutionalisé – ce qui n’est pas un mal en soi, tout dépend à qui on confie la direction de l’institution, mais ce n’est pas ici le sujet, c’est juste que cela nous invite à lire attentivement la deuxième ligne sur ce camion.
« Who keeps us out of war? » (qui nous épargne la guerre), ce qui, stricto sensus, n’est pas une promesse que ce sera toujours le cas à l’avenir, c’est déjà une nuance sur la rédaction de la Convention qui disait « He kept us out of war », ce qui sonnait davantage comme un fait acquis sur lequel il n’y avait pas à revenir.
Plus bas, on trouve un pin’s avec une rédaction encore un peu différente « He has kept us out of war », ce qui veut aussi dire qu’il nous préserve de la guerre avec la nuance qu’il a déjà commencé à le faire dans le passé.
Peu importe finalement, le sens général de toutes ces formulations, c’est qu’il « nous protégera de la guerre », la preuve, c’est que c’est déjà ce qu’il fait et qu’il a toujours fait.
Pourtant, sur le devant du camion, juste sous la promesse de prospérité (qui suppose la paix) on remarque le terme « Preparedness » (Se tenir prêt), mais se tenir prêt et se préparer à quoi ?
Ci-dessous, d’autres gadgets électoraux, des pins qui incitent quand même bel et bien à croire que Wilson maintiendra l’Amérique en dehors du conflit.
II – 23 octobre 1940, Roosevelt : « Jamais vos fils ne seront envoyés dans une quelconque guerre à l’étranger »
Le 23 octobre, sous la pression de son rival lors de l’élection présidentielle, alors qu’il concoure pour son troisième mandat – une exception assez incompréhensible à la tradition des deux mandats maximum – Roosevelt emploi sa formule qu’on ne manquera pas de lui renvoyer à la figure par la suite : « Your boys are not going to be sent into any foreign wars » (FDR’s Campaign Promise – YouTube – Your boys are not going to be sent into any foreign wars)
Avant cela, le 31 août 1935, peut-être échaudé par l’expérience Wilson, le Congrès adopte une première loi sur la neutralité interdisant l’exportation « d’armes, de munitions et d’équipements de guerre » des États-Unis vers des nations étrangères en guerre et exigeant des fabricants d’armes aux États-Unis qu’ils demandent une licence d’exportation. Le but de la loi étant manifestement de ne pas se laisser entraîner dans une guerre.
Le 5 octobre 1937, Roosevelt, lors de son « quarantine speech » essaie déjà de contourner ce principe de neutralité en évoquant la nécessité d’imposer une mise en quarantaine aux états militaristes : pour Roosevelt, donc, un blocus n’est pas un acte de guerre de nature à violer le principe de neutralité de l’Amérique (principe dont, au demeurant, personne n’a jamais constaté l’application nulle part).
Le 3 septembre 1939, alors que l’invasion de la Pologne par le Reich vient de débuter, Roosevelt tient son « fireside chat » (causerie au coin du feu) dans lequel, tout en réaffirmant la neutralité américaine, il prévient les Américains que l’Amérique ne peut pas rester indifférente aux conflits mondiaux qui la touche nécessairement.
À la limite, ce fireside chat est son message le plus honnête, pour le reste, mais ce serait trop long à raconter ici, il ne dit rien de :
- sa campagne diplomatique avant l’invasion de la Pologne pour précipiter l’Europe dans la guerre : https://jeune-nation.com/kultur/culture/la-campagne-du-president-roosevelt-pour-pousser-a-la-guerre-en-europe-2
- Campagne confirmée par l’affaire Tyler Kent : https://jeune-nation.com/kultur/culture/roosevelt-et-laffaire-tyler-kent-en-mai-1940
- De la collusion des services secrets britanniques et américains pour faire basculer l’opinion publique américaine en faveur de la guerre : https://jeune-nation.com/kultur/histoire/collusion-franklin-roosevelt-is-britannique-la-campagne-clandestine-pour-lentree-en-guerre-des-usa
- Collusion qui trouvera son point d’orgue le 27 octobre 1941 avec son « Navy day speech » (discours pour le jour de la Marine) : https://jeune-nation.com/kultur/histoire/roosevelt-le-discours-de-la-carte-secrete
- On pourra également s’intéresser à l’échange entre Roosevelt et Hitler entre le 14 et le 28 avril 1939 : la guerre entre les deux avait commencé – à fleuret moucheté : https://jeune-nation.com/kultur/histoire/28-avril-1939-hitler-repond-au-message-de-defi-de-roosevelt-2
Conclusion
L’Histoire nous invite à nous méfier de ces présidents américains en campagne qui nous promettent la paix, peu importe qu’ils soient sincères ou pas, le fait est que ça ne marche jamais.
Annexes
Avant qu’on ne nous le reproche, soulignons que la vidéo donnée plus haut du discours de Roosevelt en campagne électorale (de 1940) n’est peut-être pas très honnête en ce sens qu’elle aurait coupé la phrase avant une précision importante : « Your boys are not going to be sent into any foreign wars … » « … except in case of attack ».
On trouvera ci-dessous des citations plus complètes, pour notre part, nous n’avons pas l’impression que la vidéo ait été coupée, de plus, il est clair que le sens du message est que l’Amérique restera militairement à l’écart de la guerre en Europe. November, 1944 – FDR: Day by Day
1. “The Democratic platform adopted in Chicago, in 1940, stated: “We will not participate in foreign wars, and we will not send our army, naval or air forces to fight in foreign lands outside of the Americas, except in case of attack.”
2.”On September 11, 1940, in Washington, D.C., the President said: “I hate war, now more than ever. I have one supreme determination—to do all that I can to keep war away from these shores for all time. I stand, with my party, and outside of my party as President of all the people, on the platform, the wording that was adopted in Chicago less than two months ago. It said: ‘We will not participate in foreign wars, and we will not send our army, naval or air forces to fight in foreign lands outside of the Americas, except in case of attack.’”
3. “On October 23, 1940, in Philadelphia, the President again said: “We are arming ourselves not for any foreign war. We are arming ourselves not for any purpose of conquest or intervention in foreign disputes. I repeat again that I stand on the platform of our party: ‘We will not send our army, naval or air forces to fight in foreign lands outside of the Americas, except in case of attack.’”
4. “On October 30, 1940, in Boston, Mass., the President said: “And while I am talking to you, mothers and fathers, I give you one more assurance. I have said this before, but I shall say it again, and again and again. Your boys are not going to be sent into any foreign wars. They are going into training to form a force so strong that, by its very existence, it will keep the threat of war far away from our shores. The purpose of our defense is defense.”
Gerasimov a annoncé une augmentation de l’activité de l’OTAN près des frontières russes
https://tvzvezda.ru/news/202412181323-yNlEd.html
L’OTAN a porté à 40 le nombre d’exercices militaires à grande échelle par an.
Le chef d’état-major général des forces armées de la Fédération de Russie et premier vice-ministre de la Défense de la Fédération de Russie, le général d’armée Valery Gerasimov, a annoncé le renforcement de l’activité de l’OTAN près des frontières de la Fédération de Russie.
« Dans le contexte de tensions accrues, il y a une augmentation de l’activité de l’OTAN près des frontières russes », a-t-il déclaré lors d’un briefing pour les attachés militaires d’États étrangers.
M. Gerasimov a déclaré que l’engagement en faveur de la politique de la « porte ouverte » de l’OTAN se poursuivait, dans le cadre de laquelle la Finlande et la Suède rejoignaient l’alliance. Dans le même temps, le nombre total de pays qui sont devenus membres du bloc a atteint 32.
Le chef d’état-major général a accusé l’OTAN de ne pas tenir ses promesses de ne pas s’étendre vers l’est, a souligné l’approche de l’infrastructure militaire du bloc vers les frontières russes et l’accumulation de potentiel militaire. Le nombre d’exercices militaires à grande échelle des pays de l’alliance a atteint 40 événements par an, a ajouté M. Gerasimov.